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Décision 1997

Analyse des sondages

Une leçon de modestie

PIERRE-ALAIN COTNOIR
Le 4 juin 1997

Le 12 mai, j’écrivais :
Le réseau neuronique attribue environ le tiers des intentions de vote des répondants discrets au Bloc québécois.  Ce qui, appliqué aux derniers sondages, donne entre 36 et 38 % des intentions de vote pour ce parti.  Transposé en termes de sièges, ce résultat se traduit par la perte d'une dizaine de sièges pour le Bloc québécois, passant de 54 élus en 1993 à une projection de 44 députés pour 1997.
C'est sans doute la prévision la plus juste que j'ai pu faire.  Parce que parmi les neuf autres que j'ai avancées, plusieurs se sont avérées plus que moins erronées.  Si le gouvernement est majoritaire, il l'est par moins de 160 députés alors que j'en prévoyais un peu plus.  En fait, comme je l'écrivais le 31 mai «le seul bouleversement important faisant en sorte qu'il perde sa majorité pourrait provenir des Maritimes».  Il est survenu... d'une ampleur non suffisante pour faire perdre aux libéraux leur majorité à la Chambre, mais suffisante pour me faire ravaler ma prévision d'une déroute conservatrice!

Pour le reste, ce sont les valeurs extrêmes prédites, et même un peu plus, qui se sont concrétisées.  Ce n'est pas «55 à 60 réformistes» que comptera le parlement, mais 61.  Ce n'est pas «moins de cinq députés» qu'ont fait élire les conservateurs au Québec, mais bien cinq.  Ce n'est pas «de 21 à 26 députés libéraux» que compte le Québec au lendemain des élections, mais plutôt vingt-six.  Ce ne sont pas entre 45 et 50 bloquistes» qui se rendront à Ottawa, mais un peu moins, soit quarante-quatre.  Le BQ ne termine pas la course avec près de 40 % des suffrages, mais avec un peu moins, 38 %.

Quelle leçon le BQ doit-il tirer de ces élections sinon qu'il a fait moins bien qu'il aurait pu et que l'avertissement est sérieux : un recul net de 11 % par rapport à 1993, alors qu'il n'aurait jamais dû dépasser les 5 %.

À cause d'une mauvaise préparation qui ne reposait que sur l'utilisation de quelques sondages thermomètres et de quelques focus group vus comme une panacée, cette campagne aura coûté cher au BQ.  Jamais n'a-t-on procédé à une modélisation adéquate permettant d'identifier les caractéristiques principales de la clientèle cible.  Au fait, les axes de communication retenus reposaient sur quel schème explicatif du comportement électoral?

Maintenant que l'élection est derrière eux, les organisateurs politiques risquent de se réassoupir.  Pourtant, s'il est un enseignement de ces élections pour le camp souverainiste, c'est celui de l'urgence de se mettre dès maintenant au travail afin de mieux cerner les glissements de l'opinion publique : aller voir ce qui s'est passé sur le terrain, quels motifs ont fait passer du BQ au PPC une frange importante de l'électorat.

Au lieu de partir en chicane dans une autre course à la direction, on aurait intérêt à se questionner sur la myopie des apparatchiks qui conseillent les chefs souverainistes.

PA Cotnoir

P.S.  Cette analyse est la dernière, c’est donc le temps de remercier toutes celles et ceux qui ont été fidèles à ce rendez-vous quasi hebdomadaire.  Mes remerciements vont plus particulièrement à Mychelle Tremblay et Jean-Pierre Cloutier des Chroniques de Cybérie qui m'ont permis de tenir cette petite antenne.

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Courrier
Mise en ligne : Le 4 juin 1997.
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Montréal (Québec)
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