24.1.06

L’étrange «incident» des discours

Mis à part les résultats, certains prévisibles et d’autres étonnants, la soirée électorale a donné lieu à une étrange collision de discours entre le premier ministre défait et le chef du Bloc Québécois. Habituellement, il y a entente informelle entre les chefs de partis et leurs organisations sur l’ordre des discours, le premier à prendre la parole étant celui qui obtient le moins de sièges, suivi des autres chefs en ordre ascendant pour terminer avec le vainqueur. Un des avantages d’une telle convention est qu’on a droit, par l'intermédiaire des médias électroniques, aux discours intégraux de tous les chefs. Or, hier soir, le protocole officieux n’a pas été respecté.

C’est le chef libéral Paul Martin qui a été le premier à s’adresser à la nation. Sauf qu’avant qu’il ne termine son allocution, le chef bloquiste Gilles Duceppe a fait son entrée au lieu de rassemblement de ses troupes, est monté sur scène et a commencer à livrer son propre discours. À Radio-Canada, Bernard Derome s’est montré surpris de la chose, et pendant que M. Martin continuait son allocution il nous a informé que celle de M. Duceppe allait être diffusée intégralement en différé après celle du premier ministre. Ce qui fut fait. À TQS et à TVA, on nous a immédiatement aiguillé sur le discours de M. Duceppe.

Ce qui est dommage, c’est que l’annonce de M. Martin à savoir qu’il ne dirigerait pas son parti à l’occasion des prochaines élections n’a pas été entendue en direct aux réseaux qui ont opté de couper son discours pour diffuser celui de M. Duceppe. Et que ce dernier, alors qu’il tentait de minimiser le recul relatif essuyé par son parti, ne pouvait pour des raisons évidentes connaître la décision de M. Martin. Après que M. Duceppe eut terminé, les journalistes et commentateurs des deux réseaux (TQS, TVA) ont vite fait d’apprendre à leurs téléspectateurs la nouvelle du départ prochain de M. Martin de la vie politique, et de la course à la direction du Parti Libéral qu’il implique.

C’est un détail, direz-vous, mais je me demande quel était l’empressement de M. Duceppe à s’adresser aux «Québécois et Québécoises» alors que le premier ministre (il l’est toujours) n’avait pas terminé son allocution. Disons que le geste était moins qu’élégant.
|