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Décision 1997

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Faut-il tout oublier?
LAURENT LAPLANTE
Le 12 mai 1997

Un aspect étonnant de la présente campagne électorale, c'est le peu de place qu'y occupe la bonne vieille mémoire, celle qui, normalement, nous rend méfiants face à ceux qui ont beaucoup menti et nous rend sympathiques ceux qui ont tenu parole.  Cette fois, on jurerait que tous les partis politiques ont obtenu de nous la permission de repartir l'ardoise à zéro.  Tous, ils sont crédibles, purs, vierges.  Et pourtant...

Et pourtant, lors de la dernière campagne, un certain chef libéral s'engageait sur l'honneur à liquider d'urgence l'héritage conservateur.  Lui, il irait à Washington dire aux Américains sa ferme opposition au libre-échange.  Bravement, il leur déchirerait au nez cette entente concoctée par un chef conservateur à la solde des intérêts américains.  Aujourd'hui, le même M. Chrétien demande humblement à Washington de daigner étendre au Chili les bienfaits du libre-échange...

Et pourtant, lors de la dernière campagne, le même chef libéral promettait de terminer à la Chambre de communes le fin travail d'obstruction entrepris par les sénateurs libéraux contre la TPS.  «Promis, juré, craché, foi de Jean Chrétien, si je mens, que j'aille en enfer, un gouvernement libéral va abolir la TPS...» Aujourd'hui, comme si Lucifer avait claqué la porte de l'enfer au nez de M. Chrétien, la TPS se porte bien.

Et pourtant, quand Jean Charest se promène en affirmant que le parti conservateur n'a jamais douté de l'existence au Québec d'une société distincte, nul ne semble se rappeler ceci : le même Jean Charest, à l'époque encore chaude du gouvernement Mulroney, a donné son nom à un rapport qui demandait au Québec d'accepter moins que les cinq minuscules conditions de Meech.  Mais oui, moins que ce que le fluide Robert Bourassa considérait comme le minimum vital!

Et pourtant, lors de la dernière élection, le Bloc québécois promettait de ne pas s'éterniser sur la scène fédérale, de ne pas se conduire comme un parti traditionnel et de consacrer toutes ses énergies à faire entendre le point de vue québécois à la Chambre des communes.  La raison d'être du Bloc?  Montrer à l'ensemble du Canada qu'un parti fédéraliste ne peut pas se prétendre le légitime porte-parole du Québec.  Mettre fin à la sempiternelle équivoque des tandems hybrides à la Duplessis-Saint-Laurent ou à la Lévesque-Trudeau.  Autrement dit, il s'agissait pour le Bloc de montrer qu'une majorité de Québécois votent de la même manière à Québec et à Ottawa.  Aujourd'hui, le Bloc ne semble plus savoir que son seul et unique adversaire est le parti libéral, parce qu'il est le seul et unique parti qui peut faire élire assez de députés pour se dire, lui aussi, le porte-parole des Québécois.

Heureusement pour notre classe politique, l'amnésie a remplacé le hockey comme sport national des Québécois.  Au fait, qu'est-ce que c'est déjà la devise du Québec?

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Courrier
Mise en ligne : Le 12 mai 1997.
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Montréal (Québec)
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