Blogues : Universitaires à risque?
Depuis l’arrivée des blogues, nombreux sont les professeurs universitaires qui se sont investis dans le médium, effectuant parfois un passage de la page Web traditionnelle au blogue pour des questions de simplicité de publication. Les motifs des universitaires pour bloguer peuvent varier. Certains y voient une manière de mieux communiquer avec leurs étudiants, d’autres croient que c’est une façon de décloisonner le milieu académique et d’élargir la «conversation», et pour d’autres il s’agit d’une nouvelle approche à la règle du «publish or perish» (littéralement, publier ou se voir oublié) qui hante tant les universitaires. Cependant, le fait de publier un blogue pourrait-il nuire à l’avancement ou à la titularisation d’un professeur universitaire?
Un des sujets très discuté dans la blogosphère ces jours-ci est la déconvenue de Daniel Drezner, professeur adjoint de science politique à l’Université de Chicago et blogueur depuis septembre 2002. Les écrits de Drezner lui ont valu une certaine renommée dans la blogosphère (surtout conservatrice), et il a traité de questions comme la mondialisation, la politique internationale et les relations extérieures des États-Unis dans des publications imprimées comme Foreign Policy, Foreign Affairs, le New York Times Book Review et le Wall Street Journal.
Vendredi dernier, le département de sciences politiques de l’Université de Chicago l’a informé qu’on lui refusait sa titularisation, et qu’à compter de juin 2006 ses services ne seraient plus requis. Déçu, on le comprend, il s’auto-interview sur son blogue. Les responsables ne lui ont pas signifié que son blogue avait pesé dans leur décision, et il hésite à lier blogue et titularisation. Dans son billet inaugural en 2002, il avait pourtant écrit qu’il ne devrait peut-être pas se lancer dans l’écriture d’un blogue, «je serai candidat à la titularisation bientôt...»
Un universitaire blogueur qui publie sous le pseudonyme de Juan Non-Volokh offre une perspective de l’intérieur : les responsables des facultés auraient les blogues en aversion à cause du ton et du contenu des blogues qui détonnent avec le langage académique. Il écrit : «J’ai souvent entendu des universitaires déprécier l’écriture non académique pour croire qu’elle peut compromettre le processus de titularisation, et ce sans même tenir compte de la qualité du contenu. C’est une des raisons pour lesquelles je blogue anonymement, et continuerai de le faire jusqu’à ce que je sois titularisé.»
Une des critiques formulées à l’endroit des universitaires blogueurs est que le temps consacré à publier un blogue grugerait sur le temps consacré à la recherche. À cet égard, Non-Volokh dit que bloguer dans ses temps libres n’a rien à voir avec le processus de recherche, pas plus que le temps que ses collègues consacrent à d’autres activités personnelles, mais que rien ne prouve qu’ils le verront ainsi.
Un autre blogueur universitaire non titularisé qui blogue sous le pseudonyme de Leopold Stotch adresse deux reproches à Drezner. D’une part, dit-il, il aurait été préférable qu’il blogue de manière anonyme, et d’autre part il a tenté d’amalgamer blogue et savoir. «En examinant son curriculum vitae, bien qu’impressionnant, le comité de sélection a peut-être cru qu’une fois titularisé il aurait accordé une grande partie de son temps à écrire des articles, des livres et à bloguer alors qu’ils cherchaient autre chose dans un titulaire.»
Charles Norman Todd (son vrai nom), détenteur d’une maîtrise et candidat au doctorat en philosophie à l’Université de Chicago (la même qui refuse à Drezner la titularisation) estime que c’est un erreur d’évaluer selon les mêmes règles tous les contenus publiés sans distinction au médium utilisé. Il faudrait que les facultés et les comités de titularisation établissent des critères eu égard aux médias utilisés.
En outre, Todd décrit certains avantages qu’un universitaire peut tirer d’un blogue. D’abord, un blogue permet de mettre à l’essai les théories et d’obtenir une rétroaction d’un auditoire très diversifié. Un blogue permet de créer un réseau d’universitaires et de non universitaires autour d’intérêts communs. Il peut prolonger les contenus et les échanges qui ont lieu en salle de cours. Enfin, il peut constituer une source précieuse de renseignements pour les étudiants, les autres universitaires et le grand public qui souhaite approfondir certaines questions.
Les comités de titularisation ne sont pas tenus de fournir le ou les motifs d’un refus, on ne sait donc pas si le blogue de Drezner a joué dans la décision. D’autres universitaires blogueurs ont été titularisés, d’autres ont subi des refus. Il serait toutefois regrettable que des universités refusent le statut de professeur titulaire à des universitaires en se basant du moins en partie sur le fait qu’ils maintiennent des blogues, surtout quand on considère l'apport qu'ils peuvent avoir à leurs travaux. Ce serait un peu comme dire qu’il peut y avoir trop d’information.
Un des sujets très discuté dans la blogosphère ces jours-ci est la déconvenue de Daniel Drezner, professeur adjoint de science politique à l’Université de Chicago et blogueur depuis septembre 2002. Les écrits de Drezner lui ont valu une certaine renommée dans la blogosphère (surtout conservatrice), et il a traité de questions comme la mondialisation, la politique internationale et les relations extérieures des États-Unis dans des publications imprimées comme Foreign Policy, Foreign Affairs, le New York Times Book Review et le Wall Street Journal.
Vendredi dernier, le département de sciences politiques de l’Université de Chicago l’a informé qu’on lui refusait sa titularisation, et qu’à compter de juin 2006 ses services ne seraient plus requis. Déçu, on le comprend, il s’auto-interview sur son blogue. Les responsables ne lui ont pas signifié que son blogue avait pesé dans leur décision, et il hésite à lier blogue et titularisation. Dans son billet inaugural en 2002, il avait pourtant écrit qu’il ne devrait peut-être pas se lancer dans l’écriture d’un blogue, «je serai candidat à la titularisation bientôt...»
Un universitaire blogueur qui publie sous le pseudonyme de Juan Non-Volokh offre une perspective de l’intérieur : les responsables des facultés auraient les blogues en aversion à cause du ton et du contenu des blogues qui détonnent avec le langage académique. Il écrit : «J’ai souvent entendu des universitaires déprécier l’écriture non académique pour croire qu’elle peut compromettre le processus de titularisation, et ce sans même tenir compte de la qualité du contenu. C’est une des raisons pour lesquelles je blogue anonymement, et continuerai de le faire jusqu’à ce que je sois titularisé.»
Une des critiques formulées à l’endroit des universitaires blogueurs est que le temps consacré à publier un blogue grugerait sur le temps consacré à la recherche. À cet égard, Non-Volokh dit que bloguer dans ses temps libres n’a rien à voir avec le processus de recherche, pas plus que le temps que ses collègues consacrent à d’autres activités personnelles, mais que rien ne prouve qu’ils le verront ainsi.
Un autre blogueur universitaire non titularisé qui blogue sous le pseudonyme de Leopold Stotch adresse deux reproches à Drezner. D’une part, dit-il, il aurait été préférable qu’il blogue de manière anonyme, et d’autre part il a tenté d’amalgamer blogue et savoir. «En examinant son curriculum vitae, bien qu’impressionnant, le comité de sélection a peut-être cru qu’une fois titularisé il aurait accordé une grande partie de son temps à écrire des articles, des livres et à bloguer alors qu’ils cherchaient autre chose dans un titulaire.»
Charles Norman Todd (son vrai nom), détenteur d’une maîtrise et candidat au doctorat en philosophie à l’Université de Chicago (la même qui refuse à Drezner la titularisation) estime que c’est un erreur d’évaluer selon les mêmes règles tous les contenus publiés sans distinction au médium utilisé. Il faudrait que les facultés et les comités de titularisation établissent des critères eu égard aux médias utilisés.
En outre, Todd décrit certains avantages qu’un universitaire peut tirer d’un blogue. D’abord, un blogue permet de mettre à l’essai les théories et d’obtenir une rétroaction d’un auditoire très diversifié. Un blogue permet de créer un réseau d’universitaires et de non universitaires autour d’intérêts communs. Il peut prolonger les contenus et les échanges qui ont lieu en salle de cours. Enfin, il peut constituer une source précieuse de renseignements pour les étudiants, les autres universitaires et le grand public qui souhaite approfondir certaines questions.
Les comités de titularisation ne sont pas tenus de fournir le ou les motifs d’un refus, on ne sait donc pas si le blogue de Drezner a joué dans la décision. D’autres universitaires blogueurs ont été titularisés, d’autres ont subi des refus. Il serait toutefois regrettable que des universités refusent le statut de professeur titulaire à des universitaires en se basant du moins en partie sur le fait qu’ils maintiennent des blogues, surtout quand on considère l'apport qu'ils peuvent avoir à leurs travaux. Ce serait un peu comme dire qu’il peut y avoir trop d’information.
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