8.7.05

Attentats de Londres : qui savait quoi (et quand)?

Le chroniqueur Justin Raimondo de Antiwar.com rapporte dans un article solidement documenté de nombreux faits occultés dans la couverture des attentats de Londres par les autres médias (London Terror Mystery), à savoir que l’ex-premier ministre et actuel ministre des Finances israélien Benjamin Netanyahu qui effectuait un séjour à Londres, aurait été prévenu à l’avance des attentats. Étrangement, les premières dépêches de l’Associated Press faisant état de cette mise en garde ont par la suite été corrigées, les autorités israéliennes qui dans un premier temps confirmaient l’avertissement se rétractent, et la police britannique nie toute l’affaire.

La première dépêche de l’Associated Press rapportait que selon un responsable israélien, la police britannique (Scotland Yard) avait informé l’ambassade d’Israël à Londres, quelques minutes avant les explosions, qu’elle avait reçu des avertissements relatifs à une possible attaque terroriste à Londres. Netanyahu avait prévu assister à une conférence sur l’économie qui se tenait dans un hôtel jouxtant une des stations de métro ciblées par les attaques et où il y avait retenu une chambre. Selon le responsable israélien, sur la foi de cet avertissement, Netanyahu a décidé de ne pas quitter sa chambre d’hôtel, et ne l’a fait qu’après les explosions. Par la suite, les dépêches de l’Associated Press ne mentionnent plus Scotland Yard, et font état d’un avertissement que Netanyahu n’aurait reçu qu’après les déflagrations.

Cette information sur un avertissement préalable est par ailleurs confirmée par Tommy Preston, un expert en terrorisme, qui dirige son cabinet conseil Preston Global.

Raimondo cite également le site du cabinet d’analyse stratégique Stratfor (reprise du texte sur un autre site) qui reprend la déclaration du ministre israélien des Affaires extérieures, Silvan Shalom, qui dément que l’ambassade israélienne à Londres ait reçu un avertissement de Scotland Yard.

Mais Stratfor affirme qu’en fait la situation est bien différente. «Contrairement aux affirmations initiales selon lesquelles Israël avait été informée “quelques minutes” avant la première explosion, des rumeurs non confirmées circulant dans le milieu du renseignement indiquent que c’est le gouvernement israélien qui a en fait prévenu les autorités britanniques de l’imminence d’une attaque “quelques jours” auparavant.[...] Le gouvernement britannique ne voulait pas perturber la tenue du sommet du G-8 à Gleneagles en Écosse, ni annuler la visite de dignitaires étrangers à Londres, espérant qu’il s’agissait d’une fausse alerte.»

Selon les analystes de Stratfor, les gouvernements britannique et israélien ont convenu de ne pas divulguer tous les faits entourant l’affaire, mais ce n’est qu’une question de temps avant qu’on exige du premier ministre britannique Tony Blair des explications sur son échec à prévenir l’attaque terroriste du 7 juillet.

La question se pose donc à savoir qui savait quoi sur ces attentats avant qu’ils ne se produisent, et comment cette information a-t-elle (ou non) circulé.

Pour Justin Raimondo, il ne fait aucun doute que Netanyahu était la cible des attentats, malgré le communiqué «officiel» du groupe qui a revendiqué les attentats et qui cible la participation britannique à l’occupation irakienne. Il écrit : «Je ne crois pas que Scotland Yard savait quoi que ce soit sur ces attentats, ni quelques jours ou quelques minutes avant qu’ils ne se produisent. Toutefois, ce qui semble hors de tout doute, c’est que Netanyahu en avait été informé. La question est de savoir qui l’a prévenu.»

Raimondo est l’auteur du livre The Terror Enigma: 9/11 and the Israeli Connection dans lequel il soutient que les services de renseignement israéliens savaient qu’une attaque terroriste se préparait en sol étasunien en septembre 2001, mais n’avaient pas communiqué cette information à Washington.

Il reprend ce thème dans son article de ce matin. «Quand on y pense, l’idée que Netanyahu ait été prévenu des attaques n’est pas si improbable. Après tout, Israël dépend pour sa survie de la capacité de ses services de renseignement à suivre à la piste les agissements d’Oussama ben Laden et de ses alliés à l’échelle de la planète. Cependant, on ne peut tenir pour acquis qu’elle partagera ces renseignements avec ses alliés naturels dans la “guerre au terrorisme”. Et sa décision de ne pas le faire, tant dans le cas de New York que de Londres, se comprend bien compte tenu des intérêts d’Israël.»

Bref, au cours des jours et des semaines qui viennent, attendons-nous à un débat sur qui savait quoi, et quand.
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