4.3  Du brut au net

Si, dans les milieux publicitaires, on peut se réjouir de la hausse des dépenses publicitaires dans ce nouveau médium, il faut cependant bien évaluer les retombées réelles dans l'industrie naissante du contenu.

Les campagnes dirigées par les agences de publicité exigent le versement d'une commission de 15 % aux agences, principe acquis et reconnu dans le milieu.  Les agences de représentation ou régies publicitaires de sites Web prélèvent aussi une commission qui vient s'ajouter à celle des agences reconnues.  Selon les services offerts par ces intermédiaires (facturation, routage des bandeaux, etc.), elle sera de 20 % à 40 % et s'ajoutera à la commission des agences principales.

Ajoutons au chapitre des dépenses des éditeurs les coûts de la validation ou de la mesure de l'achalandage qui sont maintenant requises par un nombre croissant d'annonceurs.  On constate alors que c'est plus de la moitié des recettes publicitaires brutes que les éditeurs ou producteurs de contenus doivent verser aux intermédiaires.  C'est aussi dire que du 1,4 million de dollars dépensés en publicité sur le Web au Québec en 1997, moins de 700 000 $ est allé aux éditeurs et/ou producteurs de contenus.

Il y a moins de 20 sites Web québécois dont l'achalandage ou le créneau de clientèle puisse intéresser les agences et les annonceurs qu'elles représentent.  On pourrait, par simple arithmétique, dire qu'en moyenne les sites Web québécois affichant de la publicité ont encaissé 35 000 $ desquels on devrait ensuite déduire les frais techniques (accès, hébergement, matériel, logiciel), administratifs, de promotion commerciale et de création de contenu. 

Il n'en est cependant rien, car le calcul est faussé par la présence de «gros joueurs» sur le plan de l'achalandage.  Par exemple, InfiniT, le site Web créé par Vidéotron pour attirer dans son giron le plus d'internautes possible, a fait grand état des chiffres de fréquentation enregistrés au mois d'août par la société BBM qui expérimentait un nouvel outil de mesure sur Internet : 1 016 682 visites, près de neuf millions «d'impressions» de pages.  Pour sa part, La Toile du Québec rapportait en mars 1998 avoir franchi le cap du million de visiteurs par mois.  Le site Sympatico de Bell fait aussi partie du club sélect des «millionnaires» du Web.

Pour mieux mettre ces chiffres en perspectives, comparons des données d'achalandage (certaines non vérifiées) extraites des kits médias de sites Web québécois représentés par Soussy.Com en mars 1998 :

Planète Québec, environ 600 000 pages vues par mois sur l'ensemble du site (vérifié par Impact Recherche);
NetMusik, 360 000 pages vues par mois sur l'ensemble du site (statistiques générées par WebTrends);
Pignon sur rue, environ 300 000 pages vues par mois;
FrancoMédia, 230 000 pages vues par mois;
WebDépart, environ 186 000 pages vues par mois sur l'ensemble du site;
Mémento, 164 000 pages vues sur l'ensemble du site;
Journal VOIR, 150 000 pages vues par mois;
Multimédium, 120 000 pages vues sur l'ensemble du site par mois;
Cybersciences, 80 000 pages vues par mois;
Hors Champ, 36 000 pages vues sur l'ensemble du site;
55Net, 25 000 pages vues par mois;
La piste amérindienne, 24 000 pages vues sur l'ensemble du site.

On constate que, s'il y a répartition des revenus publicitaires, il existe des écarts importants entre les sites présents sur le Web québécois, tout comme on le voyait dans le cas du marché américain.


Table des matières | Section précédente | Section suivante
URL : http://www.cyberie.qc.ca/etude/43.html
Mise en ligne : 31 mars 1998