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Les Chroniques de Cybérie
Cette semaine

© Les Éditions Cybérie inc.

Le 20 juin 1997.

Salutations à tous les Cybériens et Cybériennes!

Cette Chronique n'est optimisée ni pour Netscape, ni pour Internet Explorer, elle l'est pour ses lecteurs et lectrices.

Cette semaine...
Nouveau coup d'oeil
L'heure juste au citoyen
Wired?  No thank you
Le chas de l'aiguille?
Respect de la vie privée sur le Web : Pas évident pour tous
Gare aux «cookies»
Dossier pub : Trois tiers reconnus
Vingt-cinq ans déjà
Lectures rapides
Étude sur la formation en développement de logiciels
Beau détour
12/18

Nouveau coup d'oeil
Après 116 chroniques et éditions spéciales depuis avril 1995, plus de 1 500 sites traités, la réalisation de trois projets majeurs, et tout le reste, il était temps de rafraîchir la présentation des Chroniques de Cybérie.  Voilà, c'est fait.  Aucune des fonctionnalités auxquelles vous vous étiez fait la main n'a été retirée, et les changements ont été apportés avec le souci de ne pas alourdir la présentation.  Autre changement, on constatera que les principales sections de la chronique de la semaine figurent maintenant sous forme de sujets-vedettes en en-tête de page.  La nouvelle infographie en image base PhotoShop, basée sur le concept original de Stéphane Lizotte, les gabarits HTML et la refonte des sections du répertoire ont été réalisés par notre «toileuse», Mychelle Tremblay.  Tout au long du projet de refonte du site, nous avons bénéficié des précieux conseils de René Godbout (concept, sémiologie, infographie, optimisation, essais) et de Maurice Labelle (convivialité des fureteurs textes) que nous tenons à remercier sincèrement.  Nous espérons que ces changements sauront vous plaire et rendre plus agréables vos séjours en Cybérie.  D'autres améliorations interviendront sous peu.Haut de la page


L'heure juste au citoyen
Du 8 au 12 juin dernier se tenait à Montréal le Premier congrès des ombudsmans et médiateurs de la Francophonie.  Dans son allocution d'ouverture, le Protecteur du citoyen du Québec, Daniel Jacoby, parlait de l'humilité qui devait caractériser les interventions des médiateurs entre gouvernants et gouvernés car «malgré sa place unique et son professionnalisme, il n'est qu'une roue de cette immense horloge sociale qui doit donner l'heure juste au citoyen.»

Mais voilà qu'on apprend que l'horloge pourrait se détraquer, le mandat de maître Jacoby risquerait de ne pas être renouvelé.  L'homme dérange.  Le franc-parler du Protecteur du citoyen heurterait-il les sensibilités de certains de nos élus?  Dans un rapport de janvier 1996, Me Jacoby s'inquiétait que l'État enlève progressivement aux citoyens des droits de recours fondamentaux.  Puis en novembre dernier, il critiquait les coupures budgétaires, disant que «la lutte au déficit s'accompagne de mesures qui ont pour effet de créer ou d'accroître l'exclusion de certains groupes de citoyens, ou encore de favoriser le désengagement de l'État par rapport à certaines de ses responsabilités traditionnelles.»

Plus récemment, Me Jacoby intervenait, cette fois devant la Commission de la culture dans le dossier des inforoutes, et présentait un mémoire intitulé «Les cartes d'identité et la protection de la vie privée» où il insistait sur le fait que «l'inforoute, avec les tendances qu'elle induit, à savoir la mise en réseau, le partage de l'information et le décloisonnement des fonctions, consacre l'éclatement des principes sur lesquels est fondée la Loi sur l'accès.  Il y a lieu de s'interroger sur les meilleurs moyens d'assurer alors la protection des renseignements personnels.»

Mais le Bureau du premier ministre voudrait recommander le remplacement de Me Jacoby au poste de Protecteur du citoyen.  Caveat consules.  Si la non-reconduction du mandat de Me Jacoby se confirmait, nous perdrions du coup une des rares voix éclairées dans cette période de débat aux facettes multiples que traverse notre société.  Deplus, le Bureau du premier ministre devrait songer au message que véhiculerait ce que d'aucun appellent un «règlement de comptes».  L'heure juste?
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Wired?  No thank you.
On ne s'en serait peu surpris de certaines autres publications, mais on s'attendait à une analyse plus objective et perspicace de Wired sur l'affaire qui secoue présentement quelques carrés de sables du West Island montréalais.  Un détaillant de matériel et de logiciels de Montréal, Micro-Bytes, dont la vitrine Web n'affiche que l'anglais, a été invité par l'Office de la langue française à franciser sa présentation.  Micro-Bytes s'insurge contre cette demande, mais promet de mettre en ligne un site bilingue le... 1er juillet, fête de la Confédération, Jour du Canada Day.

Cette demande de l'OLF présentée en vertu de la Charte québécoise de la langue française a défrayé la chronique des actualités du service de Wired sous le titre «Web Anglais?  Non, S'il Vous Plait».  On parle dans cet article de la «fureur séparatiste» qui fait rage au Québec depuis des décennies, on prétend que l'affichage en anglais dans les lieux publics et espaces commerciaux est presque inexistant, et que les Québécois et Québécoises n'utilisent que rarement l'expression «weekend».  Jusqu'ici, pas trop grave, on sourit en se disant que ce doit être le soleil californien qui tape fort.  Mais plus loin dans l'article, on établit un lien de cause à effet entre la Charte de la langue française et le départ du Québec de 300 000 personnes et de 1 000 entreprises depuis son adoption.  C'est gros.  Très gros.

Il serait difficile pour l'OLF d'imposer le respect des dispositions de la Charte de la langue française sur Internet (voir le Questions et réponses de l'OLF sur cette question), tout comme pour les gouvernements de tous les paliers qui veulent régir les contenus sur réseau, on ne le conteste pas.  Mais ce qui est à déplorer, c'est le manque de rigueur de Wired et de son journaliste, Ashley Craddock, qui proposent à leur lectorat international une image à ce point déformée de la situation de la langue au Québec.  Si Wired a raison, comment expliquer le recul constant du nombre de parlants français au Québec? Notre réponse à Craddock... en anglais, question de se faire comprendre.

En outre, ce qui est bon pour les Américains serait-il répréhensible dans d'autres contextes?  Nous vous parlions en décembre dernier de deux organismes chez nos voisins du Sud voués à la défense de l'anglais comme langue officielle, U.S. English et English First.  Suffit-il de rappeler que vingt-trois États américains ont adopté des lois de protection de leur langue.  Bien sûr, quand le Québec le fait...
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Le chas de l'aiguille?
Jeudi soir dernier, le réseau CNN annonçait que Christian Orellana de lasociété danoise CABOcomm avait trouvé une faille de sécurité dans le fureteur Netscape qui permettrait à un exploitant de site de s'approprier de fichiers logés sur les disques durs des personnes qui visitent son site.  Non seulement apprenait-on que cette faille n'était pas un canular, car vérifiée par les experts des laboratoires d'essai logiciels du magazine PC Magazine, mais qu'elle touchait toutes les versions du fureteur depuis sa version 2.0!

Netscape dispose d'un programme de récompenses pour les utilisateurs qui rapportent des failles dans son logiciel, et elle accorde des primes de 1 000 $ dans les cas jugés valables.  Christian Orellana avait communiqué avec la société Netscape et proposé de livrer le «secret» pour que la faille soit colmatée, mais il estimait la prime insuffisante.  Netscape a alors crié à l'extorsion et au chantage pendant que ses programmeurs passaient au peigne fin le code du logiciel pour trouver la faille, ce qu'ils réussirent en moins de 48 heures.

L'annonce de la trouvaille de CABOcomm coïncidait presque avec la sortie de la version 4.0 du fureteur de Netscape.  Cette dernière a donc décidé de proposer immédiatement une version 4.1 comportant la correction au problème de sécurité décelé par CABOcomm, mais les utilisateurs de versions précédentes devront attendre encore quelques jours pour disposer de quoi rapiécer leur fureteur.

Netscape a tenté de minimiser l'affaire en disant que, de un, il fallait un véritable expert pour exploiter cette faille et que, de deux, il fallait connaître le répertoire et le nom du fichier que l'on souhaitait copier.  Le premier argument ne tient pas : des garçons de 15 ans s'introduisent à volonté dans des sites dits «sécurisés».  Le second non plus, et ce en raison de la normalisation des logiciels.  Comme le souligne Christian Orellana, la plupart des ordinateurs PC sous Windows qui utilisent Netscape ont des réglages d'installation implicites : un répertoire netscape, un sous-répertoire cache et un fichier fat.db (c:\netscape\cache\fat.db).  Ce fichier contient le nom des sites récemment visités dont le contenu et l'adresse sont toujours en antémémoire.  En le récupérant, on peut retracer l'itinéraire de navigation de l'utilisateur.  Même phénomène de paramètres implicites pour les logiciels de courrier électronique et autres, d'où le danger réel. Haut de la page


Respect de la vie privée sur le Web : Pas évident pour tous
L'Electronic Privacy Information Center publiait la semaine dernière un rapport intitulé «Surfer Beware : Personal Privacy and the Internet».  Après avoir analysé 100 sites Web parmi les plus fréquentés, l'EPIC dresse un bilan assez sombre du respect de la vie privée des visiteurs sur ces sites.  Seulement 17 % ont des politiques explicites à cet égard, 24 % utilisent la technique de fichiers de témoins (cookies), mais aucun ne répond entièrement aux critères de base établis par l'organisme de protection de la vie privée sur Internet.

L'EPIC y va donc de recommandations : afficher sur les sites la politique en matière de respect de la vie privée; décrire comment les renseignements personnels sont recueillis et à quelles fins ils servent; ouvrir l'accès aux leurs dossiers de renseignements personnels aux personnes concernées; rendre plus transparente l'utilisation des fichiers de témoins; continuer à favoriser l'accès anonyme aux sites Web.

Conformément à la recommandation de l'EPIC, nous publions ici les renseignements relatifs à la politique de notre site en matière de respect de la vie privée.

Soulignons l'arrivée de TRUSTe, un service d'homologation de pratiques des sites Web visant à assurer le respect de la vie privée.  Nous y reviendrons bientôt. Haut de la page


Gare aux «cookies»
Cette fois, ce sont les publicitaires qui ont eu droit au message d'experts qui contestent l'utilisation des fichiers de témoins, à l'occasion d'une rencontre de l'Internet Advertising Bureau (IAB).  C'est que, devant un public de plus en plus informé et sensible aux questions de sécurité, peu de sites prennent la peine de l'informer sur les renseignements que l'on recueille sur les visites, et les méthodes utilisées pour faire cette cueillette de données.  Ce manque de transparence nuit donc à ces sites qui doivent maintenant adopter des mesures d'autoréglementation pour «neutraliser» (c'est le mot employé) les activistes du droit à la vie privée et éviter une réglementation gouvernementale concernant ce droit.  Compte rendu du New York Times Syndicate.

On peut configurer son fureteur, tant Netscape (Options, Préférences réseau, Protocoles) qu'Internet Explorer (Affichage, Options, Avancé), pour être averti dès qu'un serveur tente d'installer un fichier de témoins, ce qui permet de repérer les sites qui utilisent cette technique de pistage.  Certes, tous les fichiers de témoins ne sont pas agressifs, mais une des choses qui dérangent est qu'on demande de témoigner une confiance aveugle envers ceux qui les utilisent sur leurs sites. Haut de la page


Dossier pub : Trois tiers reconnus
On apprenait mercredi par voie de communiqué que le Groupe de travail sur les applications publicitaires d'Internet, le GTAPI, venait de reconnaître trois entreprises pouvant effectuer une vérification par tiers de l'achalandage des sites Web, mesure selon laquelle les publicitaires établissent les tarifs versés aux sites Web pour afficher leurs bandeaux de publicité.

Les trois services de vérification sont ABVS, BBM Nouveaux Médias et Impact Recherche.

Le GTAPI suggère aux sites québécois qui souhaitent commercialiser des espaces publicitaires de fournir aux annonceurs et aux agences de publicité des chiffres de fréquentation mesurés par au moins l'un de ces trois fournisseurs, et il encourage les annonceurs et les agences de publicité à considérer de façon privilégiée, dans leurs achats média sur Internet, les sites qui fournissent des données de fréquentation mesurées par au moins l'un de ces trois fournisseurs.

On vient donc d'alourdir les frais d'exploitation des producteurs et diffuseurs de contenus sur le Web, sans pour autant que l'on constate une augmentation du nombre d'annonceurs, ni une révision à la hausse des tarifs proposés par les agences. Haut de la page


Vingt-cinq ans déjà
Le 17 juin 1972, aux petites heures du matin, s'amorçait ce qui allait devenir un cauchemar pour l'Amérique et ses institutions politiques.  Trois agents de police de la ville de Washington arrêtaient en flagrant délit d'entrée par effraction cinq individus qui s'étaient introduits dans les bureaux du Comité national du Parti démocrate.  Fait divers relégué dans les pages intérieures des grands quotidiens, l'affaire allait prendre une envergure insoupçonnée et mener à la démission, 26 mois plus tard, du président Richard Nixon.  Elle serait désormais connue sous le nom du complexe immobilier dans lequel logeaient les bureaux du Comité démocrate, le Watergate.

Le Washington Post marque le vingt-cinquième anniversaire de l'étincelle qui mit le feu aux poudres de l'affaire Watergate en offrant un superbe docuweb, Watergate 25.  Un site très complet pour se replonger dans le contexte de l'époque, y compris une sélection des articles publiés dans le Post, une chronologie des événements et des profils des principaux acteurs de l'affaire. Haut de la page


Lectures rapides
«Microsoft et Netscape libertaires?  Plus pour longtemps».  C'est le titre du plus récent pamphlet diffusé sur le site du collectif uZine par ARNO*, responsable du site Le Scarabée.  C'est une analyse des plus lucides sur le cheminement du dossier de la liberté d'expression et d'expression de la liberté sur le Web.  «Débarquant sur le réseau, les grandes entreprises américaines, hautement libérales, n'y ont vu qu'un marché à exploiter et développer.  Pour accélérer leur implantation, elles ont soutenu, utilisé et manipulé les tendances libertaires des utilisateurs.  Et les revendications légitimes à la liberté d'expression et au respect de la vie privée n'ont servi qu'à exclure les représentants des peuples (les États) de l'Internet, à flinguer l'indépendance de l'information, le tout débouchant sur le remplacement du Web par des services où justement la liberté d'expression est absente et dont la conception ne vise qu'à constituer des profils de clients.» De grâce, ne vous contentez pas de cet extrait, lisez le texte au complet.

Décidément, on n'en sort pas cette semaine.  Vies privées à vendre sur le réseau, article de Yves Eudes dans le Cahier Multimédia du journal Le Monde.  «Pour l'internaute de base, les banques de données administratives, peu conviviales, restent difficiles à localiser et à consulter.  On a donc vu apparaître des sites commerciaux proposant aux enquêteurs débutants de faire le travail à leur place, pour des sommes allant de 2 à 100 dollars, selon l'importance de la demande.»

Ce n'est pas seulement dans le cyberespace que votre vie privée est menacée, comme nous le démontre André Lachance dans un article publié dans le journal VOIR intitulé Secrets de polichinelle.  «Des fonctionnaires, des policiers et des employés véreux vendent au plus offrant des informations confidentielles sur vous et sur votre voisin.  Un petit trafic qui rapporte gros.  Et qui fait l'affaire de beaucoup, beaucoup de gens.» Un dossier troublant.

Réseaux et multimédia dans l'éducation, récent rapport du sénateur français Alain Gérard.  Deux objectifs pour ce document : «étudier les expérimentations de mise en réseau des établissements scolaires, et celles menées dans le but d'offrir aux élèves une égalité d'accès au savoir (possibilité de suivre une option et d'apprendre une langue sur l'ensemble du territoire); clarifier les questions qui se posent sur le développement des usages pédagogiques des nouvelles technologies dans l'enseignement scolaire».  Perspective française, mais surtout pédagogique, et facilement exportable.

En reprise..., c'est une nouvelle section du site personnel de votre chroniqueur où se retrouveront certains articles déjà publiés dans la presse imprimée.  Entre autres, «Rapport au temps» (Planète Internet Québec, Numéro 5, mai/juin 1997) où on y va de certaines perceptions de l'instant et de la période : «"Objects in mirror are closer than they appear".  C'est la mise en garde gravée dans le rétroviseur de la plupart des véhicules.  C'est que pour offrir une perspective plus large, on doit introduire une certaine distorsion optique, un "effet grand angle", ce qui nous fait percevoir comme plus éloignés des objets pourtant rapprochés.  Et c'est un peu cette distorsion, mais temporelle, qui nous arrive avec l'Internet.» Haut de la page


Étude sur la formation en développement de logiciels
Dans le cadre du programme de doctorat en gestion de l'Université du Québec à Montréal (UQAM), Marie-France Bernard mène actuellement une étude en ligne qui s'adresse particulièrement aux gestionnaires d'entreprises québécoises, et qui a pour objet de recenser les pratiques de formation des professionnels en développement de logiciels.  Les personnes qui voudront bien répondre à ce questionnaire recevront une copie des résultats une fois ceux-ci compilés et analysés. Haut de la page


Beau détour
C'est l'exposition American Photographs: The First Century que nous vous proposons cette semaine.  Plus de 175 photographies en ligne, des enregistrements de commentaires de spécialistes en fichers Real Audio, une très belle réalisation technique. Haut de la page


12/18
Il y a 12 mois, dans la Chronique du 21 juin 1996, nous vous avons présenté «Ces petits objets qui attendent» de Isabelle Vigouroux qui y va de 32 propositions pour une ville moins sérieuse, conseils suivis par des designers de Hanover avec leurs BusStops.  Il a aussi été question du MNQ (Mouvement national des Québécoises et Québécois) qui propose un texte de l'écrivain Dany Laferrière.  Des renseignements sur la fête nationale seront disponibles sous peu.

Il y a 18 mois, dans la Chronique du 19 janvier 1996, le diocèse virtuel Partenia de Monseigneur Jacques Gaillot qui se prononçait en mars 1996 sur la question de la liberté d'expression sur Internet.  Aussi, e.journal, un répertoire de publications électroniques en anglais, des belles trouvailles.

Et voilà, bonne semaine à tous et à toutes,
Jean-Pierre Cloutier
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