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Page daccueil Les Chroniques de Cybérie
Le mardi 18 juin 2002

Salutations à tous les Cybériens et Cybériennes!

Cette Chronique n'est optimisée ni pour Netscape, ni pour Internet Explorer, elle l'est pour ses lecteurs et lectrices.

Cette semaine en Cybérie...

  Virus/vers : Klez et Perrun
Du nouveau concernant la famille de virus/ver Klez, et d'une importance particulière pour ceux et celles qui fonctionnent sous la plate-forme Windows Me ou XP.  Le fabricant de logiciels antivirus Symantec prévient les utilisateurs de ces plate-formes qu'il est possible qu'après avoir retiré de leur ordinateur toute trace d'infection de Klez, le code malicieux soit toujours présent dans la fonction «System Restore».  Cette fonction permet de réparer certains fichiers endommagés, mais dans ce cas-ci peut réinfecter un système ayant été atteint par Klez.  Détails complets sur le site de Symantec.

Klez, l'infopathologie des pauvres? Le chroniqueur George Smith écrit dans le netmag SecurityFocus un article non technique, mais combien révélateur, sur le phénomène Klez.  Il constate que malgré l'ampleur du problème que nous citions dans notre chronique précédente (la famille Klez comptait au mois de mai pour 96,49 % de tous les messages infectés, et était présent dans près de 1 % de tous les courriels échangés sur la planète), la presse traditionnelle a peu ou pas publié sur le sujet.  D'écrire Smith : «Un dossier de coupures de journaux, la plupart tirées des pages de grands quotidiens, annonce l'arrivée de Melissa, Loveletter, Code Red, Nimda et même Kournikova.  Toutefois, rien sur Klez ou son prédécesseur discret SirCam.»

Pourquoi? Smith, sur un ton mi-sérieux, mi-badin, soumet que, tout simplement, Klez n'a pas de lobbyiste pour faire comprendre aux médias qu'il est en train d'engorger le réseau.  Personne n'est prêt à recommander au Conseil national de sécurité qu'il faut débrancher le réseau et procéder à une vaste opération de nettoyage, comme certains l'avaient suggéré pour Nimda.  Selon Smith, c'est une question de classe : «Code Red et Nimda s'attaquaient aux administrateurs de systèmes et ceux qui s'estiment être les gardiens de l'infrastructure du réseau.  Pour sa part, Klez est l'infopathologie de la classe moyenne et inférieure, des utilisateurs ordinaires.»

Pas bête, comme explication.  Si le site de commerce électronique d'une entreprise en vue subit une attaque, ça fait la nouvelle.  Mais que des milliers (millions?) d'utilisateurs voient la sécurité de leurs données compromise, pourquoi s'en faire? Et 100 ko en fichier joint sur chaque message infecté? Bof, les soi-disant experts nous disent qu'il y a surplus de bande passante.  Voyons, bons citoyens du réseau, soyez zen, et ne lisez pas trop les chroniqueurs alarmistes.

Ceci dit, le petit monde de la sécurité informatique est secoué par un débat théorique autour de la possibilité de contaminer les fichiers graphiques en format .jpg.  Jeudi dernier, 13 juin, le fabricant de logiciel de sécurité McAfee annonçait avoir reçu une validation de principe (proof of concept) d'un auteur de code présentant un nouveau virus, Perrun.  Aucun cas n'est encore signalé, il ne s'agit que d'une démonstration illustrant le fonctionnement du code qui s'attaque aux fichiers graphiques en format .jpg et qui, à l'aide d'un «déclencheur» (extractor) active le virus.

D'après SecurityFocus, l'auteur, qui agit sous le pseudonyme d'Alcopaul, serait selon SecurityFocus un Philippin de 20 ans du nom de Paul Glenerson Amurao.  Il a publié sur son site, le 11 juin, le même document (et le code de Perrun) qu'il a fait parvenir à McAfee.  Un peu déçu de la réponse du fabricant de logiciel qui estime que Perrun est de peu d'importance, il a suivi d'un document plus complet samedi dernier.

Il précise que ce seraient tous les formats de fichiers graphiques communément utilisés (.jpg, .gif, .bmp, etc.) qui pourraient être la cible de Perrun, et que si le déclencheur est présent sur un système, le simple fait de consulter une page Web contenant une illustration infectée pourrait activer le virus.

Les principaux fabricants de logiciels ont déjà mis à jour leurs produits pour parer aux effets de Perrun.  Dangereux ou pas, ce virus laisse présager une vision cauchemardesque pour les amateurs de photographie numérique et aux webmestres.

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  Du nouveau : Google Glossary, et Daypop
Du nouveau chez Google : le Google Glossary, un outil de recherche sur des mots, acronymes et expressions en anglais.  Et c'est le seul reproche qu'on puisse faire à cet outil, son unilinguisme anglophone, car pour le reste il est d'une efficacité redoutable.  Si vous cherchez une explication sur ce qu'est l'«Asymmetric Digital Subscriber Line» (ADSL - ligne numérique à paire asymétrique, LNPS), Google Glossary vous en proposera neuf descriptions, quatre expressions dérivées, puis des renvois automatiques sur Dictionary.Com et Merriam-Webster en ligne. 

Google Glossary a été mis au point par les Laboratoires Google que la société décrit comme «un espace de jeu pour les ingénieurs et utilisateurs audacieux de Google».  En plus de Glossary, on y trouve Sets (constitution d'une liste de termes apparentés à ceux que l'on saisit à l'écran), Voice Search (recherche sur instruction vocale par téléphone), et Keyboard Shortcuts (raccourcis de clavier).  L'espace est à géométrie variable, certaines de ces expériences risquent de disparaître, de subir des modifications ou, si elles sont perfectionnées et attirent un nombre suffisant d'utilisateurs, d'être intégrées à l'offre générale des produits de recherche Google.

En mars dernier, Google lançait Google News, toujours officiellement en version beta, mais dont l'efficacité n'est plus à démontrer pour ce qui est des recherches dans l'actualité récente.

Dans cette veine, après Moreover et Newstrove, arrive Daypop, un outil de recherche sur les thèmes d'actualité.  Daypop indexe quotidiennement 7 500 sites de nouvelles et, nouveauté, intègre dans ses recherches certains blogues d'opinion.  Dans cette fonction d'indexage des blogues, Daypop ressemble à Blogdex, issu d'un projet du MIT Media Lab, sauf que ce dernier répertorie les adresses Web les plus cités dans la blogosphère, sans égard toutefois à leur nature (sites d'entreprises, commentaires personnels, actualités, etc.).

À l'usage, Daypop s'avère intéressant.  Par exemple, en cette veille de publication par John Dean (ex-conseiller dans l'administration Nixon, impliqué dans l'affaire du Watergate) d'un livre électronique sur le netmag Salon et qui promettait de nous éclairer sur l'identité de «Deep Throat» (voir plus bas), pour l'expression «John Dean», Daypop nous rapportait neuf résultats de blogues et 194 résultats de grands titres d'actualité. 

L'outil reste à perfectionner, mais c'est un bon départ.

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  Accès : progression en France, décrochage au Canada
En France, le marché de l'accès Internet dans son ensemble maintient une croissance globalement satisfaisante selon les derniers chiffres publiés par l'Association française des fournisseurs d'accès et de services Internet (AFA).  On compte 7,7 millions d'abonnés individuels auprès des membres de l'AFA, dont 734 000 en service haut débit câble ou LNPA.  La croissance du marché de l'accès s'établit à environ 10 % en trois mois. 

Si le nombre de sites Web personnels connaît une hausse plus modeste, il n'en demeure pas moins que les membres de l'AFA hébergent plus de trois millions de sites.  Si on tient compte des possibilités d'hébergement hors France, on peut donc estimer que plus d'un Français ou Française sur deux, abonné à Internet, possède son site Web personnel.

Concernant l'accès à haut débit, l'AFA constate que «le haut débit par l'ADSL reste quant à lui freiné dans son développement par le blocage par l'Autorité de Régulation des Télécommunications (ART) des propositions de baisse tarifaire faites par France Télécom en avril dernier [...] Le haut débit par le câble ne subit pas les contraintes tarifaires de l'ADSL, mais les conditions d'exercice de son activité sont d'un point de vue réglementaire particulièrement contraignantes, et l'industrie attend beaucoup, en termes de simplification de l'exercice de cette activité, du nouveau cadre réglementaire européen pour les “communications électroniques”, qui doit être transposé en droit français dans le courant de l'année prochaine.»

Au Canada, on se penche sur les «décrocheurs du Net».  Statistique Canada publiait récemment des données sur ceux et celles qui, après avoir utilisé Internet, délaissent le médium.  L'organisme publie des données extraites de l'Enquête sur l'utilisation d'Internet à la maison de 2000 selon lesquelles un peu plus de 232 000 ménages canadiens avaient cessé d'utiliser Internet. 

Si les statistiques datent un peu, les motifs évoqués sont néanmoins révélateurs : «Plus de la moitié de ces ménages “décrocheurs” (ceux qui n'utilisent plus Internet régulièrement) s'en étaient servi au moins une fois par semaine.  La raison la plus courante, et de loin, invoquée par les ménages pour décrocher d'Internet était qu'ils n'en avaient pas besoin (30 % des ménages décrocheurs).  Cela laisse croire que le Web n'offrait pas ce que ces gens cherchaient ou que ceux-ci se contentaient d'utiliser des sources d'information plus classiques qui n'exigent ni matériel coûteux ni aptitude particulière.  Cela peut également traduire un manque de temps ou de la difficulté à trouver ce qu'ils cherchaient.»

Comme motif au «décrochage», on cite également le coût élevé de l'accès Internet (17 %) et la perte d'accès à un ordinateur (14 %).

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  En bref : la Chine impose la fermeture de 2 400 cybercafés; les Webbies sont de retour; Israël techno
Le maire de la capitale chinoise, Beijing, a ordonné la fermeture temporaire des 2 400 cybercafés de la ville jusqu'à ce que les inspecteurs municipaux certifient qu'ils sont conformes aux normes de sécurité.  La décision fait suite à un incendie qui a fait 24 victimes la semaine dernière dans un cybercafé du quartier universitaire de Haidian.  Des 2 400 cybercafés de Beijing (population 12 millions), seulement 200 détiendraient les autorisations nécessaires et seraient conformes aux normes de sécurité.  On impute le nombre élevé de victimes de l'incendie au fait que l'entrée principale du cybercafé, situé à l'étage d'un édifice, était verrouillée, qu'il n'y avait aucune sortie de secours, et que les fenêtres étaient grillagées.  Détails dans le South China Morning Post et le Taiwan News.

C'est aujourd'hui, mais plus tard en journée, que seront connus les gagnants des prix Webby.  On retrouve parmi les concurrents dans une trentaine de catégories certains de nos sites préférés (CorpWatch.org, Google.Com, Cooking.com, Epicurious.com, la bibliothèque du Congrès des États-Unis, allAfrica.com, etc.).  Ce qui marque la sixième édition des prix Webby est une plus grande ouverture sur un Web que l'on perçoit souvent comme américanocentrique.  L'an dernier, 11 des sites mis en nomination étaient de pays autres que les États-Unis.  Cette année, on trouve 23 concurrents de 11 pays.  Rappelons que les prix sont accordés par un jury de la International Academy of Digital Arts and Sciences.  À la suite de mises en nomination, les sites sont examinés par le jury pour une période de six mois, en fonction de six critères, afin d'en déterminer la qualité et la constance de production.

Dan Gillmor, du San Jose Mercury News, entamait hier le premier d'une série d'articles sur le secteur technologique en Israël.  Après les années fastes, à la remorque du boom technologique lié à la Silicon Valley, le pays fait maintenant face à une période difficile : baisse des exportations de produits et services technologiques, fermetures d'entreprises, chute des investissements étrangers, décote de la devise nationale, hausse des taux d'intérêt.  Le seul secteur qui n'éprouve pas de difficultés est celui de la sécurité et de l'armement, pour lequel on enregistre une hausse de 35 % des exportations au premier trimestre de 2002.

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  Le 30e anniversaire de Watergate
«Le 17 juin 1972, aux petites heures du matin, s'amorçait ce qui allait devenir un cauchemar pour l'Amérique et ses institutions politiques.  Trois agents de police de la ville de Washington arrêtaient en flagrant délit d'entrée par effraction cinq individus qui s'étaient introduits dans les bureaux du Comité national du Parti démocrate.  Fait divers relégué dans les pages intérieures des grands quotidiens, l'affaire allait prendre une envergure insoupçonnée et mener à la démission, 26 mois plus tard, du président Richard Nixon.  Elle serait désormais connue sous le nom du complexe immobilier dans lequel logeaient les bureaux du Comité démocrate, le Watergate.»

Pourquoi réécrire l'histoire, le paragraphe précédent est tiré de notre chronique du 20 juin 1997.  Une bonne nouvelle : la section spéciale «docuweb» du Washington Post dont nous faisions mention est toujours en ligne sur le site Web du quotidien.  On y trouve, entre autres, les archives de la couverture du Post (on attribue à l'enquête de deux de ses journalistes, Bob Woodward et Carl Bernstein, d'avoir fait éclater l'affaire), une chronologie, les portraits des principaux acteurs, une galerie multimédia, les caricatures de l'époque.

Le Web est riche en information sur le scandale du Watergate.  Dans Google, l'expression «watergate» ramène plus de 200 000 résultats (2 500 dans les pages francophones), «watergate scandal» 18 000.  Les amateurs d'histoire seront toutefois bien servis par un site australien, watergate.info, l'oeuvre d'un professeur d'une école secondaire de Melbourne.  En juillet 1997, Malcolm Farnsworth lance un des premiers sites australiens à vocation pédagogique, le «Malcolm Farnsworth's VCE Politics Resources».  La page personnelle de Farnsworth, un «site à tilde», ne cesse de s'étoffer et de prendre de l'ampleur.  Après de nombreuses transformations, tout le matériel concernant le Watergate est rassemblé, l'an dernier, sous la bannière watergate.info.  Un site fort complet qui explique les choses «vues d'en-bas».

Coup promotionnel ou manoeuvre opportuniste? Le mois dernier, le netmag Salon.Com annonçait à grand renfort de publicité que John Dean, conseiller juridique de la Maison-Blanche dans l'administration Nixon, allait publier sur le site de Salon un livre électronique (e-book) sur Watergate et, laissait-on entendre, y révélerait l'identité de l'informateur connu sous le nom de «Deep Throat» qui avait aidé Woodward et Bernstein à percer le mystère entourant l'implication de membres influents de l'administration Nixon dans l'affaire.  On sait que les deux journalistes ont toujours maintenu le secret sur l'identité de la personne qui les guidait dans leur enquête.

Hier, le livre «Unmasking Deep Throat» est mis en vente sur le site de Salon, 150 pages en format PDF, 1,3 Mo, au prix de 8 $.  Mais ceux et celles qui s'attendaient à des révélations fracassantes furent déçus; dans son livre au titre quasi trompeur, Dean ne fait que proposer certains noms, sans toutefois se commettre sur l'identité de Deep Throat.  Dans une entrevue accordée, on le comprendra, à Salon.Com, l'auteur se dit toutefois satisfait : «J'ai pu situer, de manière irréfutable je crois, Deep Throat comme étant une personne à l'intérieur de la Maison-Blanche, et j'ai pu démontrer que bien peu de gens avaient accès à l'information qu'il a transmise à Woodward.»

La chaîne CNN mène depuis dimanche dernier un sondage en ligne sur qui pourrait bien être la taupe.  Ce matin, mardi 18 juin, L. Patrick Gray (alors directeur du FBI) recueillait 21 % des opinions, mais 29 % des répondants disait qu'il s'agissait d'une personne ne figurant pas sur la liste des noms proposés.  Un groupe d'étudiants de la faculté de journalistes de l'Université de l'Illinois, au terme d'un projet de recherche, ont opté pour Pat Buchanan, rédacteur de discours puis conseiller de Nixon. 

Bob Woodward affirme que Deep Throat est une seule personne (on a déjà cru qu'il s'agissait d'un nom de code pour désigner plusieurs informateurs), que c'est un homme, qu'il est toujours vivant (Woodward et Bernstein ont déjà dit qu'ils révéleraient son identité advenant sa mort), qu'il occupait un poste «sensible» dans l'administration Nixon, qu'il était fumeur et amateur de scotch.

Puisque ceux qui savent ne parlent pas, allons-y de notre hypothèse : Diane Sawyer, qui ne recueille que 8 % dans le sondage CNN.  Et pourquoi pas, une femme? Après des études en journalisme, elle arrive à la Maison-Blanche au poste d'attachée de presse de Nixon qu'elle impressionne par sa compétence et son flegme.  Elle devient rapidement une des personnes de confiance du président et est admise dans le cercle des initiés.  Lorsque ce dernier quitte la Maison-Blanche, elle fait partie du groupe très restreint de personnes qui l'accompagneront dans sa retraite à San Clemente. 

Originaire du Midwest éthique et moral, elle aurait eu du mal à supporter les abus de pouvoir de l'administration, ce qui expliquerait son geste au nom de la «vérité».  Elle connaissait tous les journalistes en poste à Washington, dont Woodward et Bernstein.  Son rôle était davantage de confirmer les informations obtenues d'autres sources par le duo enquêteur que de véritablement «couler» de l'information, ce qui aurait été contraire à ses principes.  C'est le MOM traditionnel : «motive, opportunity, means».  Enfin, l'histoire le dira.

Diane Sawyer est présentement co-animatrice de l'émission «Good Morning America» à la chaîne ABC.

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Et sur ce, nous vous souhaitons à tous et à toutes une excellente semaine.

Site personnel de Jean-Pierre Cloutier

Collaboration à la recherche : Mychelle Tremblay

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