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Les Chroniques de Cybérie
7 septembre 1999

© Les Éditions Cybérie inc.

7 septembre 1999

Salutations à tous les Cybériens et Cybériennes!

Cette Chronique n'est optimisée ni pour Netscape, ni pour Internet Explorer, elle l'est pour ses lecteurs et lectrices.

Cette semaine...

Hotmail/Microsoft : les retombées
Le faux «hack» des anti-ogm
Internet gratuit au Québec?
Le gouvernement canadien et le français sur Internet
Cybermédias indépendants : état des lieux
De Vénus ou de Mars
En bref...
Pas de beau détour...

 Hotmail/Microsoft : les retombées
Après avoir colmaté la brèche de sécurité qui laissait à découvert quarante millions de comptes de courrier électronique, le service aux utilisateurs de Hotmail de la société Microsoft a publié sur son site un communiqué pour expliquer la mise hors connexion occasionnée par une «possible défaillance de la sécurité» à laquelle les ingénieurs voulaient parer.  «Les serveurs Hotmail sont de nouveau opérationnels pour que les utilisateurs puissent continuer à profiter de leur service de messagerie en toute sécurité.  Notez qu'aucune démarche particulière ne vous incombe pour bénéficier de la mise à jour de Hotmail.» Pour Microsoft, l'affaire était close.

On a aussi appris avec quelle facilité l'intrusion pouvait être perpétrée.  Michael Nobilio, programmeur à l'emploi d'une société suédoise, avait écrit un petit logiciel, «Hotmail Login ID Storage Program 1.1», destiné à faciliter l'accès au service.  Légèrement modifié par d'autres, et diffusé sur le Web, ce petit CGI de cinq lignes ouvrait toute grande les portes de Hotmail.  On était loin des «techniques hautement sophistiquées» évoquées dans les médias par les relationnistes de Microsoft.

Alan Paller, directeur de recherche à la System Administration, Networking and Security Institute, a déclaré au Industry Standard que l'incident allait changer la perception que le public a des hackers.  On s'amuse toujours quand un site Web officiel est modifié temporairement, mais selon Paller «la dimension la plus intéressante, ici, c'est qu'on se rend compte de notre vulnérabilité personnelle face aux hackers, et qu'ils sont à nos trousses.  C'est un changement de perception.»

À la chaîne anglophone de télévision de la CBC, dans le cadre d'un débat aux actualités opposant un porte-parole de Microsoft, Simon Watts, et deux critiques de l'entreprise de Redmond, on a entendu Watts déclarer que la seule raison pour laquelle l'affaire Hotmail défrayait les manchettes était «l'excellente réputation de Microsoft en matière de protection des renseignements personnels et de respect de la vie privée».  Nous n'avons pas été les seuls à sursauter.  Et de nouveau lorsqu'on a appris d'un des participants qu'il y avait eu deux prises pour l'enregistrement de ce débat, et que la seconde, celle où Simon Watts pouvait anticiper les arguments plus «techniques» des critiques de Microsoft et formuler sa défense, est celle qui a été retenue pour diffusion.

«Microsoft sait très bien que si cette mantra des relationnistes est sans cesse répétée, le public viendra à y croire» affirme David Jones de Frontière Électronique Canada.  «Ce qui est à la fois triste et renversant, c'est que lorsque la machine des relations publiques de "Big Bill" en aura terminé avec l'affaire de Hotmail, Microsoft aura évité l'embarras, même si c'est potentiellement la plus importante faille de sécurité jamais découverte.  On dira au public que c'est surprenant, sachant que Microsoft a une réputation exemplaire en matière de sécurité, et que c'est ce qui représente un élément de défi pour les gros méchants hackers.  Les techniciens de Microsoft travaillaient à régler le problème au beau milieu de la nuit? Eh oui, même quand vous dormez, Microsoft veille pour vous.  Et dans une semaine, mentionnez le mot Hotmail à quelqu'un, et il vous répondra "Ah oui, Hotmail, ils ont réglé le problème hein? Enfin, je crois..."»

Le 10 octobre 1990, une fillette koweitienne de quinze ans, connue alors seulement sous le nom de Nayirah, témoignait devant le Caucus du Congrès américain sur les droits de la personne.  «J'étais bénévole à l'hôpital de al-Addan [Ndlr.  Koweit City]» dit-elle.  «J'ai vu des soldats irakiens armés faire irruption dans l'hôpital et se diriger vers une salle où se trouvaient des bébés dans un incubateur.  Ils ont sorti les bébés des incubateurs, pris les incubateurs, et laissé les bébés mourir sur le plancher froid.»

Au cours des trois mois qui suivirent, l'histoire des bébés laissés pour morts fut très souvent évoquée.  Le président Bush la raconta, on en parla en comités au Congrès, au Conseil de sécurité des Nations Unies, à la radio et à la télé.  Amnistie Internationale emboîta le pas et protesta officiellement auprès des autorités irakiennes.  Trois mois plus tard, les États-Unis déclenchaient l'opération «Tempête du Désert» pour «libérer» le Koweit.  L'opinion publique, qui s'opposait à une intervention armée contre l'Irak, avait été marquée par l'histoire des bébés koweitiens et appuyait maintenant l'idée d'une intervention.

Après la guerre, on découvrit que l'histoire des bébés tués était fausse; Amnistie Internationale dut se rétracter.  On apprit aussi que la petite Nayirah était en fait la fille de l'ambassadeur du Koweit à Washington, Saud Nasir al-Sabah, membre de la famille royale koweitienne, et qu'avant son témoignage elle n'avait pas mis les pieds au Koweit depuis longtemps.  Sa prestation devant le Caucus du Congrès avait été orchestrée par la Human Rights Foundation, un organisme très près de la firme de relations publiques Hill & Knowlton, en fait une de ses créations, qui partageait bureaux et réceptionnistes à Washington.  Hill & Knowlton avait aussi pour clients la famille royale koweitienne, les gouvernements de Turquie, d'Indonésie et de plusieurs autres pays.

Tout ceci pour dire que Hill & Knowlton compte aussi parmi sa clientèle pour les États-Unis, la France et le Canada, la société Microsoft.

Ah oui, j'oubliais, l'histoire des «clés» qui ouvrent les systèmes et serveurs Windows aux services secrets américains.  Bof, du travail de plus pour les relationnistes.

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 Le faux «hack» des anti-ogm
Mardi dernier, un correspondant attire notre attention sur un cas surprenant.  L'organisme Physicians and Scientists for Responsible Application of Science and Technology - PSRAST (physiciens et scientifiques pour une utilisation responsable de la science et de la technologie) milite contre les abus en biotechnologie et l'utilisation des organismes transgéniques.  Notre correspondant, abonné à une des listes de diffusion de l'organisme, nous communique un message reçu du président de la PSRAST qui prétend que leur site Web a été détourné, saboté.

La page d'accueil (maintenant rétablie) aurait été remplacée par une page qui ne mène nulle part, mais dont le code HTML est signé «Globalworks Corporation».  D'écrire Jaan Suurkula, le président de la PSRAST, «Nous tenons cet acte de sabotage apparent comme une reconnaissance, quoique douteuse, de l'importance de notre site [...] Il est toutefois grave que de telles tentatives de supprimer la liberté d'expression aient lieu.  L'industrie de la biotechnologie a, par le passé, engagé des actions semblables [...] Il y a donc raison de la soupçonner, bien que nous ne puissions rien prouver pour le moment, peut-être jamais, car ils sont en mesure de camoufler leurs gestes efficacement.» Suurkula, qui appelle à l'aide pour récupérer son nom de domaine et identifier les responsable de la Globalworks Corporation, et du même jet de clavier ne manque pas de donner les deux adresses de miroirs de son site, mentionne aussi les difficultés financières de la PSRAST.

Le journal Le Monde reprend, dans son édition interactive, l'ensemble des prétentions de M.  Suurkula sous le préambule «Qui a hacké le site de l'association PSRAST», parle de «goutte qui a fait déborder le vase», et donne l'adresse des sites miroirs qui parlent de «rapport de la Deutsche Bank adressé à des investisseurs institutionnels» et de «l'effondrement des actions en Bourse des entreprises de biotechnologie».

Vérification faite dans les bases de données et registres, le domaine psrast.org est hébergé chez Globalworks Corporation, courtier en hébergement, lui-même hébergé chez le prestataire Yanosoft.  Selon Jonathan Marten, directeur de Globalworks avec qui nous avons communiqué, le PSRAST accusait un retard de paiement des frais d'hébergement.  «Ce serait un bris d'éthique que de dévoiler des détails sur nos clients, mais je peux vous confirmer que le PSRAST avait été avertie du retard et des conséquences possibles.  Nous avons, depuis une semaine, entendu bon nombre de théories fantaisistes, parfois amusantes, sur le retrait de connexion du site du PSRAST.  Je voudrais cependant insister sur le fait qu'il ne s'agit que d'une question d'arriéré de paiement.»

Jaan Suurkula, médecin de son état et président du PSRAST, déplore le malentendu.  Il évoque un changement du numéro de carte de crédit utilisé pour régler les frais d'hébergement, changement qui n'a pas été communiqué à l'hébergeur.  De plus, il nous dit que le PSRAST avait changé d'adresse de courrier électronique, et que cette ancienne adresse n'était consultée qu'une fois la semaine.  L'avis de non paiement de l'hébergeur aurait donc «dormi» un certain temps à cette adresse caduque.  «Je regrette que nous ayons été un peu vite sur la gâchette en exprimant nos soupçons» nous a-t-il déclaré, ajoutant qu'il s'agissait d'un malheureux concours de circonstances.

Pourquoi n'a-t-il pas fait comme nous et remonté la piste des noms de domaines dans les registres publics, et communiqué avec les administrateurs des courtiers et hébergeurs? «Aucun membre de notre groupe ne possède les connaissances permettant de le faire.  C'est pourquoi nous demandions l'aide des abonnés à notre liste.»

L'affaire est donc classée.  Le PSRAST se cherche un autre hébergeur, n'ayant pas apprécié la déconnexion de Globalworks, cette dernière sera probablement payée, et les lecteurs et lectrice du Monde Interactif en auront été quitte pour la lecture d'un bon scénario.

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 Internet gratuit au Québec?
Possible, s'il est offert par une très grande entreprise dont le marché s'étend au-delà du seul marché québécois.  C'est la conclusion d'une étude réalisée par l'économiste Louis Bellemare de la Direction Générale des Communications et du Multimédia du ministère de la Culture et des Communications du Québec et reproduite chez Multimédium.

Leadership britannique en matière de service Internet gratuit, avec près de 40 % des utilisateurs et utilisatrices optant pour cette formule d'accès.  En France, pas moins d'une douzaine de fournisseurs, chiffre en progression.  Aux États-Unis, quelques exemples, mais le contexte est différent, on le sait, en raison des forfaits de communications téléphoniques locales illimitées.

Cependant, selon M.  Bellemare, «l'importante croissance de la publicité en ligne et du commerce en ligne aux États-Unis permettrait d'assurer la viabilité de ces entreprises dans le moyen terme, et de prévoir une diminution substantielle des tarifs d'accès à l'Internet.» Par une baisse de la tarification, on réussirait à démocratiser davantage l'accès au réseau et on contribuerait au développement «néo-économique» (l'expression est de nous).  D'écrire M.  Bellemare, «Pour le Québec, qui affiche encore un retard important dans le niveau d'informatisation et d'accès à l'Internet, cet enjeu est de taille.  Une telle situation où l'accès deviendrait universellement gratuit aux États-Unis n'aurait pour conséquence que d'accroître encore plus le retard du Québec, et par de là, d'engendrer une perte de compétitivité de son économie.» Impact sur le modèle économique du médium, aussi, «La gratuité de ce service confirmerait qu'Internet tend à se rapprocher du modèle de la télévision, où l'accès aux émissions est gratuit, mais le financement assumé par des revenus autonomes, dont la publicité.»

L'étude se penche sur les différents modèles de financement, passe en revue, statistiques à l'appui, la publicité et le commerce électronique et détermine des modèles de coûts.  Le lecteur appréciera la clarté des propos de l'auteur, ce qui n'est pas toujours le lot des économistes.

Puis, M.  Bellemare procède à déterminer les conditions de rentabilité d'un service d'accès gratuit à Internet au Québec à l'aide de deux scénarios (revenu autonome et service liés) reflétant à la fois la variation du coût unitaire d'un service d'accès, ainsi que différentes hypothèses de revenus.

La conclusion de l'étude sur la faisabilité de la mise en place d'un service d'accès gratuit à Internet (oui, s'il est offert par une très grande entreprise dont le marché s'étend au-delà du seul marché québécois) s'appuie entre autres sur le fait que le Québec ne comptait, selon les statistiques de 1998, que 445 000 utilisateurs (15,6 % des foyers), excluant à court terme toute possibilité qu'un service d'accès gratuit à Internet soit offert par une entreprise oeuvrant uniquement sur le marché du Québec.  Dans un scénario de revenu autonome, le seuil de rentabilité (point de rencontre entre coût unitaire moyen et revenu unitaire moyen) s'établirait à quelque 830 000 utilisateurs pour un coût unitaire de 7,6 $.

L'auteur affirme que le scénario dit «à services liés» (alliance entre deux entreprises de secteurs industriels différents contribuant au développement des marchés respectifs des alliés) est plus réaliste.  Il évoque l'association banque/fournisseur d'accès comme l'exemple idéal du modèle des services qui serait applicable.

«En considérant un reversement d'une banque au fournisseur d'accès d'un montant équivalent à 3 $ par internaute par mois, on obtiendrait les résultats suivants : le revenu unitaire s'établit à quelque 10,6 $ (le reversement de la banque + plus les revenus autonomes en publicité et revenus de commission sur le commerce électronique) et la charge nécessaire serait de 230 000 internautes; considérant le nombre d'internautes au Québec qui est de 445 000, la part de marché pour une seule entreprise devrait être de 52 %, ce qui implique encore ici l'existence d'une forte concentration du marché.  Toutefois, en doublant le taux d'accès au Québec, la part de marché nécessaire serait de 26 %, rendant le scénario un peu plus plausible, mais pas avant deux ans (une augmentation de 53 % par année du taux d'accès rendrait l'Internet gratuit possible au Québec pour une entreprise détenant 26 % de part de marché dans 2 ans).

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 Le gouvernement canadien et le français sur Internet
Parlons de l'étude spéciale publiée par le Bureau de la Commissaire aux langues officielles (CLO), intitulée «Le gouvernement du Canada et le français sur Internet», qui traite des contenus en français sur le réseau.  La Commissaire, Madame Dyane Adam, impute au gouvernement canadien «une responsabilité particulière afin de favoriser la création et la diffusion d'une masse critique de contenus en français sur Internet, non seulement à cause des obligations qui lui incombent en vertu de la Charte et de la Loi sur les langues officielles et de sa participation à la Francophonie internationale, mais aussi en raison de l'importance économique, sociale, politique et culturelle de la participation équitable à l'émergente société du savoir des Canadiens d'expression française et d'expression anglaise.»

La Commissaire estime qu'il reste fort à faire pour «créer une dynamique de plus en plus favorable à l'utilisation et à la promotion de contenus en français sur Internet.» Soulignant la situation au Québec, où la proportion des résidants qui communiquent par ordinateur au cours d'un mois type n'est que de 26,2 %, soit le niveau le plus bas au Canada (moyenne canadienne 39,5 %, Alberta, 45,1 %, Terre-Neuve 28,9 %), l'étude estime que de nombreux facteurs contribuent sans doute à ce retard.  «Le peu d'information et de services en français en est certainement l'un des plus importants.  Cette différence dans les usages semble difficilement compatible avec l'engagement du pays envers la dualité linguistique et l'égalité de statut du français et de l'anglais.»

Concernant le Comité consultatif sur l'autoroute de l'information (CCAI) et de son rapport de 1995 «Contact, communauté, contenu : Le défi de l'autoroute de l'information», assorti de 300 recommandations, notamment que la langue française occupe une place prépondérante sur l'autoroute de l'information, on lit dans l'étude du Bureau de la CLO : «Ainsi, bien que le Comité fasse état de la dualité linguistique, son rapport est lacunaire à cet égard.  En effet, il néglige de traiter des difficultés particulières liées à l'utilisation de l'Internet en français.  Le Commissaire aux langues officielles avait d'ailleurs souligné ces faiblesses au Premier ministre du Canada, arguant que la dualité linguistique devrait être l'un des principes directeurs du CCAI».  Septembre 1997, second rapport du CCAI intitulé «Préparer le Canada au monde numérique».  Création d'un groupe de travail sur la numérisation des contenus, constat d'insuffisance de contenus en français, recommandation d'augmenter le contenu numérique en français, disponible en ligne et hors ligne.

«Il est regrettable cependant que le gouvernement du Canada n'ait pas donné suite à ces recommandations.  La présente étude vise à faire valoir auprès du gouvernement du Canada l'importance d'agir à cet égard» lit-on dans l'étude de la CLO qui, après une description exhaustive du contexte dans lequel évolue l'administration fédérale en matière d'inforoutes, formule de nouveau un ensemble de recommandations au nombre de douze.

Soulignons, notamment : obligation de créer un volume d'information d'une qualité et d'une pertinence suffisantes pour assurer des échanges fructueux en langue française; accessibilité sans frais, sur Internet, des banques de terminologie, modules de recherches bilingues et spécialisés, et outils de transferts linguistiques qui sont la propriété du gouvernement du Canada; création d'un portail présentant l'ensemble des sites artistiques et culturels, économiques, financiers, scientifiques et techniques du gouvernement du Canada, et établissement de nombreux liens électroniques avec les organismes sans but lucratif; création d'un autre portail, celui-ci destiné à rendre plus facilement accessibles les informations sur les États membres de la Francophonie.

Autre recommandation, soit l'augmentation en volume et en qualité de traduction (nous insistons nous-mêmes sur l'aspect qualité) des documents des ministères et organismes fédéraux devant être diffusés sur Internet.  D'expérience, nous savons que si certains sites sont exemplaires dans leur utilisation d'un français de haute tenue, d'autres nous proposent ce qui semble être le produit des traductions automatisées tant décriées pour leur piètre qualité.

On ne peut être contre la vertu, mais au vu du peu d'empressement de l'administration fédérale à donner suite aux recommandations passées, on est en droit de se demander si, cette fois, elle prêtera oreille à ceux et celles à qui, pourtant, elle donne le mandat de la conseiller.

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 Cybermédias indépendants : état des lieux
Nous vous parlions, il y a quelque temps, du colloque sur la presse alternative au Québec qui se tiendra au Cégep de Drummondville le samedi 16 octobre et où il devrait être largement question d'Internet et de publications en ligne.  Les participants auront l'avantage de disposer d'un texte solide pour ainsi dire mettre la table aux échanges, «Les cybermédias indépendants : Définition, historique et état des lieux» de Monique Fréchette.

Si le débat des cybermédias indépendants et alternatifs en sus s'inscrit dans un contexte qui lui est propre, le texte présente l'avantage de bien camper la problématique de ces éditeurs sur des définitions claires.  «En résumé, le cybermédia indépendant est un moyen d'information périodique qui publie, spécifiquement dans le cyberespace, un contenu d'actualités au bénéfice d'un grand public et dont la ligne éditoriale n'est pas entravée par un commettant [...] le cybermédia est un diffuseur cybernétique d'information pour qui le réseau est l'unique voie de transmission et il lui serait difficile de transposer intégralement le résultat de son travail sur le papier.  Cette nuance fait du cybermédia une créature hybride souvent boudée et peu reconnue par ses confrères de l'écrit conventionnel.»

Le texte traite entre autres des problèmes de financement, et l'auteure reconnaît qu'il serait utopique de vouloir y appliquer les modes conventionnels.  Réticences du lectorat à payer pour un abonnement, problèmes et déceptions à l'égard des bandeaux publicitaires, «force est de constater que, sans l'aide gouvernementale, il ne reste guère d'avenues de solutions au financement de la presse alternative sur Internet.  À ce chapitre, un important débat reste à faire» selon Madame Fréchette qui écrit, un peu plus loin, «À cet effet, la récente initiative d'un groupe de médias alternatifs pour faire reconnaître la présence des médias indépendants à la table de discussions du Forum de l'autoroute de l'information est un premier pas dans cette direction.»

L'initiative dont il est ici question est une lettre adressée, le 18 juin dernier, au ministre délégué à l'Autoroute de l'information et aux Services gouvernementaux, M.  David Cliche, ainsi qu'à Madame Diane Lemieux, Ministre d’État au Travail et à l’Emploi, Monsieur André Boisclair, Ministre de la Solidarité sociale, et Madame Agnès Maltais, Ministre de la Culture et des Communications, et dans laquelle plusieurs signataires faisaient remarquer au ministre «une absence déplorable des producteurs de contenus indépendants du cyberespace» au sein du Forum d'échange mis sur pied par le ministre Cliche.

Autre passage intéressant du document : «Tant et aussi longtemps que le rôle que joue la presse alternative dans la société et le cyberespace québécois demeurera mal défini et méconnu du grand public, il aura pour effet d'en diminuer l'importance et l'adhésion d'un large lectorat.»

Du pain sur la planche, donc, pour les médias alternaifs à leur colloque d'octobre.  Restera à voir les résultats.

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 De Vénus ou de Mars
On ne vous apprend rien quand on dit que les hommes et les femmes ont des comportements différents dans leur appropriation de la technologie, mais on peut quantifier certaines de ces différences.  C'est l'exercice auquel s'est adonné le cabinet de recherche PC Data Online.

Avec un échantillon de 2 812 répondants (1 479 hommes et 1 333 femmes), PC Data Online constate que les femmes consultent plus souvent leur courrier électronique que les hommes (81 % contre 70 %), et consultent davantage le Web pour se renseigner sur un sujet qui les intéresse (52 % contre 43 %).  Les femmes sont davantage susceptibles de consulter le Web dans un but précis que les hommes (80 % contre 71 %), et aussi d'exploiter les hyperliens pour pousser plus à fond leur parcours sur le Web (64 % contre 59 %) ou pour extraire de l'information sur un site Web (8 % contre 5 %).

L'utilisation des moteurs de recherche pour la consultation de sites est toutefois légèrement supérieure chez les hommes (50 % contre 46 %).  Ces derniers demeurent les champions du téléchargement de fichiers (44 % contre 23 %), de la consultation des sites boursiers (13 % contre 8 %) et des sites consacrés aux sports (10 % contre 3 %).

Évidemment, PC Data Online constate aussi des différences sur les articles, produits ou services achetés en ligne, information qui ne sera pas sans intérêt pour les entreprises qui s'investissent dans le commerce électronique et pour les agences de marketing.  Pour les hommes, ce sont d'abord les logiciels (34 %), le matériel informatique (29 %), le matériel pornographique (26 %), les livres (22 %), les produits musicaux (20 %).  Les femmes aussi disent acheter en ligne des logiciels (31 %), mais aussi des cartes de souhaits (27 %), des produits musicaux (23 %), des livres (23 %) et du matériel informatique (21 %).

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 En bref...
On dit que la rentrée littéraire en France apporte un bouquet de plus de 500 nouveautés; c'est le déluge.  Pour vous y retrouver, je vous suggère une découverte récente, Paru.Com, qui vous livre, c'est le cas de le dire, l'actualité du livre sur Internet.  Paru.Com est dirigé par Patrick Lienhardt, et sa rédaction, bénévole nous dit-on, se compose d'une quarantaine d'auteurs, tous universitaires ou professionnels de l'édition ou de l'audiovisuel.  La présentation est simple, la réalisation impeccable, et le contenu à la hauteur des attentes.  Mentionnons qu'on trouve aussi Lienhardt comme producteur de l'émission Paru TV sur CanalWeb, qui a accueilli, au cours de la saison dernière, Umberto Eco, Tzvetan Totorov, Pierre Nora et Edgar Morin entre autres (les émissions restent disponibles en archives).  Revenons à Paru.Com qui nous a fait découvrir un livre assez original, «Bugs», qui exploite le passage à l'An 2000 sous forme littéraire, soit treize nouvelles «autour d'un même dénominateur commun : l'angoisse de la panne, la chute précipitée dans le cauchemar qu'entraîne le manque de vigilance vis-à-vis du pouvoir envahissant des ordinateurs.» Paru.Com, fortement suggéré.

Le portail québécois Web Départ lance sa nouvelle version, nouvelle interface et nouveaux contenus.  Le responsable, Martin Leclair, nous apprend aussi que le contrat de représentation et de placement publicitaire qui le liait à DoubleClick a été résilié, qu'il est à la recherche de nouvelles avenues, et qu'il entendait exploiter des partenariats pointus et développer le marché de la clientèle outre-Atlantique.  Il explique davantage ses projets dans une entrevue de rentrée chez TPC.Mag.

Justement, c'est la rentrée pour TPC.Mag qui n'a rien perdu de son mordant au cours de la pause estivale.  À preuve, l'éditorial de Frédéric Fortin intitulé «Le modèle Québécois : un vélo stationnaire!» dans lequel il déplore qu'après un départ fulgurant il y a quelques années, l'avance que détenait le Web québécois a fondu comme neige au soleil.  «Le modèle québécois existe.  Le problème c'est qu'il ne fonctionne pas, qu'il est synonyme de surplace et qu'il menace dangereusement tous les acquis qu'auraient pu avoir le Québec dans le domaine de l'Internet.» Il y en a pour tout le monde.  Le gouvernement pour qui sonnera l'heure des bilans du Fonds de l'autoroute de l'information, les «capital risqueurs» qui n'ont rien risqué, l'immobilisme des gros joueurs comme Bell, Videotron et Netgraphe.  De conclure Fortin, «Mais ultimement, que La Toile ou Sympatico m'offrent ou non un agenda électronique en ligne ne constitue pas le réel problème.  C'est plutôt la croyance, selon laquelle les réalisations américaines et européennes sont impossibles à accomplir ici, qui commence à s'imprégner au Québec, qui m'inquiète...»

Rentrée télévisuelle : l'émission «Branché», produite par Radio-Canada, nous revient le 11 septembre avec quelques changements.  On verra à l'écran la journaliste Annie Hudon (précédemment au Réseau de l'information - RDI), ainsi que Barclay Fortin, spécialiste des jeux.  Mais la formule reste la même (dossiers, entrevues, bancs d'essai matériel et logiciel) sauf pour l'ajout d'une chronique «astuces pratiques».  L'émission sera désormais diffusée non seulement à l'antenne de Radio-Canada, mais aussi à RDI, à Télé-Québec et sur la chaîne de la Francophonie TV5 (consulter le site de l'émission pour les horaires).  Et comme nous disait l'animateur Jean-Hugues Roy, «Si, malgré tout, quelqu'un rate une diffusion, eh bien l'émission restera accessible en RealPlayer.» Au menu en ce début de saison, comment le high-tech a catapulté les prix de l'immobilier dans la Silicon Valley vers des sommets stratosphériques; un profil de Marjolaine Tremblay, une infographe d'Industial Light & Magic qui a réalisé des scènes d'animation 3D dans le dernier Star Wars, et comment le musicien et compositeur Michel Cusson «jamme» sur le réseau.

Peu de changements aussi à Cl@ir et Net sur les ondes de la Première chaîne radio, selon Stéphane Garneau, animateur et réalisateur de l'émission.  On tiendra le rythme des chroniques régulières et de deux invités par semaine, et les «éditorialistes» Martine Gingras, Pierre-Léonard Harvey et Michel St-Germain reviendront à tour de rôle une fois par mois, la quatrième semaine étant consacrée à une chronique sur les jeux dont s'acquittera Jean-François William, directeur jeux jidéo au Centre national d'animation et de design (NAD).  Toujours disponible en format Real Media, en direct ou en archives, l'émission est synthonisée le dimanche à 14 h 05 heure de Montréal.

Nos collègues de LMB Actu ne seront plus nos collègues de LMB Actu, mais bien nos collègues de Internet Actu, le «journal sans papier», et ce à compter du 9 septembre.  En effet, dans la dernière livraison de LMB Actu, François Vadrot et Alain Simeray, respectivement directeur de publication et rédacteur en chef, nous apprenaient que «Les cartons sont prêts.  Ce numéro expédié, les bureaux seront vidés.  Voilà qui sonne comme une fin, une fin qui pourrait vous paraître triste.  Mais nous n'aimons pas les fins tristes [...] avec le soutien du CNRS, en accord avec la loi sur l'innovation votée en juillet dernier [...] un statut de société de presse, de nouveaux locaux, une bonne connexion Internet, une équipe renforcée...  Bref, le "bulletin" devient au sens propre du terme un journal, un journal qui reste cependant sans papier.» Nos meilleurs voeux de réussite à Internet Actu et à toute son équipe.

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 Pas de beau détour...
Non, pas de beau détour cette semaine, trop défaits par le piège tendu aux démocrates indépendantistes timorais.  «Mais oui, allez voter, exprimez-vous.» Et puis si ça tourne mal, nous on n'est plus là.  Ça rappelle Haïti en 1987, non? Le site à suivre, Timor Today.  Enfin, si vous voulez savoir à quoi ont servi les 900 millions de dollars d'armes vendus à l'Indonésie, et les milliards du FMI pour le redressement des finances publiques suite à la crise asiatique de 1997, visitez les galeries photos sur le site.  Coeurs sensibles s'abstenir.

Et sur ce, malgré tout, nous vous souhaitons à tous et toutes une excellente semaine.

Écrire à Jean-Pierre Cloutier


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