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Décision 1997

Analyse des sondages

Et les conservateurs?

PIERRE-ALAIN COTNOIR
Le 27 mai 1997

Certains auront été surpris que, dans ma dernière analyse, je ne souffle mot sur les conservateurs.  Ne sont-ils pas en voie d'effectuer une percée, se demanderont d'aucuns?  Jean Charest prétend même qu'il serait en mesure d'emporter Jonquière au Saguenay, clameront les autres!

Ne nous énervons pas trop vite, car il y a loin de la coupe aux lèvres.  Commençons par le Québec où des reporters en quête de nouvelles se sont mis à entrevoir un balayage conservateur causé par l'effet Charest.  Après avoir grugé un tant soit peu dans l'électorat du Bloc québécois, les conservateurs grignotent maintenant le vote libéral.

Dans une recherche que nous* avons mené pour la Société Radio-Canada et qui a été diffusée ce lundi 26 mai à 18 h 30 lors de l'émission Élection 1997 - Le Journal, nous avons pu mesurer l'effet de la publicité conservatrice auprès des différentes clientèles électorales.  Après avoir visionné les treize messages électoraux francophones disponibles au moment de l'enquête, la centaine de répondants recrutés devait par la suite donner une appréciation générale de leur perception des messages provenant des différents partis.

Le tableau ci-dessous fournit l'appréciation globale des répondants francophones selon leur intention de vote.  Il est facile de constater l'effet de la publicité électorale des conservateurs sur l'électorat libéral, un effet plus marqué que sur les autres catégories de répondants.

Tableau 1
Échantillon francophone - Appréciation globale
PublicitéGlobalPLCPPCBQNPDNSP
PLC2,74,32,42,52,72,6
PPC 3,43,74,1 3,13,33,3
BQ3,52,72,64,23,3 3,6
NPD2,62,42,5 2,53,72,6
Note sur 5, 1 étant la plus basse, 5 la plus haute

Le Parti progressiste-conservateur est celui qui semble avoir le plus profité de la diffusion de ses messages électoraux : en effet, après avoir vu leurs messages, le tiers des répondants dit avoir une meilleure perception de ce parti (tableau 2). Cependant, il faut ajouter que cet effet est nettement plus marqué auprès des sympathisants libéraux.

Tableau 2
Échantillon francophone - Perception des partis
PartiMeilleureIdentiquePire
PLC7 %67 %25 %
PPC33 %55 %12 %
BQ22 %67 %10 %
NPD23 %43 %34 %

Dans une lutte à trois où les conservateurs diviseraient l'électorat fédéraliste, cet engouement pour les conservateurs risquerait de favoriser en bout de course le Bloc québécois.

Par ailleurs, il ne faut pas négliger l’effet de tassement qui risque de se produire le jour du vote.  La volatilité de l'électorat conservateur étant la plus forte, on peut s'attendre à ce qu'il perde entre 3 % et 4 % de ses appuis au profit du BQ au moment du vote.  On ne doit pas oublier que près de la moitié des répondants, disant dans les sondages avoir l'intention d'appuyer les conservateurs, appartiennent à la grande famille souverainiste.  Il est probable qu'un certain nombre d'entre eux seront sensibles aux appels à l'union du vote souverainiste.

Aussi, je veux bien croire que les conservateurs vont améliorer leur position au Québec (ce qui ne serait pas très difficile avec un seul élu, Jean Charest, dans le dernier parlement), mais de là à prédire le déferlement d'une vague bleue, il y a une marge que je ne franchirai pas.

Or, en dehors du Québec, les conservateurs ne sont une menace que dans les Maritimes et encore...

Alors pour les conservateurs, je conserve mon calme ;-)

* Sous la direction de Jean-Herman Guay de l'Université de Sherbrooke en collaboration avec François Rocher de l'Université Carleton, Pierre Drouilly de l'UQAM et Pierre-Alain Cotnoir d'ICAR

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Courrier
Mise en ligne : Le 27 mai 1997.
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Montréal (Québec)
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