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Les Chroniques de Cybérie
27 avril 1999

© Les Éditions Cybérie inc.

27 avril 1999

Salutations à tous les Cybériens et Cybériennes!

Cette Chronique n'est optimisée ni pour Netscape, ni pour Internet Explorer, elle l'est pour ses lecteurs et lectrices.

Cette semaine...

Serbie/Kosovo : une voix dissidente
Virus CIH/Chernobyl : peu de dommages
Le retard québécois se confirme
Droits d’auteurs des journalistes : un conflit
Attention, zone scolaire
Balises illégales
Time Warner démantèle son portail
Journée mondiale de la liberté de la presse
Beau détour

 Serbie/Kosovo : une voix dissidente
C’est Vuk Draskovic, vice-premier ministre de la République fédérale de Yougoslavie, qui affirme que Milosevic devait accepter une force de maintien de la paix au Kosovo.  Il se dit prêt à déclencher des manifestations si le régime de Belgrade entérinait la décision de placer la télévision privée Studio B sous la férule de l'armée, s’en prenant à la désinformation pratiquée par les autorités.

«Dis, Maman, c'est quoi le Kosovo?» La guerre avec des mots d'enfants dans Libération.  Comment une équipe de télévision française répond à ces questions.

Au Canada, le ministre de la Défense, Art Eggleton a déclaré le 21 avril que depuis le début de la campagne de frappes aériennes, les coûts directs de l’implication canadienne étaient de 12 millions de dollars.  Le Premier ministre Jean Chrétien accordait une entrevue aux deux chaînes publiques de télévision RC et CBC.  Le lendemain, la presse nationale titrait que la participation canadienne aux frappes de l’OTAN coûtait un million de dollars par jour.  Pourtant, l’enregistrement de l’entrevue ne ment pas : «Je ne sais pas exactement...  un million par jour...  un ou deux...».  C’est quand même du simple au double.

Pour faire le point, nos «Ressources et références sur Serbie/Kosovo».

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 Virus CIH/Chernobyl : peu de dommages
Lundi, 26 avril, marquait le treizième anniversaire de l’incident nucléaire de Tchernobyl, et un malin virus informatique, le CIH/Chernobyl (orthographe anglais) qui se répandait depuis quelque temps devait se déclencher.  Tout compte fait, peu de dommages si on en croit Datafellows, société spécialisée en sécurité informatique.  Par contre, les systèmes touchés par le CIH/Chernobyl ont encaissé un dur coup.  Ainsi, si l’écran d’un ordinateur a ressemblé à ceci, c’est que le BIOS (basic input/output system), le système nerveux central d’une machine, a été affecté et que le disque dur a probablement été effacé.

Rappelons que le CIH/Chernobyl est une variante de la souche CIH, que ce virus ne s’attaque qu’aux systèmes exploités sous Windows 95/98, et que les virus de la souche mère s’activent tous les 26 du mois.

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 Le retard québécois se confirme
Bien que les statistiques pancanadiennes sur la pénétration d’Internet dans les ménages soient positives, le Québec traîne sérieusement de l’arrière à ce chapitre.  C’est une des conclusions que l’on tire des données récentes publiées par Statistique Canada sur l’utilisation d'Internet au pays.

En 1998, 4 272 000 ménages comptaient au moins un membre qui communiquait par ordinateur au cours d'un mois type, en hausse de 25 % par rapport à 1997.  Ces ménages représentaient 35,9 % de tous les ménages en 1998, comparativement à 29 % l'année précédente; 86 % des ménages comptant un utilisateur régulier ont indiqué se servir d'Internet pour envoyer et recevoir des messages par courrier électronique et 78 %, pour naviguer sur le Web.

Si la moyenne nationale de branchement/utilisation est de 35,9 %, elle n’est cependant que de 26,2 % au Québec, le taux le plus faible au pays, le seul avec Terre-Neuve (28,9 %) à se situer sous la barre des 30 %.  L’Alberta (45,1 %) et la Colombie-Britannique (42 %) dominent le palmarès de branchement des provinces.  Le tableau des statistiques ventilées illustre ces importants écarts.

La proportion de ménages qui communiquent régulièrement par ordinateur, quel que soit le lieu d'utilisation, a augmenté dans toutes les provinces de 1997 à 1998, lit-on dans le texte explicatif de Statistique Canada.  Mais si la plus forte augmentation a été observée en Alberta puis en Colombie-Britannique le plus faible pourcentage d’augmentation a été enregistré au Québec (26 %) même s’il représente quand même une augmentation considérable par rapport à l'année précédente où celui-ci n'était que de 20 %.

Bref, plus faible taux d’utilisation et plus faible taux d’augmentation.

Ces données tombent quelques semaines après que la firme ScienceTech ait publié les résultats de son étude Cybermarketing Québec 1999 qui notait le peu d’engouement des entreprises québécoises pour la présence Web et le commerce électronique.  Seulement 60 % des entreprises de 100 employés et plus (2 024) ont un site Web, tout au plus 80 d’entre elles disposent de l’infrastructure nécessaire au commerce électronique (serveur sécurisé).  Pas très empressées de faire connaître leurs sites, 19 % des entreprises présentes sur le Web ont engagé des dépenses publicitaires sur Internet, le plus souvent de l’ordre d’environ 5 000 $.

Pendant ce temps, le Premier ministre Lucien Bouchard et le ministre de l’Économie et des Finances, Bernard Landry, se félicitent de la création d’emploi dans le contexte très fragile, malgré les coulées de béton, de la Cité du multimédia à Montréal.  Selon M.  Bouchard, «Le programme de la Cité du multimédia, inauguré le 15 juin 1998, connaît jusqu'à présent un succès remarquable.  Après seulement dix mois, 36 entreprises ont choisi d'y oeuvrer et d'y créer 5 165 emplois», un rythme «dix fois plus rapide que prévu» de renchérir M.  Landry. 

Mais il faut dire que faute de pouvoir accommoder immédiatement les entreprises en raison de sérieux retards, le gouvernement déroule le tapis rouge aux investisseurs.  Ainsi, les entreprises qui s’installent dans la Cité sont admissibles à un crédit d'impôt remboursable pouvant atteindre 60 % des salaires versés, jusqu'à un maximum de 25 000 $ par emploi, et ce d'ici le 15 juin 1999.  L'aide fiscale s'établit ensuite à 40 % des salaires versés, jusqu'à un maximum de 15 000 $ par emploi, jusqu'au 31 décembre 2010.  De plus, le programme des Centres de développement des technologies de l'information (CDTI) prévoit un congé fiscal de cinq ans aux entreprises et aux formateurs étrangers ainsi qu'un crédit d'impôt remboursable à l'égard des équipements spécialisés.  À lire, l’article du 20 janvier de Marie-Andrée Amiot dans la Cyberpresse.

Bilan : Internet, multimédia et nouvelles technologies, on ne consommera peut-être pas beaucoup, mais on exportera.  Un peu comme la Malaisie, quoi.

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 Droits d’auteurs des journalistes : un conflit
L’Association des journalistes indépendants du Québec (AJIQ), la Confédération des Syndicats nationaux et la Fédération nationale des communications (FNC-CSN) ont conjointement mis en demeure les principaux quotidiens et magazines du Québec ainsi que la société CEDROM-SNI les enjoignant de négocier des droits d'utilisation des articles des pigistes.  L’avertissement est venu le 22 avril et précise par la voix de Gérald Larose, président de la CSN, que «Si d'ici dix jours, aucune négociation n'est amorcée malgré cet ultimatum, nous prendrons les grands moyens.»

Les grands moyens : un recours collectif pour réclamer des dommages et intérêts de plus de 30 millions de dollars aux entreprises de la presse écrite du Québec.  Selon le communiqué émis par l’AJIQ, la CSN et la FNC, les quotidiens, hebdomadaires et magazines du Québec vendent à CEDROM-SNI l'ensemble des articles qu'ils publient sans obtenir le consentement de leurs journalistes pigistes et sans leur verser des redevances, bafouant ainsi la Loi canadienne sur le droit d'auteur.  CEDROM-SNI achète de ces principaux médias écrits du Québec leurs articles pour sa base de données électronique, puis les revend à l'unité et sur une base mensuelle ou annuelle sur son site Internet depuis 1995, ou encore par abonnement sur cédéroms. 

On reconnaîtra certainement la valeur de l’argument en vertu duquel il faut imposer un peu plus d’équité dans la reproduction des contenus, mais il y a de quoi se demander si les réclamations sont réalistes.

L'AJIQ dit avoir répertorié à ce jour près de 15 000 articles de pigistes vendus à CEDROM-SNI sans leur consentement et pour lesquels elle demandera des dommages et intérêts généraux pour reproductions non autorisées qui pourraient atteindre 30 millions de dollars, soit 2 000 $ pour chaque vente et reproduction d'un article sans consentement.  Plus loin, on explique que les pigistes reçoivent encore en moyenne aujourd'hui entre 50 et 100 dollars le feuillet (unité de mesure de la longueur d'un article : 25 lignes de 60 caractères, espaces compris, soit 1 500 caractères ou signes).  Et comme les textes doivent être plus courts, leur cachet a même baissé pour un travail équivalent. 

Si on admettait que la longueur moyenne des articles soit de quatre feuillets (ce qui est une mesure généreuse), et que l’employeur verse 100 $ le feuillet (tout aussi généreux), un article serait payé 400 $.  Or, plutôt que de demander une rétribution égale, on y va pour des dommages et intérêts du quintuple de la valeur.

Dans un contexte différent, mais tout de même pertinent, examinons comment s’est soldé le procès intenté par le Syndicat national des journalistes français (SNJ) par huit journalistes du Figaro qui soutenaient que le journal n'avait pas les droits de rediffusion des articles, et que la rémunération ne correspondait qu'à la première publication sur le journal-papier.  Le jugement rendu récemment interdit au Figaro d'exploiter, via le Minitel ou l'Internet, les articles des journalistes de sa rédaction sans autorisation de ceux-ci peut-on lire dans Libération.  Les magistrats ont estimé que toute reproduction «sur un nouveau support résultant de la technologie récente» (Minitel, Internet, cédérom) nécessite rétribution.  Libération évoque le cas du journal Dernières Nouvelles d'Alsace où les journalistes ont obtenu une rémunération de 10 % de la marge nette dégagée par la diffusion électronique de leurs articles.  On est loin de la marge au quintuple de la rémunération de première publication.

Une affaire à suivre à l’échéance de l’ultimatum, dans quelques jours. 

Complément d’info, «Droits d’auteur : les pigistes montent au front», dans LE 30, magazine de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec, un article de Sophie Beaudoin sur les démêlés de l’AJIQ avec le quotidien La Presse, toujours concernant les droits des pigistes relatifs à la reproduction de leurs articles sur Internet.

L’auteur de ces lignes tient à préciser qu’il n’est membre d’aucun syndicat ou association de journalistes.

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 Attention, zone scolaire
La Commission québécoise d'accès à l'information (CAI) vient de publier un guide pédagogique pour la construction et la fréquentation sécuritaire des sites Web «Inforoute, attention zone scolaire».  Le document, disponible sur Internet, est axé sur la protection des renseignements personnels et le respect de la vie privée des élèves.  Bien qu’élaboré par un comité composé de représentants de ministères et organismes du secteur québécois de l’éducation, le document n’est pas rédigé dans un contexte strictement québécois, ce qui en fait un outil valable dans l’ensemble de la Francophonie.  En outre, il s’adresse tant aux éducateurs qu’aux parents et élèves.

On y trouve bon nombre d’initiatives intéressantes, dont celle de sensibiliser les élèves aux enjeux relatifs à la protection de leur vie privée et à celle de leurs parents lorsqu'ils naviguent sur Internet ou diffusent des renseignements les concernant.  Choix d’un fournisseur d’accès, choix d’une adresse non nominative pour les enfants d’âge mineur, politique de confidentialité des sites que l’on visite, on passe en revue la plupart des éléments relatifs à l’utilisation d’Internet.

Nous avons bien aimé le ton de l’ouvrage, simple, sans jargon technique, à la portée de tous, qui ne tombe cependant pas dans la facilité.  Par exemple, sur la question controversée des logiciels destinés à filtrer les contenus qui pourraient ne pas convenir à des mineurs, on précise qu’ils ne sont pas parfaits, et on préfère insister sur l'engagement, la participation et la supervision de la part des parents qui demeurent essentiels.

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 Balises illégales
Un dossier qui traîne depuis longtemps vient, du moins partiellement, d’être tranché par un tribunal d’appel américain.  Il est désormais illégal pour les entreprises californiennes, et celles de huit États de l’ouest américain, d’utiliser dans les balises meta de leurs sites Web, les noms de leurs concurrents.  Les balises meta (métainformations, marqueurs de métaéléments) sont des mots clés insérées dans le code HTML d'une page.  Ils n'apparaissent pas directement à l'écran, mais sont lus par les robots d'indexage des moteurs de recherche.  On peut les consulter en activant la fonction d'affichage de la source du document (en Netscape, «Afficher, Source de la page).

Le dossier n’est pas nouveau, nous en traitions en septembre 1997 alors que la société Playboy Enterprises obtenait une injonction préliminaire interdisant à un exploitant d’un site de photos érotiques d'utiliser les marques de commerce qui n’étaient pas siennes dans ses métainformations.  Le but visé par l’intimé était bien simple : en insérant ces mots clés sur les pages de son site Web, l'exploitant du site espérait qu'une recherche sur un moteur ayant pour mot clé «playboy» ou «playmate» allait pointer, entre autres, vers son site.

Cette fois, c’est la société détentrice du site Moviebuff Online, Brookfield Communications, qui a obtenu gain de cause dans une dispute impliquant la société West Coast Entertainment Corp.  au sujet de l’utilisation du nom de domaine moviebuff.com.  La plainte, déposée en novembre 1998, avait été entendue par un juge de tribunal de première instance qui avait tranché en faveur de West Coast Entertainment.  Mais ce jugement a été renversé en cour d’appel la semaine dernière.

Allant au delà du débat sur le nom de domaine, un magistrat de la cour d’appel a ordonné l’émission d’une injonction permanente contre l’utilisation de noms de concurrents commerciaux dans les balises meta, ce qui constitue un solide élément de jurisprudence.  Selon le tribunal, l’utilisation de noms de concurrents dans les balises meta équivaut à «afficher une pancarte sur laquelle figure la marque de commerce d’un concurrent».  Les sociétés pourront néanmoins utiliser les noms et marques de commerce de leurs concurrents sur leurs sites Web, mais simplement dans le cadre de comparaisons entre produits.

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 Time Warner démantèle son portail
La société Time Warner a décidé de démanteler Pathfinder, son portail nouvelles qui servait de tremplin à ses nombreuses publications (Time, People, Money, Fortune, etc.).  Lancé en 1994, ce qui en fait le précurseur et devancier des portails actuels, le site sera totalement abandonné d’ici quelques mois, le temps de restructurer en logique et relationnel les nombreuses destinations que Pathfinder proposait.

Selon un porte-parole de Time New Media, cité par News.Com, c’est 98 % de l’achalandage sur les produits Web de Time Warner qui se font en accès direct, sans passer par le guichet de Pathfinder.  En outre, la concurrence de portails offrant une gamme de services (recherche, adresses de courrier électronique et autres) aurait facilité la décision.

Pathfinder, en plus d’innover dans la formule de destination unique, avait été au tout début du développement du Web au centre de la controverse entourant la diffusion gratuite de l’information.  Fallait-il offrir gratuitement le contenu sur le Web, au risque de concurrencer ses propres imprimés et les revenus publicitaires qu’ils généraient? L’expérience de Pathfinder aura donc été déterminante, car peu d’éditeurs optent maintenant pour les formules payantes.  Tout au plus demande-t-on une inscription gratuite, question de valider la portée démographique de l’achalandage.

La question est maintenant de savoir si la décision de Time Warner aura une incidence sur la myriade d’autres portails qui se sont multipliés depuis quelques années.  En fait, si une telle proportion de l’achalandage se dirigeait directement sur les produits Web de Time Warner, on peut y voir une maturation de la clientèle sur le Web qui souhaite prendre un raccourci que les portails, en raison de leur surcharge informationnelle, n’offrent plus.  Cette clientèle plus expérimentée, maîtrisant mieux les outils, commencerait donc à avoir des schémas types de consommation d’information.

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 Journée mondiale de la liberté de la presse
Lundi prochain, 3 mai, Journée mondiale de la liberté de la presse.  Pourquoi le 3 mai? Cette date marque l'anniversaire de la Déclaration de Windhoek, une déclaration de principes adoptée par des journalistes africains en 1991, puis endossée par l’UNESCO, appelant à des médias libres, indépendants et pluralistes sur le continent africain et à travers le monde.  Cette déclaration affirme qu'une presse libre est essentielle à l'existence de la démocratie et constitue un objectif humain fondamental.  Elle constitue une pierre angulaire dans la lutte pour la liberté de la presse dans toutes les régions du monde. 

En 1998, on rapporte 28 journalistes assassinés dans 13 pays, 117 détenus en prison dans 25 pays, la pratique de censure et répression dans 119 États.  Un dossier sur Web de l’Association mondiale des journaux, y compris quelques essais dont un texte de Milos Vasic, président de l'Association des Journalistes Indépendants de Serbie depuis 1997, intitulé «Le mur de Berlin n'est pas tombé en Serbie».  Vasic y raconte qu’en octobre 1998, le président Milosevic a décidé de réprimer violemment la presse libre : une nouvelle Loi sur l'Information Publique a été adoptée en Serbie par son parlement, qui l'a approuvée sans discussion.  Les amendes imposées par cette loi sont 50 fois supérieures à celles appliquées par le code pénal pour des délits graves.  Mais l'aspect le plus scandaleux de cette loi est que même des informations absolument fondées et publiées de bonne foi par des journalistes professionnels peuvent donner lieu à des poursuites.

À lire aussi dans ce dossier, du Mexicain Jesus Blancornelas, «80 000 dollars : le prix d'un journaliste (mort) au Mexique».

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 Beau détour
Cette semaine, non pas une mais plusieurs galeries sur le site iTis Photo.

Sur ce, nous vous souhaitons à tous et toutes une excellente semaine.

Écrire à Jean-Pierre Cloutier


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