3.1.07

Il y a riche, et riche...

Le Centre canadien de politiques alternatives (CCPA) a publié une étude sur les dirigeants canadiens d’entreprises qui n’étonne pas vraiment.  Le 2 janvier, à 9h46, le dirigeant moyen aura déjà gagné l’équivalent du salaire annuel moyen d’un canadien ou d’une canadienne, soit 38 010 $.  (Voir Timing is Everything, Canadian Center for Policy Alternatives, 2 janvier 2007, format PDF).

Le CCPA base son calcul sur des données publiées dans l’édition du 6 mai 2006 du Globe & Mail faisant état des revenus des 100 dirigeants canadiens d’entreprises les mieux payés.  Le salaire moyen est de 9 059 113 $, les salaires s’échelonnent de 2 870 118 $ (Claude Dussault, de la banque ING-Canada) à 74 824 355 $ (Hank Swartout, président et chef de la direction du Precision Drilling Trust, de Calgary).  Pour ce qui est du revenu moyen des Canadiens, le Centre s’appuie sur les données de Statistique Canada qui l’évalue à 728,17 $ par semaine, soit 38 010 $ par année.

Si je dis que ces informations n’étonnent pas (bien qu’elles puissent choquer), c’est que le journaliste Alain Bisson du Journal de Montréal arrivait sensiblement aux mêmes conclusions dans un article publié en août 2006 qui évoquait aussi les données du Globe & Mail sur le classement des 100 dirigeants les mieux payés.

«Les grands patrons canadiens et québécois ont connu une très bonne année 2005, raflant en moyenne autour de 252 fois le salaire moyen du travailleur québécois.[...] Le salaire moyen du travailleur québécois, heures supplémentaires incluses, a atteint 35 781 $ en 2005, selon Statistique Canada.  Le premier Québécois du classement, André Desmarais, de Power Corporation, figure au huitième rang canadien, avec 18,8 M$ et un multiple de 525,4.  Son frère Paul Jr.  le suit de près avec 13,9 M$ et un différentiel de 385,7.  Alain Bouchard, de Couche-Tard, se pointe au 3e échelon québécois et au 17e rang canadien avec ses 12,1 M$ et un différentiel de 338,2.  Au total, 32 Canadiens, dont 3 Québécois, ont gagné plus que le multiple canadien moyen de 252 en 2005.» (Voir Le salaire moyen d'un an en un seul jour ou presque, Journal de Montréal, 14 août 2006.)

Pour l'économiste Hugh Mackenzie, chercheur au CCPA, ces inégalités importent : «“Quand les plus riches gagnent 238 fois le salaire moyen, c'est un signe de classes sociales qui risquent d'être complètement déconnectées.” Ces données sont un signe que le Canada se polarise, à l'image des États-Unis des dernières années.  “Ça n'a certainement pas l'ampleur de ce qu'on observe là-bas, mais c'est un signe qu'on s'engage dans cette voie nous aussi.” Une tendance à l'encontre de la perception qu'ont les Canadiens du pays comme d'une société essentiellement de classe moyenne, dit-il.» (Voir Le temps d'un café le boss gagne votre salaire, La Presse Affaires, 3 janvier 2007.)
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