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Les Chroniques de Cybérie
Chronique du 21 juillet 1998

© Les Éditions Cybérie inc.

Le 21 juillet 1998.

Salutations à tous les Cybériens et Cybériennes!

Cette Chronique n'est optimisée ni pour Netscape, ni pour Internet Explorer, elle l'est pour ses lecteurs et lectrices.

Cette semaine...

INET'98
Encore une sale affaire
Syndicalisation et haute technologie
Le prix d'un abonné
Le mot juste
Lectures rapides
Beau détour

 INET'98
L'incontournable de la semaine, la conférence INET'98 telle que relayée par l'équipe du Webdo, partenaire officiel de l'événement.  Déjà, l'édition de juillet du Webdo Mag mettait en quelque sorte la table pour les états généraux du réseau.  Au menu, les questions de noms de domaines, les normes techniques, l'éducation, les États en voie de branchement, la problématique juridique et bien sûr les questions d'intendance politique.

Mais, comme à toutes les conférences INET, il y a place à l'imprévu, nous vous suggérons une consultation quotidienne jusqu'à ce vendredi des pages du Webdo pour ne rien manquer.

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 Encore une sale affaire
De pédophilie.  Mais cette fois, les événements prennent une allure à ce point rocambolesque qu'ils pourraient servir de trame à un roman de série noire.   Tentons de résumer.  En juin, la police néerlandaise trouve dans une résidence de Zandvoort du matériel de pornographie juvénile.  L'occupant de cette résidence, citoyen allemand de 49 ans simplement identifié par la police comme «U», venait d'être assassiné en Italie, présumément par un autre pédophile.

En début de mois, un groupe antipédophile belge du nom de Morkhoven informe la police néerlandaise qu'elle détient des preuves de l'existence d'un réseau de production et de diffusion de pornographie juvénile qui aurait des ramifications aux États-Unis, en Russie, au Portugal, en France et en Belgique.  Marcel Vervloesem du groupe Morkhoven dit avoir obtenu directement de «U» des dossiers incriminants juste avant qu'il soit assassiné.  Selon certains renseignements, «U» dirigeait le réseau de pornographie juvénile depuis sa boutique d'ordinateurs près d'Amsterdam.

Les événements se précipitent.  La police néerlandaise convoque Vervloesem pour l'aider dans son enquête, ce dernier accepte de remettre les preuves, mais se ravise.  Perquisition infructueuse par la police belge aux locaux de Morkhoven; garde à vue de courte durée de Vervloesem.  Finalement, grâce à la médiation d'une équipe de télévision néerlandaise, le belge Vervloesem remettait tard hier (lundi, 20 juillet) à la police néerlandaise les disquettes et cédéroms obtenus de «U».

Détails directs difficiles à obtenir en raison de la barrière linguistique (flammand, néerlandais) et nos excuses à cet égard, mais une dépêche de Reuters chez News.Com et un article de Wired.

Une des raisons invoquées par le groupe Morkhoven pour ne pas remettre aux autorités les preuves incriminantes est que le groupe entend remettre une liste de centaines de noms et adresses de personnes faisant partie du réseau de pédophiles à des organismes européens de défense des droits qui militent contre la pédophilie.  Morkhoven aurait obtenu ces renseignements de «U», mais on croit aussi que des membres de la famille du défunt auraient pu jouer un rôle dans cette divulgation, question de se dissocier de ses agissements.

Néanmoins, de nombreuses questions persistent.  Pourquoi «U» aurait-il remis à Morkhoven des informations aussi compromettantes?  Aurait-il été par la suite assassiné (trop tard) pour éviter la divulgation de noms de personnes connues figurant sur cette liste?  Qu'en est-il du rôle des autorités belges dont la crédibilité a été sérieusement minée par la tristement célèbre «affaire Dutroux»?  Les prochains jours nous apporteront peut-être un nouvel éclairage sur cette affaire.

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 Syndicalisation et haute technologie
Serait-on à l'aube d'une vague de syndicalisation dans le secteur de la haute technologie?  La question mérite réflexion et fait l'objet d'un essai de Richard W. Bruner, journaliste et ex cadre syndical, sous le titre «Organizing Technology: Labor Relations in the Digital Age» dans la lettre Executive Summary.

À cause de sa structure même, le secteur se prête mal aux initiatives syndicales.  La main-d'oeuvre est formée majoritairement de jeunes individualistes, les salaires sont au dessus de la moyenne, nombreux sont ceux et celles qui ont profité des options d'achat d'actions des sociétés pour lesquels ils travaillent et se sont rapidement constitué un portefeuille boursier enviable, il y a pénurie de compétences, on prend même aux États-Unis et ailleurs des mesures pour inviter la main-d'oeuvre étrangère afin de remédier à ces pénuries.

Mais même dans ce contexte présumé idéal pour les 4,25 millions travailleurs américains de la haute technologie, il y a des irritants.

Par exemple, Microsoft, où il n'y a pas de syndicat, emploie à temps plein 18 000 personnes aux É.-U.  La direction affirme qu'elle a recours a 3 000 employés à terme, les sources syndicales affirment que c'est plus de 6 000.  Certains agents syndicaux dénoncent les écarts de traitement entre ces deux catégories d'employés (employés à terme moins rémunérés que les permanents ne bénéficiant pas d'avantages sociaux ni d'options sur le capital actions).

En outre, la définition de ce qu'est un employé à terme est trop «élastique» selon les syndicalistes, elle peut s'allonger sur une période continue d'emploi de trois à quatre ans.  Microsoft rétorque qu'elle emploie cette main-d'oeuvre par l'entremise d'agences de placement et qu'elle n'est pas directement son employeur.

Chez Intel, pas de syndicat non plus, mais pas d'employés à terme.  Cependant, plusieurs employés et ex employés dénoncent le régime d'assurance-santé géré à l'interne par Intel en vertu duquel il serait très difficile de présenter une demande d'indemnisation.  Regroupés sous la bannière FACE Intel (Former And Current Employees of Intel), ce groupe de pression (et non un syndicat) accuse aussi Intel de discrimination et de congédiement arbitraire.

FACE Intel rapporte aussi une politique d'évaluation de rendement en vertu de laquelle les cadres sont incités à identifier leurs subalternes les moins productifs et à les congédier.  Cette politique aurait pour objectif de rayer de l'effectif 10 % du personnel qu'on estime moins performant, Intel nie qu'il y ait un pourcentage fixe et dit que c'est là une recherche de rendement justifiée dans n'importe quelle entreprise.  Il régnerait donc un climat de crainte au sein du personnel et plusieurs employés ne rechignent pas à l'idée de travailler des quarts supplémentaires pour ne pas voir leur dossier entaché d'une mauvaise évaluation.

Durement secouée par la crise économique qui sévit en Asie, et l'affaissement de la demande dans le marché des microprocesseurs, Intel devra de toute manière et à court terme réduire son effectif de 5 %.

Terrain fertile pour la syndicalisation?  Peut-être dans un contexte d'économie traditionnelle, douteux dans un marché mondialisé, surtout si on tient compte des écarts importants du niveau de rémunération dans les pays industrialisés et des salaires versés dans les économies dites «émergentes» où il commence à y avoir abondance de main-d'oeuvre qualifiée.

En outre, si on fait exception des gros joueurs comme Microsoft, Intel, et d'autres, force est de constater que l'industrie repose en bonne partie sur une myriade de très petites entreprises, qui travaillent en impartition ou en sous-traitance, et qui comptent souvent moins d'une douzaine d'employés, donc plus difficiles à syndiquer.

Les grandes centrales syndicales ne tenteront pas moins de s'imposer dans le secteur de la haute technologie.   À son apogée en 1945, 35,5 % de la main-d'oeuvre américaine était syndiquée.  Aujourd'hui, c'est tout au plus 15 %. Depuis deux ans, la grande centrale AFL-CIO a décidé de renverser la vapeur et a augmenté par un facteur de dix les crédits accordés au recrutement et à l'organisation syndicale.

Et si ici on parlait d'un nouveau contrat social patronat/syndicat en haute technologie? Allons plus loin si, par exemple, le Fondaction (CSN) ou le Fonds de solidarité (FTQ) se faisaient partenaires de très petites entreprises en quête de capital de risque?  Non, je ne crois pas.  La so-so-so solidarité ne voit pas si large. Dommage.

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 Le prix d'un abonné
Une alliance stratégique annoncée en février dernier entre les fournisseurs GlobeTrotter et Microtec Internet prenait effet dimanche dernier. Renseignements à l'intention des abonnés de Microtec, et foire aux questions (FAQ) chez Globetrotter.

GlobeTrotter devient ainsi, avec l'acquisition de la clientèle de 16 000 abonnés de Microtec, le deuxième fournisseur Internet en importance au Québec.  Abonnés de Microtec, rassurez-vous, GlobeTrotter conservera vos adresses intactes pour une période de deux ans.  Une mesure qu'on ne peut qu'applaudir de la part de GlobeTrotter, compte tenu des inconvénient pour les abonnés de changer d'adresse sans préavis raisonnable.

«La transaction qui permettra l'intégration des clients d'Internet de Microtec au réseau de GlobeTrotter est de l'ordre de 3,25 millions de dollars» lisait-on dans le communiqué émis en février.  Mis à part les considérations «stratégiques» (échanges de services, infrastructures), 3,25 millions de dollars pour 16 000 abonnés donne un prix unitaire de 218,15 $ par abonné.  Grosso modo, c'est ce que vous valez pour votre fournisseur.  Souvenez-vous en lorsque vous aurez recours au service de soutien technique (=_=).

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 Le mot juste
Trouver le mot, et le mot juste.  C'est bien là un des ingrédients essentiels de l'écriture.  Voici une ressource importante pour tous les artisans de la langue, le Dictionnaire universel francophone en ligne, produit par Hachette/Edicef pour les bases de données dictionnairiques et la version réseau, l'AUPELF-UREF pour les ajouts scientifiques et l'adaptation lexicographique des bases, et Claude Poirier pour la base lexicographique «Amérique du Nord».

L'interrogation se fait à partir d'une fenêtre où on peut aussi effectuer une recherche sur un mot incomplet.  Par exemple, à partir de «raid», le DUFEL déclinera raide, raider, raideur, raidillon, raidir, raidissement.

Mais la grande fonctionnalité est que le résultat d'une interrogation (fenêtre droite) présente un texte dont tous les mots constituent des hyperliens.  Ainsi, un mot inconnu dans une définition peut lui-même être défini par le DUFEL.   Du très beau travail, et un produit fort utile.

Aussi d'intérêt pour les travailleurs et travailleuses du secteur langagier, la Liste des dictionnaires électroniques bilingues (classés par langues sources).  Il s'agit ici d'ouvrages électroniques que l'on peut consulter en ligne et dont le recensement a été fait par le Groupe de travail des services de traduction de l'administration fédérale suisse.  Une liste impressionnante par la quantité et la qualité des ressources présentées.

Rappelons aussi, à l'intention des traducteurs et traductrices, l'existence du service de recherche terminologique du gouvernement ontarien ONTERM élaboré et tenu à jour par les services de traduction de l'administration provinciale de l'Ontario.

Du côté de l'administration fédérale canadienne, le Bureau de la traduction offre certaines publications gratuites, dont le Lexique bilingue Internet de François Mouzard que l'on peut consulter en ligne ou télécharger en formats WordPerfect, Word ou AmiPro.

Et toujours, bien sûr, le Vocabulaire d'Internet Plus de l'Office de la langue française du Québec (OLF) que l'on peut aussi consulter sans frais en ligne.  On y trouve aussi tous les ajouts récents, même si on n'est pas toujours tout à fait d'accord avec les termes retenus.  Par exemple, pour le «spam», le courrier-rebut électronique, on propose pollu ou polluriel.  Ouache (onomatopée de mon cru).   On explique : «Le terme pollu est la forme abrégée de polluriel, mot-valise créé à partir des mots POLLUtion et courRIEL.   Il permet de conserver le même esprit ludique entourant l'origine du mot anglais spam pour désigner cette notion.» Pas convaincant. Les français se mettront-ils au «pollumel»?  En revanche, on aime bien la webographie, «bibliographie constituée d'adresses de sites Web et de renseignements concernant leur contenu», car elle présage l'acceptation grandissante des références électroniques dans la écrits académiques ou autres.

À lire aussi, les Chroniques linguistiques qui abordent avec un humour toujours subtil divers thèmes comme le bestiaire d'Internet, les bonnes manières, les coups de feu sur l'autoroute et bien d'autres.  On y a trouvé une fort belle définition du symbole @, soit «le symbole séparateur en forme d'escargot appelé a commercial».  Savoureux.

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 Lectures rapides
Cette semaine, le cahier Multimédia du journal Le Monde entame une série de reportages sur «Les grandes affaires du Net».  Jusqu'au 30 août, on nous promet des profils sur les acteurs, les événements, les faits marquants du réseau au cours de l'année écoulée.  Première livraison, portrait de Ehud Tenenbaum, le hacker israélien, pas encore dix-neuf ans, mais qui compte à son palmarès d'intrusions non autorisées les sites de la NASA et du Pentagone.  Une série prometteuse pour le reste de l'été.

Une démocratie assistée par ordinateur?  C'est le concept qu'explore Bruno Giussani qui constate que «De nombreux gouvernements et partis diffusent des documents sur le Web, comme ils les ont toujours publiés sur papier. Mais rares sont ceux qui essayent de dépasser ce stade pour entrer en communication active avec les citoyens [...] Il est certainement vrai que l'Internet peut être utilisé pour favoriser une nouvelle représentation des intérêts et améliorer le fonctionnement démocratique, mais force est de reconnaître que nos premières idées sur la façon d'employer cette technologie sont dérisoires.»

Sur le site souverainiste Vigile (nouvelle adresse), trois textes du Groupe de recherche sur l'américanité des Québécois.   «Le questionnement sur les rapports du Québec avec l'Amérique et les États-Unis, plus particulièrement, n'est pas nouveau [...] On a souvent dit des Québécois qu'ils étaient assis entre deux chaises.   Le sondage nous apprend plutôt qu'ils sont assis sur deux chaises, et à l'aise!»  Texte intéressant sur le concept d'identité amériquoise.

 Beau détour
Un air de vacances, le goût de «faire de la route» sur cette métaphore du vingtième siècle, la motocyclette.  Premier mode de transport individuel motorisé, on oublie parfois que la moto a précédé de 25 ans l'automobile, de 36 ans l'avion.  L'art de la motocyclette, au Solomon R. Guggenheim Museum de New York jusqu'au 26 septembre ou sur un écran devant vous dès maintenant.

Et sur ce, nous vous souhaitons une bonne semaine à tous et à toutes.

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Écrire à Jean-Pierre Cloutier


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