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Les Chroniques de Cybérie

Le 27 décembre 1996.
© Les Éditions Cybérie



Salutations à tous les Cybériens et Cybériennes!

Cette Chronique n'est optimisée ni pour Netscape, ni pour Internet Explorer, elle l'est pour ses lecteurs et lectrices.

Cette semaine...

Bienvenue à ceux et celles qui ont reçu en cadeau des modems, des trousses d'accès, des blocs d'heures ou tout autre étrenne leur permettant de se joindre à nous.

ACTUALITÉ : CRISE DES OTAGES
Lima, le Pérou, et le monde, demeurent attentifs aux moindres faits et gestes des rebelles Tupac Amaru (le nom vient d'un chef autochtone assassiné par les conquérants espagnols au 18e siècle).  En ce lendemain de Noël, le commando détient encore 104 otages derrière les murs de l'ambassade japonaise à Lima.  On peut constater que le Tupac Amaru est un groupe discipliné et organisé, qui a recours à l'Internet, tout comme les Zapatistes mexicains, pour diffuser son idéologie.  Depuis son site «officiel» sur un serveur danois, le mouvement diffuse son journal, Voz Rebelde (en espagnol), ainsi que ses plus récents communiqués et messages.

Pour mieux saisir la situation, le serveur vénézuélien VENews propose divers liens vers des sites d'information.  En outre, sur certains forums (newsgroups) comme soc.culture.peru et cl.gruppen.ai apparaissent fréquemment des messages de responsables du mouvement.  Pour nous, à distance, les télés et les radios font le reste.

Pour sa part, le Réseau scientifique péruvien vient de mettre en service une page d'appui aux otages (en espagnol) demandant leur libération et invitant les utilisateurs de l'Internet à signer une pétition en ligne à cet effet.  Jeudi matin : plus de 1 600 signataires.

Mais une information à saveur toute spéciale a filtré dans les pages de la section sud-américaine du Miami Herald, celle d'un sondage auprès de 80 des 140 otages (avant lundi dernier) par une des personnes faisant partie du groupe d'«invités» des Tupac Amaru.  Résultat : 75 % des otages disent être bien traités, 21 % estiment leur traitement passable.  À savoir pourquoi le coup de force du Tupac Amaru avait réussi, 52 % ont mis en cause la faiblesse des services de renseignement, 35 % des failles dans la sécurité, et 13 % ont attribué le succès de l'opération à la force du Mouvement Tupac Amaru.  Et quant à la démarche à suivre pour trouver une issue à la crise, 95 % souhaitent que le gouvernement péruvien négocie, aucun répondant ne souhaite une attaque, et 5 % ont refusé de répondre.  Comme quoi, même étant détenu en otage, on trouve à passer le temps.

EVITA
Lancement lundi dernier à Madrid, puis aux États-Unis le jour de Noël, du film du studio Cinergi tant attendu, Evita, dont le rôle titre revient à la chanteuse Madonna.  D'abord l'objet d'une comédie musicale, le film sur la vie de l'épouse de l'ancien président argentin Juan Perón est une superproduction : 600 artisans du septième art y ont travaillé, les producteurs ont fait appel à plus de 40 000 figurants.  Personnage historique controversé, une sainte pour certains en raison de son dévouement pour les classes défavorisées (40 000 demandes de canonisation reçues au Vatican dans les deux ans qui suivirent sa mort en 1952, victime d'un cancer à l'âge de 33 ans), pour d'autres une manipulatrice politique de premier ordre au service d'une dictature populiste.  Mais parlons du site Web.  C'est un des plus complets que nous ayons vus pour nous mettre dans le contexte d'un film.  Non seulement y trouve-t-on un contenu propre au film et à la trame (données historiques, biographie d'Eva Perón, cartes géographiques, photos, extraits vidéo), mais aussi une foule de pointeurs vers des sites complémentaires, «indépendants».  Il est rare de pouvoir se documenter d'une manière aussi complète sur un film et son sujet avant d'aller en salle.  Fortement suggéré.

PAS TRÈS LUMINEUX
Radio-Canada continue d'implanter des sites Web pour ses émissions, tant celles des chaînes radio que télévision.  Dernier né, le site Web des Années lumière, l'excellente émission à caractère scientifique qui exploite la technologie de transmission sonore en défilement RealAudio et dont le contenu s'étoffera au fil des nouvelles émissions diffusées.  Ce qui détonne sur ce site, tant par rapport aux autres sites de R-C qu'à la tendance à la légèreté adoptée par la plupart des concepteurs de sites, c'est la lourdeur incroyable des graphiques qui en ralentit le chargement.  Ironiquement, on nous propose sur ce site la lecture du Guide pratique de l'Internet de Québec Science (nous y reviendrons) comme ressource pour ceux et celles qui aimeraient concocter leur site Web.  Mais on peut bel et bien lire, dans ledit Guide, un des canons des webmestres : «À moins de vouloir faire subir une épreuve initiatique au novice, n'affichez pas de fichier graphique de plus de 70 kilo-octets».  Et voilà que sur le site des Années lumière, on trouve en page d'accueil un graphique principal (excluant barre menu et fond) de 214 kilo-octets!  De quoi initier trois fois, néophytes et experts, aux vertus de l'économie de bande passante.  Vraiment, une belle occasion de reengineering ou de cure Montignac, expressions à la mode dans les couloirs de R-C par les temps qui filent.

TRÈS ÉCLAIRANT
Eh oui, troisième Guide de l'Internet de la revue Québec Science (la deuxième édition est en ligne sur le site Web de QS).  Les deux premiers guides constituaient surtout des répertoires de sites utilitaires ou d'une grande qualité de conception.  Nouveau cap pour le Guide, et suivant en cela l'émergence d'une clientèle qui prend de l'expérience, clientèle «intermédiaire» entre le néophyte et le «technofreak», souvent mal servie par la presse spécialisée.  Le Guide vous amène dans la «cuisine» de l'Internet; selon Michel Gauquelin, directeur de QS, «... nous avons voulu, tout en vous confiant quelques secrets culinaires, vous révéler les principes de la communication propres à l'Internet.  Vous pourrez ainsi encore mieux communiquer ou, tout simplement, voir Internet avec un autre regard».  Quatre grandes sections : Internet, Web, Courrier, Forums.  Fortement recommandé.  À moins de 5 $, c'est un des meilleurs rapports qualité/prix des produits dérivés du Net, plein de choses à lire en attendant le téléchargement des pages du site des Années Lumière.

UNE ÉTOILE S'ÉTEINT
L'astronome et vulgarisateur scientifique bien connu, Carl Sagan, s'est éteint ce 20 décembre à l'âge de 62 ans.  En 30 ans, Sagan a écrit 20 livres, plus de 700 articles et, avec Cosmos, sa série documentaire télédiffussée dans 60 pays, il est devenu le plus célèbre porte-parole de sa profession.  L'Agence Science-Presse lui consacre un dossier très complet sur son site, tout ce qu'il faut savoir de cet important personnage de la science de notre fin de siècle.  Rappelons que l'Agence Science-Presse est une agence de presse qui, depuis près de 20 ans, alimente les médias québécois en informations sur la science et les nouvelles technologies.

PIRATES SOFT
Les pertes dues au piratage de logiciels en 1995 ont été évaluées à 13,1 milliards de dollars dans le monde en 1995, selon une étude indépendante qui a été dévoilée par deux associations américaines, la Business Software Alliance (BSA) et la Software Publishers Association (SPA).  Ceci constitue une hausse de 9 % par rapport aux données de 1994 et dépasse les revenus des 13 plus importants fabricants de logiciels.  L'étude porte sur 80 pays des six grandes régions du monde et est basée sur 27 logiciels d'application.  Certains pays ont des taux de piratage qui dépassent les 90 %.  C'est le cas notamment du Vietnam (99 %), du Salvador (97 %), de la Chine (96 %), Oman (96 %) et de la Russie (94 %).  Les États-Unis enregistrent le taux le plus bas, avec 26 %, suivis de l'Australie, 35 %, et du Royaume-Uni, 38 %.  Ces chiffres seraient légèrement à la baisse alors qu'au Canada, le pourcentage est de 44 %, soit une perte de plus de 347 millions de dollars pour les fabricants et distributeurs de logiciels d'ici.

INTERNET : ZONE DE LIBRE-ÉCHANGE?
Selon un document de politique de 23 pages que la Maison Blanche s'apprêterait à rendre public, et dont l'agence CNET a obtenu copie, l'administration américaine proposerait sous peu que l'Internet devienne une zone de libre-échange, ce qui libérerait les transactions commerciales qui s'y effectuent de l'imposition de droits de douane ou de taxes.  Pour ce qui de la réglementation des transactions, les auteurs du document proposent que là où l'intervention du gouvernement est requise, elle devrait favoriser la mise en place et le respect d'un cadre juridique clair, simple, voire minimaliste, qui s'apparenterait à une simple surveillance des pratiques selon un «cadre commercial uniforme» convenu à l'échelle internationale.  Le document propose, en outre, de déterminer les modalités afférentes aux contrats et commandes électroniques ainsi qu'aux signatures numériques.

GUERRE DANS LES MÉDIAS
Nous vous parlions le 12 septembre dernier d'un dossier choc, Dark Alliance, publié dans les pages et sur le Web du San Jose Mercury News, journal californien de la Silicon Valley.  Le dossier établissait un lien direct entre l'entrée du crack (drogue composée à partir de cocaïne) sur le marché de San Francisco et une opération de financement des contras nicaraguayens, qui se serait déroulée avec l'aide d'agents de la CIA.  La drogue entrait aux États-Unis avec la complicité de la CIA qui, avec les produits de la vente, procédait à l'achat d'armes destinées à renverser le gouvernement sandiniste.  Depuis lors, à Washington, trois enquêtes distinctes sont en cours sur cette présumée sombre alliance.  Mais voilà qu'un débat fait rage dans les milieux journalistiques américains.  Initialement, les grands journaux et médias n'avaient pas repris le dossier, refusaient même de l'aborder.  Puis, en septembre, le Washington Post, le New York Times et le Los Angeles Times se mirent à défendre la crédibilité des responsables de la CIA qui niaient évidemment toute l'affaire, et à discréditer les méthodes journalistiques du San Jose Mercury News.  Voilà que l'organisme Fairness and Accuracy in Reporting (FAIR) prend la défense du SJMN et accuse ces trois journaux de n'être que l'écho des communiqués de presse officielle et de jouer la carte raciale pour dissiper l'affaire.  La communauté noire américaine, fortement atteinte par l'épidémie de consommation de crack, avait vivement réagi aux découvertes du SJMN et avait insisté pour la tenue d'enquêtes officielles, ce que certains «grands journaux» ont appelé un réflexe traditionnel de paranoïa.  Le dossier de FAIR paraîtra dans le numéro de janvier de son périodique EXTRA!, mais est déjà disponible sur son site Web.  Pour sa part, le SJMN ne lâche pas prise et continue de suivre le dossier crack/CIA.

VIE PRIVÉE SANS FRONTIÈRES
Une importante conférence sur le thème de la vie privée et la protection des données personnelles à l'ère des inforoutes se tiendra du 23 au 26 septembre 1997 à Montréal.  L'événement est organisé par la Commission d'accès à l'information du Québec, le Centre de recherche en droit public de l'Université de Montréal, Hydro-Québec, la Confédération des Caisses populaires et d'économie Desjardins, le cabinet d'avocats Lavery de Billy et le Consortium UBI, sous les auspices des gouvernements canadien et québécois.  L'objectif premier de la Conférence est de réunir les spécialistes de ces questions, les autorités législatives, les entreprises et les organismes publics, ainsi que les corps intermédiaires et les groupes représentant les consommateurs en provenance d'Europe, des États-Unis et du Canada, afin d'apporter des réponses à ces questions.  Plus de 80 conférenciers provenant du Canada, des États-Unis, d'Europe, de Nouvelle-Zélande et d'Australie ont été invités par le comité organisateur de la conférence à venir partager leurs points de vue sur la problématique du respect de la vie privée.  À inscrire à l'agenda.

BULLETIN DU PRÉVISIONNISTE
À notre retour de vacances des Fêtes, l'an dernier, nous avions fait quelques prévisions sur ce que l'année 1996 nous réservait.  On ne s'est pas trop trompé sur l'augmentation du taux de branchement, sur la hausse des activités commerciales; un peu moins réussi sur l'élargissement de la bande passante et la convivialité des logiciels.  Convergence des nouveaux médias et des médias traditionnels, les récents événements nous auront pleinement donné raison.

Pas un score parfait pour ce qui serait «in» car nous avions prévu une émission dramatique ou humoristique télévisée, sur une chaîne importante, décrivant le pain et le beurre d'un groupe d'internautes dans la trentaine.  Pas encore, et de moins en moins plausible.  L'Internet s'infiltre dans la société, et dans les miroirs médiatiques c'est la même chose, mais pas d'attention particulière.  Par contre, sur ce qui serait «out», c.-à-d. les animateurs et animatrices d'émissions radiophoniques qui se plaignent de la longueur des adresses de sites Web et qui ne les donnent pas en ondes, dans le mille.  On s'y est fait et pour le plus grand bien de tous.

Allons-y pour 1997, avec trois courants porteurs.

Ralentissement de la hausse du taux de branchement dans les pays occidentaux.  Il semble, en effet, que l'Internet ait fait le plein de sa clientèle précoce et que les fournisseurs d'accès en soient davantage à se battre pour une plus grande part du marché existant qu'à attirer une clientèle néophyte.  À moins que le WebTV ne remplisse ses promesses d'attirer une clientèle plus large et que les entreprises et organismes ne mettent davantage de produits et services à sa disposition.

Émergence de ce que nous appellerons désormais la clientèle «intermédiaire».  Souvenez-vous de cette expression, vous l'entendrez souvent en 1997.  Au début, tout le monde était novice.  Les plus enclins à la technologie, une minorité, se sont lancés à la poursuite de tout ce qui était nouveau, bougeait, parlait.  Mais ceux et celles qui utilisaient l'Internet en raison des fonctionnalités inhérentes (courrier, recherche de documentation, échange de fichiers), sans trop se soucier de ce que comporterait la nouvelle version X d'un logiciel, forment maintenant la majorité des utilisateurs.  Cette clientèle est maintenant branchée depuis 12, 18, voire 24 mois.  Tout développement éventuel, fonctionnel ou technique, doit nécessairement être conçu en fonction d'eux.  La masse critique du pouvoir d'achat sur et pour Internet, c'est eux, et l'importance de cette clientèle intermédiaire (on n'arrête pas le temps) ne fera que croître au cours des prochains mois.

L'année 1997 sera celle de l'établissement du cadre juridique de l'Internet.  Dans la contestation en appel du Communications Decency Act aux États-Unis, on devrait être fixé en juin.  En France, la Commission Beaussant poursuit ses travaux sur un Code de l'Internet.  Plus globalement, les travaux de l'OCDE sur la protection des données à caractère personnel et de la vie privée, la sécurité des systèmes d'information, la politique du chiffrement, et la protection de la propriété intellectuelle sont axés sur l'harmonisation mondiale des codes et pratiques.  Tous ces dossiers devraient arriver à terme, donc, au cours de 1997.

BEAU DÉTOUR
Beau, ça restera cette semaine une question de goût, mais utile, ça oui.  Avec tout ce qui se passe en ce moment, et la nouvelle année qui s'avère prometteuse en rebondissements de toutes sortes, nous aurons tous et toutes besoins de repères fiables, question de ne pas perdre la boussole.  À partir de ma propre liste de signets (objet de convoitise), j'ai dressé une liste de repères que j'ai installés sur ma page personnelle.  Quelques moteurs de recherche, des liens pour suivre ce qui se passe sur le Web, des pointeurs vers quelques journaux qui font partie de mon menu matinal, enfin, des repères, ceux qui me guident le plus souvent.

Il y a 12 mois, l'équipe des Chroniques s'était donné des vacances.

Il y a 18 mois, dans la Chronique du 28 juillet 1995, il était question de deux sites de programmation en HTML, de Jazz in French devenu Jazz en France, toujours aussi complet, du site du Centre de recherche pour la défense où vous trouverez des informations intéressantes sur des innovations en communication comme le réseau local multimédia sans fil, et de celui du Centre de la sécurité des télécommunications où vous pourrez consulter une foule de renseignements sur la sécurité des technologies de l'information.

En terminant, nous tenons à vous exprimer nos meilleurs voeux pour la nouvelle année.  Merci d'avoir été là, et de continuer à y être.

Jean-Pierre Cloutier
jpc@cyberie.qc.ca


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URL : http://www.cyberie.qc.ca/chronik/961227.html