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Les Chroniques de Cybérie
23 mars 1999

© Les Éditions Cybérie inc.

23 mars 1999

Salutations à tous les Cybériens et Cybériennes!

Cette Chronique n'est optimisée ni pour Netscape, ni pour Internet Explorer, elle l'est pour ses lecteurs et lectrices.

Cette semaine...

Affaire Altern : les transports publics font marche arrière, mais...
Notre-Dame, priez pour nous
Le Québec se livre à Paris
Vie privée : Microsoft disculpée par son obligé
MS Explorer relance le débat sur les fureteurs
L’URL à la page
Arghhhhhhh!
Passons par quatre chemins
Beau détour

 Affaire Altern : les transports publics
font marche arrière, mais...

La Régie autonome des transports parisiens (RATP) se désiste de son action contre Valentin Lacambre, propriétaire du service d’hébergement AlternB.  Rappelons que le 16 février, la RATP portait plainte contre Altern sous prétexte qu’elle hébergeait un site où ses véhicules étaient décrits comme des «promène-couillons», et la carte d’accès proposée aux étudiants d'«Abonnement Jeunes Cons».  La RATP réclamait 320 000 FF de dommages et 50 000 FF d'astreinte par jour.  Bien qu’elle se désiste de son recours contre Lacambre, la RATP maintient son action contre L. M., l’auteur de la caricature Web (car c’est bien ce dont il s’agit, ne nous méprenons pas) qui a offensé la Régie.

Mais la saga juridique de Valentin Lacambre n’est pas terminée car pour sa part, la très médiatique Estelle Hallyday a eu beau déclarer le 11 mars au sujet de Lacambre «Je ne l'attaque pas et je ne continue pas», le 15 mars le propriétaire du défunt service d’hébergement AlternB recevait par voie d'huissier un commandement aux fins de saisie vente, afin qu'il s'acquitte des sommes dûes à Madame Hallyday.  L’avis signifié portait échéance de huit jours.

Entre temps, la Fête de l’Internet est venue et repartie.  On a eu droit au ridicule d’un mariage en ligne et à l’inutile de parlementaires virtuels adoptant une loi fictive.  Aux quelque 900 activités recensées pour l’autocongratulation de la Fête bicéphale, l’opération Défaite de l’Internet a opposé la mise en berne pour au moins trois jours de 1 369 sites Web en guise de protestation contre l’asphyxie matérielle et juridique qui menace les acteurs indépendants du réseau.  Faites le compte.

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 Notre-Dame, priez pour nous
Une nouvelle affaire.  C’est l’Agence France Presse qui rapportait que la société Pomme Music et la Société des producteurs de phonogrammes en France (SPPF) ont mandaté l’Agence pour la protection des programmes (APP) pour exiger la fermeture de 21 sites consacrés à la comédie musicale Notre-Dame de Paris car on y trouvait des extraits sonores non autorisés.

Dans la lettre adressée à un des responsables des sites visés, l’APP écrit «nous attirons votre attention sur le fait que d'une manière générale la reproduction, la représentation ou l'adaptation de toute œuvre sans autorisation expresse du titulaire des droits sur celle-ci constitue une contrefaçon passible de poursuites.»

À sa décharge, le responsable d’un site visé a informé l’APP qu’il avait retiré depuis deux mois les fichiers MP3 car il reconnaissait que cela constituait un abus «dans le sens où un mp3 est d'aussi bonne qualité qu'un CD» et pouvait avoir des répercussions, mêmes minimes, sur les ventes.  Il avait remplacé les fichiers MP3 par une quinzaine d’extraits d’au plus dix secondes en format RealAudio (de qualité non commerciale), et les a depuis retirés.

Par la suite, Jérôme Roger, directeur général de la SPPF, déclarait que les 21 sites visés n’avaient pas tous été «fermés», mais que la plupart avaient supprimé les fichiers «illégaux».  Jérôme Roger ajoutait que «cette première action symbolique, menée au moment de la Fête de l'Internet, sera suivie de nombreuses autres initiatives» et que la SPPF proposait une grille tarifaire pour les sites professionnels concernant la diffusion d'extraits musicaux de 30 secondes sur Internet.  On parle d’une redevance de 2 à 10 centimes par extrait écouté, en fonction de la qualité de la numérisation, mais Jérôme Roger disait que la SPPF ne s’était pas encore interrogée sur son adaptation aux sites personnels ou mis en ligne par des particuliers.

Cette affaire n’est pas sans rappeler, entre autres, l’affaire Jean- Michel Jarre.  Le 10 septembre 1997, l’APP recevait mandat du compositeur et de son co-éditeur Francis Dreyfus Music, de «faire procéder par ses agents assermentés aux constats de la reproduction et de la reproduction de tout ou partie de leurs oeuvres sur Internet».  Le 6 octobre 1997, c’est M. Daniel Duthil de l’ubiquiste IDDN (Identifiant international des oeuvres numériques) qui commençait à demander et obtenir la fermeture de certains sites Web, dont celui de Rodolfo Gonzalez.  La menace fonctionnait.

Pourtant, c’était de la part du compositeur un revirement inattendu pour ses admirateurs, dont les responsables de Galaxie Jarre, un site consacré à l’artiste par ses inconditionnels.  On y trouve d’ailleurs un message de JMJ daté de 1996 où le compositeur proclamait «Il est urgent que nous investissions Internet [...] laissons un Chinois de Shangai décoder un poème grec, un amazonien admirer un tableau de Matisse, et un aborigène australien fredonner un air de Piaf ou une ballade irlandaise».  Et des juristes proposer des honoraires de surveillance...

La question des droits de reproduction a fait l’objet d’un début de discussion à l’occasion d’une rencontre organisée par le Forum des inforoutes et du multimédia (FIM) et rapportée par Multimédium.  Points de vue traditionnels, sauf peut-être pour le compositeur Michel Cusson pour qui «le monde de la musique tournait un peu en rond depuis une couple d'années.  L'industrie avait besoin de se faire brasser et, comme ça à la fin des années 1990 ça donne un bon “kick in the ass”», ajoutant qu’il voit dans les MP3 un débouché créatif additionnel.

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 Le Québec se livre à Paris
Un 19e Salon du Livre de Paris, événement société et culture sans pareil.  Sur une surface totale de cinq hectares, on attend 220 000 visiteurs (dont 36 000 professionnels), 1 850 éditeurs provenant de 19 régions françaises et de 22 pays, et 1 600 auteurs.

Yahoo! France nous offre un site des plus complets, l’essentiel du Salon, et ce n’est pas ici un vain mot car l’équipe y a mis le paquet.  Du très beau travail.

Après les États-Unis en 1996, le Japon en 1997 et le Brésil en 1998, le Québec est l’invité spécial du Salon du livre de Paris.  Mine de rien, plus de 500 auteurs, éditeurs, agents, pique-assiettes et politiciens font partie du contingent appelé à représenter les lettres québécoises.  On ne s’étonnera pas que les cafés BCBG du Plateau Mont-Royal ou d’Outremont résonnent de l’écho de toutes ces places vides, «tout le monde est à Paris». 

Le journal Le Monde publie un texte de Jacques Godbout, «Étranger parmi vous», dans lequel l’auteur et cinéaste écrit que le Canada est la seule implantation française en terre étrangère qui ait réussi, et le Québec, sa dimension américaine.  Godbout aborde plusieurs points de l’histoire moderne du Québec, y compris la visite du Général de Gaulle dont il dit qu’il n’avait pas compris, en 1967, que le Québec voulait, à ce moment-là, «se libérer simultanément de Rome, de Paris et d'Ottawashington».  Godbout résume et explique «Tout simplement, nous arrivons d'Amérique, où nous habitons la seule implantation française qui ait réussi, n'en déplaise à Voltaire!» Rappelons qu’il rejoint ici le concept d’«identité amériquoise» que nous avons déjà développé dans d’autres forums.

Le cahier Livres de Libération, édition du 18 mars, nous propose un «Spécial Québec» bien étoffé.  Libé n’aura pas attendu le débarquement, il a dépêché des éclaireurs en cette terre lointaine où le printemps se fait encore attendre, à ce point que cette année, on se le fait en France, notre printemps.

Mais revenons aux livres et au cahier spécial de Libération.  On y trouvera des observations intéressantes, tant du point de vue de l’observateur que de l’observé.  «...  des romans et des nouvelles de Monique Proulx, dans la lignée de Tchekhov et Carver, en plus joyeux», «...  des nouvelles d'amour, de sexe et de mort, par Suzanne Jacob, élevée chez les sœurs», «Natif de Trinidad, arrivé au Canada il y a vingt-cinq ans, Neil Bissoondath s'attaque aux mythes bien-pensants d'une société pluriethnique», «Sergio Kokis a quitté le Brésil après le coup d'Etat de 1964», «Né à Port-au-Prince en 1940 et au Québec depuis trois décennies, Emile Ollivier raconte son arrivée par le cap Nord», «Un roman mi-figue mi-cul, écrit vite fait par Robert Charlebois, un chanteur pas ordinaire qui croit qu'y peut tout spermette», et plusieurs autres.

On retiendra aussi de Pierre Marcelle «Crucifix et Bombardier» où il est question, on l’aura compris ici, de Denise Bombardier.  «Ainsi, curée de gauche et de choc, incarne-t-elle surtout la furieuse alliance de la parole qui sabre et de la pensée qui goupillonne : son discours est d'un moralisme qui dépasse largement les frontières du continent américain, et sa rédaction en français n'en fait pas une exception culturelle (si exception il y a, à peine est-elle ethnologique).  Sa littérarité – ou bien plutôt son a-littérarité – lui ouvre naturellement les marchés normalisés de l'Occident chrétien, autant dire le degré zéro universel de la pensée sentimentalisée [...] Deux écrivains québécois parlaient, samedi soir sur Arte (dans Métropolis), de cette “tradition de terroir” qui alimenta si longtemps leurs lettres, et dont, sollicitant une modernité post-industrielle et américaine, ils semblent avides de s'émanciper.  Évoquant le poids encore étouffant du national et du religieux, l'un, Sergio Kokis, eut cette belle expression: “Je reste pas dans cette maison étouffante.” De cette maison, on eût juré que la concierge, campée sur le seuil avec un rouleau à pâtisserie en guise de porte-plume, s'appelait Denise Bombardier.»

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 Vie privée : Microsoft disculpée par son obligé
Le groupe TRUSTe, émanation du secteur privé et des velléités d’autoréglementation, s’est donné pour mission d’instaurer sur le Web un climat de confiance concernant la protection de vos renseignements personnels.  Sans but lucratif et se proclamant indépendant, TRUSTe permet aux entreprises fonctionnant sur le réseau d’afficher un petit logo certifiant qu’elles adhèrent à son programme et se conforment à certaines directives en matière de respect de la vie privée.  Un citoyen se sentant lésé par une entreprise adhérente au programme (il y en a près de 500) peut déposer une plainte auprès de TRUSTe, bien que cette dernière suggère aux éventuels plaignants de chercher un règlement à l’amiable.

La semaine dernière, Jason Catlett, president du groupe Junkbusters qui milite contre les invasions de la vie privé a déposé plainte contre Microsoft auprès de TRUSTe.  La plainte impliquait la pratique, admise par Microsoft, de cueillette de renseignements personnels lors de l’enregistrement du système d’exploitation Windows 98 et dont nous faisions état en début de mois.

Réponse de TRUSTe? Certes un pratique déplorable, mais puisqu’elle ne procède pas de l’accès au site de Microsoft, TRUSTe n’y peut rien et refuse de donner suite.  Selon sa directrice Susan Scott, citée par CNet, «notre action débute et s’arrête au site Web».

David Banisar du Electronic Privacy Information Center (EPIC) estime que c’était là la première véritable occasion pour TRUSTe de démontrer que l’autoréglementation et les politiques volontaristes de l’industrie pouvaient avoir une influence, mais l’organisme a abdiqué.

Ce qui déçoit aussi, c’est que l’Electronic Frontier Foundation (EFF), un des organismes à l’origine de la mise sur pied de TRUSTe, ne se soit pas encore désolidarisé de l’organisme, ce qui entache pour bon nombre sa réputation d’intégrité.  Serait-ce précurseur d’une orientation nouvelle suite au changement de garde récent à la direction de l’EFF?

Microsoft, faut-il le dire, est un des principaux parrains corporatifs de TRUSTe.  Catlett et Junkbusters entendent maintenant saisir la Commission fédérale américaine sur le Commerce (FTC) de l’affaire Microsoft/Win98.

Toujours concernant la protection des renseignements personnels sur les sites Web, on note l’arrivée du programme BBBOnline, similaire à TRUSTe.  Inutile de préciser que Microsoft fait aussi partie des parrains corporatifs de BBBOnline.

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 MS Explorer relance le débat sur les fureteurs
Lancement, jeudi dernier, du fureteur Internet Explorer version 5 de Microsoft.  Version minimaliste de 7 Mo en téléchargement, ou disponible aussi sur cédérom en version complète.  Suggestion : certains périodiques imprimés vendus en kiosque offrent en boni des cédéroms contenant les plus récentes versions des fureteurs, belle économie de temps.

Exigences matérielles.  Mémoire vive : 16 Mo pour Win 95 et 98, 32 Mo en NT4.  Espace disque requis une fois l’installation complétée : 27 Mo pour la version dite minimale, 55 Mo pour l’installation typique et 80  Mo pour la version complète.  Les versions Mac et Unix suivront, ainsi que les inévitables rustines destinées à colmater les fuites de sécurité qui ne manqueront pas d’être découvertes.

Selon que l’on se fie à Microsoft ou aux critiques, la version 5 de Explorer est soit un gigantesque pas en avant, soit une simple mise à jour d’un produit déjà adéquat en version 4.  PCWeek Online lui consacre un banc d’essai.  Côté plus : installation et interface hautement personnalisable, aides accrues à la navigation, fonction courrier s’intégrant bien au service HotMail.  Côté moins : sa taille colossale, le filtre à courrier rebut retiré de Outlook par ordonnance d’un tribunal, l’absence de message de confirmation de sortie lorsqu’on quitte Hotmail.

En revanche, le Web Standards Project (WSP), une coalition de développeurs et utilisateurs qui milite pour des normes de base dans la technologie Web, déplore que Microsoft ne respecte pas les normes adoptées par le World Wide Web Consortium.  Le WSP cite l’inhabilité de l’Explorer à lire correctement les documents préparés en CSS (feuilles de style en cascade), modèle DOM (dynamic object model) et langage XML (eXtended Markup Language), des normes servant à bonifier de manière uniforme la présentation des documents sur le Web, quelle que soit la plate-forme utilisée.

Chez Netscape, le projet de code ouvert Mozilla/Gecko avance toujours, mais aucune date de sortie n’est fixée pour le nouveau «noeud» du fureteur.  Chris Oakes dans Wired s’inquiète des nombreux retards au calendrier de livraison des nouveaux produits Netscape, alors que CNNfn révèle que America Online, propriétaire de Netscape, envisagerait d’importantes compressions de personnel qui se solderaient par le licenciement de 20 % des employés actuels de l’entreprise qui a lancé les logiciels fureteurs.

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 L'URL à la page
Le Response Marketing Group, cabinet spécialisé dans l’évaluation de la rétroaction publicitaire, a mené une étude de contenu sur 4 066 publicités parues dans les grands périodiques américains.  Parmi les constatations, notons que 58 % des publicités de l’échantillon de l’étude comportaient une adresse Internet.

Les secteurs d’annonceurs les plus «branchés» sont l’immobilier, les services liés à l’eau, et les services de messageries et livraisons de colis; 100 % des publicités de ces entreprises offraient une adresse Internet.  Un peu surprenant, mais les publicités d’ordinateurs arrivent au quatrième rang pour ce qui est de la présentation d’une adresse Web (91 %), suivies des publicités pour les services de télécommunications et de matériel de bureau (90 %), de rénovation domiciliaire (88 %), du secteur des véhicules moteurs (87 %), des institutions financières (77 %), et de la programmation télévisée (75 %).

Par catégories de publications, 93 % des publicités dans les magazines d’informatique offrent des références Web, alors que c’est 88 % pour les publicités dans les publications nouvelles et actualités et 79 % des périodiques consacrés au monde de la finance.  D’autres catégories ne sont pas en reste : affaires (77 %), sports (71 %), nature/culture (68 %), véhicules moteurs (64 %) et divertissement (60 %) affichent bon nombre d’URLs dans les publicités qu’elles contiennent.

Cependant, l’adresse Internet d’un annonceur n’est très visible que dans 15 % de l’ensemble des publicités imprimées.

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 Arghhhhhhh!
Qui n’a pas, un jour ou l’autre, eu envie de malmener un peu son matériel informatique.  Les nouvelles applications qui plantent, les lenteurs abominables du réseau à certaines heures, le bruit insidieusement présent de la ventilation qui tout d’un coup s’amplifie au point de devenir insupportable.  Arghhhhhhh!

Consolez-vous, vous n’êtes pas seuls.  La société Concord Communications a mené une enquête auprès de responsables de réseaux d’entreprises dans le but de déterminer le degré de frustration des utilisateurs dont ils ont à assurer le soutien technique.  Le portrait n’est pas rose.  Les résultats de l’enquête nous apprennent que 83 % des répondants ont constaté des comportement d’abus, souvent violents, de la part d’utilisateurs qui s’en prennent au matériel lorsqu’ils éprouvent des difficultés à l’exploiter.

La principale victime de ce défoulement est le clavier, suivi ex aequo de la souris et de l’écran, le disque dur arrivant en troisième place.

Dur dur la vie d’administrateur de réseau qui doit aussi jouer le rôle d’accompagnateur technique.  Dans une proportion de 47 %, ils avouent ne pouvoir prendre une pause repas sans être dérangés par leur téléavertisseur; 40 % disent recevoir entre 6 et 11 appels à l’aide par jour; 72 % confient avoir eu recours à des objets destinés à apaiser le stress, mais 43 % l’ont égaré ou détruit dans un accès de rage ou de frustration.  Bilan : 52 % estiment toute résistance futile.

Selon le psychologue Will Calmas (nom prédestiné), le personnel qui travaille sous pression ou qui doit respecter des échéances cruciales peut éprouver de la frustration et perdre la maîtrise de son tempérament.  «Plutôt que d’exprimer cette angoisse à leurs supérieurs, certaines personnes s’en prennent à des objets inanimés, et ce sont souvent les écrans, les claviers et les souris qui écoppent.»

Kevin Conklin, v.-p.  marketing chez Concord Communications, estime pour sa part qu’il faut concevoir un rôle élargi pour les gestionnaires de réseaux qui doivent aussi, parfois, se comporter en éducateurs patients.

Comme me disait déjà un éditeur : soyons Zen.

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 Passons par quatre chemins
C’est ce mercredi que sera officiellement lancé le site Web de l’émission «Par 4 chemins» qu’anime depuis déjà plus de 27 ans l’homme de communication Jacques Languirand sur les ondes de la radio de Radio-Canada.  L’invitation au lancement précise qu’il s’agit de la «phase I» du site, ce qui augure bien vu ce qu’il nous est donné de constater des éléments déjà en place.  De très nombreux textes et transcriptions d’émissions, un salon des invités qui nous réconcilie avec Christiane Charette, des archives sonores en RealAudio, et plus encore.

Une confidence.  Jacques Languirand est une des personnes qui a le plus profondément marqué mon apprentissage des mécanismes de la communication.  Début et milieu des années soixante-dix, l’écoute de son émission alors diffusée à dix-neuf heures était un rituel.  Bon nombre, car je n’étais pas seul, sentaient que si les thèmes abordés étaient éclectiques, on n’en avait pas moins l’impression de se faire parler des «vraies choses».  Si le technique rejoignait l’ésotérique dans un heureux fouillis cosmique, Languirand n’en communiquait pas moins l’envie de lire, de chercher, d’approfondir, de se questionner.

Phénomène d’une génération qui avait du mal à lâcher prise et tentait de faire sombrer dans l’oubli la gifle et les longues soirées d’un octobre 1970? Je ne sais trop, même aujourd’hui.  À l’époque où il était «écrivain en résidence» à l’Université d’Ottawa (le titre pompeux le faisait rire autant que nous), il prit un soir le temps, après son émission, de venir échanger avec une bande de joyeux lurons.  C’est peut-être de là que je tiens ma préférence pour le port des bretelles.  Qui sait.

En 1972, Jacques Languirand publiait chez Ferron Éditeur un ouvrage charnière, un livre mosaïque, «De McLuhan à Pythagore».  Dans une entrevue accordée au critique Réginald Martel, il expliquait qu’à une époque où la technologie faisait s’épanouir la communication en d’innombrables branches, il importait de s’interroger sur les racines.

Languirand écrit, en avant-propos du site Web, «Mon métier de communicateur aura toujours été pour moi l'occasion de m'instruire.  Je peux dire que la curiosité et la faculté d'émerveillement ne se sont jamais émoussés chez moi.  Le goût de l'étude s'est même développé avec l'âge.  Sans doute parce que je pratique un merveilleux métier qui me permet de m'instruire en public.  Tout le monde éprouve le besoin de plaire, d'être aimé.  J'ai découvert que je pouvais plaire – relativement – en m'instruisant en public...  Le secret est de susciter l'intérêt et de l'entretenir.  Mais j'aime bien aussi amuser la galerie.  Je demeure sans doute un homme de spectacle.  Toute communication, du reste, tient du spectacle.  Mais je ne cherche pas pour autant à être drôle.  On dit que je le suis à l'occasion.  Cela vient sans doute de ce que je m'instruis en m'amusant – ou que je m'amuse en m'instruisant...».

Un site porteur auquel nous souhaitons une belle continuation.  Et pour nos amis de l’étranger, soulignons qu’en plus des archives sonores sur le site, l’émission «Par 4 chemins» est diffusée en RealAudio du lundi au jeudi, à 22h10 heure de Montréal.

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 Beau détour
Iront, iront pas? Au moment d’écrire ces lignes, on se demande toujours si l’OTAN procédera à des frappes aériennes au Kosovo, et quels seront cette fois les «dégats collatéraux» chez les civils doublement victimes.  Détour sur l’actualité, donc, avec les photos du reporter québécois Jean-François Bélanger.

Et sur ce, nous vous souhaitons quand même une excellente semaine.

Écrire à Jean-Pierre Cloutier


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