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Les Chroniques de Cybérie
19 septembre 2000

© Les Éditions Cybérie inc.

19 septembre 2000

Salutations à tous les Cybériens et Cybériennes!

Cette Chronique n'est optimisée ni pour Netscape, ni pour Internet Explorer, elle l'est pour ses lecteurs et lectrices.

Cette semaine...

Pétrole, hack et nouvelle économie
L'EPIC se désaffilie d'Amazon
Le «spam», un phénomène anglo-saxon?
Grand dictionnaire terminologique en ligne
«Le cyberespace n'existe pas»
uZine2 : tribune collaborative, et commentaire sur l'affaire Yahoo!
En bref...
Errata
Beau détour

 Pétrole, hack et nouvelle économie
Où que l'on soit, le ressac de la hausse des prix du pétrole se fait sentir.  Blocus routiers, opérations «escargot», manifestations, consommateurs en colère, inquiétude des marchés financiers, on passe par toute une gamme de sentiments. 

Et, oui, il fallait bien quelques petits hacks/graffitis pour assaisonner le tout.  La cible de choix a été le site officiel de l'OPEP, un site relevant du domaine .ORG, comme si l'Organisation des pays exportateurs de pétrole était un organisme sans but lucratif.  Mais enfin...

Lundi dernier, une première attaque : sous les logos de la page d'accueil du site, un message qui se lisait comme suit : «Je crois parler pour tout le monde (la planète toute entière) lorsque je dis que vous, les gars, il est grand temps que vous vous mettiez d'accord pour régler la question du prix du brut.  On doit vraiment penser aux pays pauvres, là où on n'a même pas d'argent pour se payer de l'aspirine, et encore moins du pétrole à des prix exorbitants.  Je crois que la vie des enfants est plus importante que vos profits.  Merci de m'avoir écouté.» Le message était signé «fluxnyne».  Somme toute, peu efficace, la page principale était une «poussette» (redirect) pour le reste du site, et donc visible pour seulement trois secondes.

Deuxième attaque, dimanche dernier.  Cette fois la page principale (et son code de poussette) sont complètement disparus et remplacés par le message «OPEC owned by Dr_Delete and IZigFredI - Greets: #MAP and ReVoLuTiOn --- Brazil rules!» (voir saisie d'écran).  Ce mardi, au moment d'écrire ces lignes, le message est disparu mais le site est toujours hors combat, et toujours aucune réaction officielle de la part des responsables pour qui, semble-t-il, tout ne baigne pas dans l'huile.

En mars dernier, alors que la hausse des prix n'avait pas encore atteint les proportions que l'on connaît maintenant, Nicolas Sarkis (directeur de la revue «Le Pétrole et le Gaz arabes») signait un texte éclairant dans Le Monde Diplomatique.  Sarkis se demandait si le monde n'était pas confronté à un troisième choc pétrolier, après ceux de 1973 et de 1982.  Sarkis écrit d'abord : «les anticipations de l'évolution de la demande, de l'offre et des capacités de production nécessaires pour couvrir l'accroissement des besoins mondiaux sont loin d'être rassurantes à l'horizon 2005-2010 et au-delà.  Deux dimensions méritent d'être prises en compte : les données fondamentales de l'industrie pétrolière et la géopolitique.» Or, conclut Sarkis, «l'avenir risque donc de ressembler au passé avec le yo-yo des prix et des crises plus ou moins graves, qui pourraient résulter soit de bouleversements politiques imprévisibles, soit d'un déphasage grandissant entre l'accroissement des besoins et le développement des réserves et des capacités de production.  Se dessine ainsi, à l'échéance 2005, un séisme pour l'industrie pétrolière et pour toute l'économie mondiale.»

Certains analystes tiennent pour acquis que ce que l'on appelle la nouvelle économie, moteur de croissance depuis quelques années, est davantage à l'abri des sursauts des prix pétroliers que ne l'était l'«ancienne».  La nouvelle économie est davantage ancrée dans le secteurs des services que dans l'industrie lourde, elle repose moins sur une infrastructure de transports, elle favorise des gains de productivité qui peuvent compenser pour des hausses de coûts.

Pas si sûr, affirme Matt Marshall du Mercury News, qui brosse le portrait d'une situation potentiellement dangereuse et où l'Asie joue un rôle capital, bien plus grand que lors des chocs pétroliers précédents.

Ali Rodriguez, président de l'OPEP, déclarait il y a quelques jours que si l'Occident connaît un hiver rude, le prix du baril pourrait atteindre 40 $.  D'autres observateurs prévoir un baril à 50 $.  Or, de telles hausses auraient pour effet de plonger l'Asie dans une nouvelle crise économique.  Déjà, avec les hausses que l'on connaît, l'économie asiatique aurait vu ses prévisions de croissance coupées de 1,2 point.  Il s'en faudrait de peu pour que l'on parle de récession.

Les installations de fabrication de matériel technologique asiatiques sont moins efficaces, sur le plan énergétique, que les installations américaines ou européennes, mais leurs parts de marché sont énormes.  Si les coûts de fabrication augmentent, il y a double danger.  D'une part, les entreprises reporteront la mise à niveau de leurs installations de fabrication, ce qui entraînera une baisse de revenus pour leurs fournisseurs américains et européens.  D'autre part, ils pourraient être tentés de hausser leurs prix, et là c'est le secteur client de l'Europe et de l'Amérique qui écopera.

Selon Marshall, l'effet est subtil, mais sensible.  Les consommateurs, eux-mêmes aux prises avec une facture énergétique plus élevée, pourraient décider de reporter leurs achats en matériel (qui de toute manière ne serait plus une aubaine).  Il pourrait donc s'ensuivre un ralentissement généralisé dans la nouvelle économie, et mévente dans les secteurs du logiciel, des dispositifs sans fil, du commerce électronique, de la publicité en ligne.  En outre, face à des prévisions de revenus à la baisse, la valeur de bon nombre de titres technologiques pourrait être affectée.

Conjuguées aux effets négatifs sur les marchés boursiers de la hausse des prix pétroliers, les perspectives économiques américaines sont incertaines.  Pour la première fois en quatorze ans, l'indice des prix à la consommation a chuté en août, ce qui indique un ralentissement de la demande.  On pourrait donc traverser, au cours des prochains mois, une période de turbulence sur les marchés financiers.  D'ailleurs, ce lundi, les cours étaient en baisse sur les principales bourses américaines, et les analystes citaient les prix du pétrole et la faiblesse de l'euro comme facteurs baissiers.

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 L'EPIC se désaffilie d'Amazon
Le 3 septembre dernier, à titre de client du cyberlibraire Amazon, nous recevions par courrier électronique une invitation à consulter sa nouvelle politique en matière de protection des données personnelles.  On nous expliquait que vu l'importance du sujet, on voulait agir de manière proactive, et non seulement afficher la nouvelle politique sans signaler les changements.

Toute transaction électronique exige de fournir un minimum de renseignements, on le conçoit.  Amazon déclare en outre recevoir et stocker automatiquement certains renseignements, soit par l'utilisation de fichiers témoins (cookies) que l'on dit utiliser pour simplifier la transaction.  Rien d'anormal, la plupart des cybermarchands utilisent l'astuce des fichiers témoins.

Mais Amazon déclare aussi souvent recevoir confirmation de l'ouverture des messages de courrier électronique qu'il envoie, si votre système peut, sur le plan technique, se prêter au jeu.  Il révèle également une pratique de comparaison de sa liste de clients avec les listes de clients d'autres fournisseurs, «dans le but d'éviter l'envoi de messages inutiles à nos clients», de collecte de renseignements d'autres cybermarchands qui sont ajoutés à notre dossier client chez Amazon, et de réception d'informations sur les changements d'adresses de la part des expéditeurs.  Et ça continue.  Partage de renseignements personnels avec des tiers, accès à nos données par des «agents» commerciaux, etc. 

Amazon tente de se disculper de toute violation de la vie privée en fournissant certains modes de retrait de ses promotions et autres services personnalisés.  Mais quand on sait qu'à peine 15 % des utilisateurs ne modifient même pas la page de départ de leur fureteurs, on peut douter qu'un grand nombre de consommateurs verront à «personnaliser» leur profil chez Amazon, démarche qui semble à prime abord laborieuse.

C'en était trop pour le Electronic Privacy Information Center (EPIC), qui depuis 1996 était un «affilié» de Amazon.com.  Dans un message par courrier électronique transmis aux abonnés de ses divers services, l'EPIC annonçait mercredi dernier qu'elle entendait rompre tous ses liens avec le cyberlibraire.  Le directeur de l'organisme, Marc Rotenberg, écrivait qu'à l'époque, il semblait qu'Amazon rendait des services valables aux utilisateurs du réseau.  C'est pourquoi l'EPIC avait compilé une liste d'ouvrages sur le thème de la protection des renseignements personnels et du respect de la vie privée, en plus de vendre ses propres publications par l'entremise du programme d'affiliés.

Rotenberg affirme qu'au fil des ans, l'EPIC avait reçu de nombreuses plaintes sur certaines des pratiques d'Amazon, et que l'organisme avait porté ses plaintes à l'attention du cyberlibraire.  L'EPIC continuait aussi d'offrir ses publications directement sur son site Web.

Mais l'aveu d'Amazon sur le partage des renseignements a fait déborder le vase.  Pour Rotenberg, «À cause de cette décision, et en l'absence de moyens techniques ou juridiques pour assurer le respect de la vie privée de la clientèle d'Amazon, il nous est impossible de maintenir notre association [...] Il nous tient à coeur de vous offrir nos publications et celles des autres, mais la protection des renseignements personnels doit primer.»

Depuis, l'EPIC a été jointe dans ses protestations par l'organisme Privacy International et le groupe JunkBusters.

Nous avons tenté d'obtenir de la filiale française de Amazon, Amazon.fr, des renseignements sur sa politique de protection des données personnelles qui diffère légèrement dans sa formulation de celle de Amazon.com.  Amazon.fr dit ne pas vendre, commercialiser, louer à des tiers les données personnelles mais pourrait «décider de le faire dans le futur avec des fournisseurs et prestataires d'Amazon.fr pour les besoins directs et connexes de l'exécution des contrats de vente».  Malheureusement, le service de presse d'Amazon.fr n'a pas répondu à notre demande de renseignements.

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 Le «spam», un phénomène anglo-saxon?
Les habitués de cette chronique savent combien je déteste le courrier électronique commercial non sollicité, le «spam».  Viennent ensuite les communiqués de presse étriqués que me font parvenir certains relationnistes incompétents, et les listes d'envoi auxquelles je ne me suis pas abonné, mais dont il me semble impossible de me retirer malgré mes demandes insistantes.  Ces irritants majeurs subtilisent au courrier électronique toute la beauté de l'outil de communication qu'il représente en inondant les boîtes aux lettres de messages inutiles.

Le volume de courrier non sollicité est phénoménal.  Aux États-Unis, on estime qu'il coûte annuellement aux prestataires de services plus d'un milliard de dollars en ressources de traitement et de stockage.  La Coalition Against Unsolicited Commercial Email (CAUCE - Coalition contre le courrier électronique commercial non sollicité) affirme que pour certains fournisseurs de services, 30 % de leur trafic courrier est du spam.  Évidemment, les fournisseurs refilent la note aux abonnés, c'est donc tout le monde qui paye.

Le spam a ses ironies.  Ne répondez surtout pas à un de ces messages, ça ne servira qu'à valider votre adresse à l'importun et assurera que vous en recevrez un tas d'autres.  Portez plutôt plainte chez SpamCop, un service gratuit, et vous serez étonnés des résultats.  Mais la plus grande ironie, le comble, c'est quand on reçoit un message qui nous propose d'acheter sur cédérom 68 millions d'adresses de courriel électronique valides.  Faut le faire.

On remarque toutefois que le spam est un phénomène que l'on pourrait qualifier d'uniquement anglo-saxon.  En fait, c'est très rare (Dieu merci) que l'on reçoive un spam rédigé en français.  Examinons certains chiffres compilés par le service SpamCop.

Pour la semaine se terminant dimanche, 17 septembre, le fournisseur ayant reçu le plus grand nombre de plaintes est Dialsprint.Net (27 657 plaintes), suivi de UU.Net (14 081) et Psi.Com (8 343).  On trouve, au sombre palmarès, surtout des fournisseurs américains, et un nombre grandissant de fournisseurs asiatiques, mais seulement deux européens.  Même constat pour les autres catégories de statistiques recensées, comme les sites Web qui ont recours au spam pour mousser leur achalandage.

Voilà donc une caractéristique qui distingue l'Internet francophone de l'Internet anglo-saxon, et personne ne s'en plaindra.

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 Grand dictionnaire terminologique en ligne
Nouvel outil langagier sur le Web, Le grand dictionnaire terminologique (GDT) en ligne élaboré par l'Office de la langue française du Québec, et tout frais inauguré.  Un ouvrage considérable, à consultation sans frais, avec trois millions de termes français et anglais du vocabulaire industriel, scientifique, technique et commercial, dans près de 2 000 domaines spécialisés; soit l'équivalent de 3 000 ouvrages de référence.  L'interface de consultation a été réalisée par la société Semantix.  Il ne s'agit pas d'une ressource statique, le GDT sera mis à jour mensuellement.  Aussi disponible en téléchargement (3,5 Mo), le GDT Express, module d'extension personnalisé qui offre la possibilité d'accéder directement à différents outils langagiers en ligne dont Le grand dictionnaire terminologique. 

On n'est pas toujours d'accord avec l'OLF sur les questions de terminologie, comme ce commentaire sur le mot «fureteur».  La fiche terminologique pour le mot anglais «browser» propose «navigateur Web».  On explique : «Étant donné que le furetage se définit comme une exploration non autorisée de données stockées en mémoire et constitue de ce fait un délit informatique, il est possible que l'utilisation du terme dérivé “fureteur” dans le sens de “navigateur Web” amène une certaine confusion.»

Et pourtant, le Robert nous dit que fureter c'est «chercher, s'introduire partout avec curiosité dans l'espoir d'une découverte» et que le fureteur est «la personne qui cherche, fouille partout en quête de découvertes», sans allusion à un délit ou à un quelconque caractère illégal.  De plus, le mot «navigateur» n'est-il pas trop étroitement lié à une marque déposée pour entrer ainsi dans la langue?

Mais comme l'usage est maître, nous disent les grands linguistes, on n'en est pas à une métaphore près.

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 «Le cyberespace n'existe pas»
Internet est riche en métaphores que l'on peut ou non apprécier, adopter.  Notre tout nouveau GDT définit le cyberespace comme «Lieu imaginaire appliqué métaphoriquement au réseau Internet et dans lequel les internautes qui y naviguent s'adonnent à des activités diverses.»

Je n'ai jamais trop aimé la métaphore aquatique de navigation, de surf, d'internautes.  J'ai toujours préféré le mot fureteur à navigateur, comme je l'explique plus haut.  J'aime bien «cyberespace», cependant, expression attribuée à William Gibson (Neuromancer, 1984), plus tout à fait l'«hallucination consensuelle vécue quotidiennement en toute légalité par des dizaines de millions d'opérateurs dans tous les pays», mais plutôt la vision de Jean-Claude Guédon, un «nouveau sens de territoire [...] de la planète comme champ d'action [...] Au total, aucune fatalité autre que celle du changement n'attend le citoyen du cyberespace.»

Il me tenait de vous parler, depuis un certain temps, de ce texte de Jonathan Koppel, professeur de gestion à Yale, et paru en août dernier dans le mensuel Atlantic Monthly sous le titre «No “There” There» (littéralement, «Pas de “là” là»).  Malgré qu'il existe des Atlas du cyberespace, Koppel dit que cet espace mythique ne figure sur aucune de ses cartes et se demande pourquoi nous devrions parler d'Internet en tant que lieu géographique.  Qu'une collectivité éparse et multiple y travaille, communique, s'y informe et s'y divertisse ne suffit pas.

Koppel tente de démontrer que la métaphore «cyberespace» désigne une non entité, que ce n'est pas un espace, qu'on n'utilise le terme «espace» seulement pour ne pas confondre le médium Internet avec la télévision.  Il écrit : «Ceux et celles qui tiennent à établir une distinction entre Internet et la télévision signalent que les citoyens du Net ne sont pas simplement des récepteurs passifs de signaux électroniques.  Ceci pourrait être (en partie) vrai.  Mais les téléphones et le service postal sont aussi des modes de communication bidirectionnelle, et pourtant, on ne les désigne pas comme des lieux.»

Koppel convient que les métaphores importent car elles peuvent façonner nos perceptions et nos actions.  Par exemple, l'expression «marché des idées» pour désigner la liberté d'expression véhicule la notion de liberté d'échanger des idées plutôt que de simplement être entendu.  Certaines métaphores sont moins heureuses.  La notion de «guerre à la drogue» nous crée un ennemi à vaincre et exclut les solutions pacifiques comme la décriminalisation, qui serait alors considérée comme une défaite.

Il soutient que de concevoir le cyberespace comme lieu soulève des questions d'ordre logique et psychologique qui pourraient influer sur le développement d'Internet, et cite l'auteur Lawrence Lessig.  Ce dernier affirme que l'utilisateur mène une double existence, une physique, puis une dans le cyberespace, d'où la difficulté d'établir des juridictions claires.

Koppel conclut que l'expression «cyberespace» n'est pas près de s'éteindre et lui reconnaît certaines utilités, comme à toutes les autres métaphores d'usage courant.  Mais, écrit-il, «Ne nous méprenons pas.  La réglementation du cyberespace dans des domaines comme le droit d'auteur, la fiscalité ou la protection des renseignements personnels n'équivaudra pas à la spoliation d'un espace vierge.»

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 uZine2 : tribune collaborative, et commentaire sur l'affaire Yahoo!
Lancement, le week-end dernier, du nouveau site du Minirezo, uZine2.  Le Minirezo, collectif informel de diffuseurs et webmestres indépendants, et auteur il y a quelques années (déjà) d'un manifeste du Web indépendant rassemble un grand nombre d'auteurs des webzines présents sur le «Portail des copains».  De nombreux événements récents ont incité le Minirézo à lancer uZine2, dont l'adoption de la loi française sur l'identification préalable des utilisateurs du réseau, la fermeture d'Altern.Org (seul hébergeur gratuit exempt de publicités), médiatisation du procès intenté à Yahoo! par la LICRA et l'UEJF, et d'autres.  Pour le groupe, il devenait urgent de créer un espace où tous ceux qui explorent les usages coopératifs et citoyens d'Internet puissent exposer et confronter leurs expériences, leurs idées, leurs arguments.  C'est donc un site ouvert aux collaborations d'articles et de commentaires et «tous ceux qui, sur le réseau, s'intéressent aux évolutions sociales, politiques et démocratiques, économiques...  de l'internet sont très chaleureusement invités à participer à l'enrichissement du site.»

Et justement, sur la question du procès Yahoo!, le correspondant ARNO* cerne fort bien les enjeux dans un texte intitulé «Pourquoi critiquer l'action de l'UEJF et de la LICRA?».  On se souviendra que l'Union des étudiants juifs de France (UEJF), la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (LICRA), auxquels s'est joint en cours de procédure le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP), ont intenté à Yahoo! Inc.  un procès en raison de la vente d'objets nazis sur son site d'enchères en ligne.  Depuis, on s'interroge sur la manière de bloquer l'accès au site américain depuis le territoire français.  ARNO* écrit : «De fait, toute l'affaire Yahoo dépasse largement le cadre de la seule chasse aux nazis en ligne.  Elle porte en elle, par les méthodes et les propos extrêmes, et par ses implications juridiques et techniques, des limitations importantes à l'exercice de la vie démocratique.  [...] Tel est le débat.  Que les néonazis, antisémites et autres négationnistes soient pourchassés, tant mieux.  Mais si, pour cela, il faut sacrifier une aussi importante avancée démocratique qu'est le réseau, voilà qui mérite une autre discussion qu'un simple procès, et d'autres arguments que des amalgames et des raccourcis insultants.»

Rappelons que c'est le 6 novembre que le juge Jean-Jacques Gomez doit recevoir un rapport technique sur les solutions envisageables au blocage de l'accès au site Yahoo! depuis le territoire français.

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 En bref...
Le groupe Alliance for Childhood vient de publier un rapport critique sur l'utilisation de la haute technologie dans les écoles primaires.  Le groupe soutient que trente années d'études n'ont pas réussi à prouver, chez les jeunes, un accroissement de l'apprentissage découlant de l'utilisation pédagogique des technologies, sauf chez les enfants atteints de problèmes d'apprentissage.  Les auteurs du rapport estiment que l'utilisation d'ordinateurs contribue à mettre prématurément fin à la période d'enfance en exigeant que les jeunes développent très tôt des facultés d'analyse et de pensée abstraite.  Ils contestent aussi les sommes faramineuses dépensées pour faire entrer les ordinateurs dans les salles de classe.  Clément Laberge de L'Infobourg, site consacré à l'éducation, est partagé sur le contenu de ce rapport.  «Malgré ses évidentes faiblesses, certains éléments du rapport méritent vraiment qu'on s'y attarde, en particulier l'intéressante définition qui est faite de la "technology litteracy".  Tous les éducateurs devraient en prendre connaissance.  Je retiens surtout de cet étrange rapport une idée importante, évidente, mais qu'il n'est jamais inutile de réaffirmer : "la réforme de l'éducation est un enjeu social, certainement pas un problème de technologies".» Une analyse plus étoffée du rapport sera disponible, plus tard cette semaine, sur le site de l'Infobourg.

Pour une troisième année, Marie Lebert nous propose ses «Entretiens» avec des chercheurs, documentalistes, écrivains, éditeurs, journalistes, professeurs spécialistes des langues, webmestres, francophones et non francophones.  Le thème est l'Internet, sous toutes ses formes.  En plus d'une grande diversité de points de vue, l'intérêt réside dans le retour en arrière que l'intervieweuse impose à ses «invités», leur permettant ainsi de commenter les réponses fournies l'an dernier, ou il y a deux ans.  Des heures de lectures en perspective.

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 Errata
La semaine dernière, nous écrivions : «Depuis quelques jours, des journalistes de cinq journaux québécois francophones (La Presse, Le Devoir, Le Soleil, Les Affaires et Le Journal de Montréal) visitent les installations de la société à Taïwan, aux frais de Mosel Vitelic (environ 10 000 $ par journaliste).» On nous a gentiment fait savoir que les rédactions des journaux Le Soleil et Les Affaires avaient décliné l'invitation de Mosel Vitelic.  Nos excuses aux rédactions concernées, et à notre lectorat.

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 Beau détour
Cette semaine, des vues d'Afrique proposées par le photographe Huid Blom, 400 photos en trois albums, un très beau dépaysement.

Et sur ce, nous vous souhaitons à tous et toutes une excellente semaine.

Écrire à Jean-Pierre Cloutier


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