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Les Chroniques de Cybérie
16 mai 2000

© Les Éditions Cybérie inc.

16 mai 2000

Salutations à tous les Cybériens et Cybériennes!

Cette Chronique n'est optimisée ni pour Netscape, ni pour Internet Explorer, elle l'est pour ses lecteurs et lectrices.

Cette semaine...

ILOVEYOU et cybercriminalité
Un Web en noeud pap'
Les «vieux» inforoutiers sont atypiques
Brancher les familles, faire payer des fournisseurs
Moteurs : AltaVista licencie, Google embauche
Entre deux bâillements, Microsoft toujours
En bref
Beau détour

 ILOVEYOU et cybercriminalité
Depuis son apparition le 4 mars dernier, le virus/ver ILOVEYOU a provoqué un véritable déluge médiatique, chaque jour apportant son lot d'informations plus ou moins fondées, dont le déclenchement «accidentel» de l'incident, tel que rapporté entre autres par le Washington Post.  Puis Microsoft, qu'on a accusé de laxisme dans la mise en oeuvre de protocoles de sécurité pour son logiciel Outlook (principal vecteur de propagation de vers informatiques), annonce qu'une rustine destinée à bonifier la sécurité sera disponible la semaine prochaine.  C'est à voir.

Examinons certaines retombées de l'incident, dont les drôles de méthodes utilisées par certains exploitants de serveurs pour se prémunir des effets de ILOVEYOU.  Il nous a été donné de constater l'utilisation de logiciels de filtres/serveurs qui ratissent très large dans le filtrage des contenus mêmes des messages reçus par courrier électronique.  Par exemple, la présente chronique sera filtrée et bloquée sur certains serveurs car elle contient le mot ILOVEYOU dans le texte.  Ces dispositifs interdisent donc même une mise en garde, entre correspondants particuliers, à ne pas ouvrir les fichiers infectés tout en les nommant.  L'information antivirale est filtrée par des logiciels destinés à combattre les virus.  Pas très astucieux.

Mercredi dernier, à Washington, le sous-comité de la Chambre des représentants sur la Technologie sous la présidence de la congresswoman Constance Morella a tenu une audience d'information sur le phénomène du virus/ver ILOVEYOU.  Dans son mot de bienvenue, Madame Morella a lancé des affirmations assez lourdes : ILOVEYOU aurait en 24 heures rejoint 47 millions de personnes et infecté plus de dix millions d'ordinateurs.  Citant la Lloyd's de Londres, Madame Morella avançait le chiffre de 15 milliards de dollars en dommages et pertes de productivité.  Comment calculer ces pertes? Laurent Mauriac, dans Libération, s'interroge à bon droit sur l'«étrange comptabilité» à laquelle ont recours certains alarmistes, et déplore que des chiffres farfelus soient repris dans les médias.

Cependant, consensus relatif des experts invités à venir témoigner devant les législateurs américains : l'infrastructure du réseau est vulnérable, rien ne peut éviter une répétition de l'incident ILOVEYOU, on ne peut que travailler à des mesures de renforcement de la sécurité du réseau, sensibiliser davantage les utilisateurs au problème des virus et vers informatiques, et aussi renforcer entre agences, gouvernements et entreprises l'échange d'informations techniques, stratégiques et opérationnelles.

Ce dernier point est d'ailleurs au centre des discussions de la conférence des pays du G8 sur la cybercriminalité qui se tient cette semaine à Paris.  Certes, il y a maints autres aspects à la question (pornographie juvénile, fraude, propriété intellectuelle, etc.), mais l'affaire ILOVEYOU, si récente et à peine résorbée, donne un autre ton aux échanges.  On aura intérêt à suivre la diffusion des «déclarations officielles» sur le site du ministère français des Affaires étrangères.

Déclarations officielles, communiqués de presse, bilans.  En effet, comme nous l'apprend ZDNet France, les échanges entre délégués des pays participants et représentants du secteur privé (voir la liste par pays) se font à huis clos.  Le Premier ministre français, Lionel Jospin, a souhaité la bienvenue aux participants en affirmant que la «liberté est le plus précieux des apports de l'Internet [...] il faut la préserver.  Il faut l'offrir au plus grand nombre, en luttant contre le fossé numérique.  Il faut aussi, dans l'intérêt de tous, en maîtriser les excès.  [...] C'est donc tous ensemble, par une coopération accrue entre États et par un dialogue renforcé entre pouvoirs publics et industriels que nous pourront combattre efficacement les nouvelles formes de criminalité dans la société de l'information.»

Même discours pour le ministre français de l'Intérieur, Jean-Pierre Chevènement, qui déclarait «Les solutions qui progressivement s'imposeront seront le fruit d'une concertation étroite entre les entreprises et les États, dont cette conférence est une magnifique illustration.»

Soyons clairs : ce qu'on illustre ici c'est une approche on ne peut plus «top down», verticale, face à la cybercriminalité et aux autres problèmes de la société en réseau qui permet de déclarer que «dans l'intérêt de tous», et «tous ensemble», un imaginaire «on» trouvera des solutions adaptées.  Mais avec des sommets derrière portes closes, et des solutions venues d'en haut, «on» écarte du débat et «on» déresponsabilise alors l'élément constitutif du réseau, les utilisateurs.

Que ce soit la propagation de codes malicieux par courrier électronique, le blocage à grande échelle de sites marchands, ou d'autres manifestations de ce que l'on appelle la cybercriminalité (qui prend alors l'allure d'expression fourre-tout), il n'y aura de solution valable que si elle est issue d'un processus qui suscitera la participation active des utilisateurs, des cybercitoyens.  À trop parler des «acteurs» du réseau, on semble croire que tous les autres ne sont que «spectateurs».  Et c'est bien mal comprendre Internet que de penser ainsi.

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 Un Web en noeud pap'
D'après un groupe de chercheurs des sociétés Compaq, IBM et AltaVista, la structure macroscopique du Web serait infiniment plus complexe que ce qu'auraient révélé les études précédentes.  De plus, une représentation graphique de cette structure donne l'image d'un Web en forme de noeud papillon, avec un noeud central, puis deux boucles illustrant les entrées et les sorties de ce noeud, et enfin des fils qui pendent, ça et là, sans véritables points d'origine ou de terminaison.  L'étude se base sur l'analyse de 500 millions de pages recensées dans le cadre de l'étude par le moteur AltaVista.

Les constatations de ces chercheurs remettent en cause les résultats d'une autre étude dont nous vous parlions en septembre 1999.  Dans leur communication intitulée «Diameter of the World Wide Web», les chercheurs de l'Université Notre Dame estimaient que deux pages choisies au hasard, parmi un échantillon de 800 millions de pages, n'étaient qu'à 19 clics l'une de l'autre, et illustraient ainsi le principe de diamètre du Web.

Les chercheurs de Compaq, IBM et AltaVista retiennent un autre modèle et parlent de quatre «régions distinctes».  Il existerait un «noeud» hautement interconnecté, un centre-ville du Web, qui représenterait environ le tiers des sites Web.  Les utilisateurs peuvent facilement avoir accès et circuler aisément à l'intérieur de ce noeud grâce aux hyperliens des répertoires et moteurs de recherche, et aussi en raison de l'interconnexion entre ces sites.  Puis, une première boucle composée de pages ou sites d'entrée qui mènent vers le noeud, mais auxquelles on n'a pas ou peu accès depuis le noeud.  Troisième région, une boucle de pages de fin de parcours, vers lesquelles les hyperliens du noeud mènent.  Ces deux «boucles» de la figure du noeud papillon (entrées, terminaisons) représenteraient environ 50 % du contenu sur le Web.  Enfin, quatrième région du Web, celles des sites et pages «déconnectés» du noeud, environ 20 % du contenu, parfois accessibles de manière périphérique depuis les pages ou sites d'entrée ou de terminaison.

Si cette description du Web paraît abstraite, les chercheurs affirment que le modèle proposé sera d'une grande utilité pour concevoir des stratégies d'indexation plus complètes du Web.  On se souviendra qu'en juillet  999, une étude du NEC Research Institute concluait que collectivement, les moteurs de recherche ne répertoriaient que 42 % du contenu disponible sur le Web.  De plus, le modèle servira à prévoir l'évolution du Web et de ces quatre «régions» grâce à des modèles mathématiques.

On note aussi une incidence sur les stratégies de référencement des sites transactionnels, dont certains n'appartiennent pas au noeud mais à des régions périphériques.  Une fois correctement et largement référencé, un site peut passer dans la région nodale, mais doit alors envisager d'autres moyens d'accroître sa fréquentation pour assurer une croissance continue.

L'étude complète sera dévoilée par ses auteurs cette semaine à Amsterdam, à la Neuvième conférence internationale sur le 3W, ainsi qu'à Dallas à la conférence SIGMOD/PODS 2000, deux importants événements à surveiller.

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 Les «vieux» inforoutiers sont atypiques
Ce n'est qu'une des constatations de la plus récente enquête du Pew Internet & American Life Project qui trace un portrait fort révélateur de l'utilisation d'Internet aux États-Unis.  Le Pew Research Center nous a habitué à des rapports étoffés, abordant des aspects parfois négligés par les études démographiques du cyberespace.  La dernière livraison ne déçoit pas.  Parmi les nombreux points étudiés, on établit un portrait des «vieux» inforoutiers (branchés depuis plus de trois ans) qui est très différent, on l'imagine, de celui des utilisateurs novices (branchés depuis six mois ou moins).  S'il n'y a pas de surprise, il est néanmoins intéressant d'y voir dans le détail car si on est habitué de parler de fracture numérique entre branchés et non branchés, on est tenté d'appliquer cette notion en fonction de l'expérience relative d'usage du réseau.

Les personnes branchées à Internet depuis plus de trois ans (26 millions d'utilisateurs) représentent 28 % de l'ensemble des utilisateurs aux États-Unis.  Plus de la moitié de ces utilisateurs (54 %) ont accès à Internet tant au foyer qu'en milieu de travail, et la moitié (51 %) se branche à Internet plusieurs fois par jour.  La durée du temps d'utilisation est aussi supérieure à celle des novices.

Sur le plan démographique, ce groupe d'utilisateurs reflète les caractéristiques des adoptants précoces d'Internet du milieu des années quatre-vingt-dix : prédominance mâle, de race blanche, de scolarité et revenu supérieurs.  L'utilisation d'Internet est étroitement liée au travail, près des deux tiers des répondants disent effectuer des recherche ayant rapport avec leurs activités professionnelles, comparativement à 29 % chez les novices.  De même, 62 % ont effectué des recherches sur les possibilités d'apprentissage et de formation en ligne, comparativement à 42 % des novices. 

Concernant l'utilisation d'Internet faite par les hommes et les femmes, Le Pew Research Center arrive à une conclusion pour le moins étonnante, soit qu'à maints égards il y a pour l'ensemble peu de différences.  Par exemple, pour les canaux de bavardage, 28 % des hommes et 27 % des femmes ont dit y avoir participé; 37 % des hommes et 34 % des femmes n'ont jamais téléchargé de musique; 61 % des hommes et 64 % des femmes se sont renseignés sur des livres, des films, ou autres produits ou activités de divertissement; 64 % des hommes et 65 % des femmes ont vérifié des prix de billets d'avion et de chambres d'hôtel et 37 % des hommes et 35 % des femmes ont conclu en ligne une transaction relative aux voyages; 18 % des hommes et 17 % des femmes font des transactions bancaires en ligne.  Pour toutes ces activités, les seuils différentiels importants s'établissent en fonction de critères comme l'âge, le revenu, le niveau de scolarité.

Autres constatations.  Chaque jour, 55 millions d'Américains et Américaines se branchent à Internet; 48 millions utilisent le courrier électronique et un nombre égal a recours à une fonction disponible sur le Web.  De nombreux facteurs indiquent qu'Internet ne contribue pas, bien au contraire, à l'isolement social. 

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 Brancher les familles, faire payer des fournisseurs
Si on s'est réjoui du programme gouvernemental québécois «Brancher les familles» visant à élargir l'accès à Internet et aux ordinateurs, les modalités de mise en oeuvre font des mécontents chez les petits fournisseurs de matériel.

En vertu du programme gouvernemental d'aide financière aux familles pour l'achat d'un ordinateur doté de fonctions multimédia, le gouvernement verse directement au fournisseur 75 % du coût total, incluant les taxes, jusqu'à concurrence de 500 $.  Ce qui fait problème, ce sont les modalités de versement de cette contribution aux fournisseurs, soit 150 $ lors de la vente de l'ordinateur (ce montant inclut une allocation forfaitaire de 25 $ aux fournisseurs), 250 $ après 12 mois suivant la vente, et 125 $ après 24 mois suivant la vente. 

Précisons que pour les autres volets du programme (branchement Internet, location d'un ordinateur), l'aide gouvernementale est versée mensuellement aux fournisseurs.

Grogne chez les fournisseurs, et on les comprend, sur ces délais indus, et protestation sur le Web.  En fait, pour un ordinateur que le client paierait (toutes taxes comprises) 1 300 $, le montant versé par le client (800 $), plus la première tranche de l'aide gouvernementale (150 $), seront inférieurs à ce que le fournisseur devra verser au distributeur.  Dans une lettre ouverte adressée au ministère de l'Industrie et du Commerce, responsable du programme d'aide, les fournisseurs affirment que «Les PME n'ont pas les moyens de supporter le fardeau éventuel qu'apporterait ce programme de la façon dont il est présenté.  Si ce dernier devait avoir l'impact que nous prévoyons, aucune PME ne pourrait survivre en endossant vos calculs.»

Quiconque connaît le marché québécois du matériel informatique sait qu'on s'y livre une concurrence farouche.  Pour les petits fournisseurs qui ne font pas partie d'une grande chaîne de distribution, toutes les astuces sont bonnes pour tirer leur épingle du jeu.  Suivi quotidien des prix des distributeurs, rationalisation des stocks, livraisons juste-à-temps, normalisation des forfaits, et surtout, réduction des marges de profit qui oscilleraient à 12 %.

Or, si les grands distributeurs peuvent compter sur les économies d'échelle, procéder à des achats en volume, partager entre filiales et franchises les coûts de publicité et autres, et reporter sur deux exercices financiers les retombées de l'aide financière gouvernementale, ce n'est pas le cas des petits fournisseurs.

Conséquence possible, selon les petits fournisseurs, certains de ceux qui auront adhéré au programme pourraient être tentés de gonfler la facture de manière à ne pas faire de perte.  Dossier à suivre.

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 Moteurs : AltaVista licencie, Google embauche
Passé sous la coupe de Compaq dans la foulée de l'acquisition par cette dernière de Digital en 1998, puis vendu à CMGI en juin 1999 (Compaq conserve une participation de 17 %), AltaVista connaît certaines difficultés, notamment en raison de la conjoncture boursière qui force le report à l'automne de son placement initial de titre en bourse.

Mais on apprend aussi du service News.Com qu'AltaVista a procédé à une quarantaine de mises à pied (5 % de l'effectif) dans le but de réduire ses dépenses.  Bien qu'une des plus vieilles sociétés pointcom, AltaVista n'a jamais généré de profits.  D'après les documents présentés à la Securities and Exchange Commission en février, AltaVista a enregistré des revenus de 50 millions de dollars, mais accuse des pertes de 272 millions de dollars.  Le porte-parole d'AltaVista, David Emanuel, a déclaré que la société prévoyait atteindre un seuil de rentabilité d'ici la fin de l'année.  «Il y a une mutation en profondeur dans le secteur du commerce électronique, un retour aux valeurs fondamentales et à la rentabilité, et nous allons atteindre ces deux objectifs.»

Soulignons qu'AltaVista n'est pas seule à délester, on apprenait aussi récemment une vague de licenciements chez KBKids.com, Value America, Beyond.com, Furniture.com et même chez le cyberlibraire Amazon.com.  La chute boursière et l'impossibilité à générer des revenus incitent les investisseurs à ne plus irriguer ces sociétés avec de l'argent frais.  On ne peut dire, pour autant, que le capital de risque ne circule pas.  Selon les derniers relevés, au cours du premier trimestre de l'année, les investissements en capital de risque ont atteint 17,2 milliards de dollars aux États-Unis, dont 6,1 milliards uniquement dans la Silicon Valley.  Ce qui change, selon les analystes, c'est la destination de ce capital.  On note un fléchissement sensible de la popularité auprès des investisseurs des sites marchands grand public et du commerce électronique, secteur saturé, mais un engouement certain pour le secteur des infrastructures, de la connectivité et du logiciel.

On a même trouvé une nouvelle expression pour le secteur des infrastructures et de la connectivité, le «pic et pelle» (pick and shovel).  Certains cyniques ont déjà affirmé que les seuls à avoir à coup sûr profité de la grande ruée vers l'or en Californie (1849) étaient ceux qui vendaient les pics et les pelles aux hordes de prospecteurs et de mineurs.  Dans la nouvelle ruée vers l'or Internet, une chose est certaine, la demande en bande passante et en connectivité ne connaîtra pas de baisse.  Feu vert, donc, aux entreprises dont les produits et services visent à répondre à ce besoin. 

Pendant ce temps, chez Google, on embauche.  C'est que Google ne cesse d'ajouter des fonctionnalités à son moteur de recherche.  Comme le précisait Danny Sullivan, analyste des moteurs de recherche et éditeur du bulletin Search Engine Watch, Google offre maintenant la recherche ciblée dans une dizaine de langues, une section pour les recherches dans les sites Web d'universités américaines, et une fonctionnalité de recherche pour les utilisateurs d'appareils sans fil exploitant la technologie WAP.  De plus, on peut maintenant expédier par courrier électronique les pages de résultats des recherches.

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 Entre deux bâillements, Microsoft toujours
C'est presque entre deux bâillements que la plupart des observateurs ont pris connaissance de la réplique de Microsoft à la suggestion de démantèlement soumise par les co-plaignants dans le procès anti-trust.

D'abord, après deux ans de procès, la lassitude gagne, surtout qu'on n'est pas encore rendu en fin de parcours.  Quelle que soit la décision du juge Jackson (encore plusieurs semaines d'attente), Microsoft a signifié son intention d'aller en appel (plusieurs mois de procédures).  En supposant que la plus haute instance judiciaire maintienne la culpabilité de pratiques monopolistiques et avalise un démantèlement (ce qui est fort peu probable), la mise en oeuvre des mesures punitives prendrait, au mieux, dix-huit mois.  Deux, trois, quatre ans? En «temps Internet», c'est une éternité, et les principaux fondements de la poursuite initiée il y a deux ans auront presque disparu du paysage technologique.

Deuxième raison du manque d'intérêt : la prévisibilité.  La veille du dépôt de la réplique de Microsoft, l'attorney general adjoint Joel Klein prononçait un discours au forum Haas/Berkeley sur la nouvelle économie, occasion pour lui de réitérer la position du ministère américain de la Justice (DoJ).  Depuis deux jours, des fuites bien orchestrées révélaient la contre-proposition de Microsoft; on commentait déjà sur le contenu de la réplique de Microsoft avant même son dépôt.

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 En bref...
La Cour suprême du Canada a rendu récemment un jugement ordonnant à un courtier et à une maison de courtage en valeurs mobilières de verser plus de 2,3 millions de dollars à un investisseur qui disait avoir été trompé par les intimés.  C'est la cause Laflamme c. Prudential-Bache Commodities Canada Ltd. qui, craignent certains observateurs, pourrait inciter d'autres investisseurs à intenter des recours contre leurs courtiers si leur portefeuille boursier ne se comporte pas bien.  L'affaire remonte tout de même à 1987 alors qu'un homme d'affaires retraité confie les profits de la vente de son entreprise à un courtier pour fins de placement.  Au cours des mois qui ont suivi, le courtier aurait mal géré les placements, pire, aurait entrepris d'investir sur marge.  Après avoir subi des pertes substantielles, et des tentatives infructueuses pour demander au courtier de changer de stratégie, le rentier intente une première poursuite contre lui.  D'abord entendue devant des tribunaux de diverses instances, l'affaire a abouti devant la Cour suprême.  Dans son jugement, la Cour suprême estime que les courtiers et maisons de courtage ont des obligations à l'égard des clients qui connaissent peu les rouages de la bourse, et doivent se comporter davantage en gestionnaires qu'en simples intermédiaires.  C'est la première fois que le plus haut tribunal du pays statue sur l'imputabilité des courtiers face à leurs clients.

Jeudi dernier, on proclamait aux États-Unis la journée nationale de l'équité salariale entre hommes et femmes, une situation qui, de l'aveu du président Bill Clinton, est loin d'être réglée.  Bien que l'on frise le plein emploi, les écarts de salaires entre hommes et femmes font toujours problème, surtout pour les femmes appartenant à des minorités visibles.  À compétence égale, les femmes ne touchent que 75 % de la rémunération des hommes, et le secteur de la technologie n'échappe pas au modèle.  La Maison Blanche incite donc les entreprises à corriger la situation, rapporte le USA Today.  Le salaire moyen des femmes travaillant en technologie est de 50 % supérieur à la moyenne des salariées dans les autres secteurs, mais si 20 % des employés masculins touchent plus de 69 740 $ par année, ce n'est le cas que pour 7 % des femmes. 

C'est aussi jeudi dernier qu'étaient remis les prix Webby destinés à récompenser les meilleurs réalisations de sites Web.  Remise double (prix du jury, prix du public) dans 27 catégories, et quelques doublés.  Par exemple, le moteur de recherche Google (catégorie des prouesses techniques), le site ESPN (sports), le Merriam-Webster Word Central (éducation), The Onion (humour), Scholastic.Com (sites pour enfants), Napster (musique), Cocky Bastard (sites personnels), et The Stile Project dans la catégorie des sites bizarres.  Parmi les autres gagnants, dans la catégorie militantisme, le site des brouilleurs culturels Adbusters.Org a obtenu le prix du jury, et le site sur la faim dans le monde The Hunger Site celui du public.  La communauté virtuelle du UTNE Reader a aussi été récompensée par le jury dans la catégorie des communautés, alors que le site Slashdot recevait la faveur du public.  Liste complète des lauréats sur le site Web officiel.

La déconvenue boursière de bon nombre d'entreprises pointcom a des effets sur l'industrie de la publicité.  Le USA Today rapporte que bon nombre de jeunes sociétés qui avaient le vent dans les voiles, il n'y a pas si longtemps, s'étaient engagées dans des campagnes publicitaires de grande envergure.  Mais maintenant qu'il faut payer la note, plusieurs déchantent.  Pour certaines agences de publicité, dont la marge de bénéfices est mince, ces débiteurs délinquants pourraient les mettre dans l'embarras.  Bien que le journal cite trois cas, les agences seraient réticentes à faire état de pertes, question d'image, bien sûr.

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 Beau détour
Le site d'échange de photographies Photopoint.Com a organisé un concours tenu du 7 février au 2 avril et doté d'une bourse d'un million de dollars, pour trouver la meilleure photographie «prise sur le moment».  Des milliers de participants ont envoyé leurs photographies qui ont été jugées par un jury de dix experts.  Le gagnant, Steve Ringman du Seattle Times, pour une photo en noir et blanc.

Et sur ce, nous vous souhaitons à tous et toutes une excellente semaine.

Écrire à Jean-Pierre Cloutier


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