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Les Chroniques de Cybérie
Chronique du 18 aout 1998

© Les Éditions Cybérie inc.

Le 18 août 1998.

Salutations à tous les Cybériens et Cybériennes!

Cette Chronique n'est optimisée ni pour Netscape, ni pour Internet Explorer, elle l'est pour ses lecteurs et lectrices.

Cette semaine...

Lancement du iMac : 150 000 unités en pré-vente
Bell taxée de concurrence déloyale
Progression du domaine .CA
Noms de domaines : une affaire de loteries
Courrier-rebut : des chiffres,
et une amorce de solution
Pas de fumée sans feu
Lectures rapides
Beau détour

 Lancement du iMac : 150 000 unités en pré-vente
C'est samedi dernier que le nouveau bébé d'Apple faisait officiellement son entrée en société.  Le iMac, disponible aux États-Unis et bientôt dans les autres marchés, se veut conçu pour Internet, facile à utiliser et à prix abordable (1 300 $ US).  Apple lance donc une offensive promotionnelle sans précédent et y consacrera plus de 100 millions de dollars.  L'annonce du nouveau produit de Apple il y a quelque temps avait entraîné la pré-vente de 150 000 unités, mais bon nombre de fidèles n'ont pu participer à la grande messe ce dimanche, il y a eu rupture de stock même pour ceux et celles qui avaient fait leur profession de foi précoce, y compris pour le journaliste d'une grande chaîne de télévision américaine désireux de répandre la bonne nouvelle.

Comme tout ce que fait Apple, l'avènement du iMac suscite la controverse.  La fiche d'évaluation C|Net montre un produit performant, certes, mais néanmoins inférieur aux autres modèles proposés par Apple.  Question prix, avouons que l'iMac n'est pas très concurrentiel, du moins sur le marché canadien.  En raison de la décote du dollar CAN par rapport au dollar US, un iMac coûtera environ 2 000 dollars lorsqu'il sera disponible ici.  Or, en consultant les listes de prix de quelques fournisseurs locaux, on voit que pour cette somme on peut faire l'acquisition d'un PC dont la performance, si c'est ce que l'on cherche, sera supérieure à celle de l'iMac.  Sans compter que l'iMac ne peut exploiter que ses propres périphériques de norme USB, ce qui rend la «transition» de nouveaux utilisateurs encore plus onéreuse.

C'est peut-être là où le bât blesse.  Avec 3 % de part de marché, Apple se doit d'élargir sa clientèle.  Les analystes prévoient que les chiffres de vente pourraient atteindre 800 000 unités vendues d'ici décembre.  Le design du iMac est unique, attrayant, très «mode».  À maints égards, la performance est plus qu'acceptable pour l'utilisateur moyen.  La facilité d'installation et de branchement à Internet en six étapes, que ne manque pas de souligner la campagne de publicité, fera rougir d'envie les utilisateurs de PC qui passent «des heures de plaisir» à configurer leurs systèmes.  Mais les impératifs économiques des consommateurs, les quelque 35 périphériques USB annoncés, dont la plupart ne sont pas encore disponibles tout comme les 450 logiciels prévus, sauront-ils convaincre les utilisateurs d'opter pour un «système captif», principe qui a été à l'origine des déboires de Apple?

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 Bell taxée de concurrence déloyale
Six fournisseurs d'accès membres du Responsible Internet Service Companies (RISC) demandent instamment au Bureau canadien de la concurrence d'examiner les pratiques de Bell Sygma qui offrirait le service de ligne numérique à paire asymétrique (LNPA) à un tarif inférieur à son coût de revient. 

Une connexion LNPA permet un débit de 2,2 Mbit/s (mégabits par seconde), soit 50 fois plus rapide qu'un modem standard (28,8 kilobits par seconde).  Les fournisseurs indépendants qui souhaitent offrir l'accès LNPA doivent nécessairement avoir recours aux services de Bell, qui elle-même offre ce service directement à sa clientèle.

Les requérants (Stormnet, CAM Internet, Larkin & Company, TUCOWS Interactive, Internet Kingston et Netcom Canada) accusent Bell Sygma de tenter d'exclure du marché des lignes à haut débit les petits fournisseurs indépendants en utilisant sa position dominante sur le marché.  Dans le cas de l'accès par LNPA, Bell Sygma offrirait le service à 130 $ par mois sous le coût de revient, ce qui rendrait futile toute possibilité de saine concurrence de la part des petits fournisseurs indépendants.

Autre pratique jugée déloyale par les requérants, le programme Avantage Internet Accès commuté en vertu duquel les PME clientes du service d'interurbains Bell peuvent avoir un accès Internet gratuit pour douze mois, ou encore l'inscription de leur propre nom de domaine et l'accès et l'hébergement gratuits de leurs pages Web poux six mois. 

Concernant la promotion Avantage Internet de Bell, nous avions communiqué avec John Nemanic de TUCOWS en mai dernier et ce dernier nous disait que tous les fournisseurs à qui il avait parlé «estimaient qu'il s'agissait de concurrence déloyale.  À savoir si c'est illégal, c'est ce qu'il faudrait déterminer».  Le RISC dénonce aussi le fait que Bell fasse de la promotion pour ses services d'accès Internet, mais retarde indûment l'expansion des infrastructures téléphoniques des fournisseurs indépendants prétextant une pénurie de lignes.

Notre service de recherche avait aussi communiqué avec une trentaine de fournisseurs indépendants et constaté que les opinions étaient partagées quant à la promotion Avantage Internet Bell.  D'un côté, certains fournisseurs estiment qu'ils risquent de «perdre quelques dizaines d'abonnés ou que certains futurs clients ne viendront pas nous voir» et disent «comprendre ce que signifie le mot "Partenaire" que Bell nous a véhiculé depuis 3 ans».  En revanche, d'autres croient que «Bell ne peux pas donner le service personnalisé auquel les entreprises s'attendent [...] ceci dure seulement pour 6 ou 12 mois selon le choix du client face à la promotion.  Après, les coûts reviennent et à long terme l'économie n'est pas aussi intéressante [...] et dans 6 à 12 mois, les factures commencent à arriver mais le service à la clientèle ne change pas pour autant.» Autre commentaire reçu, «les fournisseurs de service indépendants ont le choix, perdre du temps à attendre que quelqu'un frappe sur les doigts [de Bell] ou rendre leurs services plus intéressants que ceux de Bell».

Le RISC, organisme de fournisseurs indépendants canadiens, compte une soixantaine de membres.  Selon des données fournies par le RISC, 60 % de la population canadienne branchée à Internet l'est par l'entremise de petits fournisseurs indépendants, une industrie responsable de la création de plus de 5 000 emplois directs.

Le 3 août dernier, John Manley, ministre de l'Industrie et responsable du Bureau de la concurrence réitérait, dans un discours prononcé à l'occasion de l'assemblée générale annuelle de l'Association du Barreau américain, son soutien à «un marché sur lequel une concurrence juste et vive favorise l'innovation et offre les meilleurs produits et services, aux meilleurs prix pour tous les consommateurs».

 Progression du domaine .CA
Même si on ne rejoint pas les taux de progression de 1995 et 1996 lorsque le nombre de nouveaux noms de domaines triplait en douze mois, on a néanmoins enregistré, depuis janvier, 10 916 nouveaux noms dans le domaine et les sous-domaines .CA comparativement à 11 354 pour l'année 1997 selon les statistiques disponibles au 17 août.

Du 11 au 15 août, notre service de recherche a relevé, à partir de la liste officielle du registrariat, 278 nouveaux enregistrements dans le domaine .CA et les sous-domaines provinciaux.  Mis à part le domaine principal (48 enregistrements), l'Ontario domine avec 90 enregistrements, suivi du Québec (64), de la Colombie-Britannique (42), de l'Alberta (13) et du Manitoba (11).

Et si nous parlions plus haut de concurrence, il semble que sur le plan des services d'hébergement ce soit Bell et Vidéotron, deux services d'envergure nationale, qui s'accaparent la clientèle du plus grand nombre d'organismes ou entreprises faisant leur entrée sur le Web.  Notre enquête sur cet échantillon de 248 nouveaux noms de domaines révèle que Bell est cité comme service d'hébergement de 29 organismes et entreprises dont 14 au Québec, et Vidéotron de 27 nouveaux inscrits dont 21 au Québec soit près du tiers des nouveaux enregistrements.

Précisons que ces données ne tiennent pas compte des enregistrements d'autres catégories de domaines (.COM, .NET, .ORG) aussi disponibles au Canada.

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 Noms de domaines : une affaire de loteries
Nous vous parlions dans notre chronique du 30 juin de la question des noms de domaines, des droits d'auteurs et par extension des marques de commerce.  Voici une affaire qui peut illustrer l'ambiguïté juridique qui entoure l'attribution d'un nom de domaine à un organisme quand ce nom de domaine peut porter à confusion sur l'origine réelle d'un site.

Le 28 juillet 1995, Loto-Québec, organisme gouvernemental responsable des loteries, loteries vidéo et casinos, enregistrait le nom de domaine loto-quebec.com pour avoir pignon sur Web comme bien d'autres organismes publics et para-publics québécois.  Le site est depuis la vitrine corporative de Loto-Québec.

En février 1998, une entreprise montréalaise, Arcon Microsystems enregistre le nom de domaine lotoquebec.com (sans trait d'union).  Arcon conçoit des logiciels intégrés de gestion commerciale (suite RSA) et offre aussi des services de réalisation de sites Web.  Sur le site lotoquebec.com on trouve essentiellement deux choses : des liens aux divers résultats de tirages de loteries canadiennes présentés sur http://www.lottohome.com (propriété de la société Interactive Connections de Kingston, Ontario), et des bandeaux publicitaires de services de paris et casinos, principalement américains et étrangers.

Le problème c'est qu'il y a confusion fort compréhensible pour les utilisateurs entre loto-quebec.com (site officiel de Loto Québec) et lotoquebec.com (site de Arcon).  Certains arrivent sur le site de Arcon et s'étonnent de voir un site en anglais seulement alors qu'ils pensent consulter le site de l'organisme gouvernemental québécois.  D'autres, croyant avoir affaire à l'organisme public et imputable qu'est Loto-Québec, se voient proposer des jeux de casinos en ligne dont la réputation reste douteuse et l'effet sur les joueurs compulsifs dénoncé.

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 Courrier-rebut : des chiffres,
et une amorce de solution

Si vous n'avez jamais reçu de courrier-rebut électronique (spam), c'est probablement que vous êtes branché à Internet depuis moins d'une semaine.  Le courrier publicitaire non sollicité, destiné à tout vous vendre depuis des cédéroms XXX jusqu'aux régimes de retraite pour vos vieux jours, est devenu un des problèmes majeurs du réseau.  Comble de l'ironie, on se fait même offrir des listes de 30 millions d'adresses de courrier électronique pour devenir soi-même le parfait petit pollueur de boîte aux lettres.

Des chiffres.  On évalue à environ 25 millions le nombre de messages de courrier-rebut transmis chaque jour, soit 10 % du volume global de courrier électronique échangé sur l'ensemble de la planète.  Pour certains gros fournisseurs d'accès, le courrier-rebut peut représenter jusqu'à 30 % du volume de courrier traité pour leurs abonnés, ce qui a des conséquences directes sur le coût de l'abonnement.  Par exemple, la société Netcom estime que 10 % des recettes d'abonnement sont consacrées à lutter contre le courrier-rebut.  Pour sa part, Uunet emploie six personnes à plein temps pour tenter de débusquer les abus de son service de courrier électronique.

Si on mettait fin au courrier-rebut électronique, on estime à 27 588 années-personnes les économies de temps réalisées en un an par l'ensemble des utilisateurs et utilisatrices du réseau (70 millions), en fixant à cinq secondes le temps requis pour déterminer si un message est un courrier-rebut et l'éliminer.

Bilan annuel : 9,1 milliards d'envois de courrier-rebut, une moyenne de 120 messages reçus par chaque abonné à Internet, coût individuel de 3,37 $ par abonné, coût global de 255 millions de dollars pour l'ensemble des utilisateurs

Ces chiffres viennent principalement de Bright Light Technologies, une petite entreprise qui propose une solution novatrice aux fournisseurs d'accès pour bloquer la réception du courrier-rebut.  C'est un mélange d'intervention humaine et d'utilisation de logiciels sur serveur qui parvient à filtrer les envois inopportuns.

Le service s'appelle Bright Mail.  Les responsables commencent par semer sur Internet (en particulier sur les forums de discussion et sur des pages Web où les spammeurs récoltent des adresses) des adresses-appât.  Une veille constante est effectuée sur ces adresses-appât; au premier message indiquant qu'il y a envoi en vrac de courrier-rebut, les techniciens du centre d'opérations actualisent les filtres des serveurs des entreprises clientes et parviennent à bloquer une bonne partie de l'envoi.  Déjà de grands fournisseurs américains comme AT&T WorldNet, Concentric, EarthLink et USA.NET se sont prévalus des services Bright Mail.

Va pour les fournisseurs, mais comment les particuliers peuvent-ils lutter contre le courrier-rebut? Nous vous suggérons le dossier anti-spam préparé par Arob@se, un excellent tour d'horizon du problème et des moyens à déployer pour l'enrayer.

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 Pas de fumée sans feu
Suivi.  Nous vous parlions le 14 juillet dernier de l'entreprise canadienne Philip Services Corp.  qui avait obtenu d'un tribunal canadien la divulgation de l'identité d'abonnés Internet par les fournisseurs de services de ces personnes, dont Yahoo!, AOL, sa filiale CompuServe, iStar Internet, Weslink, et PsiNet.  Les personnes visées auraient diffusées, entre autres, sur un forum d'échange des informations selon lesquelles la direction de Philip Services se serait rendue coupable de malversations en bourse de nature à porter préjudice aux investisseurs.

L'affaire connaît maintenant un rebondissement, non pas pour cause d'atteinte à la vie privée des abonnés Internet ou à leur liberté d'expression, mais bien sur le fond de leurs allégations.

Cinq des directeurs de la société Philip Services font face à des poursuites, selon le Financial Post, pour fausse représentation.  Ces poursuites ont été entamées devant un tribunal du Tennessee par les actionnaires d'une entreprise américaine de recyclage de métaux, Steiner-Liff.  Philip aurait fait l'acquisition de cette entreprise en novembre 1997 pour la somme de 157 millions de dollars, dont 56 millions étaient payables en actions de Philip Services.  Mais voilà que les actionnaires de Steiner-Liff prétendent qu'au moment de la transaction, et c'est le fait reproché aux directeurs de Philip Services, la valeur des actions transférées en guise de paiement n'était que de 17 millions de dollars.  Vendredi dernier, les actions de Philip Services s'échangeaient à un peu plus de 2 $ l'action.

Pas de développement récent dans la poursuite de Philip Services contre les personnes ayant critiqué en ligne sa gestion et présumément proféré des menaces à l'endroit de ses dirigeants.  Le contentieux de Philip, on le suppose, a d'autres chats à fouetter pour le moment.

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 Lectures rapides
Les commentaires de Nelson Dumais sur le marketing tel que pratiqué par certains relationnistes de fabricants de matériel et de logiciels.  Utiles, pour les journalistes? Pas toujours, selon Dumais, pour qui «les plus redoutables sont ceux qui ont dans leur base de contacts, le nom de votre blonde, le nombre d'enfants que vous avez, votre marque de whisky préféré et le nombre de bouteilles de vin que vous pouvez siphonner avant de vous mettre à déconner.» Un article bien senti, bien vécu, qui fait belle «impression».

«Et le paradis à la fin de vos jours...».  L'éditorial du numéro 7 de TPC.MAG répond au chroniqueur Jean Barbe de l'hebdomadaire montréalais ICI qui publiait, il y a quelques semaines, un texte expliquant les fondements de son aversion à la technologie.  C'est d'ailleurs, et on le déplore, de bon ton pour la classe intellectuelle snobinarde en ce moment de casser du sucre sur le dos des nouvelles technologies.  Et c'est quand même énorme de dire comme Denise Bombardier, animatrice télé interviewée la saison dernière à l'émission Branché, «Pour être bien informée, je lis les journaux.  Je complète un peu par la télévision et je lis des livres.  Et je suis allée à l'école longtemps.» L'argument ne tiendra pas hors des cafés chics d'Outremont.  Toujours est-il qu'on a bien aimé la conclusion du texte de Frédéric Fortin en réponse à Jean Barbe et aux autres détracteurs de la technologie : «Pas besoin de vous dire que la Révolution française ne s'est pas faite avec des gens qui se sont dit "quand le gouvernement fonctionnera comme il se doit, je m'en mêlerai, en attendant je flatte mon chien..."».

«Les aventuriers de l'île perdue», texte dans l'Actualité sur Myst, et sa suite Riven, ces aventures informatiques qui ont révolutionné l'univers des jeux et battu tous les records de vente pour ce genre de produits.  La journaliste Louise Gendron nous fait découvrir l'arrière-scène de la production chez le concepteur Cyan, en plus de nous rappeler certaines statistiques éloquentes.  Par exemple, si le film «Le Parc Jurassique» a rapporté 357 millions de dollars en recettes, Myst n'aurait pour sa part rapporté que 130 millions.  Cependant, la production du film de Spielberg a nécessité le travail de 500 artisans alors que Myst a été réalisé de bout en bout par seulement six personnes.  L'article est complété par des ressources Web pour ceux et celles qui, «désespérément coincés depuis des heures dans une énigme impossible, prêts à toutes les bassesses pour en sortir», cherchent un petit coup de main (=_=).

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 Beau détour
Du 17 mai au 15 juin 1996, la galerie Portland de St.  James présentait une exposition de Jack Vettriano.  Autodidacte au style unique, ce peintre écossais mérite le détour.

Sur ce, nous vous souhaitons une bonne semaine à tous et à toutes.

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Écrire à Jean-Pierre Cloutier


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