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Les Chroniques de Cybérie
31 aout 1999

© Les Éditions Cybérie inc.

31 août 1999

Salutations à tous les Cybériens et Cybériennes!

Cette Chronique n'est optimisée ni pour Netscape, ni pour Internet Explorer, elle l'est pour ses lecteurs et lectrices.

Cette semaine...

Hotmail : 40 millions de comptes à découvert
Hourtin : Jospin annonce une loi Internet
Hourtin : les réactions
Le Condor blessé
Technostress sur les campus
Marché des noms de domaines
Pratiques anti-piratage douteuses
En bref...
Beau détour

 Hotmail : 40 millions de comptes à découvert
Ce n'est quand même pas rien.  Pendant plusieurs heures hier, lundi 30 août, on pouvait à partir de deux sites Web (un en Suède et un autre au Royaume-Uni) accéder sans mot de passe à n'importe quel compte du service de courrier Web Hotmail (propriété de Microsoft) simplement en inscrivant dans une fenêtre prévue à cet effet le nom de l'utilisateur.  La requête d'accès était alors acheminée au site de Hotmail accompagnée d'un code dispensant le requérant de fournir un mot de passe.  Il était alors possible de consulter le courrier et les archives de l'adresse cible, et aussi d'envoyer des messages depuis cette adresse.

Dès que la faille de sécurité a été découverte, le service Hotmail a été fermé privant ainsi les 40 millions d'abonnés de leur courrier électronique.  Après trois heures, on croyait avoir colmaté la brèche et le service fut rétabli.  Mais plus tard en journée, un message par courrier électronique de notre collègue de Wired James Glave nous informait que Hotmail était toujours vulnérable aux entrées non autorisées.  Chez d'autres services de courrier Web, comme iName et Yahoo!, on a procédé à des contrôles de sécurité.

L'affaire débute il y a quelques jours alors que commence à circuler sur Internet l'adresse d'un site Web logé en Suède où figure une page à partir de laquelle, à l'aide d'un formulaire HTML, on peut avoir accès sans mot de passe au service Hotmail à condition de connaître le nom de l'utilisateur cible.  Arrive rapidement un second site, en Grande Bretagne, où est reproduit le code HTML du formulaire d'accès.  On soupçonne qu'il a aussi été reproduit sur un nombre potentiellement élevé d'autres sites.  Lundi matin, le quotidien suédois Expressen publie la nouvelle qui se répand alors comme une traînée de poudre dans le reste de la presse européenne, et évidemment dans la presse réseau.

L'intrusion se faisait en exploitant une faille dans le script de démarrage de séance sur Hotmail, script qui détermine les protocoles d'échange entre serveur et client.  Christian Carrwik, un des deux journalistes qui a couvert la nouvelle pour l'Expressen, dit avoir reçu l'information sur cette brèche de sécurité d'une source anonyme, et ce qui est grave, affirme que Microsoft a été informée du problème dès dimanche matin.

La page Web à l'origine de la diffusion du mode d'intrusion était logée sur un serveur suédois dont les propriétaires, une société appelée Moving Pictures, disent ne rien savoir de l'affaire.  Le nom de domaine 2038.COM hébergé par ce serveur et où figurait la page (et qui renvoit maintenant ironiquement à la section du site de Microsoft sur la sécurité), est enregistré au nom de Erik Barkel avec adresse et autres coordonnées à Stockholm.  Il a manifestement été impossible de rejoindre M.  Barkel et d'obtenir une quelconque explication.  En remontant l'arborescence de la page pour arriver à l'«accueil» du domaine 2038.com, on trouve un texte obscur décrivant une théorie selon laquelle certains protocoles de communication ne seront plus opérationnels en l'an 2038, d'où le choix de ce nom du domaine.

Un groupe de hackers suédois revendique ce fait d'arme, selon Wired, et Microsoft dément cette version.  On en parlera encore pendant des jours.

Ce n'est pas la première fois qu'un service de courrier gratuit sur Web connaît des difficultés ou est la cible d'intrusions.  Le service de nouvelles News.Com consacre même au phénomène une section complète de son site.  Ce n'est pas non plus la première fois que les produits ou services de Microsoft se révèlent vulnérables, que ce soit sur le plan de la protection de la vie privée et des renseignements personnels, ou sur celui de la susceptibilité aux virus informatiques.

Mais ces récents événements soulèvent de nombreuses questions, notamment sur la gestion d'une telle crise par les responsables.  Lorsqu'un problème survient, ne serait-on pas en droit de s'attendre à un certain degré de transparence et de franchise de la part des entreprises? Rappelons-nous l'«affaire Perrier».  Il y a quelques années, on trouve des traces infimes d'un contaminant quelconque dans quelques bouteilles d'eau minérale.  Réaction de Perrier? On tient des conférences de presse, on annonce le rappel inconditionnel de tous les stocks d'eau minérale Perrier à l'échelle du globe, on remplace tout.  Certes, il y avait une dimension communication et marketing dans la démarche, mais la clientèle ne s'est pas sentie flouée dans le processus et la crédibilité et le sens de responsabilité des dirigeants de Perrier a été établie.  Failles de sécurité innombrables dans Netscape, dans Explorer, dans Windows, récemment dans le service de courrier Web MonCourrier.Com, puis cette nouvelle affaire impliquant Hotmail...  ne serait-il pas temps d'adopter la «stratégie Perrier» et de parler franchement aux utilisateurs?

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 Hourtin : Jospin annonce une loi Internet
«Je vous annonce que le Gouvernement présentera au Parlement au début de l'année 2000 un projet de loi sur la société de l'information.  J'ai demandé à M.  Dominique Strauss-Kahn, ministre de l'Économie, des Finances et de l'Industrie, de préparer ce texte en étroite liaison avec Madame la ministre de la Justice et Madame la ministre de la Culture et de la Communication.»

C'est ainsi que le Premier ministre français, Lionel Jospin, a annoncé à Hourtin à l'occasion de la vingtième édition de l'Université d'été de la Communication son intention d'établir un cadre juridique en matière de technologie et de réseaux.  Il a même précisé que cette loi porterait, entre autres, sur la liberté de communication et la protection des contenus et des droits des auteurs.

M. Jospin a commencé par citer quelques chiffres qui témoignent bien de la pénétration des technologie du savoir en France : les ventes de micro-ordinateurs ont dépassé celles des téléviseurs; l'usage de l'internet a connu dans les six derniers mois une progression spectaculaire (45 %) qui permet d'envisager un rattrapage rapide; le secteur des technologies de l'information et de la communication pèse désormais 5 % du PIB national : c'est-à-dire plus que le tourisme et autant que les secteurs de l'automobile et de l'énergie réunis.  M.  Jospin a vanté les réussites de la politique volontariste du gouvernement, annoncée à Hourtin même il y a deux ans, et qui a été appuyée par une affectation budgétaire globale de six milliards de FF.

Mais au delà de l'économie et des finances, «Il s'agit là d'un secteur qui modèle notre société» a déclaré le Premier ministre, «L'information et la communication jouent un rôle croissant dans notre vie moderne; elles participent de nos libertés.  Elles doivent donc servir la diversité culturelle et non l'amoindrir. C'est pourquoi la façon dont sont conduits les développements de la société de l'information est décisive : à nous de faire en sorte que l'espace de communication qui prend forme soit démocratique, solidaire et pluraliste.»

M.  Jospin a aussi abordé le rôle d'un État moderne dans une économie de marché.  Un État moderne est un État qui regarde loin, qui sait donner des impulsions sans se substituer aux acteurs de la société, qui donne l'exemple, qui assume ses responsabilités dans le fonctionnement d'une économie de marché, qui garantit les principes et porte les valeurs que la société s'est choisi.

Lutte contre les nouvelles formes de criminalité exploitant les technologies : le gouvernement français a créé un office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l'information qui sera opérationnel dans les semaines à venir, veillera aux incidences sur la sécurité nationale, mais reconnaît l'importance d'une coopération internationale en matière judiciaire et l'adaptation du droit à l'essor de la société de l'information.

Nombreux textes complémentaires dans le quotidien Libération, qui a aussi eu l'excellente idée de nous offrir, en plus de la version intégrale du discours de M. Jospin, les références Web des textes officiels et des études cités par le Premier ministre dans son discours.

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 Hourtin : les réactions
Toujours dans Libération, Frédéric Filloux a déploré que dans son discours d'Hourtin, Lionel Jospin a prononcé trente-quatre fois le mot «État» ou «gouvernement» et cinq fois le mot «entreprise».  «Il est vrai que la présentation de la phase II de sa politique en faveur de l'Internet justifie ce déséquilibre.  Mais celui-ci ne doit pas donner lieu à un tropisme un peu trop français: le peu de considération pour la problématique entrepreneuriale» écrit l'éditorialiste.

Pour sa part, Valentin Lacambre, responsable du service d'hébergement Altern.Org et condamné au printemps à 400 000 FF d'amende pour avoir hébergé un site présentant des photos de la mannequin Estelle Halliday nue s'est dit d'accord avec l'idée d'un nouveau cadre législatif tel que proposé par M.  Jospin.  «Légiférer aujourd'hui revêt une importance considérable : cela peut éviter une dérive à la Big Brother.  Alors que 80 % des informations véhiculées par le réseau transitent par les États-Unis, les Américains jouent avec le feu, se souciant avant tout de la croissance du réseau et se contrefoutant éperdument des droits des citoyens.  L'autorégulation des entreprises privées, c'est l'hégémonie mondiale.  À tout prendre, mieux vaut que ce soit le gouvernement qui décide de l'évolution de la société de l'information et qui en fixe le cadre général, plutôt que Microsoft ou d'autres entreprises privées disposant de quasi-monopoles.»

En revanche, Amy Schwartz du Center for Democracy & Technology a défendu un point de vue outre-Atlantique.  «La vraie question n'est pas de savoir s'il faut passer des lois ou non, mais de savoir si ces lois peuvent être efficaces [...] Il faut adopter des lois fixant un cadre général pour empêcher les prédateurs de l'Internet de s'en prendre aux internautes, par exemple dans l'utilisation des données personnelles.  Mais sans autorégulation industrielle, cela ne marchera pas à l'échelle globale.»

Chez l'Association française des Fournisseurs d'Accès et de Services Internet, ont dit soutenir les principes définis par le chef du gouvernement et se réjouir «de la formation d’organismes de concertation destinés à appréhender les questions liées au droit de la propriété intellectuelle et aux contenus illégaux [...] L’AFA se félicite de l’ouverture des débats sur le droit de la propriété intellectuelle.  L’AFA a détaillé en mai 1999 les moyens techniques permettant de protéger les droits des auteurs tout en garantissant un Internet ouvert et rapide.  Actuelle présidente de l’EuroIspa (Ndlr.  Association européenne de fournisseurs de services Internet), l’AFA poursuivra sa mission de concertation et de participation aux débats tels que ceux qui auront lieu autour de la prochaine loi sur la société de l’information.»

Le contenu des différentes interventions gouvernementales à Hourtin suscite toutefois l'inquiétude de l'organisme Imaginons un réseau Internet solidaire (IRIS) par rapport au traitement des enjeux du réseau, révélateurs selon lui d'une dichotomie entre les discours et les actes du gouvernement.  Par voie de communiqué, IRIS affirme que «Lionel Jospin promet un "espace de communication démocratique, solidaire et pluraliste", mais l'Internet non marchand, l'Internet solidaire et l'accès universel à Internet ne trouvent pas leur place dans cet espace de communication tout entier voué au commerce électronique.» IRIS s'étonne aussi de «la précipitation avec laquelle des dispositions sur la signature électronique seront proposées, alors même que la loi de libéralisation totale de la cryptographie semble remise à une date ultérieure.»

Pour conclure, IRIS constate que tout reste à faire en matière de protection du droit d'auteur et de la propriété intellectuelle.  «Nous nous félicitons toutefois de la tendance annoncée par Lionel Jospin de ne pas transiger avec le principe du droit d'auteur.  Plus précisément, les positions annoncées par la ministre de la Culture sur son refus d'un "AMI-bis" et son souhait de ne pas limiter l'exception culturelle aux contenus audiovisuels classiques reçoivent tout notre soutien» de déclarer IRIS.

On voit donc qu'au moment où la France, tout comme le Québec, le Canada et nombre d'autres pays s'apprêtent à adapter leurs cadres législatifs nationaux et à les harmoniser, on peut prévoir un beau débat d'idées.

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 Le Condor blessé
Plus récent épisode dans la saga de l'hacktiviste Kevin Mitnick, surnommé «Le Condor», un accident de la circulation.

La semaine dernière, nous évoquions sa requête de changement de lieu de détention vers une institution qui servirait des repas kascher respectant ainsi ses préceptes religieux.  Le tribunal a acquiescé à sa demande et permis son retour au centre de détention du Los Angeles métropolitain, qui dispose d'installations permettant de servir des repas kascher, en attendant que soit déterminé le pénitencier où il purgera le reste de sa peine de 46 mois d'emprisonnement (sujette à remise).

Mercredi dernier, Wired News rapporte qu'alors que Mitnick et quelques autres détenus étaient transportés de la prison du comté de San Bernardino vers le centre de détention du Los Angeles métropolitain, le fourgon cellulaire a été impliqué dans un carambolage impliquant plusieurs véhicules.

Les passagers du fourgon cellulaire, menottes et chaînes aux pieds, ont été fortement secoués; aucun d'entre eux n'étant retenu par une ceinture de sécurité.  Mitnick a été projeté tête première sur une paroi de métal se blessant à la tête et au cou.  Des radiographies préliminaires n'ont pas permis de constater qu'il y avait fracture, bien que Mitnick se plaigne depuis de maux de tête, de nausées et de douleurs au cou et à l'épaule.

Comble de malheur pour le Condor, après avoir attendu en vain d'être admis au centre de détention de Los Angeles, il a été retourné à San Bernardino où, non seulement n'a-t-il pas droit à l'alimentation kascher, mais où il n'a pas reçu de traitements médicaux ni de médicaments contre la douleur.

Ses avocats ont décliné tout commentaire sur d'éventuelles poursuites découlant de ces récents événements, mais ont instamment réitéré le transfert de leur client vers une institution fédérale respectant les options religieuses de leur client.

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 Technostress sur les campus
Thème propice à la rentrée scolaire, une enquête réalisée auprès de 34 000 enseignants de niveau collégial et universitaire aux États-Unis révèle qu'une forte proportion d'entre eux se sentent dépassés par les nouvelles technologies au point que cette inaptitude engendre un degré de stress élevé.  En fait, c'est plus de deux tiers des répondants qui ont dit avoir peine à maîtriser les technologies de l'information et à les utiliser, ce qui dépasse au rang des préoccupations principales de ces enseignants la charge de travail (62 %) et les exigences liées à la recherche et à la publication d'ouvrages (50 %).  Certains parlent même ouvertement de «crainte» ou de «peur» des ordinateurs, ce qui fait en sorte qu'ils n'apprennent jamais à les apprivoiser ou à les utiliser efficacement.

Pour Linda Sax, directrice adjointe de l'Institut de recherche en éducation supérieure à l'Université de Californie à Los Angeles - UCLA, (citée par l'agence Associated Press), le degré de stress découlant des technologies de l'information serait inversement proportionnel au temps consacré par les enseignants à l'utilisation des ordinateurs.  Ainsi, moins on utilise un ordinateur, plus cette utilisation engendre un stress.  Pour expliquer leur réticence à avoir recours aux technologies de l'information, y compris Internet, les professeurs évoquent le manque de temps à consacrer à leur apprentissage et la complexité apparente de ceux-ci.

Si 85 % des enseignants disent utiliser un ordinateur pour écrire des notes de service et des lettres, et 87 % déclarent échanger de la correspondance par courrier électronique, ils ne sont que 38 % faire usage d'outils de présentation assistés par ordinateur pour leurs cours, et seulement 35 % à consulter Internet pour effectuer des recherches.

Sérieux décalage avec la population étudiante qui, dans bien des cas, utilise des ordinateurs depuis la maternelle estime Harlan Leebo, porte-parole de UCLA.  Leebo souligne que l'an dernier à la rentrée, 80 % des étudiants disposaient de leur propre ordinateur.  Encore la semaine dernière, on apprenait que l'Université d'Arlington (Texas) exigeait des nouveaux étudiants qu'ils réussissent un test de connaissances informatiques pour évaluer leur maîtrise d'Internet, du courrier électronique, des moteurs de recherche et du traitement de texte.  À quand un test semblable pour les profs?

L'Institut de recherche en éducation supérieure de UCLA mène depuis quelques années des enquêtes sur le profil des étudiants de première universitaire, ainsi que sur le profil des enseignants.  Outre les perceptions des enseignants des technologies de l'information, l'enquête de 1999 révèle que 92 % des enseignants du collégial et de l'universitaire sont de race blanche (90 % en 1989).  De plus, le corps professoral vieillit, 32 % des enseignants sont âgés de plus de 55 ans (24 % en 1989).  Malgré leurs craintes envers les technologies de l'information, les répondants se disent satisfaits de leur emploi dans une proportion de 75 % (69 % en 1989).

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 Marché des noms de domaines
Une des ressources commercialisables de la nouvelle économie est certainement les noms de domaines, ces adresses alphanumériques partie d'un nom Internet qui identifie spécifiquement le site Internet d'une organisation donnée.  Les entreprises aiment bien avoir un nom de domaine qui corresponde à leur nom, ou à leurs marques de commerce, comme IBM.COM, APPLE.FR, COREL.CA, etc.  Les divers services ou publications optent pour des noms descriptifs les identifiant à leurs produits et faciles à se rappeler comme WEBDEPART.COM, WEBDOEXPERT.CH, FRANCE.INTERNET.COM.

Deux facteurs jouent dans le choix d'un nom de domaine : la disponibilité d'un nom donné que tout un chacun peut réserver, et la raréfaction des noms accrocheurs à forte valeur marketing ajoutée.

La disponibilité des noms de domaines a donné naissance au «cybersquatting», l'appropriation par un individu de l'équivalent d'un espace nominatif en prévision qu'un particulier, entreprise ou organisme estime important d'acquérir du cybersquatteur le nom en question.  De plus, certains individus réservent des noms de domaines de marques ou noms connus dans l'espoir d'attirer sur leurs sites des visiteurs tapant intuitivement le nom de ces marques.  Exemple, le fabricant automobile Porsche a du faire face au cours de l'année écoulée à pas moins de 126 utilisations non autorisées de sa marque de commerce dans des noms de domaines.

Même l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (en anglais, WIPO pour World Intellectual Property Organization) n’est pas à l’abri des tactiques de mimétisme de noms de domaines et de cybersquatting.  L’Organisation détient celui de wipo.org, mais celui de wipo.com est «à vendre» par un opportuniste qui l’a retenu.  Prix demandé : 4 000 $ US.  Selon la liste de prix, plus le nom est court, plus il coûte cher.

À cet égard, disons que certaines causes aboutissent devant les tribunaux et que bien souvent les détenteurs de noms ou marques de commerce ont gain de cause contre les cybersquatteurs qui tentent de faire valoir le principe du «premier arrivé, premier servi».  Récente exception qui pourrait constituer un précédent sur le plan juridique, la cause du fabricant d'articles de bureau Avery Dennison qui accusait un homme de Los Angeles de cybersquatting car il avait enregistré les noms de domaines avery.net et dennison.net.  Le tribunal a estimé que la marque de commerce Avery Dennison n'était pas suffisamment célèbre pour bénéficier d'une exclusivité, en plus d'être composée de deux patronymes répandus aux États-Unis.

Si on ne peut vraiment approuver le cybersquatting dont le seul but est d'extorquer des sommes faramineuses à des groupes désireux de protéger leur marque de commerce, il en va autrement de la vente de noms de domaines accrocheurs, un marché en pleine expansion et qui repose davantage sur la tournure d'esprit de cette nouvelle catégorie d'auteurs.

Le service d'enchères électroniques eBay a ouvert une section réservée aux encans de noms de domaines, de nombreux sites se spécialisent dans la vente (à commission) de noms de domaines.  par exemple, Domains.Com demande 495 $ pour le nom OMEGA.COM, même prix pour ORGANISATION.COM, mais BIZECONOMY.COM va chercher 50 000 $ et NETAIDE.ORG ira au plus offrant.  Mais n'allez pas dépenser les 500 $ qu'on voudrait pour LOUISVUITTONONLINE.COM, vous risquez de perdre votre mise rapidement lorsque le fabricant d'articles de luxe se rendra compte du subterfuge.

Emily Turrettini vient de mettre en ligne DotcomBoutique, une page où vous pouvez afficher gratuitement les noms que vous auriez réservés et que vous souhaitez mettre sur le marché, ainsi que vos coordonnées.  Elle même y est allée de LESTITRES.COM, WEBOMETRIE.COM et POINTCOMBOUTIQUE.COM.  DotcomBoutique propose aussi des liens vers d'autres galeries marchandes de noms de domaines francophones et anglophones sur le Web, des courtiers de noms et des sites ventes aux enchères.

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 Pratiques anti-piratage douteuses
Dans sa lutte à finir contre le piratage de logiciels la Business Software Alliance (BSA), dont nous vous parlons souvent dans ce dossier, s'est attirée les foudres de l'association britannique des comptables agréés (ACCA).  Cette dernière a même avisé ses membres de certaines «lettres d'intimidation» que la BSA leur a récemment fait parvenir.

Bien que l'association des comptables s'oppose à l'utilisation de logiciels piratés, elle affirme que la BSA a recours à des subterfuges pour violer la vie privée et obtenir des renseignements commerciaux confidentiels.  Le secrétaire du comité de l'association sur la petite entreprise a même affirmé «La formulation de la lettre suggère que la BSA a des pouvoirs qu'elle ne détient nullement.  C'est une attitude de gros bras et je ne crois pas que ce soit efficace.».

La BSA estime que la moitié des logiciels en utilisation au Royaume-Uni sont piratés ou font l'objet d'utilisation abusive de licences.  Récemment, elle a fait parvenir une lettre à 80 000 entreprises britanniques leur demandant de fournir des renseignements sur le nombre d'ordinateurs utilisés, les logiciels exploités, le nombre de salariés et leur connaissance des lois anti-piratage.

En juin, l'association de déontologie et des normes en marketing du Royaume-Uni avait demandé à la BSA de retirer de ses lettres les mots «avis officiel» (formal notification) car elle jugeait qu'ils conféraient un caractère officiel et laissaient supposer une obligation de répondre.

L'association des comptables s'oppose elle aussi au choix des termes et à la formulation employée, citant un «dernier rappel» communiqué par la BSA enjoignant les entreprises à répondre au questionnaire dans les sept jours de sa réception et leur soulignant les peines auxquelles elles s'exposent en utilisant des logiciels piratés.

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 En bref...
C'est la rentrée aux diverses chaînes radio et télé de Radio-Canada et, entre autres, on est très heureux d'être soulagé des inepties matinales de Chrystine Brouillet à la Première chaîne, tout autant qu'on regrettera les p'tits airs d'été de Chantal Jolis.  Toujours à la Première chaîne, l'équipe de saison de l'émission «C'est bien meilleur le matin» nous revient avec une nouveauté : deux webcamscamirettes» pour les intimes, selon l'OLF) en studio pour épier les allées et venues des animateurs, chroniqueurs et invités.  Nouveauté s'entend pour cette émission, car de nombreuses stations privées nous offraient déjà ces trous de serrures indiscrets sur ce qui se passe de l'autre côté du micro.  L'animateur de CBMM, René Homier-Roy, aurait-il trinqué à la fontaine de Jouvence pendant ses vacances? On l'a entendu la semaine dernière vanter l'idée des webcams sur un ton enjoué qui contrastait avec sa réserve d'il y a seulement un an par rapport à Internet.  Eh oui, en août 1998, interrogé par l'équipe de l'émission «Branché», René Homier-Roy déclarait à propos du réseau et de la tiédeur de son enthousiasme, «C'est pour moi, sûrement, une question de génération, mais je fais partie de la mienne, je n'y peux rien.  Puis les pilules pour rajeunir, je n'en veux pas...» Preuve que les vacances, à défaut de faire maigrir, font rajeunir.  À surveiller, donc, les webcams de CBMM et le reste de la programmation des chaînes radio et télé disponible comme toujours à l'échelle de la planète en RealAudio.

La Fédération nationale des communications (FNC), membre de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), a maintenant son site Web.  La FNC, fondée en 1972, regroupe les syndicats de plus de 7 000 salariés et travailleurs autonomes de l'industrie des communications et de la culture et assurer leur représentation en matière de négociation d'ententes collectives de travail, de respect de leurs droits, d'indépendance éditoriale, de liberté de presse et d'expression.  Le site permet la consultation de divers documents de la Fédération ainsi que des mémoires et interventions sur certains dossiers.  La section «Dernières nouvelles» et «La Dépêche» devraient éventuellement permettre de suivre le déroulement de causes importantes, dont la procédure de l'Association des journalistes indépendants du Québec (AJIQ) contre les éditeurs de plusieurs publications québécoises.  La FNC offre aussi aux journalistes de déposer une demande de carte de presse internationale émise par la Fédération internationale des journalistes.

Concernant le dossier AJIQ, l'Association informait récemment ses membres que les éditeurs et le diffuseur de versions électroniques Cedrom-Sni venaient de donner leur première réplique à la requête de l'AJIQ pour exercer un recours collectif au nom des journalistes pigistes du Québec.  Les procureurs des éditeurs et de Cedrom-Sni ont déposé une requête auprès du tribunal demandant que soient déposés les noms des personnes concernées par le recours, soit les journalistes pigistes.  La requête doit être entendue le 30 septembre.  Requête normale, selon Me Normand Tamaro, un des avocats représentant l'AJIQ dans cette cause, les éditeurs sont en droit de savoir qui est concerné par le recours.  Cependant, si cette requête était déboutée en cour, les éditeurs pourraient aller en appel, ce qui entraînerait de nouveaux délais dans l'audition de la cause de l'AJIQ et ferait évidemment le jeu des mis en cause.  Rappelons qu'en juin dernier, l’AJIQ demandait à la Cour supérieure du Québec l'autorisation d'exercer au nom des 200 pigistes qu’elle représente un recours collectif de 30 millions de dollars contre les journaux La Presse, Le Devoir, Le Soleil, Le Droit, Le Quotidien, Le Nouvelliste, le Progrès Dimanche, le journal Voir et le journal Les Affaires, ainsi que les magazines l'Actualité, Affaires Plus, Commerce et P.M.E., et enfin la compagnie CEDROM-SNI qui reproduit électroniquement les contenus de ces publications et qui selon l’Association ne respectent pas les droits d'auteur de ses membres.

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 Beau détour
Changement de thème cette semaine, et cap sur une série de représentations visuelles des espaces cyber avec «An Atlas of Cyberspaces».  Tous les parents qui ont du répondre à la question «Dis, pourquoi on appelle ça la toile?» auront avantage à garder ce site en signet pour préparer un petit cours de cybergéographie à l'intention de leurs enfants.  Pour les autres, ce sera un pur plaisir que de visualer l'intangible.

Et sur ce, nous vous souhaitons à tous et toutes une excellente semaine.

Écrire à Jean-Pierre Cloutier


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