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Les Chroniques de Cybérie
Chronique du 23 octobre 1997

© Les Éditions Cybérie inc.

Le 23 octobre 1997.

Salutations à tous les Cybériens et Cybériennes!

Quelle semaine...

Jeudi dernier, nous vous annoncions la suspension pour une période indéterminée de la diffusion des Chroniques de Cybérie.  La réaction a été immédiate, vous avez été des centaines à nous écrire pour nous convaincre de poursuivre, nous suggérer des solutions, nous proposer votre aide.

Dimanche dernier, depuis Paris, se mettait en branle l'opération «Froid glacial sur la Cybérie», une initiative de solidarité inattendue à laquelle se sont joints jusqu'à présent près de 2 000 signataires.  Des centaines de sites Web sont en berne jusqu'à dimanche.

Cette initiative nous touche profondément, en premier lieu par son envergure, mais aussi parce que nous savons très bien ce que c'est que de développer et de maintenir un espace Web.  C'est d'abord et avant tout avoir le goût d'informer, de communiquer, de partager des idées, d'inviter à des réflexions.  Et le fermer, même temporairement, c'est se nier le grand plaisir qu'apporte cette communication et ça demande une détermination certaine à laquelle on ne peut demeurer indifférent.  Nous saluons bien bas tous ceux et celles qui nous ont manifesté de cette manière leur solidarité.

Impossible, aussi, de rester indifférents à d'autres remous.  Sous le titre «Les universités font le ménage», on apprenait du journal Le Monde que «le Comité réseaux universitaires (CRU) [France] ne veut plus héberger les forums d'associations non académiques». Une des conséquences est que le forum d'échange de l'organisme «Les Humains Associés» est maintenant, lui aussi, en hibernation forcée.  Pionnière des espaces de réflexion sur Internet, cette association méritait mieux que de se voir indiquer la voie de sortie.  Décidément, l'automne est glacial en Cybérie, et pas seulement pour nous.

Ceci dit, nous aimerions faire le point sur la situation des Chroniques de Cybérie et préciser certaines des raisons qui ont justifié notre décision, et ce à la suite des commentaires ou questions que nous avons reçus.

Le problème de fond, et il est de taille, est que les Chroniques de Cybérie nécessitent le travail à temps plein de deux personnes.  Recherche, rédaction, gestion et mise à jour du site Web, maintien de la liste des abonnés, refonte hebdomadaire de la base de données du moteur de recherche, réponses au courrier «dépannage», et que sais-je encore, tout ça reposait sur deux personnes.  Et comme, pour l'instant et depuis un bon moment déjà, la diffusion des Chroniques n'entraîne aucune rentrée d'argent, on comprendra qu'il était de plus en plus difficile de continuer dans la forme actuelle.

Les Chroniques de Cybérie : deux personnes.  Rappelons seulement, à titre d'exemple, qu'au moment de mettre fin au projet de Sidewalk Montréal, Microsoft employait une douzaine de personnes à temps plein pour ce site qui n'a jamais vu le jour, mème après neuf mois de préparatifs.  En fait, un Sidewalk comme celui de Seattle emploie une quinzaine de personnes, malgré que la production de certains contenus (voyages, cinéma) soit réalisée par d'autres entités de Microsoft.  On ne peut donc prétendre qu'il y ait eu mauvaise canalisation d'énergie de notre part.

Nombreuses ont été les propositions d'hébergement à titre gracieux des Chroniques.  Nous aurions du préciser que là n'est pas le problème.  Notre fournisseur de services, MLink.Net, a toujours accompagné les Chroniques de Cybérie dans leur démarche.  Nous avons toujours trouvé chez cette équipe une disponibilité et une écoute privilégiée.  Il est important de souligner que sans cette présence et cette attention à nos besoins, la suspension de l'activité des Chroniques de Cybérie serait survenue bien avant.  Nous profitons de l'occasion pour remercier MLink d'avoir été, et de continuer à être là.

Certaines personnes, dans leurs commentaires, ont pointé du doigt le Fonds de l'autoroute de l'information (FAI) du gouvernement québécois.  Il convient ici de préciser que nous n'avons jamais demandé de subvention au FAI.  Nous avons, depuis sa création, souligné les «bons coups» du Fonds, remis en question le bien-fondé de certaines de ses décisions, mais nous n'avons jamais cru qu'en ce qui nous concernait, une subvention du FAI devait servir à assurer le fonctionnement des Chroniques en attendant un contexte plus propice aux cybermédias indépendants.

Plusieurs d'entre vous suggèrent une formule de diffusion par abonnement payant, avec mise en ligne du contenu et actualisation du site en différé une semaine plus tard.  Cette suggestion nous touche car elle illustre à quel point vous tenez à ce que nous poursuivions.

Mais il y a deux choses, ici.

D'abord, il y a pour nous un principe important à respecter, celui du libre accès à l'information sur Internet.  Vous avez déjà payé vos ordinateurs, vos modems, vos frais de connexion aux fournisseurs d'accès, et dans bon nombre de pays vos connexions téléphoniques.  Imposer un autre niveau de paiement?  Ce serait renier un de nos principes de base.

Puis, l'infrastructure de gestion des abonnements, de perception des sommes exigibles, du suivi des désistements et réabonnements ne ferait qu'accroître notre charge de travail sans pour autant offrir de garanties à long terme.  Il nous faut trouver une solution qui fasse en sorte que cette situation ne se reproduira pas dans deux ou trois mois.

Nous y travaillons.  Certains organismes publics et privés ont mis de l'avant des propositions sérieuses que nous analysons.  Il s'en dégage qu'il n'y a pas de solution unique, mais qu'il faut amalgamer un ensemble de mesures en un savant mélange pour assurer une reprise solide, tout en conservant intact l'esprit qui nous anime depuis près de trois ans.  Nous serons fixés très bientôt et vous tiendrons informés de la relance, si elle a lieu.

Plus généralement, pour nous tous, il faut poursuivre la réflexion et les échanges sur notre médium, sur la place des cybermédias, sur l'autonomie de la presse, sur la biodiversité du cyberespace.

En terminant, nous tenons aussi à dire qu'il ne faut pas céder à la morosité.  Camus disait «Il est vain de pleurer sur l'esprit, il suffit de travailler pour lui». Il parlait aussi de la force de caractère.  «C'est elle qui, dans l'hiver du monde, préparera le fruit».

Jean-Pierre Cloutier, chroniqueur, et Mychelle Tremblay, éditrice Haut de la page


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