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Les Chroniques de Cybérie
6 juillet 1999

© Les Éditions Cybérie inc.

6 juillet 1999

Salutations à tous les Cybériens et Cybériennes!

Cette Chronique n'est optimisée ni pour Netscape, ni pour Internet Explorer, elle l'est pour ses lecteurs et lectrices.

Cette semaine...

Dossier AltaVista : Compaq vend, CMGI achète
Dossier AltaVista : Qui est CMGI?
Dossier AltaVista : L’évolution
Dossier AltaVista : L’avenir
Travail au noir : enquête officielle
Pornographie juvénile : décision renversante
Graffitis sur le Web
L’anonymat «socialement souhaitable»
Le public critique de sa presse
En bref...
Parle parle, jazz jazz
Beau détour

 Dossier AltaVista : Compaq vend, CMGI achète
Les rumeurs circulaient, puis Dan Dorfman sur son site d’information financière JagNotes vint les confirmer.  Le fabricant d’ordinateurs Compaq, propriétaire depuis l’acquisition de Digital Equipment du moteur AltaVista, entretenait des pourparlers avec la société CMGI en vue de s’en départir.

Mardi dernier, la nouvelle était confirmée, CMGI prenait une participation à hauteur de 83 % dans AltaVista, et Compaq conservait la balance.  CMGI offrait 19 millions de ses actions ordinaires, et l’équivalent de 1,8 million d’actions ordinaires en actions privilégiées.  En outre, CMGI s’engageait à verser à Compaq 220 millions de dollars au cours des trois prochaines années.  Valeur globale de la transaction : 2,03 milliards de dollars au cours actuel du titre de CMGI.

CMGI entend retenir les 475 employés de Compaq, y compris son directeur Rod Schrock.  Bien que déjà propriétaire des régies publicitaires AdSmart et Engage, CMGI a signifié son intention de respecter le contrat de trois ans, signé en janvier dernier, qui lie AltaVista à la régie DoubleClick.  Bien que DoubleClick dise représenter plus de 1 500 sites Web, c’est néanmoins 43 % de son chiffre d’affaires qui provient de son contrat avec AltaVista.

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 Dossier AltaVista : Qui est CMGI?
En mars dernier, le netmag Red Herring, spécialisé en information financière, publiait un dossier sur ce géant tranquille de l’économie réseau.  CMGI est un écheveau complexe de prises de participation dans des entreprises dont Lycos, GeoCities, Virtual Ink, Ancestry.com, Amazon.Com, AdSmart, Engage, etc.  Elle est aussi partenaire de plusieurs gros noms dont Bertelsmann, Microsoft, Intel, Vulcan Ventures, King World Productions, et Jafco America Ventures.  Bref, les revenus de CMGI proviennent principalement de la vente et de l’échange d’actions.  Le portefeuille de CMGI pèse 9 milliards en bourse, selon le Red Herring c’est trente fois plus que ce qu’elle peut espérer en revenus.  Et l’entreprise évolue néanmoins dans l’encre rouge, elle déclarait en avril dernier des pertes de 27,8 millions de dollars pour son dernier trimestre.

Un autre fait, relevé aussi récemment par le Red Herring, concerne l’obligation de CMGI de se plier aux règles de la Securities and Exchange Commission (SEC), la commission américaine des valeurs mobilières.  D’ici octobre, CMGI devra démontrer à la SEC que ses revenus d’exploitation dépassent les rentrées découlant de ventes ou échanges d’actions, sinon elle devra changer de statut et se transformer en société de fonds mutuels.

Détail, direz-vous? Pas pour les actionnaires de CMGI.  L’attrait de CMGI, comme bien des sociétés de l’économie nouvelle, ne réside pas dans les dividendes versés, mais bien dans sa valeur en bourse.  Si CMGI devient une société de fonds mutuels, elle devra remettre à ses actionnaires, sous formes de dividendes, les gains de capitaux réalisés, et les actionnaires risquent fort de se voir pénalisés par le fisc.  D’où, pour CMGI, l’intérêt d’une stratégie portail pour diversifier ses revenus.

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 L'évolution
Mais revenons à AltaVista, rappelons-le, lancé en décembre 1995.  Premier moteur à établir l’équivalence des caractères accentués (caractéristique non négligeable pour francophones et non anglophones), AltaVista s’est vite taillé une place de choix dans les signets et les coeurs des utilisateurs.  Le Français Louis Monier, grand architecte d’AltaVista, n’avait mis que huit mois pour réaliser le projet du plus puissant moteur de recherche de l’époque.  D’après Monier, «il n'y a qu'un endroit au monde où cela était possible : dans les laboratoires de Digital.»

Vint ensuite une concurrence sur le plan technique avec l’arrivée des HotBot, Excite, et Infoseek, et la vague des portails et de la rentabilisation publicitaire.  AltaVista semblait perdre du terrain, malgré des produits novateurs et adaptables comme Cassiopée (moteur AltaVista adapté à l’ensemble des sites de l’administration publique québécoise) ou Discovery (moteur AltaVista pour la recherche dans vos documents et/ou sur le Web).

Fin avril, début mai, Louis Monier quittait Digital/AltaVista.  Bien que l’intéressé et son employeur l’eussent nié, certains observateurs ont évoqué un conflit sur la méthode de «paiement pour positionnement» dans les résultats de recherche.  «Pure coïncidence» selon Monier qui disait avoir souhaité une forme quelconque de paiement, mais différente de celle adoptée pour AltaVista.  «La mise en oeuvre ne correspond pas vraiment à ce que j’envisageais», qui aurait davantage ressemblé à «un véritable encan, pour les acteurs modestes, et non pour les gros joueurs par l’entremise des agences de publicité».  Depuis, Monier s’est joint à l’équipe de direction de la société DoubleBill, dont il est difficile de connaître la nature des projets, sauf pour savoir qu’elle recrute un effectif de gestionnaires possédant une expérience dans les médias, la technologie et le commerce électronique.

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 L'avenir
Quel avenir pour AltaVista? Au même moment où se déroulaient les négociations de vente, AltaVista refondait son interface de présentation qui prend maintenant une allure davantage portail.  Nous avons demandé à Olivier Andrieu, observateur aguerri des moteurs de recherche et portails et éditeur de Abondance.Com, comment se dessinait l’avenir pour AltaVista.  Selon Andrieu, il y a encore des places a prendre pour des sites refondus comme AltaVista.  «Aucun moteur n'émerge réellement en qualité de résultat, et même des nouveaux venus comme Google ont leur mot à dire.  Les gens sont en règle générale satisfaits des annuaires, mais pas vraiment des moteurs de recherche qui reste donc, à mon avis, un domaine très ouvert.  Que le meilleur gagne ! Mais les moteurs ont perdu ces temps derniers, il me semble, beaucoup de temps à combattre le spamdexing [Ndlr.  Utilisation abusive des balises meta.] et ont un peu oublié que leur but était de répondre avec la plus grande pertinence possible aux requêtes des utilisateurs...  [...] J'espère seulement qu’AltaVista, l'un des meilleurs moteurs mondiaux résiste à la tentation du portail “fourre-tout”.  Quand on voit la page d'accueil d'Excite, on comprend ce que je veux dire!»

Chose certaine, les boursicoteurs attendent avec impatience le placement initial de titre pour AltaVista, ce qui ne saurait tarder une fois la transaction Compaq/CMGI consommée.

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 Travail au noir : enquête officielle
Le dossier choc du Mercury News / SiliconValley.Com sur le travail au noir dans la Silicon Valley et le recours à des travailleurs immigrants dont nous vous parlions la semaine dernière a effectivement provoqué des remous.  Les autorités fédérales américaines, ainsi que celles de l’État de Californie, ont annoncé l’ouverture immédiate d’une enquête officielle sur les pratiques d’emploi dans la Silicon Valley, le premier examen sérieux de la situation depuis dix-neuf ans.

Marcy Saunders, la commissaire au Travail de l’État de Californie, a annoncé la mise sur pied d’un groupe de travail qui comprendra, entre autres, des représentants de la Occupational Safety and Health Administration (commission américaine de la santé et sécurité au travail) et du Internal Revenue Service (fisc américain).  Un responsable du ministère fédéral du travail a aussi confirmé que l’enquête portera sur des infractions à la réglementation des heures de travail supplémentaires, aux lois régissant le travail des enfants, ainsi qu’aux lois fédérales sur la comptabilité et la tenue de livres des entreprises.

L’enquête pourrait également avoir des répercussions sur deux lois à l’étude à l’Assemblée législative de Californie, soit les projets de loi AB633 (responsabilité des fabricants de vêtements pour les abus commis par les sous-traitants) et AB60 (retour à la journée de travail de huit heures, abolie en 1998, temps supplémentaire versé seulement après quarante heures de travail en une semaine).

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 Pornographie juvénile : décision renversante
Les faits reprochés à l’accusé ne sont pas liés à l’Internet, mais, on le comprendra, la cause pourrait y avoir des incidences.  En janvier dernier, un juge de Colombie-Britannique statuait que l’article du Code criminel canadien qui interdit la possession de matériel de pornographie juvénile constituait une «atteinte sérieuse» à la liberté l’expression et au droit à la vie privée garantis en vertu de la Charte canadienne des droits et libertés.  Le magistrat avait estimé que «cette atteinte à la liberté d’expression et au droit à la vie privée est si profonde qu’elle n’est nullement compensée par les effets limités de la prohibition».

La cause entendue était celle de John Robin Sharpe, un homme de Vancouver qui faisait face à quatre chefs d’accusations découlant de deux arrestations.  Sharpe était accusé de possession de matériel de pornographie juvénile, et de possession dans le but de distribution et de vente.  Sharpe, qui comparaissait sans être représenté par un avocat, avait prétendu que ces accusations violaient ses droits constitutionnels.  La cause avait évidemment été portée en appel par le ministère public.

La semaine dernière, un panel de trois juges (deux femmes et un homme) de la Cour d’appel de Colombie-Britannique a maintenu la décision du tribunal de première instance qui invalidait les articles du Code criminel du Canada interdisant la possession de matériel de pornographie juvénile.

La signataire de la décision, la juge Mary Southin, écrit que la possession ne doit pas faire l’objet de recherches ou de poursuites de la part des autorités.  Et nous citons le paragraphe 94 de la décision : «Ce siècle a été celui de la Gestapo et du KGB, de l’État qui encourage les enfants à dénoncer aux autorités leurs parents, des portes fracassées et des livres brûlés, et tout ça au nom d’un certain concept des intérêts supérieurs.  Même si la possession de matériel qui encourage ou suggère un crime peut porter à croire que le propriétaire a eu pour idée [de commettre un crime], et ensuite à conclure qu’il aurait pu commettre ou qu’il a commis le crime en question, il ne relève pas de notre éthique politique de faire de cette possession un crime.»

Plus loin, la juge Southin écrit : «Je ne rejette nullement l’argument du procureur que la protection des enfants de toute exploitation sexuelle soit un souci pressant et d’importance pour notre société.  Je dis qu’outre rendre la simple possession de ce genre de matériel un crime, il doit exister d’autres moyens de s’attaquer au problème.» La juge Anne Rowles, dans les motifs de la décision (paragraphes 132 à 219), a abondé dans le même sens que la juge Southin.

Cependant, le juge Allan McEachern a tenu à enregistrer sa dissidence du jugement (paragraphes 220 à 294).  Convenant qu’il importe de protéger les citoyens de toute intrusion de l’État dans leur vie privée, le juge McEachern estime que «la protection des personnes en possession de pornographie juvénile, dans quelque but que ce soit, est si éloignée des valeurs de base sur lesquelles repose la Charte qu’elle pèse peu dans la balance, et que le droit de nos citoyens au respect de leur vie privée n’est nullement menacé par les dispositions de la loi.»

Moins d’une heure après que la décision de la Cour d’appel de Colombie-Britannique eut été rendue publique, le procureur général de la province annonçait son intention d’en appeler devant la Cour suprême.  L’opposition réformiste a demandé, en vain, l’interruption de la pause estivale des parlementaires pour tenir un débat d’urgence sur la décision, en plus de demander l’invocation de la «clause nonobstant» de la Constitution pour soustraire la loi interdisant la pornographie juvénile à toute décision des tribunaux.

Les libertés fondamentales, les garanties juridiques et les droits à l’égalité énoncés dans la Charte sont sujets à une clause qui permet au Parlement ou à une assemblée provinciale d’adopter des lois contraires aux principes de la Charte, exception faite des droits à l’égalité qui interdisent les discriminations fondées sur le sexe.  Pour pouvoir adopter de telles lois, cependant, le Parlement ou l’assemblée provinciale doit déclarer, de façon expresse, que la loi en question est adoptée «nonobstant» certaines dispositions données de la Charte.

Un dossier à suivre au cours des prochains mois.

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 Graffitis sur le Web
On a tous vu des graffitis sur les murs.  Exercices de libre expression, parfois humoristiques, parfois profonds, ou encore dont la signification échappe aux non initiés d’une sous-culture particulière.  Il y a aussi le brouillage culturel dont une des formes consiste à modifier le message d’affiches publicitaires.  Par exemple, une affiche publicitaire où figure un mannequin au corps émacié et sur lequel quelqu’un griffonne «J’AI FAIM!».

Le Web étant un espace public, il était donc normal que quelqu’un trouve une astuce permettant de «tagger» les sites Web, d’y inscrire ses commentaires et critiques, de faire circuler ses propres messages.  Arrive ThirdVoice, petit logiciel auxiliaire qui se greffe à votre fureteur, disponible depuis le mois de mai, et pour l’instant seulement en plate-forme Microsoft Explorer en version 4.0+ (on promet des versions pour MSIE 5 et Netscape Communicator 4 pour bientôt).  Contrairement au taggage d’une affiche publicitaire qui constitue une atteinte à la propriété de l’annonceur ou de son diffuseur, le taggage de site ne détruit pas un site Web.

Une fois installé, le logiciel se crée une fenêtre à gauche de l’écran.  On arrive sur un site Web, et on peut alors lire les commentaires affichés par les visiteurs précédents (pour rédiger et diffuser un commentaire, longueur maximum de 5 000 caractères, il faut être inscrit au service).  La société ThirdVoice affirme que son logiciel représente rien de moins qu’une révolution en communication, qu’il favorise la libre expression et que son utilisation facultative et transparente n’intervient pas avec le fonctionnement des sites Web.  Dans un document d’intention, la société parle même d’«élargir le potentiel de communication interpersonnelle du Web».

On a donc dépoussiéré notre version 4.0 de MSIE, téléchargé le logiciel ThirdVoice et procédé à l’installation.  Puis, muni de ce binocle particulier, on s’est adonné à une visite de certains sites connus.  On en est revenu peu impressionné, non du logiciel qui fonctionne assez bien, mais de ce que bien des gens n’aient rien à dire et ne se cachent pas pour le faire savoir.

Certains webmestres et éditeurs de sites Web n’apprécient pas qu’on puisse ainsi tagger leurs sites.  «Say No to ThirdVoice» s’élève contre la possibilité que, malgré la nature facultative du logiciel, quiconque puisse «s’emparer» d’un site, y superposer des commentaires, des liens à d’autres sites, des extraits sonores, voire des javascripts qui refont la mise en page d’un site lorsqu’un commentaire est activé pour être lu.  Le groupe Say No to ThirdVoice (SNTT) y va même d’exemples de commentaires vus sur des sites comme ceux de AltaVista, CNN, Microsoft, Apple et la Maison blanche.  Le fabricant du logiciel dit que sur réception de plainte, il retirera tout message offensant.  Bref, la croisière s’amuse et ne fait pas trop de mal à personne.

Le groupe SNTT, qui ne compte parmi ses membres aucun des sites à grande visibilité qui ont été taggés, a cependant procédé à une analyse de contenu des messages affichés, et dont nous pouvons en gros valider les résultats d’après nos propres essais.  On constate que dans ce «merveilleux» exercice de libre expression, seulement 26 % des commentaires taggés ont rapport au contenu d’une page.  Pour le reste, 32 % n’ont aucun rapport au contenu ou aux autres commentaires affichés, 28 % sont des récupérations publicitaires (entreprises ou individus faisant la promotion de leurs sites), 10 % traitent d’auto-réglementation (des utilisateurs reprochant à d’autres leur utilisation présumée abusive du logiciel), et 4 % sont des accroches pour des sites Web XXX.

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 L'anonymat «socialement souhaitable»
En 1997, l’association américaine pour l’avancement des sciences (American Association for the Advancement of Science - AAAS) tenait une conférence sur les moyens d’encourager les utilisations «socialement souhaitables» des communications anonymes tout décourageant les recours à connotation négative à l’anonymat.  Dans son numéro de juin 1999, la revue scientifique The Information Society (Volume 15, no. 2) publie une série d’articles inspirés de la conférence de 1997, et plusieurs des auteurs abordent la question de l’anonymat et du «pseudonymat» sur Internet.  Par exemple, un article de Teich, Frankel, Kling et Lee affirme que les communications anonymes sur Internet sont «moralement neutres», qu’on devrait les considérer comme un droit humain et constitutionnel, que les groupes qui partagent des espaces cyber communs devraient établir leurs politiques en matière de communications anonymes ou pseudonymes, et que l’on devrait en informer les utilisateurs.

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 Le public critique de sa presse
Verdict sévère du public dans une enquête du Freedom Forum sur les perceptions du public face à la presse.  Plus de la moitié des répondants (53 %) disent que la presse jouit d’une trop grande liberté, un majorité d’Américains croit que les journaux devraient obtenir une approbation gouvernementale de publication, que les médias ne devraient ni appuyer ni critiquer les candidats à des fonctions publiques, ne devraient pas utiliser de caméras cachées pour réaliser des reportages, ne devraient pas diffuser des documents gouvernementaux confidentiels.

Reflet de cette Amérique parfois un peu tordue, parmi les droits «importants» des citoyens, 18 % des répondants citent la liberté de religion, 14 % le droit de porter des armes à feu, mais le droit de libre expression de la presse ne récolte que 6 % des mentions des répondants.  Quelques considérations sur la presse Web dans cette enquête, dont seulement 64 % des répondants qui affirment que la presse en ligne devrait jouir des mêmes droits que la presse imprimée.  Pourcentage néanmoins en hausse, il n’était que de 56 % il y a deux ans.

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 En bref...
L’industrie prétend qu’il y a pénurie de main-d’oeuvre en technologie aux États-Unis.  Les associations et syndicats prétendent le contraire.  Les économistes prévoient que les forces du marché prévaudront et que le problème s’estompera.  Le Bureau de la politique en matière de technologie du ministère américain du Commerce croit que la situation est plus complexe.  C’est ce qui ressort du rapport «The Digital Work Force: Building Infotech Skills at the Speed of Innovation» (disponible en version PDF) qui reconnaît que les données partielles sur lesquelles reposent ces affirmations ne permettent pas, de manière concluante, d’affirmer qu’il y ait pénurie généralisée dans le secteur de la technologie, bien que certains indices le confirment dans des secteurs particuliers.

Plafonnement des portails.  D’après Nielsen//Netratings, société de mesure d’achalandage des sites Web, la fréquentation des sites portails n’aurait augmenté que de 5 % de mars à mai, malgré que l’on ait constaté une hausse de fréquentation d’autres catégories de sites Web comme ceux consacrés à l’éducation, aux finances ou au sexe.  Aussi en baisse, les communautés virtuelles et les sites destinés aux amateurs de sports.  Lisa Allen de Forrester Research, citée dans USA Today, croit que «la bulle des portails a éclaté».  Bien qu’ils attirent encore une majorité d’utilisateurs, leur part du marché de l’attention ne sera que de 20 % en 2002.  Pour Mark Mooradian de Jupiter Communications, c’est le reflet d’une clientèle d’utilisateurs plus mûrs, qui sait ce qu’elle veut.  Une étude récente révèle que les utilisateurs se servent davantage de leur liste de signets pour consulter le Web, plutôt que d’avoir recours aux portails généralistes.

Les portails asservis au système Windows? C’est Paul Festa de CNet qui analyse les fonctionnalités «enrichies» de certains portails qui exigent des modules d’extension disponibles uniquement pour Windows.  Festa prend pour exemple Yahoo! et quatre des fonctions proposées, soit le calendrier et répertoire d’adresses qui nécessite TrueSync, la barre d’outils Yahoo! Companion, Yahoo! Radio qui fonctionnera en Real G2 et Yahoo! Messenger.  Cette dernière fonction est disponibles aux utilisateurs Mac et Unix/Linux, mais en version simplifiée.  Même phénomène pour Excite@Home et ses services Chat, Planner et Assistant.  Yahoo! se justifie en disant vouloir offrir des applications de pointe qui ne sont pas disponibles pour toutes les plate-formes.

Chaque quinzaine, Jakob Nielsen nous livre sa lettre AlertBox, une des meilleures sources d’information sur les questions de convivialité technique et systémique du Web.  Une autre ressource à signaler, WebWord.Com de John Rhodes, professionnel de la convivialité et de l’ergonomie des systèmes.  Certificat en sciences de la gestion, maîtrise en philosophie, Rhodes travaille à un doctorat en psychologie expérimentale et cognitive.  Archives disponibles, aussi, de ses articles depuis août 1998, Rhodes traite de sujets comme le maillage stratégique, la transformation du webmestre en stratège Internet, la publicité sur support courrier électronique, et plus généralement le contenu Web et sa présentation.  Lecture recommandée aux praticiens du Web, mais aussi aux consommateurs avertis.

Taux de chômage de 70 % des personnes aveugles aux États-Unis, 30 % de sous-emploi des compétences chez ceux et celles qui travaillent, et la souris mise en cause.  C’est ce qui ressort du congrès annuel de la fédération américaine des personnes aveugles qui se tenait à Atlanta.  On note aussi comme cause d’exclusion du marché du travail des personnes aveugles la discrimination à l’emploi, l’utilisation en baisse de l’alphabet braille, mais la présence d’ordinateurs en milieu de travail disqualifierait les personnes atteintes de cécité car elles ont peine à utiliser les méthodes conventionnelles d’interface.  Certains dispositifs adaptés permettent l’utilisation de logiciels pointer-cliquer, mais les employeurs seraient réticents à les installer, et ce malgré les programmes publics et privés de subvention destinés à en absorber le coût.  Le problème serait donc celui de voyants qui ne voient pas très loin.  Certaines entreprises font cependant des efforts, comme la société IBM et son Centre d’informations et de solutions pour personnes handicapées.

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 Parle parle, jazz jazz
Déjà, une vingtième édition pour le Festival international de Jazz de Montréal qui bat son plein jusqu’au dimanche, 11 juillet, avec ses 2 000 musiciens, ses 400 spectacles (dont 75 % sont offerts gratuitement), et son million et demi de visiteurs.  La canicule longue et précoce qui enveloppe Montréal donne le ton : associé au Festival pour souligner le centième anniversaire de la naissance du jazz à la Nouvelle-Orléans, l'État de la Louisiane sera représenté par plusieurs de ses artistes.  Mais on pourra aussi écouter Louis Sclavis et Richard Galliano de France, Natacha Atlas d'Égypte, Petru Guelfucci de Corse, Caetano Veloso du Brésil, Toots Thielemans de Belgique, Oscar D'Leon et ¡Cubanismo!

Vous avez négligé vos sorties jazz? Vous vous faites avares de vos présences nocturnes chez Biddle’s? Voici l’occasion de vous rédimer.

Et Ray Bonneville, ce natif de Hull (Outaouais québécois) et citoyen du Blues qui vient de lancer son troisième album, «Gust of Wind».  Serge Truffaut, dans Le Devoir, titrait «Cavaler comme le vent bleu» et rapportait de drôles de métaphores utilisées par Bonneville pour décrire son plus récent disque.  «La seule chose que nous ayons faite lors du mixage, c'est d'ajouter de la moutarde [...] Nous avons enregistré quatorze ou quinze chansons.  On a enlevé le gras.  On les a mises sur le poêle.» Sans oublier que la bobine maîtresse a été réalisée au Hot Digital Dog Studio, et que la pochette est signée OeufDesign.  Pour ceux et celles qui veulent se régaler à cette grande bouffe du Blues, signalons que Ray Bonneville se produira, mercredi 7 juillet, sur la scène Labatt Blues à 19 heures et 23 heures.  La météo prévoit une brise enveloppante.

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 Beau détour
Les photos toutes en musique de Jim Marshall, «The Gods of Music» qu’il fait toujours bon de revoir.

Et sur ce, nous vous souhaitons à tous et toutes une excellente semaine.

Écrire à Jean-Pierre Cloutier


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