25.4.06

Deux solitudes?

Le chroniqueur Michel Vastel écrivait hier «Six mois exactement après que ce magazine [Ndb. L’Actualité] ait mis en ligne le premier blogue politique du Québec, voilà que la concurrence [Ndb. Cyberpresse] se réveille…». Il fait évidemment allusion au blogue qu’anime désormais Michel C. Auger sur Cyberpresse, en plus de publier ses chroniques et analyses dans Le Soleil et autres imprimés de Gesca.

Mais vraiment, «... le premier blogue politique du Québec»? Cette prétention, faute d’autre mot ou d’envie d’être plus méchant, n’illustre-t-elle pas deux solitudes, soit celle des journalistes patentés et des blogueurs? Les premiers se demandent de quel droit on empiète sur leur terrain; les seconds cherchent qui pourrait leur interdire de s’approprier cet espace.

Il y aurait donc deux blogues (et blogueurs) politiques au Québec, selon Vastel, soit le sien mis en ligne il y a six mois et celui de Auger. Oublions donc celui qu’animait André Boisclair dès février 2005 et qui a permis, dès l’annonce de son intention de briguer la direction du Parti Québécois, de jauger ses appuis. Oublions aussi Verstehen de Valérie Bélair Gagnon en ligne depuis juin 2004 et le collectif de La Tribu du verbe qui publie depuis 2001, pour ne mentionner que ceux-là.

Je conviendrai que les chroniqueurs politiques patentés québécois qui tiennent des blogues sont très rares, et encore le font-il par l’intermédiaire des sites Web de leurs employeurs (contrairement à David Akin de la chaîne CTV, aux commentateurs Norman Spector et Warren Kinsella et plusieurs autres).

Toutefois, affirmer qu’il n’y a que deux blogues «politiques» au Québec c’est afficher une bien mauvaise compréhension du phénomène des blogues. Pour avoir un blogue politique, il faudrait d’abord être chroniqueur politique attitré à un média traditionnel?

C’est peut-être, après tout, un phénomène de maturation des blogues au Québec qui aura dû s’inspirer de ce qui se vit ailleurs. Les journalistes des médias traditionnels adoptent pour modèle le comportement de leurs collègues étasuniens : d’abord ignorer le nouveau phénomène, ensuite dénigrer ceux qui en font partie, négocier leur propre transition pour enfin arriver en phase d’acceptation.
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