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Les Chroniques de Cybérie
10 aout 1999

© Les Éditions Cybérie inc.

10 août 1999

Salutations à tous les Cybériens et Cybériennes!

Cette Chronique n'est optimisée ni pour Netscape, ni pour Internet Explorer, elle l'est pour ses lecteurs et lectrices.

Cette semaine...

Quebecor unique propriétaire de Canoe
Mon courrier = ton courrier?
Quand la police enfreint les droits d’auteurs
L’iBook fait encore jaser
Ordinateurs, environnement et énergie
Éthique journalistique : suivi
En bref...
Lectures rapides
Lecture de vacances
Beau détour

 Quebecor unique propriétaire de Canoe
La société Quebecor a annoncé qu’elle avait fait l’acquisition du bloc d’actions (participation de 40 %) que détenait BCE dans le portail canadien CANOE.  Le montant de la transaction n’a pas été dévoilé.  Quebecor devient donc l’unique propriétaire de Canoe qu’il entend arrimer avec ses filiales Quebecor Nouveaux Médias, Intellia (production multimédia) et Archambault Online (vente de livres et de disques).  Dès l’automne, avec l’ajout de contenu en français, CANOE deviendra l'un des plus importants portails bilingues au Canada. 

Lancé en 1996 par la chaîne de journaux Sun Media, CANOE profite d’un achalandage de 50 millions de requêtes de pages par mois.  Quebecor avait hérité de CANOE lors de l’achat de Sun Media plus tôt cette année dans le cadre d’une transaction évaluée à 983 millions de dollars.  D’après Pierre-Karl Péladeau, président et chef de la direction de Quebecor, la société cherchera à établir des alliances stratégiques dans le domaine du commerce électronique, établira des partenariats et n’exclut pas avoir recours à de nouvelles acquisitions pour jouer un rôle important dans la nouvelle économie.  D’après le quotidien The Globe & Mail, ce cheminement passerait par le placement du titre de CANOE en bourse.

Pour BCE, il s’agissait de se départir de ses intérêts dans CANOE pour mieux concentrer ses efforts sur «l’autre portail», soit Sympatico, dont il détient déjà 75 % du capital-actions par l’entremise de sa filiale MediaLinx.  Sympatico enregistre 65 millions de requêtes de pages par mois, dont le tiers provient des 650 000 abonnés à son service d’accès.  BCE détient 35 % du marché canadien de l’accès Internet évalué à 2 milliards de dollars pour l’année 1999, en progression de 60 %.

On ignore quels contenus francophones viendront se greffer au portail CANOE.  Si le contenu anglophone de CANOE est bien étoffé par les publications de Sun Media, Quebecor pourrait toujours compter sur le site du Journal de Montréal qui est cependant loin d’être un modèle de convivialité en ligne. 

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 Mon courrier = ton courrier?
C’est ce qu’a découvert l’équipe de rédaction de l’Infobourg, site consacré au milieu pédagogique, à propos du service de courrier électronique sur Web MonCourrier.Com.  Le système de protection des renseignements personnels de MonCourrier.Com comporte une importante faille attribuable à l’utilisation de fichiers témoins (cookies) persistants pour conserver certains renseignements utiles au fonctionnement du système.  L'identifiant et le mot de passe de l'utilisateur se retrouvent explicitement inscrits dans le cookie qui se loge sur le disque dur du système utilisé, et peuvent être récupérés par la suite par l’utilisateur suivant.  À peu de temps de la rentrée scolaire, l’Infobourg s’inquiète, par exemple, de ce que «des adultes qui utiliseraient les ordinateurs d'une école, le soir ou la fin de semaine, par exemple, puissent recueillir des renseignements personnels sur les enfants qui ont utilisé les mêmes appareils plus tôt dans la journée comme c'est le cas actuellement». 

Chez InventionMédia, qui exploite le service MonCourrier.Com, on prend l’affaire au sérieux.  Le président d’InventionMédia, Patrick Pierra, reconnaît avoit été informé du problème et affirme qu’une solution est en vue.  «Nous sommes en train de préparer le passage du service MonCourrier.com à une nouvelle version, qui n'utilisera plus de "cookies permanents", mais des "cookies temporaires" qui ne survivront pas à la fin d'une session d'utilisation de MonCourrier.com.  Si mes informations sont exactes, cela devrait corriger entièrement le problème.  Comme le passage à la nouvelle version n'est pas une mince affaire, il y a des délais, allongés par des indisponibilités personnelles dûes à des vacances d'été. Mais nous prévoyons que le passage sera fait au plus tard d'ici la fin septembre.»

Informé, comme nous, des dispositions prises par InventionMédia, Clément Laberge, chargé de projets et webmestre de l’Infobourg se dit peu satisfait, notamment sur les délais invoqués pour solutionner le problème.  «Comme vous l'avez bien compris, mon intention en écrivant ce texte n'était pas de nuire à MonCourrier.com (que j'ai maintes fois recommandé) mais bien d'alerter les gens qui auraient pu adopter ce service suite à mes recommandations des risques que mon conseil pouvait leur faire courir.»

La gestion technique du système de MonCourrier.Com relève de la société américaine CommTouch, ironiquement détentrice d’un certificat de conformité TRUSTe pour soi-disant attester de pratiques visant au respect de la vie privée et des renseignements personnels.  En fait, tout ce que ce certificat signifie, c’est qu’aucun «cookie» n’est utilisé sur la vitrine Web de CommTouch, mais force est de constater qu’il en va autrement des services offerts à des tiers par l’entreprise.

Ce n’est pas la première fois qu’un service de courrier gratuit sur le Web est aux prises avec des problèmes de sécurité.  À cette époque, l’an dernier, divers problèmes impliquant l’utilisation de cookies, javacripts ou applets Java, ou encore l’intrusion dans des systèmes, s’abattaient sur des services comme Hotmail, Bigfoot, Yahoo Mail, Lycos Email, MailCity, Eudora WebMail (non pas le logiciel Eudora, mais sa contrepartie Web), MailExcite, et iName qui, a lui seul, gère une quarantaine de services courrier «affinités» dont, à l’époque, AltaVista.Net.

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 Quand la police enfreint les droits d’auteurs
C’est dans la petite collectivité de Rome (État de New York) que devait se dérouler fin juillet le festival Woodstock ‘99, tentative d’émulation du festival du même nom tenu il y a trente ans, mais dans un esprit bien différent.  La fête s’est mal terminée avec de nombreux actes de pillage, de vandalisme, d’incendies criminels et d’agressions sexuelles.

Malgré la gravité des événements et l’ampleur des dégâts, peu d’arrestations, si bien que la police de l’État de New York a décidé d’avoir recours au Web pour retracer les présumés auteurs de ces actes.  Méthode peu conventionnelle, elle s’est appropriée les droits de diffusion sur huit photographies des événements saisies par les photographes de l’agence Associated Press, quatre photographies du portail/info Syracuse Online, et deux photographies d’autres journaux.  Les photos ont été diffusées sur le site Web de la police de l’État de New York qui invitait toute personne reconnaissant un individu figurant sur ces photos à communiquer avec elle.

L’AP et Syracuse Online ont demandé le retrait immédiat des photographies, prétextant qu’il s’agissait d’une infraction aux droits d’auteurs, mais aussi d’une atteinte au principe de séparation des activités de la presse et de celles de la police.  Le procureur des State Troopers a répondu qu’il ne voyait aucune infraction aux droits d’auteurs, les photographies ayant déjà été publiées dans les médias.

Des associations de journalistes comme le New York Press Club, le Deadline Club, le New York State Associated Press Association, ainsi que Debby Krenek, rédacteur en chef du New York Daily News ont écrit vendredi dernier au gouverneur de l’État, George Pataki, pour appuyer la demande de retrait des photos du site Web.  Au cours du week-end, discrètement et sans qu’il n’en soit officiellement fait mention, les photos de l’AP et du Syracuse Online étaient remplacées par des photographies prises par des agents de police.  En outre, on jouait de prudence et précisait que CERTAINES personnes figurant sur les photos étaient en flagrant délit de crime, mais que D’AUTRES pouvaient tout bonnement fournir des renseignements utiles aux enquêtes en cours.

Vendredi dernier, la police déclarait avoir procédé à 39 arrestations en rapport avec les événements survenus lors de Woodstock ‘99, et avoir reçu 150 messages de courrier électronique relatifs à la diffusion sur le Web des photos incriminantes, se refusant cependant à révéler un rapport quantitatif entre ces données.

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 L’iBook fait encore jaser
«Tout ce qui manque au nouveau iBook de Apple c’est le logo de [la poupée] Barbie.» Et voilà, c’était reparti. 

John C.  Dvorak est chroniqueur de longue date au PC Magazine, récipiendaire de huit prix nationaux d’excellence journalistique, y compris ceux du meilleur chroniqueur et de la meilleure chronique.  Il collabore aussi à d’autres périodiques imprimés et en ligne, est l’auteur de plusieurs livres sur l’informatique personnelle et de gestion, et anime aussi une émission à la radio publique américaine (NPR) radio, et une émission de télévision sur ZDTV.  On peut donc dire que Dvorak est un de ceux dont l’opinion compte, ou à tout le moins est largement diffusée.

C’est pourquoi ses commentaires sur l’iBook ont provoqué un véritable tollé chez les fervents de la plate-forme, surtout que Dvorak en remettait.  «Je suppose que je ne devrais pas dire ça, mais je ne peux décrire cette machine que comme un ordinateur pour filles [...] Je ne crois même pas que les femmes l’aimeront.  Il a l’air trop juvénile, une chose que seuls les enfants et les petites filles apprécieraient.» Dvorak, qui ne craignait pas de «penser autrement», comparait aussi l’iBook à une trousse à maquillage, affirmant que lorsqu’on déploie le portable, on ne s’attend pas à voir un écran mais bien un miroir.

Les lecteurs de Dvorak ne se sont pas privés de commentaires parfois sulfureux à l’endroit du chroniqueur sur le site de ZDNet.  «John, le KKK est à la recherche d’un agent de relations publiques.  Il me semble que tu serais tout désigné» [...] «Cochon de sexiste!» [...] «Dvorak est un vieux grincheux oublié par Darwin», et j’en passe.

Par ailleurs, Barbie et Ken seront ravis d’apprendre que l’on prévoit la sortie d’un nouveau iMac, et qu’il pourrait bien être dévoilé à Paris à l’occasion du Apple Expo 99 qui s’y tiendra du 15 au 19 septembre.  La nouvelle n’a pas été confirmée par Apple, toujours aussi avare de commentaires sur ses produits à venir, et on ne sait exactement en quoi consistera la nouveauté (processeur plus puissant, davantage de logiciels), mais d’importants détaillants comme la chaîne Sears and Roebuck (848 points de vente) ont révélé attendre la nouvelle mouture iMac.  Un détaillant en vente par correspondance, J&R Electronics, précise dans son catalogue que le modèle courant de l’iMac n’est plus disponible, et accepte déjà les commandes pour l’iMac nouveau.

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 Ordinateurs, environnement et énergie
D’après le Nando Times, il serait grand temps de penser à recycler les ordinateurs personnels.  En chiffres : les fabricants américains d’ordinateurs produisent annuellement 36,7 millions d’ordinateurs dont 80 % sont destinés au marché intérieur; des 20,6 millions d’ordinateurs déclarés désuets en 1998, seulement 2,3 millions (11 %) ont été recyclés.  On estime que la plupart des ordinateurs désuets sont tout simplement rangés à domicile par leurs propriétaires, environ 1 % aboutirait directement aux rebuts.  La faible valeur de revente est une raison, mais aussi les exigences à la hausse des «receveurs» traditionnels, comme les organisations caritatives qui écoulaient les stocks vers des pays en voie de développement.  Il existe encore peu d’entreprises qui assurent le recyclage, et dans bien des cas les ordinateurs laissés aux rebuts finissent dans des incinérateurs.  Un ordinateur typique comprend plus de 700 substances chimiques, dont la moitié sont toxiques et sont dégagées dans l’atmosphère lors de l’incinération.  On évoque aussi le problème des écrans qui contiennent environ 1 kilo de plomb, et la date fatidique de 2005.  En effet, c’est la date fixée aux États-Unis pour le passage à la télévision haute définition, et c’est alors 250 millions de téléviseurs qu’il faudra songer à recycler.

Parlons aussi de consommation énergétique de l’ensemble des ordinateurs liés à Internet.  Le réseau exigerait, à l’échelle du globe, 290 milliards de kilowatt/heures par année.  L’accroissement constant du nombre d’ordinateurs branchés au réseau, et la demande énergétique accrue, constituerait ce que Peter Huber et Mark P.  Mills, dans un récent numéro du magazine Forbes, appellent la «convergence infoélectrique».  Huber et Mills estiment qu’il est concevable que, d’ici dix ans, la moitié de la capacité de production électrique servira à alimenter l’économie réseau.  Reste à savoir si les économies apportées par le réseau (télétravail, efficacité, substitutions médiatiques, etc.) sauront compenser l’accroissement du nombre d’usagers et d’heures d’utilisation.

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 Éthique journalistique : suivi
Avant de quitter pour les vacances, nous vous parlions du cas de la journaliste Chris Nolan du Mercury News qui a été suspendue par la direction du journal pour avoir encaissé plusieurs milliers de dollars en profits découlant d'une transaction boursière.  Cette affaire d’apparence de conflit d’intérêt a continué de susciter des remous dans les milieux journalistiques américains.

D’abord, le rédacteur en chef du Mercury News, David Yarnold, a publié dès son retour de vacances une mise au point sur la suspension, suivie d’une réaffectation, de la chroniqueuse Chris Nolan.  Yarnold a affirmé que les compétences de Nolan n’étaient aucunement mises en question.  Cependant, sa capacité à traiter objectivement des entreprises de la Silicon Valley avait été sérieusement compromise lorsqu’elle avait accepté l’offre d’acheter des actions d’une société à un prix réservé aux «amis de la famille», avant même l’inscription du titre en bourse.  «Sa crédibilité était dès lors minée» a déclaré Yarnold, et son maintien au poste de chroniqueuse n’était pas envisageable.  De poursuivre Yarnold, «Il y a de nombreuses leçons à tirer des événements des trois dernières semaines.  La plus importante est que votre confiance et notre crédibilité sont inextricablement liées.»

Le netmag Salon a publié deux articles sur l’affaire Nolan.  D’abord, Scott Rosenberg impute la réaction de la direction du Mercury News à une question d’orgueil, soutenant que si le Wall Street Journal (WSJ) n’avait pas ébruité la transaction de Madame Nolan, le Mercury News n’aurait pris aucune sanction contre elle.  Mais une fois rendue publique, la transaction entachait la réputation d’objectivité du journal qui se devait de réagir.  Le WSJ citait Madame Nolan qui affirmait ne pas avoir fait voeu de pauvreté et de chasteté en embrassant la carrière de journaliste.  Pour Rosenberg, tout se résume à de nouveaux rapports de pouvoir dans les salles de rédaction, et il ne faudrait pas se surprendre de voir Nolan passer à un concurrent moins soucieux de son image.

Pour sa part, toujours dans Salon, Janelle Brown souligne à bon droit l’absence dans la plupart des organes de presse de politiques claires en matière de conflits d’intérêt.  Après tout, se demande Brown, si la question d’éthique est si importante, pourquoi est-elle si souvent laissée à la discrétion des journalistes?

La notion de transparence n’a pas fini de faire recycler des électrons dans la presse spécialisée en quête de crédibilité.  Par exemple, le service de nouvelles Wired Digital ne fait aucune mention qu’il est propriété de Lycos, même lorsqu’il traite de cette dernière et des autres moteurs de recherche dans une dépêche.  En revanche, MSNBC, chaque fois qu’il parle de Microsoft souligne (entre parenthèses dans le texte) que cette dernière est un de ses partenaires commerciaux.

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 En bref...
Un colloque pour les acteurs de la presse alternative québécoise.  L’événement se tiendra au Cégep de Drummondville le samedi 16 octobre.  Définition assez large de la presse alternative qui comprendrait, selon les organisateurs, les publications syndicales, communautaires, étudiantes, progressistes (on inclut dans cette dernière catégorie la presse des partis politiques de gauche) et les cybermédias.  On entend, à ce colloque, aborder les problèmes de financement, de production, de diffusion, de promotion et de contenu.  Évidemment, on parlera aussi du présumé rôle «égalisateur» d’Internet.  Espérant qu’on verra qu’il n’y a pas que les «alter» qui souhaitent être égaux.

Ce qui viendra peut-être alimenter quelques débats à ce colloque, la notion en vertu de laquelle la presse serait en transition de média de masse à média de classe (mass media versus class media).  Félix Gutiérrez, vice-président du Freedom Forum, décrit ainsi le ciblage de la clientèle des nouveaux médias à l’heure d’Internet.  Une plus grande diversité des groupes sociaux, et un choix plus grand de sources d’information, sera une des caractéristiques déterminantes de la presse du XXIe siècle. 

Reporters sans frontières (RSF) vient de publier la liste de vingt pays «ennemis d’Internet» parce «qu'ils en contrôlent totalement ou partiellement l'accès, ont censuré des sites ou se sont attaqués à des internautes.  Ces pays sont : l'Arabie saoudite, des pays d'Asie centrale et du Caucase (Azerbaïdjan, Kazakhstan, Kirghizistan, Ouzbékistan, Tadjikistan et Turkménistan), la Biélorussie, la Birmanie, la Chine, la Corée du Nord, Cuba, l'Irak, l'Iran, la Libye, la Sierra Leone, le Soudan, la Syrie, la Tunisie et le Viêt-nam.» On donnera raison à RSF dans bien des cas, dans d’autres on souhaiterait un jugement plus circonstancié.  Dans le cas de Cuba, par exemple, l’embargo commercial mené par les États-Unis et ses alliés interdit, entre autres, toute exportation vers Cuba de matériel informatique.  Pour l’équipement réseau, on repassera.

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 Lectures rapides
Libération se penche sur la correction boursière qui a sérieusement entaché la réputation nickel des titres technos dernièrement.  Jacqueline Coignard écrit «Après un nouveau plongeon en début de semaine dernière, les vedettes de la catégorie telles que Amazon.Com ou America Online accusaient des baisses de 50 à 60 % par rapport à leurs sommets de l'année [...] Sur les 156 sociétés lancées en Bourse cette année aux Etats-Unis, 37 % affichaient cette semaine, des cours inférieurs au prix d'introduction [...] 70 % des nouvelles sociétés ont terminé en dessous du prix de clôture constaté à leur introduction [...] Dans un tel contexte, nombre de valeurs Internet repoussent leur date de mise sur le marché ou les augmentations de capital prévues.»

Dans L’Expansion, une enquête qui se penche sur les modèles mathématiques appliqués à la bourse.  «Les marchés, les devises et les actions seraient régis par un chaos organisé, mis en équation par des scientifiques.  Certains financiers utilisent ces formules comme outils de prévision.  Résultats parfois spectaculaires mais pas garantis [...] Benoît Mandelbrot fait son affaire de la théorisation en modèles et algorithmes mathématiques de ces ruptures.  Et même si le mathématicien reconnaît, en définitive, qu’il n’arrive pas pour autant à prévoir les krachs financiers, il ouvre par cette voie un champ d’expérimentation révolutionnaire, qui pourrait permettre de mieux comprendre les fluctuations erratiques des marchés.  Ses travaux sont d’ores et déjà utilisés par certains actuaires de compagnies d’assurances pour aider à déterminer le montant des réserves à provisionner en fonction des risques courus, par nature aléatoires et imprévisibles.»

La fidélisation, atout du commerce électronique.  C’est ce que démontre un dossier de France.Internet.Com.  «Plus de la moitié (53 %) des personnes interrogées ont admis qu’elles dépenseraient plus en ligne si elles faisaient partie d’un programme de fidélisation.  47 % ont déclaré revenir régulièrement si un programme était mis en place [...] Malgré ces chiffres, deux tiers des 82 meilleurs sites d’e-commerce ne disposaient pas d’un programme de fidélisation [...] Selon Jupiter, développer son propre programme de fidélisation n’est pas forcément la bonne solution.  En effet, devenir partenaire d’un réseau déjà existant peut permettre un retour sur investissement plus important sur une période de deux ans [...] un programme développé pour un seul site aura du mal à atteindre la masse critique permettant aux consommateurs de véritablement bénéficier d'incitations à l'achat.

Entrevue avec Robert Cailliau, co-inventeur du Web avec Tim Berners-Lee, dans le netmag Largeur.  «Pour parler franchement, je suis un peu déçu.  Je ne trouve pas que le Web évolue si rapidement [...] Le Web a donné un formidable coup de pouce à l'informatique, un secteur longtemps réservé à une caste de gens considérés comme bizarres.  Avec les pages HTML, il y avait enfin quelque chose de sexy à montrer aux médias sur des ordinateurs [...] On s'est rapidement rendus compte qu'il y avait là un média intéressant pour l'enseignement, moins cher et plus interactif que les documents papiers en couleur.  Nous avons cependant sous-estimé l'intérêt commercial que susciterait cette technologie.» Et qu'est-ce qui changera Internet? «Je pense que le prochain virage sera celui des micropaiements.  Une foule de nouveaux services vont apparaître lorsque l'on pourra facturer à la consultation.  [...] Le danger du Net, aujourd'hui, vient de la multiplication des standards, parce que ce sont des entreprises et non les milieux académiques qui développent la plupart des innovations (transmission de la voix, de la vidéo, etc.).  Il faut des organisations très puissantes pour maintenir la disponibilité la plus large possible du système dans de telles conditions.  C'est ce qu'essaie de faire Tim Berners-Lee avec le W3C.»

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 Lecture de vacances
Le chroniqueur prenait des vacances, temps propice au recul sur les choses de la vie.  Son éditrice lui suggéra de lire Robert Musil, quelqun lui en avait parlé.  Elle se souvenait aussi d’un passage du roman «The Secret Pilgrim» de John Le Carré où Burr dit à Ned (traduction libre) «Comment bon dieu un homme de votre expérience, dont le travail consiste à composer avec la civilisation moderne et les mécontentements qu’elle engendre, peut-il s’y retrouver sans avoir recours à la sagesse de Robert Musil? C’est une question qu’à un moment plus calme je vous saurai gré de répondre.»

En guise d’introduction, on ne fait guère mieux.  En effet, comment ne pas être tenté? Le chroniqueur se mit donc à lire «L’Homme sans qualités» de Musil, admirablement traduit de l’allemand par Philippe Jaccottet.

Bien que l’action se situe en 1913-1914, et que Musil n’ait entamé l’écriture de son oeuvre principale que dans les années vingt, il transpire de ce roman/essai un sentiment de pertinence et d’actualité hors du commun.  On se croirait en 2001 quand Musil écrit «Le siècle qu’on venait d’enterrer n’avait pas particulièrement brillé par sa seconde moitié.  Il s’était montré adroit dans le domaine technique, du commerce et de la recherche, mais, en dehors de ces foyers d’énergie, calme et menteur comme une eau dormante

On croirait, aussi, que Musil parle des temps présents, d’Internet, de Web, et de société du savoir quand on lit «Tout progrès constitue un gain de détail, mais une coupure dans l’ensemble; c’est un accroissement de puissance qui débouche dans un progressif accroissement d’impuissance, et c’est une chose à quoi l’on ne peut rien.  Cela rappela à Ulrich ce corps de faits et de découvertes, grossissant presque d’heure en heure, dont l’esprit est contraint aujourd’hui de détourner ses regards s’il veut examiner avec précision quelque problèmes que ce soit.  Ce corps grossit en s’éloignant de l’être intérieur.  D’innombrables conceptions, opinions, systèmes provenant de toutes les régions du monde et de toutes les époques, de toutes les espèces de cerveaux, sains ou malades, en état de veille ou de rêve, ont beau le sillonner comme des milliers de cordons nerveux, il manque le centre où ses rayons pourraient converger.» Grossissant presque d’heure en heure...

Actualité, aussi, dans la révolte de la jeune Gerda envers la génération «installée» lorsqu’elle pousse «Possibilités! C’est ainsi que vous pensez toujours.  Jamais vous n’essaierez de vous demander comment les choses devraient être!»

En mai dernier, FR3 diffusait une émission sur Robert Musil, et les amateurs trouveront sur les documents Web d’accompagnement de nombreux témoignages sur cet auteur autrichien méconnu.  Il faut aussi consulter la section du site personnel de Frédéric Mars qu’il consacre à Musil, excellente introduction à l’homme et à son oeuvre.

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 Beau détour
Il y a 25 ans, Richard Nixon quittait la Maison Blanche à la suite du scandale du Watergate.  Le photographe Fred J. Maroon s’était vu confié le mandat de produire un album sur la vie à la Maison Blanche sous l’administration Nixon, mandat dont il s’acquitta jusqu’au 8 août 1974.  Le Musée national d’histoire américaine nous propose un aperçu de la vie dans les coulisses du pouvoir dans une époque trouble.

Et sur ce, nous vous souhaitons à tous et toutes une excellente semaine.

Écrire à Jean-Pierre Cloutier


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