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Les Chroniques de Cybérie
14 septembre 1999

© Les Éditions Cybérie inc.

14 septembre 1999

Salutations à tous les Cybériens et Cybériennes!

Cette Chronique n'est optimisée ni pour Netscape, ni pour Internet Explorer, elle l'est pour ses lecteurs et lectrices.

Cette semaine...

Québec : deux études néo-économiques
Le dur décollage du commerce électronique
Écosystèmes de la connaissance et proximité des sources
On est loin du zéro papier
L’affaire Cousteau
Internet a trente ans, biographie sommaire
Beau détour

 Québec : deux études néo-économiques
Le ministre québécois délégué à l’Autoroute de l’information et aux Services gouvernementaux, David Cliche, a rendu publiques deux études dans le cadre de la Politique québécoise de cryptographie et d’identification électronique.

La première, «Enquête sur les transactions et l’identification dans un contexte d’inforoute», a été réalisée par l’Institut de la statistique du Québec auprès de 2 000 Québécois et Québécoises de 18 ans et plus.  Volumineuse masse de données, on retient cependant quelques grandes lignes.  Seulement 3 % des répondants disent avoir, au cours des trois derniers mois, effectué des achats de biens et services par Internet, effectué des dépôts d’argent ou des transferts, avoir acquitté des factures de services publics, ou réglé des comptes de cartes de crédit.  Par contre, au cours des six prochains mois, 9 % de ceux et celles qui paient des factures à l’aide de méthodes électroniques (téléphone, guichet électronique, etc.) prévoient changer de méthode de paiement, et 31 % opteront pour le paiement par Internet.

L’étude évoque les mêmes obstacles au déploiement du commerce électronique que l’on constate ailleurs, soit la préférence accordée aux contacts personnels et à l’évaluation du produit en personne, la crainte de subtilisation du numéro de carte de crédit et de fraude.  On remarque cependant que 71 % des répondants sont au courant de l’existence de lois visant à protéger la vie privée et les renseignements personnels.  Là où il y a presque unanimité (95 %) chez les utilisateurs et utilisatrices d’Internet, c’est sur l’application à Internet des protections garanties par les lois québécoises actuelles.

La deuxième étude est en quelque sorte la mise en contexte de la première à la lueur d’autres enquêtes et sondages sur le sujet.  Intitulée «Les Québécois face aux inforoutes», et réalisée par le cabinet ScienceTech avec la collaboration des experts du ministère, l’étude dresse un bilan éclairé de la situation.  S’il est vrai que la pénétration d’Internet au Québec accuse un retard par rapport au reste du Canada (le Canada arrive au 6e rang mondial, le Québec sans le Canada au 7e rang) , elle est néanmoins supérieure à ce que l’on constate au Royaume-Uni (8e rang), en Allemagne (10e rang) ou en France (14e rang).

Le dévoilement de ces deux études vient donc, données à l’appui, camper la situation alors que le ministre Cliche s’apprête à annoncer le dépôt de projets de lois visant à établir un cadre juridique pour le commerce électronique, comme nous vous le communiquions il y a un mois.

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 Le dur décollage du commerce électronique
Imaginez entrer dans un magasin d'alimentation grande surface, et constater que ça et là, des paniers à provisions abandonnés encombrent les allées.  Les sites Web marchands, les zéro surface, utilisent des logiciels auxquels le client accède, fait son choix parmi les produits offerts et les mets dans un panier à provisions virtuel; une fois terminé, le logiciel lance le processus de facturation.  Selon la société Liveperson spécialisée dans l’aide à la clientèle en ligne, il y a dans les zéro surface deux fois plus de paniers à provisions virtuels abandonnés que de paniers pour lesquels la transaction a été complétée.

La société Creative Good, qui publie les Good Reports, met en garde les cybermarchands à l’approche (eh oui) de la période des Fêtes.  Il leur faut simplifier et bonifier l’expérience d’achat en ligne.  Selon les auteurs d’un rapport, 39 % des acheteurs participant à des tests n’ont pas complété les transactions initiées en raison du manque de convivialité des sites; ce taux d’échec pourrait signifier des pertes de six milliards de dollars pour les cybermarchands durant la période des Fêtes.  La recherche de produits n’est pas facile, 56 % des tentatives ont échoué, représentant une perte potentielle de 7,6 milliards de dollars.

Good Reports soutient cependant qu’un investissement de un dollar en publicité rapporte généralement 5 $ en ventes.  Cependant, un dollar investi pour rendre l’expérience d’achat en ligne plus simple et agréable peut à terme rapporter 60 $.

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 Écosystèmes de la connaissance et proximité des sources
Deux communications scientifiques publiées dans l’hebdomadaire américain Nature ont retenu cette semaine notre attention.  D’abord, une en provenance de chercheurs du Palo Alto Research Center (PARC) qui établit un modèle de dynamique de croissance du Web et décrit cette nouvelle «écologie de la connaissance», puis la seconde, cette fois de l’Université Notre Dame, qui nous trace un modèle théorique du «diamètre» du Web et qui établit que toutes les sources sont bien plus rapprochées qu’on ne le croirait.

D’après les professeurs Bernardo Huberman et Lada Adamic du secteur des écosystèmes Internet du PARC, la croissance exponentielle du Web l’a transformé en un vaste écosystème de connaissance à l’intérieur duquel des informations très diverses sont liées entre elles de manière extrêmement complexe et arbitraire.  Malgré tout, Huberman et Adamic démontrent dans leur document «Evolutionary Dynamics of the World Wide Web» qu’il y a un «ordre caché» dans cette croissance, et qui dit ordre dit aussi possibilité de modélisation.  Les deux chercheurs, tenant compte des taux de croissance aléatoires du nombre de pages Web par sites, et des différentes dates de création des sites, ont élaboré une équation universelle permettant de déterminer le nombre total de pages dans l’univers Web; leur théorie permet aussi de dénombrer et classer les sites par le nombre de pages qu’ils contiennent.  Si cette équation, partiellement confirmée en ayant recours aux robots indexeurs de Infoseek et Alexa, permet de constater l’absence actuelle de toute échelle de longueur du Web, cet «ordre caché» aide à déterminer le nombre de sites Web par catégorie de nombre de pages, ce qui pourrait s’avérer utile pour les responsables de robots indexeurs.

Absence d’ordre de longueur, peut-être, mais pas de diamètre.  Dans une communication intitulée «Diameter of the World Wide Web», les professeurs Reka Albert, Hawoong Jeong, et Albert-Laszlo Barabasi de l’Université Notre Dame (Indiana) estiment que beaucoup d’efforts sont déployés pour calculer le nombre de sites et de pages dans l’univers Web, mais qu’on devrait se pencher davantage sur ce qui compte en matière de recherche d’information, soit une topologie du Web établie à l’aide de formules mathématiques.

Sans vouloir porter préjudice à l’idée d’Edmond Rostand, renversons «l'engendrement du complexe par le simple» et disons que d’après les chercheurs de Notre Dame, deux pages choisies au hasard parmi les 800 millions que compte l’univers Web ne sont, en moyenne, qu’à 19 clicks l’une de l’autre.  Cette «distance» de 19 clicks représente donc le diamètre du Web, et la faible valeur de cette donnée signifie qu’un agent de recherche intelligent qui interpréterait les liens et suivrait ceux qui sont pertinents à l’objet de la recherche, pourrait rapidement trouver l’information recherchée, ce qui n’est pas le cas d’un moteur de recherche.  Les chercheurs ont calculé qu’en théorie, certains moteurs ne recensent qu’un faible pourcentage de l’univers Web car ils n’exploitent pas la nature maillée du réseau, se concentrant uniquement sur le nombre de pages à indexer.

La bonne nouvelle, selon les chercheurs, est qu’en raison de ce petit diamètre, toute l’information contenue sur le Web n’est qu’à quelques clicks de distance.  Bien que parfois, et sur un même site, on ait peine à trouver ce que l’on cherche.  Ça, c’est nous qui le disons.

Rappelons qu’en juillet dernier, c’est aussi la revue Nature qui nous avait offert un document sur l’efficacité des moteurs de recherche, ce qui semble confirmer l’intérêt des scientifiques pour l’étude des structures d’Internet et du Web.

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 On est loin du zéro papier
Mais l’industrie papetière subit les contrecoups de l’utilisation massive des nouvelles technologies.  C’est ce que révèle une étude du cabinet d’étude Boston Consulting Group (BCG) sur l’utilisation du papier jusqu’en 2003 aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Allemagne, en France et au Japon.  Ces pays représentent à eux seuls la moitié de la consommation papetière mondiale.

Le BCG prévoit une baisse de consommation globale de 5 % du papier journal, non qu’Internet fasse vendre moins de journaux, mais bien qu’on prévoit une importante migration (15 %) des annonces classées vers le Web.  La consommation de papier destiné aux périodiques chutera d’environ 7 %, les périodiques financiers écopant fortement de la disponibilité d’information financière à jour disponible en ligne.  On verra aussi une diminution de la consommation du papier destiné aux catalogues (12 %) et aux livres (9,5 %).

En revanche, la production de papier pré-coupé destiné à l’utilisation dans les bureaux et au foyer aura doublé entre 1996 et 2003.  Le courrier électronique sera toutefois responsable, selon le BCG, d’une perte de un million de tonnes de papier enveloppe.  Les formulaires imprimés de même que les papiers fins connaîtront aussi une baisse sensible.

On voit donc que nouvelles technologies ou non, les papetières, si elles devront s’adapter, peuvent envisager l’avenir d’un oeil serein.  Cette constatation, l’Association canadienne des pâtes et papiers (ACPP) la faisait d’ailleurs déjà dans sa revue annuelle de 1995.  «La popularité du papier à l'ère de l'informatique tient en deux mots :  copie papier.» Mais l’ACPP voyait aussi d’autres facteurs de croissance, comme l’alphabétisation et le développement économique de certaines régions du globe.  «D'après la FAO (Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture), la consommation mondiale de papier doublera au cours des 15 prochaines années.  Elle progressera de 67 % au Canada, de 50 % aux États-Unis et de 72 % en Europe.  Déjà, la demande annuelle de papier de l'Amérique du Sud, une région qui achète de plus en plus de papier canadien, passera à près du double de son niveau actuel.  Il s'agit là, toutefois, de données modestes comparativement à la croissance de la consommation de 250 % prévue pour l'Asie d'ici 2010.  En raison de son essor économique, la Chine triplera sa consommation de papier, devançant le Japon qui occupe le deuxième rang après les États-Unis.  La Corée du Sud, quant à elle, consommera plus de papier que la France ou l'Angleterre.»

Toujours concernant l’impression, après les PC gratuits et l’accès Internet gratuit, voici l’imprimante gratuite, courtoisie de Tektronix.  En effet, cette société offre «gratuitement» une imprimante laser couleur de modèle Phaser 840 d’une valeur de 2 500 $ US aux entreprises qui en feront la demande (nombre limite).  La contrepartie? Les entreprises devront s’engager à acheter les cartouches d’encre sur le site Web de Tektronix et maintenir un volume d’impression déterminé.

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 L'affaire Cousteau
Pour une fois au Québec, un site Web d’information a lancé une grosse affaire.  Jeudi dernier, Cybersciences obtenait une primeur : «L’équipe Cousteau, en tournage sur le fleuve Saint-Laurent à bord de l’Alcyone, utilise de curieuses et douteuses méthodes pour filmer les baleines.  Hier, mercredi 8 septembre, 300 touristes français qui observaient les baleines au large de Tadoussac ont été horrifiés de voir un Zodiac de l’équipe Cousteau foncer sur un groupe d’une quinzaine de rorquals communs et grimper littéralement sur le dos de l’un des animaux.» Un peu plus tard, Cybersciences obtenait d’un touriste français une bande vidéo de l’incident.

L’affaire a fait beaucoup de bruit, a été reprise par tous les médias.  Le dossier était chaud à ce point qu’une chaîne de télévision a même piraté les images de Cybersciences, son directeur de l’information se contentant de dire qu’il est «possible de reprendre des images diffusées sur Internet pour fins de nouvelles uniquement sans en demander la permission».

Réplique de Francine Cousteau, veuve de Jacques Cousteau et qui dirige aujourd'hui la Fondation, qui affirme au journal Libération voir dans cette «tempête médiatique, un coup des "croisiéristes" qui transportent 300 000 touristes dans la zone pour pratiquer l'écotourisme».  Puis, déclaration de Madame Cousteau au quotidien montréalais Le Devoir, «Le film montrant le Zodiac en approche rapide du groupe de rorquals donne, selon Mme Cousteau, une fausse idée de la situation car il a été filmé avec un téléobjectif, ce qui rapproche les différents plans et crée l'illusion d'une proximité indue, voire d'un contact entre le Zodiac et la baleine.» Démentis, aussi, de toute l’équipe Cousteau; la Fondation a recours à l’important bureau de relations publiques National.

Dans le même article, Bernard Delemotte, chef de mission du navire Alcyone révèle qu'il conduisait lui-même le Zodiac vu sur la bande vidéo et reconnaît que son équipe a «amorcé les travaux de repérage en vue de son film sans être accompagné du biologiste ou du conseiller scientifique dont la présence est prévue dans l'entente-cadre, convenue mais pas encore signée, avec la Biosphère d'Environnement Canada.»

Mardi, toujours dans Le Devoir, on apprend que l’enquête du ministère fédéral des Pêches et Océans se poursuit, que les enquêteurs accumulent les preuves sous forme de photos et bandes vidéo, et que jusqu’à présent, «les informations recueillies sont sérieuses».  Un dossier à suivre.

En mai 1998, la chaîne de télévision britannique BBC diffusait un documentaire embarrassant pour la Fondation Cousteau.  On y accusait Jacques Cousteau (décédé en 1997) d’avoir sciemment truqué des prises de vues et utilisé des méthodes cruelles envers des pieuvres, des baleines et des otaries à crinière dans le but d’obtenir des images choc.

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 Internet a trente ans, biographie sommaire
On ne s'entend pas sur sa date de naissance précise.  Certains ont célébré l'événement le 2 septembre, d'autres attendront au 20 octobre.  Le 2 septembre 1969, l'équipe de Leonard Kleinrock, professeur à l'Université de Californie à Los Angeles (UCLA), réussissait à mettre en connexion un ordinateur et un routeur, élément essentiel du dialogue entre machines.  Mais ce n'est que le 20  octobre de la même année que l'équipe de Kleinrock put établir une connexion entre un ordinateur depuis l'UCLA avec un autre ordinateur, celui-là situé au Stanford Research Institute (nord de la Californie).

On attribue à Kleinrock une grande responsabilité dans la mise sur pied d'Internet.  En effet, il a été l'auteur en 1961, alors qu'il était au MIT, du premier document traitant de ce qui était alors la «théorie» de la transmission de données par paquets (Information Flow in Large Communication Nets).

C'était le début d'Internet, alors connu sous le nom d'Arpanet (Advanced Research Project Agency Network).  L'agence de recherche avancée avait été mise sur pied par le ministère américain de la Défense et subventionnait généreusement des projets de recherche en tous genre, dont celui des équipes de UCLA et de Stanford.

Kleinrock relatait il y a quelque temps, non sans une certaine nostalgie, cette première transmission de données par paquets entre deux ordinateurs.  Un technicien, muni d'un casque de téléphoniste était en communication téléphonique vocale avec un autre technicien, celui-là à Stanford.  Assis devant leurs ordinateurs respectifs eux-mêmes «interconnectés» sur ligne dédiée, ils procédèrent alors à une expérience déterminante.

Le professeur Jean-Claude Guédon, auteur du livre «La planète cyber : Internet et cyberespace» nous apporte quelques précisions.  «Le 2 septembre, on a réussi à mettre en liaison un Honeywell DDP 516 (le IMP, Interface Message Processor, qui n'est pas exactement un routeur et qui fut mis au point par BBN) avec l'ordinateur de UCLA, un Sigma-7 de Scientific Data Systems.  Voir le livre de Katie Hafner et Matthew Lyon, "Where Wizards Stay UP Late" qui a été traduit en français, incidemment.  Pour les nouvelles lectures, il ne faut pas oublier le livre récent de Janet Abbate, "Inventing the Internet", même si Vint Cerf n'est pas d'accord avec certaines de ses interprétations.  T.P. Hughes parle aussi d'Arpanet dans son ouvrage "Rescuing Prometheus".  Ce fut le directeur de thèse de Janet Abbate.

Toujours est-il que le technicien de UCLA devait écrire «log» et celui de Stanford compléter par «in», le mot «login» devant s'afficher sur les écrans des deux ordinateurs.  Le technicien de UCLA entra la lettre «L», celui de Stanford confirma vocalement au téléphone la réception.  Puis, selon Kleinrock, quand le technicien de UCLA entra la lettre «O», tout le système s'effondra.  Cette version est cependant contredite par l'historien du Net Robert Hobbes Zakon qui affirme que le crash survint à la lettre «G».  Quoiqu'il en soit, de cet embryon fragile allait naître le réseau.

Il serait trop long ici de reprendre la multitude de faits marquants ayant jalonné l'évolution du réseau, mais allons-y de quelques dates importantes.

En 1974, Vint Cerf et Bob Kahn publient un ouvrage qui détaille un nouveau protocole de transmission par paquets, le Transmission Control Program (TCP).  Le courrier électronique naît, pour ainsi dire, en 1975 quand John Vittal conçoit MSG, le premier logiciel intégré de gestion du courrier électronique à inclure les fonctions d'envoi, de réponse, de renvoi et de classement des messages.  La première liste d'échange (modérée) voit aussi le jour, MsgGroup, ainsi que la première liste de discussion «non technique», SF-Lovers, qui traite de science-fiction.

En 1976, la reine Elizabeth II envoie un message de courrier électronique depuis les laboratoires du Royal Signals and Radar Establishment (RSRE).  Puis en 1977, Larry Landwebber de l'Université du Wisconsin met sur pied THEORYNET, un réseau d'échange par courrier électronique reliant une centaine de chercheurs en informatique.  On travaille à la normalisation des protocoles de courrier avec le «RFC 733 Mail specification».  Le maillage prend de l'ampleur.

Puis, tout s'accélère.  En 1979 arrivent les forums d'échange (newsgroups) sur USENET et les MUD (Multi-User Dungeon).  Le 12 avril, un chercheur du nom de Kevin MacKenzie transmet un message sur MsgGroup et suggère de communiquer des sentiments et des émotions avec le médium assez froid qu'est le courrier électronique.  Il propose d'utiliser des signes typographiques conventionnels pour «dessiner» des physionomies qu'on regardera en se penchant la tête à gauche, comme :-) ou :-( exprimant un sourire ou une mine déconfite.  Cette proposition est chahutée par les puristes sur le forum d'échange, on connaît la suite (=_=).

En 1981, on monte le réseau BITNET (Because It's Time NETwork), et le Minitel se déploie en France.  En 1982, la notion de «réseau de réseaux» s'établit, et on «définit» Internet comme étant «un ensemble de réseaux interconnectés, spécifiquement ceux qui utilisent le protocole TCP/IP».  Le ministère américain de la Défense annonce que le protocole TCP/IP sera désormais la norme.

Le «Name Server» est mis au point à l'Université du Wisconsin en 1983, évitant ainsi d'avoir à connaître et à écrire le parcours exact entre serveurs des messages ou fichiers qu'on transmet.  Aussi en 1983, FidoNet est mis au point par Tom Jennings, le système verra ses heures de gloire sur les babillards électroniques (BBS).

L'année 1984 ne voit pas la matérialisation des craintes de George Orwell, mais William Gibson publie le livre culte «Neuromancer».  Le système des noms de domaines est mis en place, il y a un millier d'ordinateurs interconnectés; l'URSS se branche à USENET.

Première communauté virtuelle en 1985, le «Whole Earth 'Lectronic Link» (WELL).  Le 15 mars, on attribue le premier nom de domaine commercial à un fabricant de matériel informatique, Symbolics.Com.  Toutes les universités canadiennes sont branchées à Internet.  En 1986, la National Science Foundation (NSF) met sur pied une dorsale à 56Kbps, et Cleveland est doté d'un premier Freenet (libertel).

En 1987 se tient la première conférence sur l'interopérabilité TCP/IP, un premier message est envoyé de Chine, le millième RFC (Request for comment) est publié, BITNET compte mille ordinateurs sur son réseau, et Internet 10 000.

Le 2 novembre 1988, premier «ver» informatique, 6 000 des 60 000 ordinateurs constituant Internet sont infectés, la DARPA met sur pied un organisme d'intervention, le Computer Emergency Response Team (CERT).  Jarkko Oikarinen met au point l'Internet Relay Chat (IRC).

Décloisonnement en 1989, MCI et CompuServe deviennent les premiers réseaux commerciaux à offrir une passerelle relais de courrier électronique de leurs réseaux à Internet.  Le nombre d'ordinateurs constituant l'Internet atteint 100 000.

En 1990, on dissout l'ArpaNet.  Peter Deutsch, Alan Emtage et Bill Heelan de l'Université McGill (Montréal) mettent au point Archie, un service permettant de rechercher des fichiers dans Internet.  Premier fournisseur d'accès commercial «pur Internet», The World, à offrir l'accès par ligne téléphonique commutée; formation de CA*net par dix réseaux régionaux constituant la dorsale canadienne.  À une conférence sur l'interopérabilité, on fait la démonstration d'un grille-pain activé à distance grâce au protocole SNMP ((Simple Network Management Protocol).

Grand déblocage commercial en 1991, la Commercial Internet eXchange (CIX) Association est formée après que la National Science Foundation ait levé les restrictions sur l'utilisation commerciale d'Internet.  Les outils de recherche WAIS et Gopher font leur apparition, de même que le logiciel de protection des données PGP (Pretty Good Privacy) de Philip Zimmerman, pendant qu'en Suisse, au CERN, Tim Berners-Lee conçoit le World Wide Web.

En 1992, l'Internet Society (ISOC) obtient sa charte constituante; le nombre d'ordinateurs reliés à Internet atteint le million, Veronica, un outil de recherche gopher vient rejoindre son petit ami Archie.  L'expression néologique «surfing the Internet» est introduite par Jean Armour Polly; Brendan Kehoe publie «Le Zen et l'art de l'Internet».

Puis, en bref, 1993 marque l'arrivée de la Maison Blanche en ligne, de même que celle des Nations Unies.  Aux États-Unis on adopte la Loi sur l'infrastructure de l'information, le fureteur Mosaic fait son apparition, et le Web explose avec un taux annuel de croissance de 341 634 %.

Enfin, en 1994, les dix domaines les plus importants sont .com, .edu, .uk, .gov, .de, .ca, .mil, .au, .org et .net.  La première station de radio «pur Net» arrive, ainsi que les premières galeries commerciales.  Canter & Siegel, un cabinet d'avocats de l'Arizona effectue la première campagne de spam d'envergure.  Et par un froid matin d'automne, les Chroniques de Cybérie voient le jour.  Le premier numéro est envoyé par courrier électronique à quelque cinq «abonnés».

Pour Jean-Claude Guédon, le phénomène le plus significatif récemment est la montée des logiciels libres, «ossature fondamentale d'Internet, sans lesquels Internet serait tout autre.  Linux constitue le symbole le plus visible de tout cela, mais Apache, Free BSD et tout le mouvement FSF et GNU se tient derrière ce vaste mouvement.»

Pour ce qui est du livre de Jean-Claude Guédon, «La planète cyber : Internet et cyberespace» publié chez Gallimard, la première édition est épuisée.  Mais, bonne nouvelle, l'auteur nous a dit être en train de mettre la dernière main à la deuxième édition.  À surveiller.

Voilà donc une biographie très sommaire du réseau que vous utilisez.  Par contre, ceux et celles qui souhaitent en savoir davantage peuvent consulter, sur le site de l'Internet Society, les nombreux textes de la section consacrée à l'histoire d'Internet, de même que le site de l'UCLA sur le 30e anniversaire d'Internet.

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 Beau détour
Cette semaine, exploration du Diego Rivera Mural Project, site Web sur un projet hors du commun de ce muraliste réalisé au City College de San Francisco.

Et sur ce, nous vous souhaitons à tous et toutes une excellente semaine.

Écrire à Jean-Pierre Cloutier


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