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Les Chroniques de Cybérie
7 novembre

© Les Éditions Cybérie inc.

7 novembre 2000

Salutations à tous les Cybériens et Cybériennes!

Cette Chronique n'est optimisée ni pour Netscape, ni pour Internet Explorer, elle l'est pour ses lecteurs et lectrices.

Cette semaine...

Affaire Yahoo! : dépôt du rapport des experts
Que se passe-t-il avec Napster?
Politique réseau : vote stratégique...
...  suivre en direct...
...  et la malédiction de Tecumseh
En bref...
Beau détour

 Affaire Yahoo! : dépôt du rapport des experts
Le comité d'experts, formé à la demande du juge Jean-Jacques Gomez dans l'affaire Yahoo! pour déterminer la faisabilité du blocage de l'accès des sites américains de cette société à partir du territoire français, a remis son rapport.  Hier, à Paris, au cours d'une audience à «caractère exceptionnel» selon Libération, le juge Gomez s'est fait dire que, oui, il est possible de bloquer les accès sur une base géographique, mais que, non, la méthode n'est pas infaillible.  Les experts estiment qu'une méthode de blocage sur une base géographique de provenance des demandes d'accès pourrait être efficace à 80 %. 

Le rapport n'apporte donc pas, contrairement aux attentes du juge Gomez, une réponse claire à la question du blocage.  Le juge se prononcera toutefois le 20 novembre prochain sur les mesures qu'il entend prendre contre la société Yahoo!

On se souviendra que cette affaire découle du procès intenté contre Yahoo! par l'Union des étudiants juifs de France (UEJF), la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (LICRA) et le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP).  Les plaignants contestaient la mise en vente libre d'objets de collection militaires nazis, et le juge Gomez avait statué que l'exposition en vue de leur vente constituait une contravention à la loi française et qu'elle offensait «la mémoire du pays.»

Le juge Gomez avait donc confié à François Wallon, expert en informatique et bureautique à la Cour d'Appel et au Tribunal Administratif de Paris, le mandat de s'adjoindre deux autres experts (un Européen et un Américain) pour trouver une solution technique.

Reste à voir, pour la suite des choses, comment le juge Gomez articulera une décision qui implique une société américaine protégée par les dispositions constitutionnelles de son pays en matière de liberté d'expression.  Le juge se prononcera le 20 novembre prochain, mais il y a à parier que ce ne sera pas le fin mot de l'affaire.

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 Que se passe-t-il avec Napster?
Depuis l'annonce d'une prise de participation du géant européen de la musique Bertelsmann dans le service de logiciel/répertoire de musique Napster, on se demande comment s'articulera cette entente. 

D'entrée de jeu, disons que les deux parties ont été très avares de commentaires, et qu'on savait que l'annonce signifiait l'abandon de la poursuite intentée à Napster par Bertelsmann.  Dans son bref communiqué, Napster parle d'alliance stratégique, de système d'abonnement payant, de consultation des utilisateurs, d'offres promotionnelles gratuites.  Aucun autre détail ne filtre.

Le communiqué de Bertelsmann n'est guère plus loquace.  On reprend les mêmes informations que dans le communiqué de Napster, et puisque l'entreprise dispose de relationnistes plus causants, l'information est bonifiée des commentaires d'usage de membres de la direction des deux entreprises.

Le service de nouvelles News.Com a été le premier à offrir quelques détails, sous toutes réserves, citant des «sources proches de la transaction.» D'après News.Com, Bertelsmann aurait prêté environ 50 millions de dollars à Napster pour financer la mise sur pied d'un protocole sécurisé (et payant) de diffusion de fichiers musicaux.  En contrepartie, Bertelsmann s'assure une participation à hauteur de 58 % dans Napster.  Toujours selon News.Com, Bertelsmann est à l'abri d'une trop grande dissolution du capital de Napster si cette dernière trouvait d'autres partenaires.  Pour sa part, Napster ne peut utiliser le produit de cette entente pour payer les avocats qui la défendent dans les différentes poursuites intentées contre elles.

Là où l'entente risque d'achopper, c'est sur la mise en oeuvre d'un système sécurisé et payant qui nécessitera à coup sûr d'autres partenaires qui, jusqu'à présent, ne semblent pas enclins à collaborer avec Napster.  Par exemple, le groupe Universal ne manifeste aucune intention de se joindre à Napster/Bertelsmann pour la diffusion payante de son catalogue de titres.  C'est que tout porte à croire que Bertelsmann étant partenaire privilégié de Napster, elle aurait droit de regard sur la diffusion des autres grands groupes, une proposition qui flotte mal dans le milieu hyper concurrentiel de la musique.

Par ailleurs, la American Society of Composers, Authors and Publishers (ASCAP) affirme qu'elle n'a jamais cherché à nuire à Napster et qu'elle accueillerait d'un bon oeil une demande de licence de diffusion des oeuvres qu'elle protège.

Côté utilisateurs, les réactions sont partagées.  Sur certains forums spécialisés, les utilisateurs crient à la trahison.  Napster aurait cherché à fidéliser une clientèle de dizaines de millions d'utilisateurs pour s'en servir plus tard de levier financier.  «C'est comme la drogue» écrit un participant, «au début le revendeur te la donne gratuitement, puis quand tu deviens accro, là tu paies.»

Évidemment, Hank Barry, p.d.-g.  de Napster défend l'entente conclue avec Bertelsmann.  Certaines agences de presse ont soutenu qu'un abonnement mensuel au service de Napster reviendrait à environ 5 $ par mois.  Barry s'empresse de souligner qu'une enquête récente révélait que 67 % des utilisateurs de Napster étaient disposés à payer 15 $ par mois pour le service.

Chez Bertelsmann également, l'entente avec Napster ne semble pas faire l'unanimité.  Deux cadres supérieurs de Bertelsmann Entertainment ont annoncé leur démission.  Il s'agit de Michael Dornemann, président du conseil de direction, et de Strauss Zelnick, président et premier dirigeant.  Différends internes avec le grand patron de Bertelsman, Thomas Middelhoff, ou protestation contre la nouvelle direction de l'empire allemand du divertissement?

En attente du procès que lui a intenté la Recording Industry Association of America (RIAA) et les grandes compagnies de disques américaines, le service Napster fonctionne toujours.  On estime à plus de 35 millions le nombre de personnes qui ont téléchargé le logiciel, bien que le nombre d'utilisateurs fréquents soit moindre selon les observateurs.

Si le dossier Napster est complexe, c'est que, comme nous l'avons souligné, il risque de bouleverser de fond en comble les canaux de diffusion des oeuvres musicales, et de proposer de nouveaux modèles pour une foule d'autres canaux de distribution.  Un autre dossier à suivre.

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 Politique réseau : vote stratégique...
La campagne électorale américaine est terminée, et bien malin est celui qui peut prédire l'issue du vote.  Le républicain George «Dubya» Bush et le démocrate Al Gore sont presque à égalité dans les intentions de vote.  Et cette année, il y a un trouble-fête, le candidat du Parti Vert, Ralph Nader, à qui les sondages accordent près de 5 % des intentions de vote, plus que l'écart qui sépare les deux candidats des partis traditionnels.

Selon les sondages, la lutte est très serrée dans 23 États, et la popularité de Ralph Nader dans ces États nuit aux chances de Al Gore de l'emporter.  C'est ce que les analystes appellent les «swing states» ou les «battleground states», les États où l'électorat est flottant et où aucun parti ne détient une avance de plus de 8 % dans les intentions de vote.

La situation est pour le moins ironique dans ces États, car la présence de ce candidat de la gauche, Ralph Nader, risque de favoriser l'élection d'un candidat de la droite, George Bush, et la défaite du candidat modéré, Al Gore. 

Il y a environ trois semaines naissait un nouveau type d'action politique sur Internet, l'échange stratégique de votes. 

Des sites comme WinWinCampaign.Org, NaderTrader.Org, VoteExchange.Org, VoteSwap2000.Net et VoteSwap2000.Com ont commencé à proposer d'apparier et de mettre en contact des électeurs disposés à échanger leurs votes et à voter de manière stratégique à l'échelle du pays.  Le but : permettre à Al Gore de l'emporter dans les États où il a des chances de victoire, et en revanche s'assurer que le Parti vert de Ralph Nader recueille au moins 5 % du vote populaire, ce qui le rendra admissible à des fonds publics fédéraux pour l'élection de 2004.

La stratégie.  Un électeur démocrate qui réside dans un État où les républicains sont sûrs de l'emporter s'engage à voter pour le Parti vert de Ralph Nader.  En contrepartie, un électeur du Parti vert dans un État où le démocrate Gore est talonné par les républicains s'engage à voter pour Al Gore.  Ainsi, on espère éviter l'élection de George Bush, favoriser celle de Gore, et donner au Parti vert son statut de parti officiel.  Pas de contrat.  Pas d'échange d'argent.  Une simple entente sur l'honneur entre deux particuliers, ceux que l'on appelle désormais les «Nader Traders».

Des chiffres.  En 1960, si seulement 12 000 personnes avaient voté autrement dans divers États où la lutte était serrée, Richard Nixon aurait battu John Kennedy.  En 1976, si 9 234 personnes avaient voté différemment, c'est Gerald Ford qui aurait battu Jimmy Carter.  Ce samedi, 4 novembre 2000, à trois jours du scrutin, plus de 20 000 personnes avaient déjà conclu des conventions de vote stratégique, sont 7 368 sur le seul site de VoteSwap2000.Net.

L'aspect juridique de la chose est controversé.  Les autorités fédérales estiment que le vote stratégique est légal car il n'y a aucune rétribution, aucun échange d'argent.  Par contre, le site VoteSwap2000.Com a cessé ses activités après que le Secrétaire d'État de la Californie, Bill Jones, eut indiqué à ses responsables que le «courtage de votes» violait les lois californiennes.  Jones, un républicain, a aussi réussi à faire fermer le site Votexchange2000.Com.

Mais l'American Civil Liberties Association (ACLU) s'est portée à la défense des deux sites.  Selon Peter Eliasberg, procureur de la section californienne de l'ACLU, «Votexchange2000 et les autres sites semblables ont un message politique clair, ce qui leur donne droit à la plus haute protection en vertu du Premier amendement, que le Secrétaire Jones apprécie ou non leur message et leur but.» L'organisme a donc obtenu la levée de l'interdiction émise par l'État de Californie.

Les autorités de l'État de l'Oregon ont aussi cherché à faire fermer le site NaderTraders.Org, mais se sont ravisées après avoir constaté que contrairement aux autres sites, NaderTraders.Org ne proposait pas de logiciel d'appariement d'électeurs.

On saura, mardi soir, si la stratégie aura porté fruit.  Le système n'est pas à l'abri de certaines manipulations car, comme les conventions sont faites sur l'honneur entre deux inconnus vivant dans deux États différents, rien n'empêcherait qu'il y ait de fausses conventions.

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 ...  suivre en direct...
Pour suivre la soirée du dépouillement des résultats en direct ce 7 novembre, les utilisateurs du réseau ont plusieurs choix.  Voici les nôtres.  D'abord, la chaîne CNN qui promet des résultats en temps réel, du défilement vidéo, des entrevues exclusives au Web et des documents de fond.  Puis, Voter.Com, site axé sur l'actualité politique, promet aussi des mises à jour complètes fréquentes tout au long de la soirée.  Enfin, SpeakOut promet lui aussi une couverture de tous les instants de la soirée des élections.  Trois sites, trois promesses? Eh oui, on sait ce qui peut arriver aux serveurs lorsqu'il y a une trop grande demande, et si on en juge par l'intérêt que revêt l'élection d'aujourd'hui, on prévoit un achalandage massif sur les sites Web qui présenteront résultats et analyses.  Dans les jours qui suivront, ces sites offriront évidemment des tableaux complets des résultats.

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  ...  et la malédiction de Tecumseh
Que diriez-vous de John Lieberman ou de Dick Cheney à la présidence des États-Unis?

On le sait, le Web est un champ fertile pour les légendes et théories de toutes sortes, et l'élection américaine n'y fait pas exception.  Mais certaines des théories que l'on trouve s'appuient parfois sur des données historiques que l'on ne peut écarter du revers de la main.

Légende : la malédiction de Tecumseh.  En 1811, deux leaders autochtones, le Prophète et Tecumseh, tentaient de réunir les différentes nations pour faire front commun contre les colons blancs.  Le gouverneur William Henry Harrison mena une expédition militaire contre les autochtones, et s'attaqua au petit village de Tippecanoe.  Il massacra la tribu des Shawnee, mis à sac le village du Prophète, retrouva ce dernier qui s'était enfui et le tua.  Tecumseh se joignit aux Britanniques et combattit les Américains durant la guerre de 1812.

En 1840, William Henry Harrison était élu à la présidence des États-Unis.  Tecumseh, maintenant un vieillard, fut outré de ce que Harrison, qu'il tenait pour un des bourreaux de sa tribu, devienne président.  Il prononça alors une malédiction contre le peuple blanc qui choisissait un assassin pour le diriger : tout président élu une année se terminant par un zéro mourrait prématurément dans des circonstances étranges.  Un mois plus tard, Harrison mourrait d'une pneumonie. 

Les faits.  Comme le cycle électoral présidentiel est de quatre ans, la malédiction qui porte sur une année se terminant par un zéro s'abattrait tous les vingt ans.  En 1860, Abrahman Lincoln était élu à la présidence; en 1865, au cours de son second mandat, il fut assassiné.  En 1880, James A.  Garfield était élu, puis assassiné en 1881.  En 1900, c'était au tour de William McKinley.  En septembre 1901, il était atteint par deux balles tirées par un assaillant, mais dans ce cas, il ne mourut que huit ans plus tard.  En 1920, William G. Harding accéda à la présidence, mais décédait en 1923 d'un malaise cardiaque.  En 1940, Franklin Delanoe Roosevelt était élu pour un premier mandat; au cours de son troisième mandat, il est mort d'une hémorragie cérébrale.  On sait ce qui arriva à John Kennedy en 1963, il avait été élu en 1960.  Pour ce qui est de Ronald Reagan, élu en 1980, il échappa de peu à une tentative d'assassinat en 1981.

La malédiction de Tecumseh s'abattra-t-elle de nouveau sur le vainqueur de l'élection de cette année qui se termine par un zéro? Selon la journaliste Donna Sands, qui analysait le phénomène dans un article publié en septembre dernier, un peu de calcul s'impose.  En vertu de la Constitution américaine, lorsqu'un président meurt en fonction, c'est le vice-président qui le remplace.  Pour les derniers 46 présidents élus, c'est arrivé à neuf reprises, soit dans 19,5 % des cas.  Par contre, pour 8 présidents élus dans une année zéro, c'est arrivé sept fois, soit dans 87,5 % des cas.

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 En bref...
La société Copernic, qui fabrique les logiciels d'aide à la recherche du même nom (plus de huit millions d'utilisateurs), lancera la semaine prochaine un nouveau produit, le Summarizer.  Ce logiciel sert à établir des sommaires de documents sur votre disque dur (.doc, .txt) ou de pages Web (htm, html).  Dans ce dernier cas, il vous suffira de taper une adresse Web, et le Summarizer récupérera le document et le résumera par concepts qu'il aura établis après en avoir fait l'analyse.  On peut, entre autres, varier à volonté la longueur des résumés, et par conséquent le nombre de concepts à afficher.  À l'essai, le Summarizer s'est montré efficace, et l'interface (en français) est simple et dégagée.  L'analyse s'effectue à partir du nombre d'occurrences de mots et expressions dans le texte.  Summarizer servira tant pour les documents en français que dans une autre langue, et sera particulièrement utile pour les documents volumineux où il est parfois difficile de s'y retrouver.  Disponible chez Copernic dès le 14 novembre prochain.

En France, 4,5 millions d'abonnés en septembre 2000, et près du tiers de ces abonnés ont leur page Web personnelle.  Ce sont les chiffres dévoilés la semaine dernière par l'Association des fournisseurs d'accès et de services Internet (AFA) dans le cadre de ses enquêtes périodiques «Qui sont les Internautes français aujourd'hui?» L'AFA explique la progression sensible de ce chiffre (97,49 % en deux mois) par l'intégration de nouveaux prestataires au sein des membres de l'AFA.  Mais quoiqu'il en soit, on se réjouit de ces chiffres qui montrent un Internet et un Web très sain dans l'Hexagone.

C'est le 1er décembre prochain que seront annoncés les gagnants des prix d'excellence pour le journalisme anglophone sur Internet, les Online Journalism Awards.  Onze prix seront décernés dans six catégories.  Parmi les sites sélectionnés, on trouve évidemment des sites comme celui du netmag Salon, du site d'information financière TheStreet.Com, mais aussi des sites Web de médias traditionnels qui se sont investis sur le Web comme la chaîne de télévision ABC, le Wall Street Journal, The Atlantic Monthly et autres institutions des médias anglo-saxons.  Les gagnants seront annoncés à l'occasion de la première réunion annuelle de la Online News Association qui se tiendra à la faculté de journalisme de l'Université Columbia à New York, le 1er décembre prochain.

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 Beau détour
Le chanteur Elton John, pardon, Sir Elton John, est un amateur de grands classiques de la photographie depuis une dizaines années.  Samedi dernier s'ouvrait au musée d'art High d'Atlanta une impressionnante exposition, «Chorus of Light: Photographs from the Sir Elton John Collection».  C'est que l'artiste a choisi de partager quelque 320 photographies de sa collection (qui en compte 2 500) et d'en constituer une exposition qui tient l'affiche au High jusqu'au 28 janvier 2001, mais qui ne sera malheureusement présentée nulle part ailleurs.  Les amateurs reconnaîtront les noms de Richard Avedon, Diane Arbus, Henri Cartier-Bresson, André Kertész, Tina Modotti, Irving Penn, Man Ray, Edward Steichen, Alfred Stieglitz, et Edward Weston.  La chaîne CNN nous propose un mini reportage sur cette exposition, trop mini à notre goût, mais au bas de la page vous trouverez des liens vers des sites qui proposent des images de photographes qui figurent dans l'exposition.  Bonne visite.

Et sur ce, nous vous souhaitons à tous et toutes une excellente soirée électorale et une très bonne semaine.

Écrire à Jean-Pierre Cloutier


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