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Les Chroniques de Cybérie
17 octobre 2000

© Les Éditions Cybérie inc.

17 octobre 2000

Salutations à tous les Cybériens et Cybériennes!

Cette Chronique n'est optimisée ni pour Netscape, ni pour Internet Explorer, elle l'est pour ses lecteurs et lectrices.

Cette semaine...

Politique réseau : Gore a-t-il «inventé» Internet?...
...  et Bush sait-il de quoi il parle?
La révolution sera Webloguée!
Parcours en téléchargement
En bref...
Beau détour

 Politique réseau : Gore a-t-il «inventé» Internet?...
En mars 1999, alors que Al Gore n'avait pas encore officiellement annoncé son intention de se porter candidat à la présidence des États-Unis, il accordait une entrevue à Wolf Blitzer de la chaîne CNN.  Répondant à la question à savoir ce qu'il pouvait apporter à la nation à titre de président, Gore fit un bref bilan de son passé de législateur et déclara, entre autres, «Alors que j'étais au Congrès américain, j'ai pris l'initiative de créer Internet.» La nouvelle fut reprise par les autres médias, comme le service de nouvelles Wired, et nous titrions nous-mêmes à l'époque «Les impairs d'un candidat.» Les efforts de «création» d'Internet devenaient la prétention de son «invention».  Et évidemment, les ténors du Parti républicain se servirent de cette déclaration pour monter une stratégie de campagne anti-Gore basée sur une soi-disant tendance à l'exagération. 

Phil Agre, chroniqueur apériodique (Red Rock Eater News Service) et professeur à l'Université de Californie remet les pendules à l'heure et dénonce ce qu'il appelle une campagne de salissage du Parti républicain à l'endroit de Al Gore, une campagne qui se mènerait avec la complicité et/ou le silence (qui ne dit mot consent) d'une certaine presse américaine.

Il en veut pour preuve que le journaliste Declan McCullagh du service Wired News qui se fait très discret au sujet d'une lettre que lui ont adressé au mois de septembre deux des pères fondateurs d'Internet, soit Vinton Cerf et Robert Kahn, et qui apportait des précisions sur la déclaration de Al Gore.  Cerf et Kahn écrivent : «Nul individu ni petit groupe de personnes ne peut prétendre avoir “inventé” Internet.  C'est le résultat de nombreuses années de collaboration soutenue entre des personnes des milieux gouvernementaux et universitaires.  Mais en tant que personnes qui ont conçu l'architecture et les protocoles de base sur lesquels repose le fonctionnement d'Internet, nous tenons à reconnaître la contribution du vice-président Gore à titre de membre de la Chambre des représentants, puis de sénateur et ensuite de vice-président.  À notre connaissance, aucun autre élu n'a autant contribué, ni depuis aussi longtemps [à la création d'Internet].»

Les deux scientifiques énumèrent ensuite les diverses initiatives de Al Gore en faveur de la mise sur pied et de l'évolution d'Internet depuis les années soixante-dix et concluent : «Le vice-président mérite que l'on reconnaisse qu'il a très tôt compris l'importance de la réseautique et de la communication à haut débit, et qu'il a depuis longtemps et sans relâche fait valoir le potentiel d'Internet pour les citoyens et l'économie du pays et du reste du monde.»

Phil Agre reproche donc à Declan McCullagh son silence presque total sur la lettre de Cerf et Kahn, et affirme que McCullagh aurait lui-même accusé Vint Cerf d'avoir agi pour des motifs politiques. 

Et la controverse prend de l'ampleur.  Le journaliste Scott Rosenberg de l'influent netmag Salon écrit : «Le premier article de McCullagh, bien qu'il n'ait pas contenu le mot “inventé”, interprétait la déclaration de Gore comme étant fausse et grossièrement exagérée, et appuyait cette perception à l'aide d'une citation d'un responsable d'une fondation conservatrice.» Dès lors, le mot «inventé» a été repris par l'ensemble de la presse, y compris par Salon comme le reconnaît Rosenberg.

Dimanche dernier, Phil Agre revenait à la charge et accusait les stratèges du Parti républicain, avec maints autres exemples à l'appui, de mener une campagne de salissage à grande échelle avec l'appui d'une presse insouciante des faits.  Le langage est très fort.  «C'est une sorte de coup [d'État] subtil dans la lignée du scandale Whitewater et de la tentative de destitution.  Si la campagne de l'extrême droite réussit, le prochain gouvernement sera composé de personnes bien formées dans cette nouvelle science qu'est le salissage de réputation.  C'est tout ce qu'ils savent faire.  Et après avoir détruit Gore, nous serons les prochains sur leur liste.»

Puis, hier (lundi 16 octobre), c'était au tour de l'agence Reuters de qualifier Gore «d'inventeur auto-proclamé d'Internet» dans une dépêche annonçant l'appui officiel à sa campagne de Vint Cerf, Steve Jobs (Apple), Marc Andreesen (fondateur de Netscape), Paul Allaire (Xerox), Rob Glaser (Real Networks), et de 420 autres figures importantes du milieu technologique. 

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 ...  et Bush sait-il de quoi il parle?
La scène se passe mercredi dernier, alors que George «Dubya» Bush et Al Gore s'affrontent en débat télévisé.  On parle du contrôle des armes à feu et du massacre à l'école Columbine (Littleton, Colorado) perpétré par deux étudiants en avril 1998.  George Bush : «Il y avait autre chose dans l'affaire de Columbine, et c'est une question de culture.  Une culture qui fait en sorte qu'en cours de route, nous avons perdu respect pour la vie humaine, et qu'un enfant peut voir son coeur souillé par Internet, et entrer dans un endroit et prendre la vie de quelqu'un.»

Un peu réductionniste, non? Qu'en est-il des deux adultes qui ont vendu illégalement armes et munitions à des mineurs? Qu'en est-il du respect pour la vie humaine au Texas, État dont George Bush est gouverneur, et où on a exécuté 232 personnes depuis 1976, 33 depuis le début de l'année, ce qui représente le tiers des exécutions pour le Texas qui ne compte que 7 % de la population des États-Unis?

On s'étonnera donc aussi du silence d'une certaine presse sur cette référence à l'«Internet assassin».

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 La révolution sera Webloguée!
Weblog.  Bien qu'il ne figure dans aucun dictionnaire officiel, dans un bon moteur de recherche, le mot rapporte plus de 200 000 résultats.  On trouve Weblog, par contre, sur le site WhatIs.Com une fiche qui date de janvier 2000 qui le décrit comme un site Web personnel ou non commercial, de format journal ou babillard, et qui est mis à jour périodiquement par son auteur.  L'oeuvre d'une personne ou d'un groupe, le Weblog peut traiter de n'importe quoi.  Journal personnel, forum de discussion, gazette, colportages, n'importe quoi.  Le Weblog permet d'inclure toutes les composantes traditionnelles des pages Web (textes, hyperliens, graphiques, etc.).

En entreprise ou dans les organismes, les Weblogs commencent à se manifester dans les intranets.  Les administrations les utilisent pour faciliter la communication interne, entre divers paliers, ou selon un modèle plus horizontal. 

Puis, il y a une dimension publique qui émerge, depuis un certain temps.  Sur le Web anglo-saxon, le plus connu est certainement Slashdot qui traite de manière iconoclaste de technologie et de réseaux.  Il a un pendant québécois, pssst, dont nous vous avons déjà parlé, et un français que l'on reconnaîtra à son nom, NoSpoon, et dans un genre différent, C'est-ToutCom

À l'origine, cette forme d'expression était réservée à ceux et celles qui maîtrisaient suffisamment des langages de programmation pour constituer une interface de publication, ou qui produisaient carrément en HTML avec la charge de mises à jour que cela comportait. 

Attention, tendance forte, le Weblog se démocratise avec l'arrivée de logiciels ou de services en ligne de création (voire d'hébergement gratuit) qui simplifient cette forme de diffusion/édition.  Plus besoin de maîtriser toutes les finesses du HTML et les astuces du chargement sur serveur, c'est ce que l'on a vu s'approcher le plus près, à ce jour, d'une véritable plate-forme d'autoédition.  Et pour suivre le mouvement, il fallait bien un portail, non? Oui, le eatonWeb portal existe.  Comme ce fut le cas pour la déferlante des pages personnelles dans la première moitié des années quatre-vingt-dix, les Weblogs personnels sont de qualité inégale, le génie est rare, mais il y a de beaux exemples, et il existe déjà des Weblogs sur...  les Weblogs.

Pour certains, la technologie Weblog permet de se créer une activité de diffusion qu'ils souhaitent rentabiliser.  Par exemple, Patrick Phillips, journaliste et rédacteur pigiste, a lancé récemment IwantMedia.Com, un Weblog qui recense les grands titres de l'actualité.  Les résumés pointent vers des articles de publications en ligne, et sont mis à jour fréquemment.  Initiative personnelle, sens de l'entrepreneurship dans la nouvelle économie? Rappelons seulement que des sites importants, comme La Toile du Québec (trois millions de visiteurs par mois), étaient à l'origine des pages personnelles.  Pour d'autres, comme le célèbre groupe rock U2, leur U2log offre une plate-forme de diffusion dynamique à peu de frais.

Si on parle de tendance forte, c'est que la simplicité de composition des Weblogs est un attrait irrésistible pour grand nombre de personnes.  Sur un des portails de Weblogs, on recense les nouveautés qui se comptent par dizaines à chaque mise à jour.  Comme pour les pages personnelles, il est difficile de savoir combien il en existe.  Mais au rythme d'adoption actuel, il pourrait bien y en avoir des millions d'ici la fin de l'année.

La formule sera-t-elle viable à long terme, ou subira-t-elle le même sort que d'autres modes éphémères ont connu? Il est trop tôt pour le dire, mais il faut reconnaître que la technologie Weblog comporte tous les éléments qui pourraient transformer sensiblement un Web devenu stérile et sans attrait véritable pour un nombre croissant d'utilisateurs.

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 Parcours en téléchargement
Accaparés par l'actualité du monde, de l'Internet, et du monde de l'Internet, il arrive que l'on ne trouve pas l'occasion de vous faire part de certaines trouvailles.  Amende honorable.

Certains analystes financiers attribuent la mévente qui afflige certains fabricants d'ordinateurs à un comportement «prudent» des utilisateurs qui retardent une mise à niveau de leurs systèmes.  Logiquement, plusieurs d'entre vous auraient donc décider d'attendre avant de vous offrir une nouvelle bombe de puissance et s'ennuient peut-être sur leurs machines un peu démodées.  Pour redonner du tonus à votre complice vieillissant, une visite au site TweakFiles s'impose.  C'est l'idée brillante de Tim Tibbetts et Jim McMahon : offrir sur un seul site tous les petits utilitaires logiciels qui permettent d'améliorer le rendement et le fonctionnement d'un système.  Certes, l'idée n'est pas nouvelle.  Mais l'avantage de TweakFiles est de les avoir classés par catégories (mémoire, BIOS, diagnostic, affichage, etc.) sur un site léger et facile à consulter.  Certains logiciels sont gratuits et d'autres diffusés en partagiciels.  On trouvera aussi sur le site une liste de nouveautés, un moteur de recherche, et une FAQ sur le téléchargement. 

La photographie numérique prend son envol, c'est incontestable, et à l'approche de la saison des Fêtes, les principaux fabricants d'appareils numériques lanceront une offensive marketing d'envergure.  Un des aspects intéressants de la photo numérique, c'est qu'elle permet à l'utilisateur, s'il le souhaite, de prendre en charge toutes les étapes du processus photographique, de la prise de vue à l'impression des tirages.  Les fabricants d'appareils et d'imprimantes fournissent des trousses de logiciels de base pour le transfert des photos de l'appareil vers l'ordinateur, et pour des ajustements de base des fichiers photographies.  Il existe cependant une foule d'autres logiciels qui vous permettent d'aller plus loin dans l'exploration de la photo numérique, et qui sont recensés sur le site Steve's DigiCams.  On y trouve de tout : des imposants logiciels de manipulation graphique comme PhotoShop à des produits plus modestes mais d'une efficacité exemplaire.  Comme pour les TweakFiles, certains logiciels sont gratuits, d'autres sont des partagiciels, et enfin le site répertorie aussi les produits commerciaux.  Au chapitre des utilitaires, soulignons le Picture Information Extractor (PIE) qui récupère dans un fichier tous les paramètres de prise de vue (focale, vitesse d'obturation, extension zoom, etc.) évitant ainsi la prise de notes, et PhotoGenetics, un correcteur de photos d'une simplicité étonnante.  Les adeptes de PhotoShop trouveront aussi un bel assortiment d'auxiliaires (plug-ins) produits par des indépendants.

Le cabinet de recherche IDC nous apprend que d'ici la fin de l'année, le nombre de messages échangés quotidiennement par courrier électronique atteindra les dix milliards.  En 2005, ce sera 35 milliards de courriels qui circuleront allègrement chaque jour dans le cyberespace.  Mais de grâce, utilisez l'outil convenablement.  Nos lecteurs et lectrices de longue date se rappelleront peut-être que nous avons déjà mentionné ce site, mais un rappel n'est jamais mauvais, surtout quand c'est un site de qualité.  Il s'agit d'Arob@se.Org, un site non commercial, tout en français, et entièrement consacré au courrier électronique.  Périodiquement mis à jour, ce site offre des comparatifs de logiciels et de services de courrier gratuit, des astuces d'utilisation, des infos sur les virus (et comment s'en protéger), un forum pour les questions, bref, c'est très complet.  Fortement suggéré.

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 En bref...
Procès Microsoft : un calendrier imposé par la Cour fédérale d'appel, faute d'entente entre les parties.  Microsoft déposera son premier bref écrit le 27 novembre, et la réponse du ministère américain de la Justice (DoJ) est attendue le 12 janvier.  Microsoft pourra se prévaloir de son droit de réplique le 12 janvier, et les exposés oraux sont prévus pour les 26 et 27 février.  C'est donc un calendrier plus court que ce que souhaitait Microsoft, mais plus long que celui proposé par le DoJ.  Autre compromis imposé par la Cour, la longueur des documents, qui se situe à mi-chemin entre les suggestions des deux parties.

Depuis son arrivée dans le paysage du Web, le moteur de recherche Google s'est taillé une place enviable dans un marché que l'on croyait saturé.  Très rapidement, l'efficacité de sa méthode d'indexage et la simplicité quasi minimaliste de son interface en ont fait le préféré de bon nombre d'utilisateurs.  Olivier Andrieu, sur son site Abondance.Com consacré aux moteurs de recherche et au référencement, en a fait la preuve en effectuant un sondage en ligne sur son site sur les préférences des utilisateurs.  Google a récolté la faveur de 36,3 % des répondants, suivi de près par AltaVista (33,7 %).  Venaient ensuite Voila (12,8 %), Lycos (4,8 %) et Alltheweb (2,6 %). 

Il a été question du système de surveillance Echelon, la semaine dernière, à l'Assemblée nationale.  La mission d'information dirigée par le député Arthur Paecht (UDF) et composée de sept députés rendait public son rapport sur Echelon, fruit de sept mois de travail.  Le rapporteur a dit regretter «la faiblesse des moyens dont dispose le Parlement pour mener des études sur un tel sujet» et a constaté que les rencontres souhaitées avec les responsables des services de renseignement ont soulevé les difficultés les plus grandes.  Les conclusions : oui, le système existe, et son existence est attestée par le fonctionnement de bases ou de stations d'écoutes dans les cinq pays participants ainsi que sur le territoire d'autres États comme le Japon ou l'Allemagne (à Bad Aibling); pour les créateurs de ce système, les enjeux de sécurité justifient son maintien.  Toujours selon le rapporteur : «les moyens acquis depuis quarante ans par les services de renseignement acteurs d'Echelon permettent de recueillir, sinon de traiter, un très grand nombre de communications.  Cependant, l'explosion des communications et le développement des mesures protectrices, en particulier le chiffrement des messages, compliquent l'exploitation des données recueillies.  L'obsolescence technologique prochaine des réseaux d'écoutes limite leurs capacités, les agences de renseignement étant dépassées sur un certain nombre de créneaux; le débat s'est en fait déplacé de l'intrusion dans les réseaux de communications à l'intrusion dans les réseaux informatiques, c'est-à-dire au plus près de la source émettrice des messages, compte tenu de la vulnérabilité des systèmes informatisés de communication.»

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 Beau détour
Cette semaine, Photographies de la Bretagne, de Christian Lugrezi, un site découvert chez nos amis d'itisphoto.

Et sur ce, nous vous souhaitons à tous et toutes une excellente semaine.

Écrire à Jean-Pierre Cloutier


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URL : http://www.cyberie.qc.ca/chronik/20001017.html