6.1.07

L’AEI et sa solution pour l’Irak (2)

Hier matin j’écrivais au sujet de l’influence de l’American Enterprise Institute sur l’administration Bush : «En fait, cette influence sur les milieux de pouvoir est telle que dans le passé, il suffisait de lire les études et les documents produits par l’AEI pour prévoir quelles seraient les orientations futures de la Maison blanche.»  (Voir L’AEI et sa solution pour l’Irak.)

Il n’aura pas fallu longtemps pour que cette affirmation se confirme.  On lit aujourd’hui dans Le Monde : «Comme attendu, l'administration américaine a procédé vendredi 5 janvier à un remaniement de hauts responsables de la diplomatie, du renseignement et de l'armée, alors que le président George W. Bush devrait annoncer sa nouvelle stratégie pour l'Irak mercredi, selon la Maison Blanche, et que les chefs du Congrès démocrate lui ont écrit qu'"il est temps que la guerre se termine".» (Voir Face aux contestations, Bush renouvelle en profondeur l'"Iraq team", Le Monde, 6 janvier 2007.)

Un peu plus loin : «Lors d'une brève cérémonie, le président américain a nommé le super-patron des services du renseignement, John Negroponte, adjoint de Condoleezza Rice au département d'État, poste laissé vacant depuis juillet.»  Pour ceux qui ne connaissent pas l’homme, voir mon billet de février 2005 «C’est un diplomate...».

Puis, «Quant au général de corps d'armée David Petraeus, artisan de la formation des troupes irakiennes, il remplacera le général George Casey à la tête des forces américaines en Irak.»

Mettons en contraste les recommandations de l’AEI et ce que nous dit le New York Times du nouveau chef des forces étasuniennes en Irak.  (Voir A New Commander, in Step With the White House on Iraq, New York Times, 6 janvier 2007.)

AEI : Appuyer cet objectif par l’envoi de troupes supplémentaires principalement déployées à Bagdad.  Kagan évoque l’envoi d’au moins sept brigades (une brigade compte entre 1 500 et 3 200 militaires), une force nécessaire, possible et suffisante selon lui.

NYT : «Comme il soutient l’augmentation de l’effectif en Irak, on s’attend à ce que le général Petraeus endosse le déploiement rapide de cinq brigades.»

AEI : Adjoindre ces forces à des unités irakiennes et procéder au «nettoyage» des quartiers où s’affrontent les belligérants sunnites et chiites, principalement dans la zone ouest de Bagdad.  Assurer, une fois ces quartiers «nettoyés», le maintien de la sécurité grâce à la présence d’unités militaires étasuniennes et irakiennes.

NYT : «Le général Petraeus devrait également voir au changement des opérations militaires étasuniennes à Bagdad.  On peut s’attendre à ce que les forces étasuniennes établissent des positions dans les quartiers de la capitale plutôt que de se limiter à des patrouilles à partir de bases fortifiées.»

AEI : Accorder la priorité non pas à la formation des militaires et policiers irakiens, mais à la protection des populations civiles, ce qui n’a jamais été prioritaire pour les forces d’occupation étasuniennes.

NYT : «Sous le commandement du général Casey, la priorité était le transfert des responsabilités relatives à la sécurité aux forces irakiennes pour permettre un retrait graduel des troupes étasuniennes.  Dorénavant, on accordera la priorité à la protection de la population irakienne des violences sectaires.»

Restera à voir, mercredi prochain, les autres recommandations de l’AEI qui feront partie du discours de George W.  Bush sur sa nouvelle stratégie. 
|