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Les Chroniques de Cybérie
16 novembre 1999

© Les Éditions Cybérie inc.

16 novembre 1999

Salutations à tous les Cybériens et Cybériennes!

Cette Chronique n'est optimisée ni pour Netscape, ni pour Internet Explorer, elle l'est pour ses lecteurs et lectrices.

Cette semaine...

Cinq chandelles
Procès Microsoft : suite
L'homme du DOJ, David Boies
France :  administration publique et logiciels libres
UPS en bourse
Hitler, personnalité marquante du siècle?
Politique réseau : GOP ISP, la FEC précise, et Clinton ch@t
En bref...
Beau détour

 Cinq chandelles
On n'a pas tous les jours cinq ans, et on nous permettra cette semaine de souligner le cinquième anniversaire des Chroniques de Cybérie. Mi-novembre 1994, le premier jour de la saison des neiges, la première Chronique de Cybérie était envoyée à cinq défricheurs complices d'un avenir insoupçonné. Avril 1995, les Chroniques font leur entrée sur le Web. Hiatus en octobre 1997 pour des raisons connues, retour en avril 1998 avec un partenaire connu.

Novembre 1999, la Cybérie c'est 212 chroniques en ligne, plus de cinq mille lecteurs abonnés à l'édition courrier électronique, et des dizaines de milliers de lecteurs et lectrices sur le Web chaque mois.

Nous tenons à remercier nos partenaires, notre prestataire de services techniques au Québec Mlink ainsi que le groupe de presse suisse Ringier et l'équipe du Webdo qui ont permis la relance des Chroniques. Nous n'oublions pas, non plus, nos proches collaborateurs qui sans compter de leur temps et de leur disponibilité animent l'«esprit Cybérie».

Mais surtout, nos remerciements à vous, lecteurs et lectrices aux quatre coins de la Cybérie, pour votre fidélité.

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 Procès Microsoft : suite
De nombreuses suites à la publication de la conclusion de fait du juge Thomas Penfield Jackson estimant que Microsoft occupe une position de monopole dans le marché des systèmes d'exploitation et des fureteurs.

D'abord, une révélation du New York Post qui cite des sources proches de Microsoft selon lesquelles Bill Gates entendrait utiliser toutes les mesures dilatoires possibles pour retarder le cheminement du procès jusqu'après la présidentielle du 7 novembre 2000 dans l'espoir que le candidat républicain, George W. Bush, soit élu. On rapporte que Bush est un proche de Bob Herbold, v.-p. exécutif et chef des opérations chez Microsoft, et qu'il déclarait récemment que s'il était élu, son administration privilégierait l'innovation à la contestation devant les tribunaux. En outre, les lobbyistes de Microsoft exerceraient des représentations auprès d'influents membres du Congrès pour qu'ils réduisent les crédits affectés à la division anti-trust du ministère de la Justice (DOJ), à l'origine du procès intenté à Microsoft. Le Post rappelle que Microsoft a contribué, lors du précédent cycle électoral, plus de 1,3 million de dollars aux caisses électorales des candidats républicains.

Si les informations du Post sont fondées, elle viendraient accréditer la thèse en vertu de laquelle Microsoft se prévaudra de tous les recours possibles, même d'un appel en Cour suprême, ce qui nous amènerait en 2003, seconde année du mandat du prochain président. Elles conféreraient aussi aux rumeurs d'intentions de règlement négocié que l'on prête à Microsoft le caractère de mesure dilatoire. Pour sa part, l'agence Reuters affirme que quoiqu'il arrive, les autorités des 19 États co-plaignants du DOJ dans la cause Microsoft n'entendent pas lâcher le morceau et poursuivront la cause, avec ou sans les autorités fédérales.

Mais la théorie de recours aux mesures dilatoires en vue d'obtenir l'oreille sympathique d'une nouvelle administration républicaine ne tient pas compte d'une disposition de la loi américaine, la «Antitrust Expediting Act», processus de traitement accéléré accordé aux causes anti-trust qui permet de sauter l'étape d'une cour d'appel et de se présenter directement en Cour suprême. Selon le professeur de droit à Berkeley Jesse Choper, cité par ZDNet, «La Cour suprême n'aime pas s'immiscer dans le processus d'appel, et n'aime pas bousculer les choses, mais s'ils le veulent, les juges pourraient entendre les deux parties dès le mois de juin.»

Mercredi, 10 novembre, réunion annuelle des actionnaires de Microsoft qui, debout, ont ovationné les dirigeants de la société à leur entrée dans la salle. Bob Herbold était porteur de bonnes nouvelles : vingt-quatrième année consécutive de revenus et profits records, le titre est en hausse de 60 % par rapport à la précédente réunion annuelle. Pour l'exercice financier 1999, des revenus de 19,75 milliards de dollars (+29 %), des profits nets de 7,8 milliards (+70 %) alors que les dépenses d'exploitation n'ont augmenté que de 11 %, des liquidités de 17,2 milliards, aucune dette à long terme, 33 000 salariés à temps complet, dont 17 000 (53 %) dans la région de Puget Sound (État de Washington).

Si les actionnaires et les journalistes présents s'attendaient à une déclaration fracassante de Bill Gates, ils ont été déçus. Le président et chef de la direction de Microsoft s'est contenté de répéter la mantra des bienfaits pour le consommateur d'une technologie à coût abordable et de la nécessité de protéger l'esprit d'innovation. «Une entreprise américaine peut-elle continuer d'innover et d'améliorer ses produits pour le bénéfice de ses clients? C'est exactement ce que Microsoft a fait en développant de nouvelles versions de Windows qui intègrent l'exploitation d'Internet.» Puis, dimanche dernier à l'occasion de l'ouverture du salon Comdex à Las Vegas, pas un mot du procès anti-trust, le discours de Gates se bornant à prévoir une multitude d'applications Web exploitant diverses versions de Windows.

Puis, une valse-hésitation de Microsoft relative à la rencontre du vice-président et candidat à l'investiture démocrate Al Gore avec les employés de Microsoft. Le complexe de Microsoft à Redmond (État de Washington) constitue une escale obligatoire pour tous les candidats à l'investiture républicaine ou démocrate, mais on comprendra que le contexte est particulier car c'est l'administration Clinton/Gore qui a lancé la poursuite anti-trust contre Microsoft. Cette dernière se prête au jeu des visites des candidats, mais une politique de régie interne interdit que ces rencontres soient ouvertes à la presse. Protestation de Al Gore, repli stratégique de Microsoft, la presse est finalement admise à la rencontre.

C'est donc 200 des 2 000 employés de Microsoft admissibles à participer au comité d'action politique de l'entreprise qui ont accueilli poliment Al Gore, mais en soulignant leur mécontentement relatif à la poursuite intentée contre Microsoft. Ce n'est d'ailleurs qu'à leur insistance que le vice-président a abordé la question. «Les valeurs inhérentes aux lois anti-trust sont fondées. Si la domination dans un secteur empêche la concurrence dans un autre, le jeu est floué.» Plus tard, en conférence de presse, Al Gore a déclaré que ni lui, ni le président Clinton, n'avaient eu quoi que ce soit à voir avec la poursuite contre Microsoft, «Ce ne sont pas des décisions politiques» a-t-il affirmé.

Prochaine étape dans la saga juridique de Microsoft : jeudi, 18 novembre, le juge Thomas Penfield Jackson rencontre les procureurs des parties impliquées pour fixer les modalités des prochaines échéances.

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 L'homme du DOJ, David Boies
Comme il est de coutume pour les poursuites importantes, le ministère américain de la Justice (DOJ) retient les services d'un procureur ou d'un cabinet d'avocats du secteur privé pour agir en son nom devant les tribunaux. Pour la cause DOJ c. Microsoft, le choix s'est porté sur David Boies, 57 ans, diplômé de Yale, associé principal du cabinet Boies & Schiller. Le cabinet a des bureaux à Washington, Armonk (New York) et Orlando (Floride), compte 11 partenaires principaux et 24 associés, et représente entre autres des clients tels le Crédit Agricole Indosuez, la chaîne de télévision CBS, la société Dupont, la République française, la Ville de Los Angeles, l'équipe de baseball des Yankees de New York, ainsi que les sociétés de technologie Raytheon, Siemens Westinghouse et Unisys.

En 1969, le DOJ lançait une poursuite anti-trust contre le fabricant d'ordinateurs IBM l'accusant de détenir un monopole. En 1982, au terme de treize ans de procédures, le DOJ retirait sa plainte contre IBM. Ironiquement, c'est David Boies qui, à l'époque, représentait la société IBM. L'homme est peu loquace à l'extérieur des salles d'audience, ce fut donc une surprise de le voir accorder une entrevue d'une heure à Charlie Rose, interviewer émérite au réseau public PBS.

«Si Microsoft m'avait demandé de défendre sa cause avant que le DOJ me demande d'agir pour son compte, j'aurais été très tenté d'accepter si ce n'est qu'en raison de l'intérêt que j'ai pour ce genre de cause» dit Boies, ajoutant que «À la rigueur, on peut prendre fait et cause pour une partie ou pour une autre, mais sur le plan de la substance, c'est qu'on tient à voir le droit évoluer.» Aurait-il pu disculper Microsoft? «J'en doute», répond-t-il, évoquant l'accumulation de faits compromettants. «En matière de droit anti-trust, ce sont les faits qui comptent car le fondement de la loi tient en trois lignes : l'accusé détient-il un monopole, et si oui, s'est-il engagé dans des pratiques illégales pour l'acquérir ou le maintenir.»

Tout au long du procès, et bien qu'il n'ait témoigné que par voie de déposition enregistrée sur vidéo, les projecteurs ont été tournés vers Bill Gates. Mais selon Boies, «Ce procès ne mettait pas en cause Bill Gates, mais bien certaines pratiques dans lesquelles Microsoft s'est engagée, et c'est Microsoft qui a élargi le débat et tenté de faire croire à une démarche vindicative.»

Un point tournant au cours du procès? «Le témoignage de Jim Barksdale (Netscape), peut-être, mais l'effet cumulatif des témoignages des représentants de Apple, de Intel, d'Intuit et d'autres ont consolidé la preuve. Le coup de grâce est arrivé quand les gens de Microsoft ont témoigné, tellement leur crédibilité était faible.»

A-t-il une opinion sur les sanctions à imposer? Que faut-il faire maintenant? «C'est la question cruciale, mais je n'ai pas d'opinion là-dessus, ce n'est pas mon rôle.»

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 France :  administration publique et logiciels libres
Pour la première fois en France, les auteurs d'une proposition de loi soumettent leur texte à un forum d'échange en ligne. Les sénateurs français Pierre Laffitte, Guy-Pierre Cabanel et René Trégouët invitent la population à débattre de la proposition de loi numéro 495 tendant à généraliser dans l'administration l'usage d'Internet et de logiciels libres. Si elle est adoptée, la loi exigerait l'usage par les services publics et les organismes privés gérant les services publics de logiciels libres de droits (s'ils sont publiés depuis plus d'un an), et dont les auteurs concèdent un contrat de licence libre de droits. En revanche, toute utilisation de logiciels propriétaux dont le code source ne serait pas publié pour des utilisations spécifiques par ces services restera licite sous réserve d'une autorisation délivrée par un service compétent. Déjà, plus d'un millier de messages affichés sur le forum; les discussions vont bon train.

Une des premières contestations de la formulation de cette proposition de loi est venue de l'Association pour la promotion et la recherche en informatique libre (APRIL) et concernent l'article 3 de la proposition qui dispose que «Les administrations de l'État, des collectivités locales et des services administratifs [...] ne peuvent utiliser que des logiciels libres de droits et dont le code source est disponible. Un décret fixera les conditions de transition avec la situation actuelle.»

Pour l'APRIL, «L'article 3 laisse ainsi entendre que les logiciels libres font partie du domaine public. C'est une opinion hélas fort répandue, mais totalement inexacte. En vérité, les logiciels libres sont fondés par le "droit d'auteur", et la GPL (Licence Publique Générale, licence écrite par la Free Software Foundation) est le cadre juridique qui garantit la pérennité de nombreux logiciels libres. La pratique démontre qu'un modèle basé sur le domaine public n'est pas opératoire pour constituer une communauté de contributeurs capable de développer et porter, dans la durée, des logiciels, alors que le modèle des logiciels libres est le modèle par excellence.»

Pour mieux cerner les incidences de l'initiative des trois sénateurs, qu'autrement l'APRIL trouve «louable», l'Association organise ce mercredi, 17 novembre, une rencontre entre les sénateurs auteurs de la proposition et Richard Stallman, président de la Free Software Foundation, de passage en France. Certainement, un débat à suivre dans le présent contexte de la montée des alternatives aux logiciels propriétaux.

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 UPS en bourse
La société de livraison de colis United Parcel Service (UPS) a procédé mercredi dernier à un placement initial de titre (109,4 millions d'actions) et a du même coup établi un record pour la plus haute somme jamais recueillie par une telle opération, soit 5,47 milliards de dollars. Lancée au prix de 50 $, le titre a atteint 67,25 $ en clôture de séance; la valeur aux livres de UPS atteint maintenant plus de 80 milliards de dollars.

Fondée en 1907, UPS livre chaque jour aux États-Unis et dans plus de 200 pays environ 1,2 million de colis. Pour ce faire, elle compte sur 330 000 employés (tous actionnaires de l'entreprise), 149 000 véhicules de livraison et 500 avions. UPS estime transporter chaque année une valeur en biens équivalente à 6 % du PIB des États-Unis. D'après la société de recherche Zona, au cours de la période des Fêtes l'an dernier, UPS a livré 55 % des produits qui avaient été achetés en ligne. Le commerce électronique occupe une place grandissante dans ses activités, au point où UPS a monté un site Web distinct pour conseiller la clientèle des expéditeurs en la matière. La société a été une des pionnières dans le repérage des envois sur Internet : à tout moment, grâce au numéro de connaissement, le site Web de UPS est en mesure de vous informer avec précision sur le cheminement de votre colis.

On comprendra que pour réaliser de tels chiffres, UPS doit disposer de systèmes de logistique à toute épreuve, systèmes qu'elle offre d'ailleurs aux autres grandes sociétés d'adapter sur mesure, en sous-traitance.

L'été dernier, le mensuel Wired nous proposait un portait de Ken Lyon et de sa vision d'un avenir pas si lointain. Lyon dirige eLogistics.Net, une filiale créée par UPS pour développer et offrir de nouveaux services logistiques. Pour Lyon, il est clair que l'avenir (et les marges importantes) ne viendront plus de la livraison d'atomes, mais de la gestion d'octets.

«Tôt ou tard, une entreprise va arriver et tirer avantage du Web en offrant un vaste éventail de services logistiques et d'information. La gestion des stocks se fera en ligne et permettra de voir à quelle étape de production ou de distribution tel ou tel article est rendu. On verra des marchés électroniques pour l'expédition. Les prix fixes disparaîtront. Le marché de la logistique évoluera de la même manière qu'ont évolué les marchés financiers. On peut s'asseoir et prétendre que ça n'arrivera pas, ou devenir proactifs, mais ça va arriver.»

eLogistics.Net n'est pas encore officiellement lancée, ce qui devrait se faire d'ici quelques semaines. Les concepts sont si révolutionnaires qu'ils pourraient prendre un certain temps à rentabiliser. Cependant, cette métagestion des produits, des matières premières jusqu'à la livraison à votre porte, constituera un important bouleversement des pratiques acquises, et UPS entend bien en être le fer de lance.

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 Hitler, personnalité marquante du siècle?
Une enquête sur le Web du magazine TIME soulève un tollé de protestation dans certains milieux, et les échos se font sentir sur le babillard mis en ligne pour le site. TIME propose de voter pour la personnalité ayant «le plus marqué, pour le meilleur ou pour le pire», le siècle qui s'achève. Au nombre des candidats en lice se trouve Adolf Hitler. En fait, samedi dernier, Hitler se classait au troisième rang, derrière Elvis Presley et Yitzhak Rabin, et devançant dans l'ordre Albert Einstein, Martin Luther King, Mère Theresa, Winston Churchill, Linus Torvalds et Nelson Mandela.

Les éditeurs de Time reconnaissent le caractère non scientifique de la consultation car quiconque visite le site peut voter plus d'une fois. Ils précisent, en outre, que les résultats de cette enquête ne seront qu'un des facteurs sur lesquels ils se baseront pour faire leur choix de la personnalité marquante du siècle.

Walter Isaacson, rédacteur en chef de Time, a tenu à préciser que le comité de sélection consultera des historiens, des scientifiques et d'autres conseillers avant de faire son choix final qui sera annoncé le 27 décembre. Pour présenter le personnage qu'était Adolf Hitler, et le camper dans le contexte historique, Time a fait appel à Elie Wiesel, Prix Nobel de la Paix en 1986.

Eileen Gleimer, avocate de Washington, dit comprendre la nuance établie par Time, rapporte le Nando Times. Elle rappelle qu'après tout, Adolf Hitler avait été nommé la personne de l'année par Time en 1938, mais elle dit craindre la récupération par des groupes néo-nazis qui pourraient détourner le sens du «pour le meilleur ou pour le pire» attribué par Time à l'exercice.

Time a déjà eu à tremper dans la controverse lorsque le nom de Jésus a été retiré de la liste des personnalités proposées, mesure contre laquelle se sont opposés certains groupes religieux. Les éditeurs ont été forcés de préciser que le choix devait se porter sur une personne ayant vécu au vingtième siècle.

Pour sa part, le Nando Times a lui aussi sa liste de candidats au titre de la personnalité la plus importante du siècle et suggère que le choix se fasse en fonction de l'apport à l'humanité toute entière, excluant donc entre autres Hitler, Staline et Mussolini. On constate aussi dans la liste des candidats du Nando Times un plus grand nombre de... candidates, et la présence de Elie Wiesel, celui qui a dressé la notice biographique de Adolf Hitler pour l'enquête de Time. Les résultats de l'enquête du Nando Times seront connus en janvier.

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 Politique réseau : GOP ISP, la FEC précise, et Clinton ch@t
Nouveau fournisseur d'accès aux États-Unis : le Parti républicain. En effet, le Comité national républicain, instance supérieure du Parti, a annoncé qu'il offrira dès le début de la prochaine année une gamme de services d'accès Internet sous la bannière GOPnet.com (l'acronyme GOP vient de l'expression «Grand Old Party», surnom du Parti républicain). Présentement, l'adresse Web GOPnet.Com est exploité sous forme de portail. Mais en janvier, grâce à une entente avec un fournisseur national disposant de 2 600 points de présence aux États-Unis (Bigplanet.Com), les fidèles du Parti pourront se prévaloir d'un service d'accès haut débit qui prévoit même un filtre anti-pornographie, et avoir une adresse @GOPnet.Com ce qui leur permettra d'afficher ainsi leur allégeance politique. En outre, ils auront droit à de l'information réservée aux membres, à des babillards et salles de bavardage en ligne. D'autres organismes comme le Parti démocrate et la centrale syndicale AFL/CIO envisagent aussi de se lancer dans les services d'accès «affinité».

On apprenait de News.Com que la Federal Election Commission (FEC), organisme de réglementation des campagnes électorales aux États-Unis, a émis l'avis que les sites Web d'appui à des candidats mis en ligne par des bénévoles identifiés à des partis politiques ne sont pas considérés comme des contributions aux caisses électorales, et de ce fait ne sont pas tenus d'être déclarés comme telles par les candidats. La FEC répondait ainsi à une demande de précision du candidat à l'investiture républicaine, George W. Bush, qui tenait à éviter toute confusion entourant les sites Web «non officiels» d'appui à sa campagne déjà structurés en chaîne (webring). Mais la Commission ne s'est pas prononcée sur le statut des sites mis en ligne par des particuliers qui ne sont liés à aucun parti ou candidat. Cet avis vient partiellement contredire une opinion émise l'an dernier par la FEC qui soutenait que tout site Web appuyant un candidat au palier fédéral, ou sollicitant des fonds pour sa campagne, était considéré comme une publicité de nature politique et était sujet à déclaration et divulgation du responsable si la somme totale des dépenses encourues dans la construction (matériel et logiciel) et l'hébergement du site dépassait 250 $. Le Web s'impose de plus en plus comme un outil de financement des campagnes politiques; le candidat à l'investiture démocrate Bill Bradley a déjà amassé 500 000 $ grâce à son site Web et le groupe MoveOn.Org, qui milite contre la réélection des politiciens ayant voté pour la mise en accusation de Bill Clinton dans l'affaire Lewinsky, a pour sa part recueilli jusqu'à présent 300 000 $.

Mardi dernier, pour la première fois, Bill Clinton s'est prêté à une séance de questions et réponses en ligne sur Internet. L'exercice d'une durée d'un peu plus d'une heure et demie, a attiré environ 30 000 participants qui posaient leurs questions au président. Après un tri très sélectif des questions, Bill Clinton (qui reconnaît ne pas comprendre grand'chose à la technologie Internet) répondait par l'entremise d'un «interprète clavier». Malgré le potentiel de ces cyber rencontres avec le public, Michael Cornfield, spécialiste de la politique réseau à l'Université George Washington, a été peu impressionné. Cité dans le Christian Science Monitor, M. Cornfield a déclaré : «À quoi sert un médium bidirectionnel si tout ce que vous faites c'est de parler aux gens, et non avec eux?»

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 En bref...
À l'initiative de la représentante Sue Kelly (républicaine, New York), la Chambre des représentants a adopté un amendement visant à étendre au courrier électronique la loi contre le harcèlement criminel (stalking). Ainsi, toute personne qui, par voie de courrier électronique, harcèle ou poursuit quelqu'un avec malice, et de façon répétée, en lui faisant des menaces plausibles de manière à susciter chez cette personne des craintes fondées de mort ou de lésions corporelles graves pourra être reconnue coupable de harcèlement criminel. L'an dernier, Madame Kelly avait été à l'origine de l'adoption de la première loi (HR 1860) contre le harcèlement criminel aux États-Unis. D'après des statistiques récentes, selon Madame Kelly, chaque année plus d'un million de femmes et 370 000 hommes sont victimes de harcèlement criminel. Pour les femmes, dans 59 % des cas, le harcèlement est pratiqué par des conjoints, ex-conjoints, conjoints de fait ou prétendants éconduits. Mais le déploiement grand public d'Internet et du courrier électronique a ouvert une brèche aux harceleurs, d'où l'amendement à la loi. «J'espère que cette loi offrira de nouveaux mécanismes aux victimes, aux agences d'application de la loi et à notre système judiciaire pour mieux contrer ce genre de crime» a déclaré Madame Kelly.

Signature d'une alliance stratégique entre la chaîne de détaillant RadioShack (propriété de Tandy Corp.) et Microsoft visant à donner pignon sur rue aux services d'accès Internet de Microsoft, et à bonifier l'offre de produits et services de RadioShack. Aux États-Unis, RadioShack constitue un réseau de 7 000 détaillants, de 25 000 vendeurs/représentants, une force de vente qui sera maintenant au service de Microsoft. La pénétration de RadioShack sur le marché américain de détail est telle qu'on estime que 94 % de la population et des entreprises sont à cinq minutes ou moins en voiture d'un détaillant RadioShack. En contrepartie de l'entente, Microsoft investit 100 millions de dollars pour doter RadioShack d'une infratructure de pointe en commerce électronique. Le réseau MSN servira aussi de véhicule publicitaire pour les produits RadioShack.

La National Oceanographic and Atmospheric Administration (NOOA) avertit le public de l'accroissement de l'activité solaire, un phénomène cyclique pourrait, au cours des prochains mois, perturber sérieusement les systèmes de transport d'électricité, de communications par ondes hertziennes et de transmissions par satellite. De toute évidence, l'infrastructure Internet sera à risque, et selon D. James Baker, secrétaire de la NOOA, ces perturbations pourraient s'avérer être le vrai «problème de l'An 2000». L'utilisation croissante des satellites géostationnaires à des fins de télécommunications rendra le réseau vulnérable, car dans des conditions propices, les décharges électromagnétiques peuvent définitivement paralyser un satellite, ou encore modifier son orbite. On estime que d'ici 2003, il y aura plus de 900 satellites en orbite terrestre. Le dernier cycle de perturbations (le cycle dure 11 ans) avait connu son point culminant en 1989. Les Québécois et Québécoises gardent en souvenir une panne majeure qui avait frappé les lignes de transmission à haute tension. La NOOA souligne que les tempêtes géomagnétiques peuvent frapper n'importe quelle région du globe, et que le dernier cycle en date a démontré avec éloquence la nécessité de se préparer aux effets potentiels de ces tempêtes.

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 Beau détour
Un autre grand classique de la photographie, cette fois courtoisie du Washington Post, «Tête à Tête» avec Henri Cartier-Bresson. À ne pas manquer dans la Galerie 2, le portrait d'Alexey Brodovitch, auteur du concept des instants privilégiés.

Et sur ce, nous vous souhaitons à tous et toutes une excellente semaine.

Écrire à Jean-Pierre Cloutier


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