2.4.05

Webs et blogues politiques

En France, plusieurs politiciens s’investissent dans l’espace blogue, notamment certains dont je vous ai déjà parlé ici comme Alain Juppé et Dominique Strauss-Kahn qui en outre a créé avec Michel Rocard et Pierre Moscovici le club de réflexion sur le Web À gauche, en Europe.

Au Québec, je vous parlais récemment de l’ex-ministre André Boisclair qui blogue depuis Cambridge. Sans donner dans la formule blogue, François Legault, député péquiste de Rousseau et porte-parole de l’opposition officielle en matière d’économie et de finances, maintient une présence Web. Il y a aussi des députés comme Denise Beaudoin de la circonscription de Mirabel qui complémente son site officiel par un site personnel.

Sans qu’on parle de blogues, notre ami Remolino a suivi de près la course à la direction du Renouveau municipal de Québec en vue des prochaines élections, et détaillé les présences Web des candidats. Du côté de l’autre principal parti politique municipal, Vision Québec, on est aussi présent dans le domaine .qc.ca, on a pris ses précautions dans le domaine .org, et le .com nominatif du chef Marc Bellemare est aussi protégé.

Effet de mode ou exploitation du potentiel d’Internet dans la sphère politique? C’est surtout à vous de juger de l’efficacité de ces différents sites et blogues partisans. Si vous vous intéressez aux questions de présence Web ou blogue des politiciens, la lecture de deux textes de Loïc Le Meur sur ce que les blogues changent à la politique, puis les raisons pourquoi un homme politique devrait démarrer son weblog? ne sont pas sans intérêt. Sur le pourquoi, il cite notamment «pour faire l'inverse des medias traditionnels, ouvrir le débat à tous (les personnes connectées à Internet, bien entendu), tout le temps. Un plateau TV est par exemple limité en temps, en nombre de personnes sur le plateau et n'offre que peu de voie retour.»

Et c’est un peu dans cette veine qu’on lit dans Netpolitique VIB : tous les bloggers politiques ne sont pas égaux : «Les blogs de référence qui parviendront à se démarquer et devenir ce que certains commencent à appeler malicieusement des “V.I.B.” (very important bloggers) fonctionnent en revanche comme des sites de communauté élargie, voire pour les plus importants de manière équivalente à des sites médias traditionnels[...] Derrière cette réalité se dessine la probabilité de voir émerger une poignée de blogs leaders d'opinion qui fonctionneront de facto en tant que médias alternatifs, devenant une source d'information parallèle et complémentaire aux grands médias, qui n'en doutons pas chercherons également à y puiser information et inspiration.»

Information et inspiration. On a bien souri en fin de semaine dernière lorsque la radio publique a fait une nouvelle de l’annonce d’André Boisclair sur ses projets de carrière, un texte entièrement puisé du blogue «De Cambridge» et lu au bulletin de nouvelles radio sans qu’il ne soit fait mention du blogue.

Mais pour en revenir aux médias traditionnels, c’est peut-être là l’intérêt grandissant des politiciens pour le Web et les blogues, soit une distanciation par rapport aux MT, voire un contournement de ceux-ci, un moyen de s’assurer que le message, tout le message, passe. À savoir si on assiste à l’émergence d’une nouvelle catégorie de médias alternatifs, c’est une autre question.
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