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Les Chroniques de Cybérie
29 août 2000

© Les Éditions Cybérie inc.

29 août 2000

Salutations à tous les Cybériens et Cybériennes!

Cette Chronique n'est optimisée ni pour Netscape, ni pour Internet Explorer, elle l'est pour ses lecteurs et lectrices.

Cette semaine...

Emulex : dur coup pour le journalisme en ligne
Carnivore : un cahier de charges
Napster : des appuis, des hacks, une étude sur Gnutella
Internet au travail : ça se complique
Lectures rapides
Beau détour

 Emulex : dur coup pour le journalisme en ligne
Une affaire qui ébranle le journalisme en ligne, remet en cause la crédibilité d'un service de presse, et éclabousse certains des ténors de l'information financière et boursière.  Sans parler des conséquences désastreuses pour bon nombre d'investisseurs particuliers et institutionnels.

L'affaire débute vendredi dernier, à 9 h 30 (heure de New York), quand le service de presse Internet Wire diffuse un communiqué concernant la société californienne Emulex, fabricant de matériel de connexion par fibre qui compte parmi ses clients de grands noms comme Fujitsu-Siemens, Groupe Bull, Hewlett-Packard, Hitachi, IBM, NEC et Unisys.  Le communiqué, soi-disant en provenance d'Emulex, fait état de la démission de son premier dirigeant, Paul Folino, de l'intention de la société de réviser à la baisse les recettes déjà annoncées pour son quatrième trimestre, et d'une enquête que mènerait la Securities and Exchange Commission (SEC), la commission américaine des valeurs mobilières, sur Emulex.

À 10 heures, le communiqué est déjà repris par le prestigieux service d'information financière Bloomberg, par le tout aussi prestigieux Dow Jones News Service ainsi que par l'ensemble de la presse financière en ligne.  C'est alors que s'amorce une rapide et spectaculaire dégringolade du titre en bourse d'Emulex qui passe de 103 $ à 45 $ en quinze minutes.  Il est 7 h 15 sur la côte ouest américaine, et les dirigeants de la société Emulex qui arrivent à leurs bureaux n'en croient pas leurs écrans.  À 10 h 30, ils demandent aux responsables de la bourse technologique NASDAQ de geler les transactions sur le titre qui a déjà perdu plus de la moitié de sa valeur.  D'un coup, Emulex vient de voir fondre deux milliards de dollars de son actif boursier.

À l'origine de cette histoire, un faux communiqué.  Emulex a été vite à réagir en publiant un démenti catégorique des informations véhiculées par Internet Wire.  Cette dernière a affirmé avoir reçu un communiqué d'un inconnu prétendant être relationniste pour le compte d'Emulex, mais ne pas avoir vérifié l'information avant de la diffuser.  Le communiqué a été initialement reçu par courrier électronique nécessitant un mot de passe pour accéder à la passerelle de diffusion d'Internet Wire.  L'expéditeur connaissait donc le mécanisme interne de diffusion, et possédait un mot de passe, ce qui pourrait aider les enquêteurs à retrouver le ou les coupables.

Pour ce qui est des services Bloomberg et Dow Jones, ils se sont empressés de diffuser un correctif, sans toutefois expliquer pourquoi ils n'ont pas vérifié l'exactitude des faits.  Emulex et Internet Wire collaborent avec la police fédérale américaine et la SEC pour trouver l'auteur du faux communiqué.  On s'interroge aussi sur les motifs qu'aurait pu avoir l'auteur (ou les auteurs) du canular. 

Le New York Times avance la thèse de la manipulation boursière visant à faire plonger le titre et à en tirer profit par voie d'option de vente (put option) ou d'ordre à cours limité (limit order), deux techniques boursières permettant de liquider à prix convenu un titre même s'il s'effondre. 

Le Times affirme qu'au cours des deux jours précédant l'incident, un volume important de ces instruments boursiers avait été transigé au marché des options de Chicago sur le titre Emulex.  Début août, on enregistrait un seul contrat permettant au détenteur de l'option de vendre l'action d'Emulex à 80 $ en septembre.  Le 16 août, on enregistrait 314 contrats de vente sur Emulex.  Le Times ne précise cependant pas le nombre d'actions visées par les contrats, bien que les dossiers afférents permettront aux enquêteurs d'identifier les acheteurs.

En début d'après-midi, vendredi, la bourse NASDAQ levait son gel du titre Emulex qui remontait rapidement la côte et retournait à son niveau précédent. 

Qui a perdu dans toute cette histoire? Deux milliards en valeur boursière ne s'envolent pas en quelques minutes sans qu'il n'y ait des victimes du tsunami de panique qui a soufflé sur Emulex.  Signalons que selon le profil de la société, 63,4 % des actions d'Emulex sont détenus par 304 investisseurs institutionnels (caisses de retraite, placements collectifs, etc.).

Cependant, c'est la presse financière en ligne qui écope le plus.  D'abord, Internet Wire, agence de taille modeste qui, exploitée depuis six ans, se décrit comme diffuseur de communiqués.  L'agence compte parmi ses bailleurs de fonds Sequoia Capital, Montreux Equity Partners, et le fonds Draper de l'Université Stanford qui, en février dernier, réalisaient un montage financier de 17,5 millions de dollars.  L'agence dit compter 2 500 clients dont 300 boîtes de relations publiques.  Internet Wire venait récemment d'être incluse dans le bouquet des services de rediffusion de Bloomberg, après avoir offert à cette dernière des assurances sur la sécurité et l'intégrité du système d'accès à sa passerelle de diffusion qui permet à ses clients de télécharger eux-mêmes leurs communiqués.

Cependant, des services aussi crédibles que Bloomberg et Dow Jones News Service voient aussi leurs réputations entachées par l'affaire Emulex.  Comment comprendre qu'un communiqué pouvant signifier une perte de valeur boursière de deux milliards de dollars ne fasse pas l'objet d'une vérification élémentaire?

Rick Stines, rédacteur en chef du Dow Jones News Service a dit avoir demandé des explications auprès des responsables de Internet Wire, mais que d'ici à ce qu'ils soient rassurés sur les procédures de sécurité du service, ils contre-vérifieront tous les communiqués rediffusés par Internet Wire.

Matt Winkler, rédacteur en chef chez Bloomberg, avoue que son agence aurait pu faire preuve de plus de prudence dans son traitement de la dépêche.  «Le problème c'est nous.  Sommes-nous suffisamment rigoureux comme journalistes et rédacteurs.  La question tourne autour du discernement à l'égard d'une information, et non du recours à une source extérieure» d'affirmer Winkler.

Pour David Callaway, directeur exécutif du CBS Marketwatch qui a aussi rediffusé le faux communiqué, toute cette histoire n'est pas rassurante.  «C'est que les gens qui lancent ces canulars tirent avantage de la concurrence féroce que se livrent les agences pour "sortir la nouvelle" avant tout le monde.»

Soulignons que les sites Internet d'information financière sont très prisés des investisseurs individuels : un récent sondage de la firme TLB estime que 75 % d'entre eux utilisent Internet quotidiennement, et que 43,9 % consultent les sites financiers gratuits, 19,5 % les sites de journaux et ceux de courtage. 

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 Carnivore : un cahier de charges
Conformément aux promesses de l'Attorney General Janet Reno de confier à un organisme universitaire un mandat d'examen du système de surveillance Carnivore, le ministère américain de la Justice (DoJ) a émis un appel d'offres auquel pourront répondre les organismes intéressés.

La date limite pour le dépôt des propositions est le 6 septembre.  Le DoJ se donne jusqu'au 25 septembre pour analyser les propositions et octroyer le contrat.  Un premier jet de l'examen devra être remis le 17 novembre, et sera soumis à une période de commentaires ouverte au public.  La version finale, devant tenir compte des commentaires du public, est attendue le 8 décembre.

L'université qui représenterait la candidate idéale est, selon l'appel d'offres, celle qui proposerait l'examen le plus complet au meilleur coût possible.  De plus, elle devrait démontrer qu'elle possède les ressources nécessaires et est en mesure de s'acquitter de son mandat en toute indépendance.

Le cahier de charges de l'examen est très précis sur certains points.  Il s'agit, entre autres, de déterminer si Carnivore présente le risque de recueillir de l'information contrairement aux principes régissant les ordonnances de tribunaux, américains ou internationaux.  L'examen devra également permettre d'établir si les fonctions inhérentes du système sont suffisantes pour protéger la vie privée de citoyens qui ne font pas l'objet de surveillance ou d'enquête.

Concernant le groupe de spécialistes du secteur privé qui entendait proposer ses services pour mener cet examen en profondeur du système Carnivore, rien de neuf depuis la semaine dernière.  Le site OpenCarnivore.Org était toujours, en ce 29 août, «en construction».

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 Napster : des appuis, des hacks, une étude sur Gnutella
La société Napster a reçu des appuis de taille pour sa défense dans la poursuite que lui intente la Recording Industry Association of America (RIAA).  Sans entrer dans le débat juridique et affirmer directement que Napster n'avait aucunement violé la loi sur les droits d'auteurs, certains organismes influents du secteur de la technologie ont affirmé dans des brefs d'amici curiae déposés vendredi dernier qu'un verdict de culpabilité établirait un dangereux précédent.

C'est le cas de la Digital Media Association (DIMA), un organisme qui compte parmi ses membres les sociétés RealNetworks, Liquid Audio, AOL et Yahoo! La DIMA s'inquiète de ce que la juge Patel (qui avait émis une injonction temporaire contre Napster en attente d'un jugement sur le fond) ait mal interprété la «clause Betamax» établie par la Cour suprême dans son jugement de la cause Universal c. Sony en 1984.  En vertu de cette clause, les juges doivent tenir compte de la possibilité qu'une technologie puisse être utilisée de manière à ne pas enfreindre des droits de propriété intellectuelle, c'est-à-dire légalement, avant de prendre des sanctions visant son interdiction totale.

La DIMA s'est toutefois bien défendue de vouloir prendre fait et cause pour ou contre Napster et a qualifié son intervention de «neutre».  Elle estime cependant qu'une interdiction totale de l'utilisation de Napster serait de nature à défavoriser le développement de nouvelles technologies et l'utilisation d'Internet. 

Même son de cloche, selon le USA Today, de dix-huit professeurs de diverses écoles de droit américaines qui ont conjointement signé un bref d'amici curiae affirmant que «Seulement lorsqu'une technologie ne peut avoir d'utilisations légales est-il raisonnable de la proscrire.»

Prochain rendez-vous dans la saga Napster, 8 septembre, date à laquelle les procureurs de la RIAA doivent répondre aux arguments déposés en défense par Napster.

La RIAA aura cependant peine à prétendre que ses membres essuient des pertes financières importantes découlant de la grande popularité du logiciel/répertoire Napster.  D'après ses propres chiffres, les livraisons de disques compacts aux États-Unis, pour les six premiers mois de l'année 2000 ont grimpé de 6 % par rapport au semestre correspondant en 1999 pour atteindre 420 millions d'unités.  Les disques compacts représentent 86 % de la valeur monétaire du marché de la musique, et les ventes se chiffrent à 5,7 milliards de dollars, en hausse de 9,9 %.

Hilary Rosen, présidente et première dirigeante de la RIAA a déclaré : «Malgré l'enthousiasme des amateurs de musique et des compagnies de disques à l'égard du potentiel bénéfique d'Internet, pour le moment, la loyauté au produit physique ne se dément pas.»

On sait qu'un des principaux arguments de Napster dans sa défense est d'affirmer que le logiciel/répertoire ne nuit pas aux ventes de disques.  Tout au contraire, il permet aux utilisateurs d'échantillonner des disques avant de les acheter, ce qui aurait pour effet de stimuler les ventes.

Évidemment, que serait une saga juridique sans quelques bon exploits de hacking, ou plus précisément dans ce cas-ci de substitutions de pages d'accueil de sites très fréquentés.  Le site APBNews (qui pourrait bientôt fermer ses portes faute de revenus) rapporte avoir été contacté par une personne prétendant être Pimpshiz, une fillette de onze ans, la personne qui signe les messages pro-Napster qu'on a retrouvés sur une soixantaine de sites dont les pages d'accueil avait été modifiées.  «C'est sûr qu'on va m'arrêter» aurait écrit Pimpshiz, «Mais soyez prévenus, il y aura une terrible réaction en chaîne lorsque je serai arrêtée.» APBNews affirme avoir reçu un autre message, cette fois d'un dénommé Ryan, qui déclarait «Si le FBI arrête Pimpshiz, des centaines de hackers sont prêts à causer des dommages massifs.»

Le FBI enquête toujours sur la série d'actes de vandalisme pro-Napster (une soixantaine) qui aurait débuté autour du 8 août dernier.  Une porte-parole a précisé que si la police fédérale arrêtait le ou les responsables, et que des actes de hacking survenaient en guise de représailles, les prévenus pourraient alors se voir inculpés de complot, en plus, bien sûr, des accusations de fraude et d'intrusion dans des systèmes informatiques. 

On en a déjà parlé, un des concepts qui est remis en cause dans l'affaire Napster est celui de l'échange horizontal (peer to peer), entre utilisateurs du réseau, de documents et de données.  En début de mois, nous faisions état de données recueillies par la société NetValue sur les habitudes des utilisateurs de Napster aux États-Unis, en France, en Allemagne et au Royaume-Uni.  Une des constatations de NetValue portait sur les différences sensibles dans les comportements : 61 % du volume échangé par les Américains consiste à transmettre des fichiers (52 % en Allemagne) tandis que 89 % du volume échangé par les Français consiste à recevoir des fichiers (87 % en Angleterre). 

Deux chercheurs du Palo Alto Research Center (PARC) de la société Xerox ont mené une étude sur la viabilité des systèmes d'échanges horizontaux, mais en observant la communauté virtuelle des utilisateurs de Gnutella, un système sur lequel misent certains observateurs pour remplacer Napster. 

L'étude, intitulée «Free Riding on Gnutella» et signée par Eytan Adar et Bernardo A.  Huberman, tend à démontrer que les utilisateurs de Gnutella sont des resquilleurs : 70 % des utilisateurs ne participent pas à l'échange de fichiers, ne font qu'en «consommer» et sont à la remorque d'un système alimenté par un petit nombre de «producteurs».  En fait, sur les 30 000 utilisateurs répertoriés aux fins de l'étude, le segment de 20 % constituant les producteurs les plus actifs représentait 98 % des fichiers échangés; le segment de 1 % des plus actifs, 40 % des fichiers échangés.

Les auteurs de l'étude écrivent : «Un des arguments véhiculés par la presse à l'égard des systèmes comme Gnutella est qu'il est moins vulnérable à une fermeture, soit par ordre d'un tribunal ou à la suite d'une attaque.  Il serait impossible pour la RIAA, disent les utilisateurs, de tous les poursuivre [...] Comme nous l'avons constaté dans nos expériences, il n'y a qu'un nombre restreint de participants qui fournissent la plus grande partie du contenu et qui répondent aux requêtes.  Ce petit nombre de fournisseurs constituent un noyau, et la RIAA n'aurait pas à poursuivre l'ensemble des utilisateurs.  Elle n'aurait qu'à cibler les plus importants fournisseurs (un petit nombre qui distribue à plusieurs).»

L'étude de Adar et Huberman vient donc refroidir l'enthousiasme que certains auraient eu par rapport à Gnutella, et plus globalement sur les communautés d'échanges horizontaux, inter pares.

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 Internet au travail : ça se complique
Au Canada, des employés de l'Agence des douanes et du revenu (ADRC), membres de l'Institut professionnel de la fonction publique (IPFP), accusent leur employeur d'avoir réglé les filtres d'accès des postes de travail reliés à Internet de manière à bloquer les sites Web de recherche d'emploi.  Un porte-parole de l'ADRC a déclaré au Ottawa Citizen que l'Agence utilise le système de filtrage Websense, mais dans le seul but de bloquer l'accès aux sites où on trouve de la pornographie et de la propagande haineuse.  Pour sa part, le syndicat affirme que tout accès au site de recherche d'emploi Monster.Com était automatiquement redirigé vers le site Web du gouvernement où on trouve la liste des postes à pourvoir.  En outre, toute requête sur un moteur de recherche contenant les mots «job search» (recherche d'emploi) était bloquée et l'écran affichait le message d'accès non autorisé de Websense.  L'IPFP accuse l'employeur d'utiliser ces techniques pour éviter un trop grand roulement de personnel.  Les parties patronale et syndicale sont à couteaux tirés depuis trois mois, l'objet du litige étant le renouvellement du contrat de travail des 3 000 techniciens informatiques membres de l'IPFP.  L'ADRC fait en plus face à une sérieuse concurrence du secteur privé dans la technopole qu'est devenue la région de la capitale nationale, et bon nombre de ses employés seraient tentés par la rémunération plus élevée qu'offrent les entreprises. 

En Allemagne, l'agence Newsbytes rapporte que le ministère des Finances entend imposer un impôt aux particuliers qui disposent d'un accès Internet au travail.  En effet, le ministère estime que l'accès Internet constitue un bénéfice marginal imposable, au même titre qu'une voiture, qu'un logement, ou tout autre avantage accessoire fourni en nature par une entreprise à ses employés, mais que l'État évalue pour fin d'impôt.  Le patronat et les fournisseurs d'accès soutiennent par contre qu'une telle mesure sera inapplicable dans les faits.

Pour l'entreprise, il s'agit de faire respecter la politique en vigueur.  Pour le syndicat, c'est un cas de harcèlement.  Il s'agit de la décision de la société Dow Chemical de congédier une quarantaine de salariés pour avoir fait circuler sur le système de courrier électronique de l'entreprise des messages à caractère sexuels et violents.  Dow Chemical dit que cette décision intervient après l'examen des comptes de courrier électronique de ses 6 000 employés.  Un représentant syndical a déclaré à l'Associated Press que ce n'est qu'un prétexte pour procéder à des licenciements.  Plus tôt, cette année, Dow avait congédié une cinquantaine d'employés pour des raisons similaires.  Bien que la société Dow Chemical ait eu des politiques relatives à l'utilisation d'Internet en milieu de travail, certains employés ne les connaissaient pas ou ne les prenaient pas au sérieux.

En Grande-Bretagne, c'est le projet de loi régissant les pouvoirs d'enquête (Regulation of Investigatory Powers - RIP) qui fait problème, toujours selon l'agence Newsbytes.  Le RIP doit avoir effet de loi le 24 octobre prochain.  En vertu du RIP, les utilisateurs de méthodes de chiffrement devront, sur demande, remettre leurs mots de passe à la police ou aux agences gouvernementales.  En outre, le RIP force les fournisseurs d'accès à installer des dispositifs de surveillance de leurs abonnés, dispositifs qui sont évidemment ouverts aux services de police.  Le projet de loi est déjà contesté devant la Cour européenne des droits de l'homme, et au pays, nombreux sont les critiques qui estiment que la loi sera impossible à appliquer.  De plus, les juristes préviennent les employeurs qu'ils pourraient devoir interdire à leurs employés toute utilisation du courrier électronique, à quelque fin que ce soit, de crainte de poursuites des salariés pour enfreinte aux droits de la personne.

En Australie, cette fois, la société Nielsen//NetRatings qui se spécialise dans les sondages sur les habitudes d'utilisation d'Internet offrira sous peu un service permettant de mesurer l'utilisation en milieu de travail.  Nielsen//NetRatings constitue des groupes d'utilisateurs qui acceptent que l'on installe sur leur ordinateur, à domicile, un dispositif qui enregistre leurs différentes activités en ligne (sites Web visités, courriers envoyés et reçus, etc.).  La société entend donc constituer des groupes d'échantillons d'utilisateurs en milieu de travail pour mieux comparer les points communs et les dissemblances de l'utilisation dans ces deux cadres.  Nielsen//NetRatings dispose déjà d'un échantillon de 150 000 utilisateurs dans 15 pays.

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 Lectures rapides
Matt Drudge, celui qui fut le premier à dévoiler l'affaire Lewinsky et dont le site Drudge Report est consulté 1,5 millions de fois par jour estime que les grandes chaînes de télévision dénaturent Internet.  Dans une entrevue avec Jim Monk du Online Journalism Review, Drudge a déclaré : «Ils ont leur aire de jeu, et j'ai la mienne.  Bien sûr, ils ne peuvent pas le dire.  Peter Jennings [Ndlr.  chef d'antenne à la chaîne ABC] doit rendre des comptes à un patron.  Pas moi.  Et c'est ça la différence, la clé du succès.  Internet, c'est l'indépendance.  Les chaînes utilisent Internet comme vitrine corporative et projettent leur image en ABCNEWSpointcom et CBSNEWSpointcom.  Ils calquent le modèle de la télévision et dénaturent Internet, puis font des reportages sur elles-mêmes en citant leurs exploits.  Mais c'est tout simplement possible parce qu'ils détiennent les microphones.  Ça ne se passe pas ainsi.» Drudge est-il attiré par la large bande? «Non.  Non.  Je déteste ces trucs.  Je n'ai pas de Java, pas d'application, je n'ai rien de ça sur mon site.  C'est pour les gens qui n'ont rien à dire.  Mon site est en noir et blanc, simple à télécharger, 18 Ko maximum.  Et c'est comme ça que je fonctionne.  J'ai désactivé Java et l'affichage des graphiques, et j'utilise une très vieille version de Netscape.»

En marge de l'affaire Yahoo!, et à savoir si la France sera la première démocratie occidentale à censurer Internet, Marc Knobel, membre du comité exécutif de la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra), un des organismes qui poursuit Yahoo!, accordait ce lundi une entrevue au journal Libération dans laquelle il exprime ses réactions au déroulement de l'affaire : «Le monde n'est pas uniforme.  Les valeurs des peuples diffèrent en fonction de leur culture et de leur histoire.  Pourquoi prétendre que tout doit être pareil dans le monde? Ne peut-il y avoir quelques exceptions, fondées notamment sur l'appréciation que nous avons du racisme? Chacun des objets nazis proposés aux enchères sur Yahoo! ou d'autres sites a une signification particulière.  Certains sont les symboles que voyaient les mères au moment où on leur arrachait leurs enfants pour les conduire aux chambres à gaz.  Notre démarche s'appuie sur des traités internationaux.  L'ONU a réagi avec rapidité à la montée du racisme sur l'Internet: la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale prévoit à son article 4 le recours à la répression pénale.  Les États-Unis ont accepté d'adhérer à cette Convention, mais à la condition expresse qu'on les autorise à formuler une réserve sur cet article.»

Dans le New Scientist, Robert Cailliau du CERN, co-concepteur du Web avec Tim Berners-Lee, et qui lance le 29 septembre prochain son livre «How the Web Was Born: The Story of the World Wide Web» chez Oxford University Press, aborde de nombreux thèmes, dont la notion de réglementation du Web, une réglementation des comportements, mais non des contenus.  Il donne l'exemple du courrier électronique non sollicité, le «spam».  «Ce matin encore, j'ai reçu quelques spams.  Je ne peux les retourner à l'expéditeur car il a forgé une adresse électronique.  Un des règlements qu'il serait bon d'avoir est que si je reçois un message de vous, je devrais pouvoir être en mesure de vous répondre.  Peu importe ce qu'il y a dans votre message, c'est du contenu, et ça je ne veux pas qu'on le censure.» Par contre, sur la question de la mise en oeuvre, il y a un problème sans précédent de dire Caillau.  Nous avons un réseau mondial, une économie mondiale, des sociétés commerciales mondiales, mais pas de système juridique mondial.  «Jamais, auparavant, ne s'est-on retrouvé en pareille situation.»

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 Beau détour
La Fondation suisse pour la photographie nous présente un survol de 21 photographes dont elle gère les oeuvres.  Deux photos par photographe, accompagnées d'une brève présentation, textes en anglais et en allemand.

Et sur ce, nous vous souhaitons à tous et toutes une excellente semaine.

Écrire à Jean-Pierre Cloutier


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