RechercheAbonnementArchivesCourrier

Page d'accueil

Les Chroniques de Cybérie
30 novembre 2000

© Les Éditions Cybérie inc.

30 novembre 2000

Salutations à tous les Cybériens et Cybériennes!

Cette Chronique n'est optimisée ni pour Netscape, ni pour Internet Explorer, elle l'est pour ses lecteurs et lectrices.

Cette semaine...

Affaire Yahoo! : les suites
Carnivore : ébauche d'examen contestée
Tentative de syndicaliser Amazon.com
Presse et Internet, des brèves
Élections canadiennes : dure soirée pour le Web

 Affaire Yahoo! : les suites
La décision du juge Jean-Jacques Gomez d'imposer l'accès au site d'enchères Yahoo! depuis le territoire français (voir notre chronique précédente) a entraîné une vague de réactions provenant de divers milieux technologiques et juridiques.

D'abord, mettons le jugement en perspective.  Dans une analyse exhaustive sur la nature du procès intenté à la société Yahoo! et à sa filiale Yahoo! France, de ce qui leur est reproché, et des moyens techniques imposés pour effectuer le blocage des accès en provenance de France au site des enchères, ARNO* publie sur le collectif uZine 2 un texte qu'il faut absolument lire pour comprendre comment fonctionne le système juridique français, et comment un juge a pu en arriver à une telle décision. 

Toujours dans le cadre juridique de l'affaire, il sera important de prendre connaissance des conclusions de Me Sébastien Canevet dont il fait part dans sa lettre «Droit et Internet».  On trouvera également sur son site le texte de l'article R 645-1 du code pénal français qui interdit le port ou l'exhibition d'uniformes, insignes ou emblèmes rappelant ceux d'organisations ou de personnes responsables de crimes contre l'humanité, ainsi que la transcription des trois ordonnances prononcées par le juge Gomez dans l'affaire.

Deux des experts chargés d'éclairer le juge Gomez remettent en cause la décision qui s'est fondée sur leur avis.  Vinton Cerf a adressé à l'Agence France Presse une lettre exprimant ses craintes à l'égard de la décision du juge Gomez qui aurait oublié une des objections formulées par les experts à l'endroit d'une politique de «zonage» du Web.  Cerf écrit : «On a ignoré l'observation que si chaque juridiction dans le monde insiste sur une certaine forme de filtre pour son territoire géographique particulier, le World Wide Web va cesser de fonctionner». 

Ben Laurie, l'expert britannique, a publié sur son site Web un texte d'excuses concernant l'issue de son mandat.  Il rappelle que la question qui leur avait été soumise était simple : est-il possible pour Yahoo! de satisfaire à la demande de blocage telle qu'exprimée par le tribunal et, le cas échéant, à quel degré ce blocage sera-t-il efficace? Laurie dit avoir répondu qu'il était possible de mettre en place un système de blocage, mais qu'au mieux la solution serait efficace à 80 % avec des exceptions notoires (comme les abonnés à des fournisseurs internationaux comme AOL).  Puis, Laurie déplore la décision du juge non pour la facilité avec laquelle n'importe quel blocage pourra être contourné, mais bien à cause du précédent dangereux qu'il établit.  Internet se prête mal au contrôle des contenus, écrit-il.  Depuis le début, certains gouvernements ont tenté de le faire, et n'ont jamais complètement réussi, et le présent cas ne fait pas exception.

Évidemment, le jugement prononcé à Paris a eu ses échos outre-Atlantique.  D'abord chez Yahoo! Inc, où Greg Wrenn, membre de l'équipe juridique internationale, refusait d'entrer dans les détails sur les prochaines étapes à suivre, dans l'attente d'une traduction en anglais du jugement.  Il a cependant constaté, selon le netmag Upside, que si Yahoo! était mis à l'amende, à défaut de mettre en place un système de blocage d'accès, il faudrait que cette astreinte soit avalisée par un juge américain, ce qui est moins que probable.

Le Center for Democracy and Technology craint que le jugement français n'accorde une légitimité à la censure du Web exercée dans d'autres pays.  La Information Technology Association of America se fait l'écho de ces craintes et affirme que le tribunal tente de contrôler l'esprit des utilisateurs français d'Internet et les activités des prestataires de services aux États-Unis et ailleurs.

Lundi, le Washington Post rappelait que depuis 1997, les tribunaux américains avaient renoncé à censurer Internet à la suite de la contestation réussie du Communications Decency Act (CDA) devant la Cour suprême.  Toutefois, rappelle le Post, depuis 1997 les régulateurs ont marqué des points et la décision française succombe à la tendance.  On s'en surprend peu dans le Post :  «Après tout, la France s'objecte depuis des années à l'emprise de Hollywood, des hamburgers et de la mondialisation à l'américaine, il n'est donc pas surprenant qu'elle tente d'imposer son nationalisme défensif dans le cyberespace.» Le Post conclut néanmoins qu'il ne faudrait pas condamner la France pour la suppression des libertés individuelles sur Internet : «La loi française reflète les choix de ses citoyens et citoyennes qui s'expriment lors d'élections libres.»

Entre temps, les soi-disant vainqueurs dans cette affaire, les plaignants ayant assigné Yahoo!, en remettent.  Mardi, le journal Libération publiait une lettre de Marc Knobel, attaché de recherches au Centre Simon-Wiesenthal et membre de la Licra, et d'Antoine Peillon, journaliste à Bayard-Presse.  «Interdire le Web aux racistes» titrent-ils, «Défendre la liberté d'expression ne signifie pas tolérer que l'Internet devienne un tout-à-l'égout où se déversent les haines». 

Le netmag Transfert a consacré un éditorial à l'affaire Yahoo! et au blocage d'accès : «Est-ce la meilleure solution? La loi française le dit.  Cela mérite débat.  Car ignorer leur existence ne va pas empêcher les nazillons d'exister.  Il aurait peut-être été important, par exemple, que les internautes français écrivent en masse à Yahoo! pour signifier leur mécontentement.  Pour la société américaine, c'est un langage qui parle plus encore.»

Mais cet appel au débat a semblé déplaire à Knobel Peillon qui ont vigoureusement exigé un devoir de réponse, reprise en gros de leur intervention dans Libération, mais en rajoutant des détails pour faire un peu plus «choc».  Citons par exemple : «Les centaines d'objets nazis vendus aux enchères sur le grand "portail" Internet américain Yahoo.com, ces tee-shirts et tapis de souris à l'effigie de Hitler, ces brassards à croix gammée, ces uniformes SS, ces boîtes de Zyklon B mises à prix à 50 $, ces lambeaux de linges de déportés»...  Curieusement, lors de notre dernière visite sur le site des enchères Yahoo!, nous n'avons pu trouver trace des deux derniers articles cités par les intervenants.

Christophe Agnus, du netmag Transfert a tout de même accordé ce devoir de réponse à Knobel et Peillon, et même publié un courrier pour le moins agressif qu'il a reçu.  Il précise cependant : «Contrairement à ce que suppose sans doute l'auteur du courrier, qui a ressenti le besoin de m'insulter pour que je publie ce texte (ce qu'il n'avait pas besoin de faire...), ce sujet a provoqué beaucoup de débats dans la rédaction de Transfert.net.  Ceux-ci avaient une énorme qualité : ils se sont passés dans le respect de l'autre.  Des vrais débats, où les gens n'ont pas forcément été d'accord à la fin.  Mais où tout le monde a appris de l'autre.»

Dommage que ce ne soit pas l'esprit qui règne dans l'ensemble de l'affaire Yahoo!

Haut de la page

 Carnivore : ébauche d'examen contestée
Les experts du Illinois Institute of Technology, qui avaient reçu mandat d'établir si le système de surveillance Carnivore enfreignait les garanties constitutionnelles des citoyens américains en matière de respect de la vie privée, ont remis au ministère américain de la Justice (DoJ) une première ébauche de leur rapport (disponible en format PDF, 10 Mo).  Le texte a cependant été amputé par le DoJ de sections jugées «délicates».

En bref, les experts de l'IIT estiment que Carnivore est un système adéquat, et que s'il est utilisé conformément aux règles qui régissent l'écoute électronique il ne pose pas une menace aux communications privées des honnêtes citoyens.  Il pourrait cependant être amélioré, simplifié, de sorte à offrir de meilleures garanties de protection des personnes qui ne sont pas visées par des enquêtes car il existe une possibilité de déraillement accidentel.  Éventuellement, on pourrait envisager de dévoiler son code source, mais des études «indépendantes» additionnelles seraient de mise.

Contrastant avec le volumineux document présenté par l'IIT, le directeur divisionnaire adjoint des laboratoires de la police fédérale américaine (FBI), Donald M.  Kerr, a émis un communiqué laconique de deux paragraphes exprimant la satisfaction du FBI à l'égard du rapport et de ses recommandations constructives.

Les critiques du système Carnivore, comme la American Civil Liberties Union (ACLU) sont plus loquaces concernant le rapport préliminaire remis par les experts.  L'ACLU a accueilli avec scepticisme ce qu'elle qualifie de rapport partial.  Le directeur adjoint de l'Union, Barry Steinhardt, s'est dit étonné que l'IIT donne son aval, dans les grandes lignes, au système Carnivore et s'attende à ce que quiconque à l'extérieur du gouvernement prenne ce document au sérieux.  «Au mieux, c'est un cliché flou de Carnivore qui sera totalement désuet dans deux mois, lorsque le FBI mettra en application sa nouvelle version de Carnivore.»

Par voie de communiqué, l'Electronic Privacy Information Center (EPIC) a déclaré que le rapport soulève davantage de questions qu'il n'apporte de réponses.  Le conseiller juridique principal de l'organisme, David Sobel, estime «insuffisant que le FBI dise “faites-nous confiance, nous ne ferons rien de répréhensible”.  La plupart des utilisateurs [d'Internet] veulent des garanties plus sérieuses.»

L'Electronic Privacy Information Center a obtenu, en vertu de la Loi sur l'accès à l'information, que le FBI divulgue toute l'information dont il dispose sur le système de surveillance du courrier électronique Carnivore, et a déjà commencé à recevoir certains documents.  L'organisme vient de déposer une nouvelle demande visant à obtenir le texte complet du rapport préliminaire des experts.

D'ici là, toute personne intéressée à formuler des commentaires sur le rapport, du moins sur ce que le DoJ a bien voulu en dévoiler, est invitée à le faire par courrier ordinaire ou électronique avant le 1er décembre.  L'IIT doit présenter son rapport final au DoJ le 8 décembre, et cette version devrait être rendue publique (en tout ou en partie) le 20 décembre.

Haut de la page

 Tentative de syndicaliser Amazon.com
Une campagne visant à implanter un syndicat chez Amazon.Com se heurte à une résistance farouche de la part du cyberlibraire, et cette tentative de syndicalisation d'une des entreprises phares de la nouvelle économie pourrait s'avérer déterminante pour tout le secteur des services en ligne.

La campagne se mène sur deux fronts.  D'une part, la Washington Alliance of Technology Workers, WashTech, (affiliée aux Communications Workers of America) tente de syndiquer un groupe d'environ 400 salariés d'Amazon.Com dans la région de Seattle, principalement des employés du service de soutien à la clientèle.  L'initiative a pris le nom de «Day 2» (Jour 2) en réplique à un des mantras du fondateur d'Amazon.Com, Jeff Bezos, qui se plaît souvent à rappeler le caractère novateur de l'entreprise, et la nécessité de travailler dur car elle en est toujours, sur le plan symbolique, au «Jour 1».  Réponse de WashTech : tant et aussi longtemps que nous ne parlerons pas d'une seule voix.  nous resterons au «Jour 1».  On se souviendra que WashTech avait pris fait et cause pour les employés à contrat de durée déterminée (les «permatemps») chez Microsoft.

Second front, celui ouvert par la United Food and Commercial Workers Union (UFCW).  Dans ce cas, c'est plus de 5 000 salariés répartis dans sept centres de distribution aux États-Unis que l'on tente de syndiquer.  La centrale syndicale affirme que les salariés en ont assez des maigres salaires, des possibilités limitées d'avancement, et surtout du peu d'égard qu'on leur montre.  Message de l'UFCW : bien qu'ils travaillent pour une des entreprises de l'avenir, les salariés d'Amazon.Com doivent vivre avec des conditions de travail du passé.  L'UFCW a déjà réussi la syndicalisation du personnel d'entreprises comme le cyberdétaillant en alimentation Peapod.com, Albertson.com et d'autres libraires telle la chaîne Borders.  Si elle réussit aux États-Unis, elle entendrait aussi militer pour la syndicalisation des travailleurs d'Amazon.Com en France et en Allemagne.

Les enjeux sont de taille.  Ces deux tentatives de syndicalisation arrivent à un moment critique pour Amazon.Com qui espère que la frénésie des achats de Noël l'aidera à éponger les pertes importantes subies au cours des derniers mois.  Toute perturbation des activités chez Amazon.Com pourrait s'avérer désastreuse.  Avec une valeur en bourse de près de neuf milliards de dollars, se recettes étaient en hausse de 80 % pour le plus récent trimestre, mais le cyberlibraire accusait quand même des pertes d'exploitation de 70 millions de dollars.

Puis, si les deux groupes parviennent à syndiquer le personnel d'Amazon.Com, ce sera la première percée importante du syndicalisme dans une entreprise de commerce électronique.  En vertu de la loi américaine sur les relations de travail (la fameuse loi Taft-Hartley de 1947), si un organisme syndical parvient à faire signer des cartes d'autorisation à 30 % du personnel visé par la syndicalisation, il peut demander au Conseil national des relations de travail la tenue d'un vote secret sur l'accréditation syndicale. 

Pour l'ensemble, les salariés d'Amazon.Com sont mécontents de leurs salaires (entre 10 et 13 $ l'heure pour les employés d'expédition) et de leurs conditions de travail.  Mais ils citent également le stress causé par les exigences de rendement, et les heures de travail supplémentaires obligatoires.  De plus, la sécurité d'emploi n'est pas assurée, et les fameuses options d'achat d'action consenties dans les périodes boursières fastes de l'entreprise ne constituent plus un incitatif.  L'an dernier, le cours de l'action d'Amazon.Com naviguait à plus de 100 $; il se transige maintenant autour de 25 $.

Amazon.Com voit d'un mauvais oeil la tentative de syndiquer ses salariés.  Son président fondateur, Jeff Bezos, a rencontré des groupes d'employés pour leur expliquer l'importance de leur rôle et tenter de leur insuffler un nouvel enthousiasme.  Bill Curry, porte-parole chez Amazon.Com, ne croit pas qu'un syndicat profiterait aux employés, à l'entreprise ou à sa clientèle.  Cité dans le Mercury News, il a déclaré : «Nous avons une atmosphère de travail très ouverte et nous formons une équipe.  L'arrivée d'un tiers changerait la donne.»

La décision des employés relative à une demande d'accréditation syndicale pourrait être connue avant Noël.

Haut de la page

 Presse et Internet, des brèves
La Cyberpresse, prise deux.  Journée d'élection générale au Canada : quel moment propice pour lancer le nouveau site Web du quotidien montréalais qui se dit «le plus grand quotidien français d'Amérique».  C'est une prise deux pour La Presse qui, en février 1999, investissait le Web dans le cadre du portail InfiniT de Vidéotron.  Depuis, bien des choses ont changé.  Vidéotron est passé sous la coupe du groupe Québécor, propriétaire (entre autres) du Journal de Montréal (JdM), principal concurrent de La Presse en matière de tirage.  Québécor a mis fin aux activités sur le Web du JdM, préférant concentrer ses activités sur son portail Canoë.  Mais il fallait donc que La Presse se trouve un nouvel espace sur le Web.  Contrairement à la première mouture de la présence Web de La Presse, Cyberpresse.Ca ne déçoit pas car on y trouve quantité de contenus, articles, dossiers et sections info-services.  Reste à aplanir certaines petites difficultés normales pour un nouveau site, et le tour sera joué.  Et ce n'est peut-être pas la fin.  On lisait la semaine dernière dans les pages du troisième joueur dans le marché des quotidiens montréalais, Le Devoir, que «La Presse et Radio-Canada sont en pourparlers pour former des partenariats ou des ententes ponctuelles, dans lesquelles figure BCE [Ndlr.  Entreprises Bell Canada], afin d'offrir ensemble des contenus d'information ou de divertissement sur Internet.» Il s'agit d'un projet ponctuel qui ne comporte aucune clause d'exclusivité.

Les deux plus importants quotidiens de Seattle sont aux prises avec un conflit de travail.  Les membres du syndicat commun aux deux journaux, la Northwest Newspaper Guild (NWG), ont en effet rompu la semaine dernière les négociations avec le Seattle Times et le Seattle Post-Intelligencer, tous deux propriété de la Seattle Times Co., et ont déclenché un arrêt de travail.  Cependant, question peut-être de ne pas perdre la main, les journalistes grévistes ont lancé leur propre publication sur le Web, le Seattle Union Record.  Le site n'est pas un site de grève (on a laissé ce soin au syndicat), mais bien un quotidien en ligne qui couvre l'actualité locale, nationale et internationale, les sports, les arts et la culture. 

Encore un cas de plagiat dans la presse écrite.  Cette fois, c'est un des journalistes vedettes du Sacramento Bee, Dennis Love, qui a été congédié lorsqu'un des pupitreurs du journal a constaté que Love avait «emprunté» des passages entiers de ses articles, sans donner mention de la source, des éditions Web du USA Today, du Boston Globe et du Dallas Morning News.  Sans toutefois se limiter au copier/coller, le journaliste aurait inventé de toutes pièces des déclarations en les imputant à des experts fictifs.  Le rédacteur en chef du Sacramento Bee, Rick Rodriguez, a confié à l'agence Reuters que Love avait admis avoir fabriqué bon nombre de reportages, mais qu'ils n'avaient pas éveillé de soupçons car il ne se dégageait aucune couleur partisane de ces histoires inventées, ajoutant : «Nous croyons sincèrement qu'il s'agit d'un cas isolé, mais nous allons renouer avec la pratique qui consiste à tenir des rencontres d'échange sur les questions d'éthique.  Nous croyons également que notre réaction dans cette affaire démontre un degré de tolérance zéro pour ces infractions sérieuses à l'éthique journalistique.»

Nous vous parlions en juillet 1998, puis en mars 1999, du cas du journaliste pigiste Larry Matthews, accusé de possession et de transport de matériel de pornographie juvénile.  Matthews faisait initialement face à une quinzaine de chefs d'accusation, avait plaidé coupable à deux chefs d'accusation.  Tout au long de son procès, il a affirmé mener une enquête journalistique sur les pédophiles qui évoluent sur Internet et les agents de la police fédérale chargés de les traquer.  Malgré les représentations faites en sa faveur par son employeur, la chaîne publique de radio américaine NPR, il avait été condamné à une peine de 18 mois d'emprisonnement.  En octobre dernier, et sans fournir d'explication, la Cour suprême des États-Unis, auprès de qui il avait interjeté appel, avait refusé d'entendre sa cause.  Matthews s'est donc présenté de son gré, la semaine dernière, à l'établissement correctionnel fédéral du comté de Schuylkill (Pennsylvanie) pour y servir sa peine.  Selon le Reporters Committee for Freedom of the Press (comité des journalistes pour la liberté de presse), qui s'était également porté à la défense de Matthews devant les tribunaux, il s'agit d'un établissement à sécurité minimale qui n'est pas entouré de clôtures ou de grillages.  Les détenus occupent leur temps à effectuer de menus travaux d'entretien à l'établissement voisin qui lui est à sécurité maximale.

Haut de la page

 Élections canadiennes : dure soirée pour le Web
C'était soirée d'élection générale, lundi dernier, et le Web a mal résisté à la demande de résultats en direct.  Les serveurs de la chaîne publique de télévision ont eu de la difficulté à répondre aux requêtes, et le chargement des pages était lent, alors qu'à la chaîne privée CTV les serveurs se sont tout simplement écroulés sous le poids de la demande vers 22h15.  Le site Web du quotidien National Post s'est éteint vers 22h50, alors que ceux du portail anglophone Canoe, du Globe and Mail et d'Élections Canada ont connu des ralentissements sensibles sans connaître cependant d'interruptions.

Un individu de Vancouver, Paul Bryan, a défié la Loi électorale pendant environ une heure et demie, diffusant sur son site Web ElectionResultsCanada.Com des résultats partiels du dépouillement du scrutin dans l'est du pays, alors que les bureaux de vote étaient encore ouverts dans l'ouest.  On ignore encore s'il fera face à des accusations.

Côté politique de la chose, une élection dont personne ne voulait, et un taux élevé d'abstention.  En fait, le taux de participation est passé de 67 % enregistré en 1997 à 62,87 %, son plus bas niveau en 75 ans constatait Le Devoir.

Le premier ministre Chrétien a évoqué en début de campagne le besoin de consulter la population sur l'utilisation qui devrait être faite des surplus budgétaires.  Puis, les gants sont tombés, et on a eu droit à une foire d'empoignes verbales de très bas niveau, principalement entre le premier ministre et le chef de l'Alliance canadienne, Stockwell Day, que le journal français L'Humanité dans un article situait «quelque part entre Madelin et Haider».

A-t-on parlé aux électeurs de ce qu'ils voulaient entendre? Le site Scrutin2000.Net (co-production des Éditions Cybérie et de la société Cogitex) proposait une section «Enjeux» pour permettre aux électeurs de se documenter plus à fond sur ce qu'on prévoyait être les thèmes de la campagne.  Une élection sur les surplus? Selon les statistiques de consultation de ces pages de ressources sur les enjeux, et le total des pages consultées étant égal à 100 % le thème de l'emploi, du chômage et de la pauvreté a représenté 19,4 % des consultations.  Suivait le thème sur le budget et les finances à 18,3 %.  Aucun parti ne semblait vouloir aborder la question constitutionnelle, mais la section qui y était consacrée s'est placée bonne troisième à 16,6 %, devant la santé (13,3 %) et la lutte à la criminalité (11 %). 

Campagne électorale oblige, le Canada était le seul pays participant à la conférence de La Haye sur le réchauffement climatique à ne pas être représenté par une délégation ministérielle.  Les politiciens ont savamment évité de parler d'environnement, et la section de ressources afférentes du site Scrutin2000.Net n'a représenté que 6,4 % des consultations.  Et si la section sur la politique étrangère n'a atteint que 5,6 %, c'est peut-être que la population sait très bien que le gouvernement a, depuis quelques mandats, confié cette responsabilité en impartition au gouvernement américain.  Comme thèmes, restaient donc les droits des citoyens (5 %) et le commerce et l'économie (4,4 %).

Dans le cadre d'un prochain site, il faudrait peut-être ajouter dans la section des enjeux le thème de l'éthique en politique, mais on a le temps d'y penser.

Et sur ce, nous vous souhaitons à tous et toutes une excellente semaine.

Écrire à Jean-Pierre Cloutier


Page d'accueilRechercheAbonnementArchivesCourrier
© Les Éditions Cybérie inc. | Revue de presse | Publicité

URL : http://www.cyberie.qc.ca/chronik/20001130.html