2.10.05

«Un portable par enfant»

Ordinateur ouvert«One Laptop per Child» est le nom de l’organisme sans but lucratif mis sur pied par Nicholas Negroponte, co-fondateur du Media Lab au Massachusetts Institute of Technology. L’ambitieux plan de doter des centaines de millions d’enfants de pays en voie de développement d’un ordinateur portable avait été dévoilé au sommet de Davos en janvier dernier. Mais depuis, Negroponte et ses partenaires (Google, Advanced Micro Devices, News Corp., Red Hat et BrightStar) ont franchi de nombreuses étapes et accouché d’un prototype de portable dont le coût de fabrication ne sera que de 100 dollars. Ils entendent produire et distribuer entre 100 et 150 millions de ces ordinateurs d’ici 2007. Auparavant, un premier lot de 15 millions d’ordinateurs seront distribués pour fins d’essais au Brésil, en Chine, en Thaïlande, en Égypte et en Afrique du Sud. Le prototype sera officiellement dévoilé au Sommet mondial sur la société de l’information à Tunis en novembre.

Le concept est pour le moins novateur. L’ordinateur pourvu d’un processeur oscillant à 500MHz est exploité sous Linux, dispose de quatre ports USB et de la connectivité sans fil (WiFi). Les utilisateurs pourront communiquer aisément sans fil entre eux, et l’équipe de Negroponte travaille à un système qui pourra les brancher sur une dorsale Internet. L’ordinateur est conçu pour être quasi indestructible, résister à la chaleur, à l’humidité et aux intempéries, et pourra même fonctionner de manière autonome grâce à un système électrogène à manivelle. L’écran d’affichage est d’un nouveau type, qui consomme très peu d’énergie, offre une très haute résolution, et on peut même l’utiliser sans peine en plein soleil. Quant au fragile disque dur, il est remplacé par une mémoire de type «flash».

Ordinateur ferméLa question qui se pose évidemment est comment peut-on arriver à un coût de fabrication de 100 dollars par unité. Negroponte explique que trois facteurs interviennent. D’abord la réduction du coût de l’écran d’affichage qui reviendra à environ 35 $ par écran en ayant recours à un nouveau processus de fabrication. Ensuite, il s’agit selon lui de «dégraisser» la machine, car les portables d’aujourd’hui sont devenus «obèses». «Deux tiers du logiciel sert à gérer l’autre tiers qui ne sert qu’à exécuter de neuf manières différentes les mêmes fonctions» dit-il. Enfin, les économies d’échelle vu le grand nombre d’unités produites, et la vente directe aux ministères de l’éducation des États où ils seront utilisés.

Pourquoi ce projet alors qu’on aurait pu investir dans des structures d’accès communautaires? «On ne conçoit pas un crayon comme un outil communautaire, les enfants ont tous leurs propres crayons. Ce sont des outils qui soutiennent la pensée, ils sont peu chers, peuvent servir à travailler, à jouer, à dessiner, à écrire ou exécuter des calculs. Un ordinateur c’est un peu la même chose, mais en beaucoup plus puissant. De plus, il y a bon nombre de raisons pour qu’un enfant puisse “posséder” quelque chose comme un ballon, une poupée ou un livre, entre autres qu’ils en prendront soin.»

Une expérience à suivre attentivement en raison de l’impact considérable qu’elle peut avoir, mais aussi pour voir comment, d’un pays à l’autre, elle sera vécue sur le terrain.
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