20.1.07

Le pourriel «pump and dump»

Depuis le 12 avril 1994, le pourriel a bien évolué.  Lancé sur une arnaque qui promettait l’obtention de permis de travail aux États-Unis, on s’est depuis vu proposer de tout, allant de médicaments aux diplômes en passant par des logiciels, des tentatives de fraude bancaire et sans oublier la classique arnaque nigérianne.

Depuis un peu plus de deux mois, c’est le «pump and dump» qui, du moins dans ma boîte de courriel, représente la majorité des messages non sollicités.  L’astuce pour les fraudeurs consiste d'abord à acheter un certain volume d’actions d’un titre boursier dormant ou coté en cents (penny stock), puis par un pourriel prenant la forme d’une recommandation d’achat de susciter de l’intérêt pour le titre dans le but d’en faire artificiellement gonfler le prix (pump) et, par la suite, une fois atteint le seuil souhaité de liquider rapidement le portefeuille (dump) et d’encaisser la marge.  Évidemment, la vente en bloc du portefeuille des fraudeurs fait s’effondrer le titre et les investisseurs qui ont mordu à l’arnaque subissent des pertes.

Si le stratagème prend actuellement de l’ampleur, il n’est cependant pas nouveau. 

Je lisais il y a une dizaine de jours le récit que faisait Don MacDonald du Montreal Gazette d’une de ces arnaques qui s’est soldée par une plainte de la Securities and Exchange Commission (SEC, commission des valeurs mobilières aux États-Unis).  On comprend du texte de MacDonald qu’il y a gros à gagner dans une arnaque de type «pump and dump» et que le risque est infime.  (Voir Quebecer fined in pump and dump scheme, Montreal Gazette, 10 janvier 2007).

En 2004, deux citoyens canadiens entreprennent par divers subterfuges, dont une vaste campagne de pourriel, de gonfler le prix des actions de deux sociétés dormantes, Absolute Health et Concorde America Inc.  De juin à décembre 2004, l’action de Absolute Health grimpe de 0,55 $ à plus de 5 $.  En une semaine, en août 2004, le titre de Concorde passe de 3,70 $ à 8,90 $ l’action.  C’est alors que les deux individus larguent les titres empochant 9 millions de dollars pour les actions de Concorde et 14,4 millions pour celles de Absolute Health.  Les deux titres s’effondrent alors, laissant les investisseurs crédules, mais néanmoins légitimes, devant une perte.

En février 2005, la SEC réagit à une plainte d’investisseurs floués et accuse devant un tribunal civil de Floride les deux hommes d’avoir artificiellement créé une demande pour des actions dans deux sociétés sans valeur, et donc d’avoir touché, après transactions, près de 24 millions de dollars.

La sentence?  Des amendes respectives de 1,5 million de dollars et de 650 000 dollars pour les deux individus, plus une interdiction de transiger des titres d’actions cotées en cents.

Il est évident que des amendes aussi ridicules eu égard aux profits engendrés et aux torts causés aux investisseurs légitimes par ces manoeuvres illégales ne dissuaderont pas d’autres arnaqueurs de tenter leur chance.
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