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Les Chroniques de Cybérie
26 janvier 1999

© Les Éditions Cybérie inc.

26 janvier 1999

Salutations à tous les Cybériens et Cybériennes!

Cette Chronique n'est optimisée ni pour Netscape, ni pour Internet Explorer, elle l'est pour ses lecteurs et lectrices.

Cette semaine...

AltaVista grand gagnant
Commerce électronique : qui dit vrai?
Nouvelle édition d’un classique du Net
Un journaliste de sports
est-il un «vrai» journaliste?
De l’imprimé à Internet, en passant
par les revues savantes
Nouvel appel au boycott en France
En bref...
Beau détour

 AltaVista grand gagnant
C’est le résultat du banc d’essai effectué par Olivier Andrieu et rapporté sur le site Abondance.Com dans le cadre d’un exercice ponctuel du baromètre des moteurs de recherche francophones.  Trois critères d’évaluation, soit la quantité et la qualité des résultats de recherche et les fonctionnalités, appliqués à neuf moteurs (AltaVista, HotBot, Infoseek France, Northern Light, Excite France, Lycos France, Voilà, Ecila et Lokace).

Andrieu nous avait déjà offert comparaison des miroirs d’AltaVista l’an dernier, un dossier sur l’écart possible des résultats d’une recherche, selon que l’on consulte le site principal ou un de ses nombreux miroirs.  La publication de ce tout récent banc d’essai vient marquer l’ouverture de son site, Abondance.Com, qui deviendra rapidement une des références en matière de moteurs de recherche.  Il est aussi possible, depuis ce site d’une efficacité exemplaire, de s’abonner sans frais à sa lettre d’information hebdomadaire diffusée par courrier électronique, «Actu Moteurs», et à deux autres lettres comportant des frais d’abonnement. 

Toujours concernant AltaVista, soulignons deux index (nouvelles canadiennes, gouvernements canadiens) disponibles sur le miroir Canada de AV.  AltaVista n’en est pas à sa première expérience dans l’espace gouvernemental, c’est sa technologie qu’utilise Cassiopée, le moteur de recherche dans les sites de l’administration publique québécoise.  Pour ce qui est des recherches de nouvelles, AltaVista vient ainsi concurrencer NewsCafé, service offert par Canada.Com de Southam, front Web de l’empire média de Conrad Black.  Soulignons que Canada.Com utilise la technologie de moteur de recherche Inktomi.

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 Commerce électronique : qui dit vrai?
Les chiffres de vente des zéro surface sont en hausse, mais il est difficile de déterminer avec précision le volume des achats effectués en ligne.  Qu’en est-il du degré de satisfaction de la clientèle? Même problème.  La société de veille technologique NUA rapportait un sondage effectué par Visa USA et NFO Research selon lequel 98 % des personnes ayant fait des achats en ligne au cours de la période des fêtes étaient satisfaites de leur expérience.  On cite le fait que les achats sont livrés dans les délais prévus (92 %) et en bon état (95 %), même si le service à la clientèle n’a séduit que 62 % des acheteurs et acheteuses, et que ces derniers ne soient que 55 % à estimer adéquat le degré de sécurité de la transaction.

Le même service de veille techno, et ce n’est pas sa faute, rapporte un autre sondage, cette fois de la société Jupiter Communications où selon les auteurs, l’indice de satisfaction des acheteurs en ligne ne serait que de 74 %, en baisse de 14 points depuis six mois.  Les principaux irritants seraient les fréquentes ruptures de stock (15 %), les coûts d’expédition et de traitement des commandes (14 %), la lenteur de chargement des sites transactionnels (13 %).

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 Nouvelle édition d'un classique du Net
Ceux et celles qui bourlinguent dans les méandres du réseau depuis quelques années le connaissent bien.  Depuis 1990, le Central Intelligence Agency World Factbook, véritable atlas/encyclopédie géopolitique de la planète, est disponible en ligne.  Vendredi dernier, la CIA rendait disponible l’édition 1998 de ce classique des ouvrages de référence disponibles sur le réseau.  La première édition du Factbook dans sa forme actuelle, document classé secret, remonte à 1962.  Ce n’est qu’en 1975 qu’il devint un document accessible au grand public.

De 1990 à 1993, il était disponible, oh souvenirs, en mode gopher (texte seulement), gracieuseté du Wiretap Electronic Text Archive.  En effet, le contenu du CIA World Factbook est exempt de droits de reproduction.  Depuis 1993, la CIA publie elle-même sur le Web, accès sans frais, le contenu de l’ouvrage qui est aussi disponible en imprimé et sur cédérom (60 $).

Et qu’est-ce qu’on y trouve? Des données et renseignements très pointus concernant la population, la forme de gouvernement, l’économie, l’infrastructure de communications et de transports, et les effectifs militaires de 266 entités géographiques, le tout bonifié de cartes, drapeaux nationaux, etc.  Chaque inscription est divisée en 8 grandes catégories, et comporte jusqu’à 100 sous-ensembles de données.

Glané ici et là dans le Factbook : la Serbie est un des points majeurs de transit pour l’héroïne en provenance du Sud-est asiatique et destinée à l’Europe occidentale; le taux de mortalité infantile en Haïti est de 98,98 pour mille naissances, il est de 7,89 à Cuba; 19 % de la population française est âgée de 14 ans ou moins, 16 % de 65 ans ou plus; 70 % de l’économie belge est concentrée dans le secteur des services; le cuivre et les autres métaux représentent toujours plus de 45 % des exportations chiliennes; malgré que la Suisse soit sans littoral, pas moins de 22 navires marchands battent pavillon suisse; 97 % de la population du Luxembourg est de religion catholique; le Vatican, avec sa population de 860 habitants et sa superficie de 0,44 kilomètres carrés (en gros, l’équivalent du Parc Lafontaine à Montréal) dispose de 2 000 appareils téléphoniques.

Nous sommes persuadés que vous trouverez vos propres perles statistiques.

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 Un journaliste de sports
est-il un «vrai» journaliste?

On aborde souvent la question des journalistes qui exercent leur métier dans les nouveaux médias, et des difficultés occasionnelles qu’ils ou elles peuvent rencontrer sur le plan de la crédibilité ou de celle de leur médium.  Boudés par certains de la presse traditionnelle, devant souvent innover tant sur le plan du fond que de la forme dans ce nouvel espace médiatique, et confrontés aux incertitudes des modèles économiques à inventer, la tâche des journalistes en ligne n’est pas toujours de tout repos.  En décembre dernier, nous abordions la question d’une nouvelle association qui devrait sous peu voir le jour aux États-Unis et qui visera à trancher dans des questions délicates comme les infopubs et la trop grande proximité publicité/contenu dans certains médias en ligne.

Mais il semble que les questions de reconnaissance du statut professionnel se soient déjà posées pour les journalistes en ligne qui traitent de l’actualité sportive.  C’est la correspondante du Christian Science Monitor Cybercoverage, Diane Lynch, qui relate les difficultés des chroniqueurs et journalistes de sports, qui ont amené ces derniers à se constituer en groupe, SportsEditor.Com , une association de 170 professionnels de l’information sportive en ligne.

«Nous avons créé cet organisme parce que nous n’avions pas le choix, personne ne voulait de nous» confie Steve Klein, jusqu’à tout récemment chef de pupitre aux actualités sportives du site Web du grand quotidien USAToday.  Le principal irritant, selon Klein, est le refus d’accréditations officielles permettant l’accès aux espaces réservés à la presse et aux vestiaires des joueurs.  Bref, les journalistes en ligne sont traités par les grands organismes sportifs, et la plupart de leurs collègues de la presse traditionnelle, comme des «aspirants» à la profession sans véritable statut ou privilège.  «Il est difficile de déterminer avec précision la portée ou la légitimité d’un site Web.  Comme ils ne peuvent accréditer tout le monde, ils n’accréditent personne» explique Klein qui ajoute que ce n’est qu’un prétexte car le véritable enjeu est davantage celui d’un monopole.

Le sport (certains diraient comme la technologie) est une affaire de gros sous entre les mains du secteur privé.  Tous les grands événements sportifs, les grandes ligues, les équipes ont leurs sites Web qui accueillent évidemment des bandeaux publicitaires.  Les publications en ligne se trouvent donc, malgré elles, concurrentes des sites consacrés aux sports dans le marché de la pub en ligne, bien que les organismes sportifs détiennent un monopole sur la source de l’information.  Et un monopole dangereux selon Klein, unique au Web, qui lance tout un débat sur l’importance des sources indépendantes d’information, de commentaires et d’analyse, que l’on parle de sport, de technologie ou de tout autre sujet d’intérêt pour le public consommateur d’information.

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 De l'imprimé à Internet, en passant
par les revues savantes

De Marie Lebert, thèse de doctorat intitulée De l’imprimé à Internet et présentée dans le cadre de ses travaux à l’École pratique des hautes études (Université de la Sorbonne, Paris).  Nous vous avions parlé d’une étude de Madame Lebert il y a quelque temps sur le multilinguisme et les problèmes linguistiques sur le Web, étude dont la traduction en français devrait être disponible sous peu.  Cette nouvelle contribution à la littérature académique traitant du cyberespace nous a impressionné.  Un texte très riche, très approfondi, sur la cohabitation de l’imprimé et d’Internet et les perspectives (privilégiées aux conclusions) relatives à la propriété intellectuelle et le droit du cyberespace, l'édition électronique, la convergence multimédia et la société de l’information.  «Internet permet une information en profondeur qu’aucun organe de presse ne pouvait donner jusqu’ici.  Derrière l’information du jour se trouve toute une encyclopédie qui aide à la comprendre» écrit Madame Lebert, et ce n’est pas là la moindre de ses formulations intéressantes.  À lire.

Trait d’union, on lisait récemment dans Le Monde «Les journaux scientifiques menacés par la concurrence d'Internet», un dossier réalisé par les rédactions du Monde, d'El Pais et de la revue scientifique internationale Nature.  On y apprend que quelques éditeurs spécialisés se partagent ce lucratif marché de plusieurs milliards de dollars, mais arrive Internet et la donne change.  «Le nombre de titres en ligne dépasse les 7 000 ; plus de 1 200 pour l'anglo-néerlandais Reed-Elsevier, 360 pour l'allemand Springer Verlag et 174 pour l'anglais Academic Press.  Un journal sans sa version Web est désormais une espèce rare, sinon en danger.»

Ces publications faisant l’objet de «revue par les pairs» (peer review) fournissent aux textes sélectionnés un label de qualité incontesté et très recherché, ce qui n’est pas l’apanage ni la réputation (bien souvent à tort) du médium Web.  Question coûts, l’accès payant aux sites est parfois un peu moins cher que l’achat ou l’abonnement aux imprimés, et offre tous les avantages de l’hypertexte.  Mais admettons-le, c’est encore relativement cher, sauf dans le cas de certaines expériences de démocratisation des prix que les gros éditeurs qualifient de menaces à leur marché. 

Ajoutons que parmi nos lectures régulières, et nous vous en parlons occasionnellement, First Monday est une des premières expériences de journal scientifique, traitant spécifiquement d’Internet, et étant diffusé exclusivement sur le réseau sans contrepartie papier.  Bien que non une publication «revue par des pairs», il faut souligner le sérieux travail de Computer-Mediated Communication Magazine qui, comme son nom l’indique, couvre le sujet des communications médiées par ordinateurs.

En complément d’information, nous vous proposons une entrevue réalisée en juin 1996 avec M.  Stuart Hickox, qui était alors directeur des publications à la Société canadienne de psychologie, au sujet d’une expérience de conversion en médium électronique de la Revue canadienne des sciences du comportement (RCSC).

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 Nouvel appel au boycott en France
La France a connu un boycott d’Internet le 13 décembre dernier et les organisateurs, toujours insatisfaits des réponses directes à leurs demandes, et de l'orientation générale de France Télécom en matière d'Internet, en remettent.  L’Association des internautes mécontents en appelle donc à une nouvelle journée de «modems en berne» pour le 31 janvier.  Au centre des préoccupations de l’ADIM, les coûts de connexion téléphonique locale auxquels s’ajoutent l’abonnement auprès d’un fournisseur d’accès.  On réclame un forfait, à tout le moins une mesure d’allégement des coûts pour l’utilisation des connexions réseau.  Nouveau pan de contestation, toutefois, les demandes des «handinautes», les personnes handicapées qui avec ou sans aides techniques ont mal à exploiter leur connexion au réseau.

Malgré certaines déclarations politiciennes sur la nécessité d’un accès plus «démocratique» au réseau, et un programme d’action gouvernemental pour accéder à la société du savoir annoncé récemment, il faut avouer que les mécontents n’ont reçu jusqu’à présent aucune annonce de mesure concrète visant à régler cette question de coûts, ni de la part de France Télécom, ni de la part du gouvernement.

On se serait aussi attendu à ce que l’ADIM reçoive l’appui d’une certaine partie de l’Internet associatif, ce qui ne semble pas être le cas.  Par exemple, sur le site de l’Association des utilisateurs d’Internet (AUI), le plus récent communiqué de presse date du 5 février 1998 et traite de la visite de Bill Gates à Paris.  Pas un mot sur le mouvement de contestation des coûts de connexion.  Au chapitre français de l’Internet Society, ISOC-France, on se félicite de la rencontre d’Autrans (ce qui n’est pas mal en soi) et on prépare la Fête de l’Internet (événement dont la tenue est loin de faire l’unanimité).  Dans le cas de l’ISOC-France, on se surprend moins de la timidité à aborder la question, puisque France Télécom, principale cible du boycott français, est un des «partenaires» du chapitre français de l’ISOC.  Nous avons sollicité les commentaires tant des responsables de l’AUI que de l’ISOC-France sur la question, mais on n’a pas estimé utile de nous répondre.

En revanche, le groupe IRIS (Imaginons un Réseau Internet Solidaire) par la voix de sa représentante juridique Meryem Marzouki nous a précisé que l’association n’a pas participé au boycott de décembre dernier, pas plus qu’elle ne participera à celui de dimanche prochain.  Selon Madame Marzouki, «cette revendication ne met aucunement en cause la situation de monopolisation de l'accès à Internet, elle ne met pas non plus en cause cet Internet de plus en plus marchand qui se met en place, ni la volonté de faire des citoyens des consommateurs captifs d'un marché, celui d'Internet.  Elle ne se préoccupe que d'une petite catégorie de la population».  Madame Marzouki pose la question à savoir qui, dans la majorité des cas, peut se permettre un forfait de communications à 200F par mois, en plus d'un forfait d'abonnement.  Elle ajoute que la somme fixée pour le forfait est singulièrement de l'ordre du forfait demandé pour la connexion à Internet par le câble.  «On peut se poser des questions à ce sujet : sans vouloir accuser personne, ce mouvement n'est-il pas "accompagné", alors que c'est la guerre entre les opérateurs télécoms?». 

La porte-parole d’IRIS affirme cependant que «malgré tout, ce mouvement naissant en France, comme ailleurs en Europe, est positif car il permet de faire prendre conscience des questions liées à Internet aux organisations de défense du consommateur : il y a certes beaucoup à faire sur les prix, mais aussi sur la qualité de service, et sur le type de contrats entre fournisseur commercial et abonné : tout cela manque trop d'information et de transparence, et il est temps que des organismes et associations y remédient.»

Sur certains forums privés, la question se discute, mais sans grande poussée à la mobilisation.  Un interlocuteur se disait ravi que de nouvelles associations (telle l’ADIM) émergent.  «Que les fabiusiens, les blochiens, les wipos, les adims et je ne sais quoi fassent des trucs dans le bon sens, c'est tant mieux [...] il faut les laisser faire leur truc dans leur coin, on verra ensuite si des actions peuvent converger.  Que chacun fasse ses preuves, tisse ses propres réseaux, si les objectifs sont communs, in fine ces réseaux se recouperont.»

On attendra donc de voir les résultats du boycott de dimanche prochain, et l’analyse qu’en feront les principaux acteurs.

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 En bref...
Les tarifs des bandeaux publicitaires sur le Web sont en baisse pour une deuxième année consécutive.  Selon le service de presse de Wired, le nombre de sites offrant la possibilité de diffuser de la pub a augmenté de 38 % au cours de 1998, ce qui a accru la concurrence sans pour autant qu’il y ait augmentation proportionnelle des annonceurs; les tarifs moyens ont donc chuté de 6 %.  Les analystes prévoient à terme des temps difficiles pour les grands sites généralistes, mais les sites à contenu, en raison de leur clientèle mieux définie et donc plus ciblée, pourraient mieux se tirer d’affaire.

Un peu plus de profondeur dans la couverture de l’actualité technologique.  C’est ce que se propose d’offrir le San Jose Mercury News avec SiliconValley.Com (présentement en phase beta).  Le service de presse Cnet qui a eu accès au nouveau site nous prévient d’une place très importante faite aux bandeaux publicitaires (haut, bas et droite de l’écran), compromis jugé acceptable par les responsables pour maintenir un accès sans frais.

Les News, comme son nom encore l’indique un site français, vient rejoindre le peloton déjà important de sites offrant une couverture quotidienne de l’actualité techno.  La section articles propose sous forme de nouvelles brèves les principales dépêches, alors que la section magazine approfondit quelque peu un sujet donné.  L’interface n’est pas désagréable et se navigue bien.  Il est évidemment possible de s’abonner à un bulletin quotidien livré par courrier électronique.

C’est ce jeudi, 28 janvier, que s’ouvre le Forum Économique Mondial qui se tient chaque année à Davos (Suisse).  On y attend plus de mille dirigeants d’entreprises, 250 leaders politiques, 250 chercheurs universitaires, et 250 responsables de grands médias.  Pour ceux et celles que la chose intéresse, Live 99 , le site multimédia officiel de la rencontre.

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 Beau détour
Sur le site de Tendance Floue, La révolte des indiens du Chiapas, incursion en noir et blanc au coeur d’une région inconnue et d’un conflit méconnu.

Et sur ce, nous vous souhaitons à tous et toutes une excellente semaine.

Écrire à Jean-Pierre Cloutier


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URL : http://www.cyberie.qc.ca/chronik/990126.html