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Les Chroniques de Cybérie
28 septembre 1999

© Les Éditions Cybérie inc.

28 septembre 1999

Salutations à tous les Cybériens et Cybériennes!

Cette Chronique n'est optimisée ni pour Netscape, ni pour Internet Explorer, elle l'est pour ses lecteurs et lectrices.

Cette semaine...

Taïwan, la terre tremble, l'industrie techno aussi
Le cadre, le piège et la loi
Ballmer et la bourse
Cybermétrie, un Infomètre québécois
Retard québécois, deux perspectives
Google : version officielle et touche personnelle
Commerce électronique 101?
Tout le monde veut être un Yahoo!, mais...
Beau détour

 Taïwan, la terre tremble, l'industrie techno aussi
Séisme de forte magnitude à Taïwan, et les ondes de choc se répercutent dans le monde techno.  D'après le China Times, la secousse tellurique initiale aurait provoqué des pannes d'alimentation en électricité et en eau dans plusieurs usines de fabrication de puces électroniques (processeurs, unités de mémoire, etc.), en plus d'ébranler les fondations de plusieurs édifices industriels.  La fabrication des puces de mémoire exige de l'outillage de très haute précision et une grande stabilité physique des installations, ce qui pourrait compromettre l'exploitation de certaines usines pendant un certain temps.  L'agence officielle d'information gouvernementale estimait, la semaine dernière, que le séisme avait causé pour plus de trois milliards de dollars en dommages aux usines de semi-conducteurs.  Chute rapide des titres boursiers des entreprises de Taïwan, et hausse proportionnelle des titres des sociétés coréennes concurrentes.

Rappelons que Taïwan détient environ 10 % du marché des semi-conducteurs, ce qui rapporterait aux industries de l'île près de 16 milliards de dollars par année.  Autre point de vulnérabilité pour l'industrie, Taïwan serait responsable de 80 % des puces servant à la fabrication de cartes d'affichage graphique.  De plus, on y fabrique 80 % des cartes maîtresses d'ordinateurs personnels, bien que cette dernière production soit moins vulnérable que celle des semi-conducteurs.

En début de semaine, des porte-parole de l'industrie taïwanaise des semi-conducteurs ont tenté de se faire rassurants.  Mais un service de veille des prix de composantes de base rapportait ce lundi une hausse de 25 % des prix de certaines composantes depuis une semaine.  On a constaté aussi des hausses sur les marchés au comptant (spot) des semi-conducteurs.

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 Le cadre, le piège et la loi
Stupéfaction dans les milieux technologiques à l'annonce de l'arrestation de Patrick Naughton, 34 ans, accusé d'avoir franchi la frontière d'un État dans le but d'avoir une relation sexuelle avec une personne âgée de moins de 16 ans.  D'après les autorités policières, rien d'inhabituel dans cette affaire, si ce n'est l'identité de l'accusé.  Patrick Naughton était vice-président exécutif de la société Infoseek (partenaire des entreprises en ligne de la société Disney) et responsable des sites Go Network.

À 34 ans, promis à un bel avenir, Naughton avait déjà de nombreuses réalisations à son actif.  En 1990, alors qu'il travaille pour le compte de la compagnie Sun, Naughton jette les premières bases de ce qui allait devenir le langage de programmation Java.  Membre clé du «Projet Vert» chez Sun, qui allait donner naissance à la société Oak, il participe au repositionnement de Java.  En 1994, il quitte Sun pour se joindre à Starwave (propriété de Paul Allen, co-fondateur de Microsoft et troisième homme le plus riche au monde), et développer des applications Java de «livraison de contenu» pour des sites à fort achalandage comme Mister Showbiz et le site d'actualités sportives ESPN.  Il est maître d'oeuvre des premières diffusions en temps réel de spectacles musicaux, continue à perfectionner des applications Java pour des sites, et écrit un des livres référence sur Java en 1996, le «Java Handbook».

En avril 1997, Disney s'intéresse à Starwave et prend une participation dans l'entreprise.  Un an plus tard, Disney achète les actions que Paul Allen détient encore dans Starwave et nomme Naughton au poste de chef de la technologie d'une nouvelle entité, le Buena Vista Internet Group.  En janvier, les sites qu'exploitait Starwave sont amalgamés, avec Infoseek, dans la chaîne de sites Go Network de Disney.  Naughton touchait un salaire de 180 000 $ par année et détenait 500 000 actions de la société Infoseek (propriété à 43 % de Disney), valeur aux livres vendredi dernier d'un peu plus de 14 millions de dollars.

Depuis sept mois, Naughton entretenait sur un canal de bavardage des échanges avec une personne prétendant être une jeune fille de treize ans.  En fait, il s'agissait d'un agent de la police fédérale américaine (FBI) à la recherche de personnes aux tendances pédophiles.  Le FBI a d'ailleurs rendu public, vendredi dernier, un affidavit de 17 pages décrivant dans le détail tous les aspects de l'opération, y compris de larges extraits des messages échangés par Naughton.

Naughton avait fixé rendez-vous à celle qu'il croyait être sa jeune correspondante sur un quai public de Santa Monica (près de Los Angeles).  Une fois sur place, les agents du FBI ont procédé à son arrestation.  Naughton a avoué avoir eu les échanges qu'on lui reproche, et a autorisé les agents à inspecter son ordinateur portatif lequel contenait des images sexuellement explicites de personnes d'âge mineur.  Comparaissant devant un juge, Naughton a refusé d'enregistrer un plaidoyer et a été remis en liberté, en attendant son enquête préliminaire, moyennant une caution de 100 000 $.  Certains journalistes ayant tenté de rejoindre Naughton chez Infoseek n'ont eu pour réponse qu'il n'était plus à l'emploi de cette entreprise.

D'après le FBI, ses agents qui tendent des pièges sur les canaux de bavardage et forums de discussion ont procédé, depuis quelques années, à l'arrestation d'environ 700 personnes qui ont été accusées d'échange de matériel de pornographie juvénile, ou d'avoir tenté d'inciter des personnes d'âge mineur à franchir les frontières d'État dans le but d'avoir des relations sexuelles avec elles.  De plus, le programme «Innocent Images» du FBI, destiné à lutter contre les crimes visant les mineurs sur Internet, a reçu des crédits de dix millions de dollars depuis deux ans.

La question est délicate selon certains juristes, et notamment en raison de la difficulté d'établir l'identité réelle des correspondants.  De plus, Ann Beeson de la American Civil Liberties Union (ACLU) estime que ces méthodes d'enquêtes comportent des risques d'abus, de piégeage ainsi que de perquisitions et saisies illégales.  Pour Eugene Volokh, professeur de droit à l'Université de Californie, la question est que le gouvernement ne peut en aucun cas tenter de persuader une personne à commettre un crime qu'elle n'aurait pas, autrement, eu l'intention de commettre.

Mais commentant un cas semblable à celui de Naughton qui doit être entendu cette semaine par un tribunal, Volokh campe bien la question de la détermination de l'identité.  «Si l'accusé avait des échanges avec une personne qui prétendait avoir quarante ans et qu'en fait elle n'en avait que treize, il y aurait lieu d'invoquer une solide défense sur des motifs constitutionnels.  Mais si la personne dit qu'elle est âgée de treize ans, et que l'inculpé a exprimé reconnaître qu'elle n'avait que treize ans, il y a peu de défense possible.»

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 Ballmer et la bourse
«La surévaluation des titres technologiques a atteint le point de l'absurde [...] et j'inclurais dans ce lot les actions de notre propre société».  Dixit Steve Ballmer, vice-président de Microsoft prenant la parole à l'occasion d'une conférence de journalistes et chroniqueurs financiers la semaine dernière à Seattle.  Ce que Ballmer reproche aux titres technologiques, c'est que la valeur de l'action n'a aucun commun rapport avec les profits envisagés pour ces sociétés.  Ballmer a aussi dénoncé la mentalité de ruée vers l'or des investisseurs, et mis en garde contre les programmes d'options d'achat d'actions offerts au personnel des sociétés du secteur de la technologie.

Effet immédiat dans l'heure qui suivit sur les parquets boursiers, l'action Microsoft perdait 5,1 % de sa valeur, eBay 7,3 %, Amazon.Com 5,7 % et Apple 10 %.  Globalement, la place boursière NASDAQ chutait de 108 points, environ 4 % de sa valeur.  Ironie du sort ou stratégie, le moment choisi par Ballmer pour livrer son allocution coïncidait avec le lancement du titre du service de voyage Expedia de Microsoft.

La presse spécialisée américaine a eu des réactions mixtes, allant de l'indifférence (après tout, ce n'est pas si grave) à l'indignation (comment peut-on tenir des propos si irresponsables?).  Par contre, on s'est senti en phase avec les propos du chroniqueur Richard Brandt du netmag Upside.  Brandt explique, dans le style qui lui est propre, que si la déclaration de Ballmer et ses répercussions étaient inattendues, elle n'étaient pas pour autant surprenantes.

En fait Brandt en redemande et souhaiterait que certains des chefs d'entreprises les plus importantes du secteur admettent, eux aussi, la surévaluation de leurs titres.  «Un peu d'honnêteté ne provoquera pas un krach boursier à long terme.  Je peux vous assurer qu'à long terme, les titres techno vont poursuivre leur progression [...] Nous savons tous que les soubresauts boursiers sont une question de psychologie des investisseurs.  Ces derniers temps, les investisseurs ont manifesté de la névrose.  Nous étions prêts pour un peu de franc-parler.»

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 Cybermétrie, un Infomètre québécois
C'est grâce à l'initiative du Centre francophone d'informatisation des organisations (CEFRIO) qu'on dispose maintenant de l'Infomètre, un site de veille technologique et stratégique sur l'utilisation des technologies de l'information au Québec.  Si, d'une part, on disposait de nombreuses données tirées de sondages et enquêtes, il n'existait pas de point central pour rassembler cette information, lacune que vient combler l'Infomètre.  On appréciera le moteur de recherche interne du site permettant une recherche par mots clés dans les données disponibles.  Mais le site ne se limite pas aux données québécoises.  On y trouvera des données sur toutes les régions du monde ainsi qu'un suivi de la place qu'occupe le français dans l'espace cyber.

Prochaine étape, à compter de décembre, l'Infomètre diffusera les résultats obtenus dans le cadre des sondages omnibus réalisés par la firme Léger & Léger Recherche et Stratégie Marketing, qui permettent de suivre l'évolution de la pénétration d'Internet dans le marché des Québécois et Québécoises âgés de 18 ans et plus.  À toutes ces informations principalement statistiques, s'ajouteront des analyses, des études de cas et des synthèses pertinentes.

En plus de la firme Léger & Léger, l'Infomètre compte sur l'appui de l'Institut de la statistique du Québec (ISQ), l'ancien Bureau de la statistique du Québec (BSQ).  Rappelons, pour la petite histoire, que le BSQ a été l'un des premiers organismes gouvernementaux à investir le Web en 1995.

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 Retard québécois, deux perspectives
D'après une enquête menée en mai dernier par le Centre francophone d'informatisation des organisations (CEFRIO) et l'Institut de la statistique du Québec (résultats sur le site Infomètre), en collaboration avec six autres partenaires, seulement 30,3 % des très petits établissements au Québec (TPE - moins de dix employés, 75 % des firmes au Québec, soit environ 150 000 entreprises) utilisent Internet; seulement 11 % disposent d'un site Web.  Ce faible taux de branchement s'explique quand on apprend de cette même étude que seulement 61,6 % des TPE utilisent un ordinateur (76,5 % des TPE ayant entre cinq et neuf employés; 56,1 % des établissements ayant moins de cinq employés), et que, de ce nombre, 51,4 % ne possèdent qu'un seul ordinateur.  L'enquête n'a pas permis d'observer des écarts significatifs entre les TPE des secteurs primaire et de la fabrication (regroupés pour les fins de l'enquête) et les TPE du secteur des services, ni en fonction des régions.

Prévisions : 18,7 % des TPE non informatisés entendent faire l'acquisition d'un ordinateur d'ici le printemps 2000 ce qui porterait à 68,8 % le taux d'informatisation de l'ensemble des TPE du Québec.  En outre, 26,0 % des TPE informatisés n'ayant pas de connexion à l'Internet prévoient se brancher d'ici le printemps 2000; le taux d'utilisation du réseau pourrait atteindre 40,4 % au printemps 2000 pour l'ensemble des TPE du Québec.

Mais il n'y a pas que dans les entreprises qu'on traîne de la patte en matière d'informatisation et de branchement au réseau.  Dans un texte publié dans la série Perspectives de Multimédium et intitulé «Les jeunes (dé)branchés», Frédéric Fortin pose un regard critique sur l'appropriation (ou plutôt la non appropriation) de l'espace cyber par les jeunes : «Malgré des conditions de branchement idéales (adresses électroniques pour tout le monde, accès à des ordinateurs branchés à haute vitesse, cours d'initiation), les étudiants sont horriblement absents de la grande toile».

Des chiffres.  «Sur les quatre associations de secteurs à l'UQAM seulement une possède son site Web [...] le cas des journaux universitaires est lamentable.  Sur les 25 sites des journaux universitaires répertoriés dans La Toile du Québec seulement trois présentent une mise à jour de septembre 1999.» Les causes de cette absence? Internet ne ferait pas partie des préoccupations des étudiants, bon nombre d'entre eux estiment que la mise en ligne de contenu est trop compliquée.

Et de conclure Fortin, «au rythme auquel les groupes étudiants accèdent au Web et avec le peu d'initiative dont ils font preuve, force est de constater que la génération qui monte ne causera certainement pas une cyberrévolution...».

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 Google : version officielle et touche personnelle
Le moteur de recherche Google (version alpha test dont nous vous parlions en janvier dernier) vient d'annoncer officiellement la fin de son ère beta et le lancement de son nouveau site.  En fait, ceux et celles qui ont déjà adopté Google pour leurs recherches y verront peu de différence, sauf pour l'ajout de la fonction GoogleScout qui s'apparente aux fonctions de «sites associés» du fureteur Netscape, sans toutefois comporter les problèmes de sécurité qu'on lui connaît.  Ce «jumelage» de sites donne d'ailleurs parfois à sourire.

Ceci dit, rappelons que Google a sa manière bien à lui de répertorier des sites.  Le résultat d'une recherche par mots clés donnera priorité aux sites qui sont le plus souvent référencés par d'autres sites.  Comme l'explique le communiqué de Google, une technologie en instance de brevet, PageRank, interprète un lien d'une page A vers une autre page B comme un «vote» en faveur de la page B.  Google détermine l'«importance relative» d'une page en fonction du nombre de «votes» reçus.  Les votes reçus de pages elles-mêmes jugées «importantes» pèsent davantage dans les résultats; ces mêmes pages, si elles contiennent les mots clés de recherche, figureront en tête des résultats.  À l'usage, Google se révèle efficace et dans certains cas supérieurs à ses concurrents.  On apprécie aussi l'interface quasi minimaliste qui, du moins pour l'instant, n'est pas trop encombrée.

Google est l'oeuvre de deux étudiants dans la vingtaine de l'Université Stanford, Sergey Brin et Larry Page.  La société qu'ils ont montée n'a pas encore fait le saut d'un placement de titre en bourse, mais a réussi à attirer en juin dernier 25 millions de dollars en capital de risque; Google compte maintenant une quarantaine d'employés et continue d'embaucher.  On recherche ingénieurs, programmeurs, analystes et...  un chef cuisinier et une masseuse.

Rompant avec la tradition de bouffe minute largement répandue dans l'industrie, Sergey Brin estime qu'une alimentation saine et de qualité, sur place, contribuera à une économie de temps de déplacements du personnel, à une meilleure productivité, et à une satisfaction accrue des salariés.  Pour ce qui est des masseuses, l'entreprise souhaite prévenir des maux professionnels tel le syndrome de stress répétitif et aussi offrir au personnel, sur place, une occasion de détente.

Tenant compte de la pénurie (réelle ou appréhendée) de travailleurs spécialisés, et du fort taux de roulement du personnel dans les entreprises techno, Google emboîte le pas à d'autres sociétés qui rivalisent d'astuces pour attirer et conserver un personnel qualifié.  Comme nous vous le mentionnions il y a quelque temps, ces «bénéfices marginaux» prennent des formes parfois inusitées : Sun Microsytems contribuera 2 000 $ aux frais d'adoption d'un enfant par ses employés; chez Silicon Graphics, c'est un congé sabbatique rémunéré de six semaines après seulement quatre ans à l'emploi de l'entreprise; Hewlett-Packard offre pour sa part un congé sans solde d'un an, mais où l'employé continue de bénéficier de son assurance santé et est assuré de réintégrer son poste au retour du congé; Netscape permet à ses employés de se présenter au travail avec leurs animaux de compagnie; ailleurs, on y va d'accès à des cafétérias au menu gourmet, de garderies d'enfants, de gymnases haut de gamme, de cours de gymnastique et sur la manière de traverser la période de la ménopause.

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 Commerce électronique 101
Fini les amateurs, les boutiquiers et les petits marchands, et place aux diplômés.  C’est que le commerce électronique commence à se tailler une place dans les programmes d’études offerts par certains établissements d’enseignement au Canada.

Au Technical University of British Columbia (TechBC), le programme de certificat en commerce électronique comporte quatre cours de commerce général qui doivent être suivis en classe et six cours que les étudiants peuvent suivre en ligne.  Dans le cadre de ce cours, on invitera les étudiants à élaborer leurs propres sites marchands, en plus de procéder à l’analyse des principaux logiciels d’exploitation de commerce électronique.  On peut aussi parfaire la formation en suivant un cours de marketing sur Internet.

À l’École de commerce du Centennial College (Scarborough, Ontario), on offre une série de cours à l’intention de détenteurs de diplômes ou de personnes possédant une expérience professionnelle en affaires.  D’une durée de huit mois (deux semestres), le programme comporte l’étude de l’intégration des pratiques commerciales traditionnelles au commerce électronique, la construction de sites Web efficaces, puis une spécialisation, au cours du second semestre, en finance, marketing, gestion de l’exploitation ou technologie de l’information.

Au campus de Saint John de l’Université du Nouveau-Brunswick (UNB), qui incidemment a élaboré certains des cours offerts à TechBC, on propose des baccalauréats en commerce électronique de même qu'une M.B.A.  spécialisée d’une durée de douze mois.  Ce dernier cours, assorti de frais d’écolage de 21 000 $, comporte un stage en milieu d’entreprise de douze semaines.  Dilettantes s’abstenir, la moitié des inscrits ne terminent pas le cours en raison des exigences sévères imposées en matière de résultats.

Les établissements qui offrent des cours de commerce électronique bénéficient d’un appui important du secteur privé.  Par exemple, à l’UNB, la société Nortel participe au financement et à l’embauche de professeurs qualifiés.  Pour sa part, le fabricant de logiciels de gestion SAP a contribué pour une valeur de 1,5 million de dollars au laboratoire informatique.

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 Tout le monde veut être un Yahoo!, mais...
Peu de gens tirent les leçons qu'il faut de ce méga succès du Web qu'est Yahoo!, décliné depuis sa fondation en multiples saveurs nationales.  Et dans une certaine mesure, on pourrait dire la même chose du cyberlibraire Amazon.Com ou du site d'enchères eBay.  Et c'est bien dommage.

Quand on diffuse sur le Web, c'est pour attirer des gens.  Que le produit soit informationnel, mercantile, de référence, ou autre, il importe de s'assurer d'un bon achalandage.  Or, avec de minces écarts et des fluctuations ponctuelles, on se rend compte que Yahoo! se classe dans tous les sondages et enquêtes sur l'achalandage en tête de liste.  C'est un succès envié, et un modèle économique viable, une des rares (et des premières) sociétés de la nouvelle économie à afficher des profits.  Tout le monde veut être un Yahoo!

La philosophie initiale de Yahoo! est demeurée inchangée depuis son lancement.  Comme le soulignait récemment Philippe Guillanton, directeur général de Yahoo! France dont les propos étaient repris par ZDNet, la démarche a toujours été de proposer un service accessible au plus grand nombre, et d'adapter son contenu en conséquence.

Or, bon nombre de concepteurs de sites, dans leurs visées de conquête de l'espace cyber, oublient ces principes fondamentaux sur lesquels repose la réussite de Yahoo!

Le Groupe Archambault lançait récemment son site Web marchand.  L'inventaire d'Archambault n'est pas sans intérêt car on y trouve de nombreux titres et ouvrages québécois non disponibles dans les autres zéro surface, en plus des collections habituelles des grands diffuseurs et éditeurs.  Facilité du commerce électronique pour les citadins, accès élargi pour les populations des régions rurales (la publicité d'Archambault renforçait d'ailleurs cet élément), mais force est de constater que le site n'offre aucune convivialité et exige une connexion à 56 Kbps.  Je vous ferai grâce des détails techniques évoqués ailleurs dans la presse spécialisée.  C'est la décision du Groupe Archambault, propriété de Quebecor, et si le site marchand fractionne par le tiers la masse pas encore critique de clients potentiels en raison des exigences techniques, c'est son affaire.

Autre lancement de site, récemment, celui de Québec-Multimédia.  Le site, rendu possible entre autres par une contribution financière du gouvernement québécois à hauteur de 186 000 $, a pour mission d'être un miroir de l'industrie québécoise dans ce secteur d'activité, un outil de référence autant pour les acteurs d'ici que pour les vedettes de passage et les joueurs de golf.  Là encore, je vous ferai grâce des considérations techniques, mais le site déçoit par son manque de convivialité et constitue à mon avis un exemple éloquent du cordonnier mal chaussé.  «Mais voyons, c'est un site tout à fait respectable» me disait un cadre d'entreprise multimédia, et d'ajouter ce dernier, «ceux qui n'ont pas les "machines" et les logiciels pour le "prendre" n'ont pas d'intérêt pour le multimédia.» Ah bon.

Prenons un autre exemple, celui du journal Le Monde.  Grâce à un outil de calcul du poids d'une page et de son temps approximatif de téléchargement dans des conditions déterminées, Doctor HTML, on constate que la page d'accueil du Monde «pèse» 111 Ko et prendra, dans des conditions optimales de débit (rarement atteintes) 63,2 secondes à charger sur un modem de 14,4 Kbps.  Dans les mêmes conditions, la page d'accueil de Yahoo! prendra 9,9 secondes à charger, soit un écart d'un ratio de 6 pour 1.

Doctor HTML ne mesure cependant pas le poids de ce qui se cache derrière des pages d'accueil comme celles de Archambault ou Québec-Multimédia, l'expérience ne peut donc y être reproduite.

Cependant, les leçons d'accès que donne Yahoo!, et le nivellement technique par le bas qui lui assure une telle popularité, devraient inspirer plus souvent ceux et celles qui cherchent à s'adresser au plus grand nombre.  Autrement, on fractionne et on retarde l'atteinte d'une masse critique de visiteurs.

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 Beau détour
Cette semaine, question d'ouverture, vers F8.COM.  Plusieurs galeries disponibles et des expériences en photojournalisme numérique.

Et sur ce, nous vous souhaitons à tous et toutes une excellente semaine.

Écrire à Jean-Pierre Cloutier


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