5.6.07

Cyanobactéries, solution écolo

Le gouvernement du Québec a dévoilé hier un plan d'action pour s'attaquer aux cyanobactéries (aussi appelées algues bleues).

Dans certains milieux, le plan d'action suscite de nombreux commentaires. Retenons l'éditorial de La Vie rurale : «On ne parle en rien de lutte à la source, aux causes de cette prolifération. Line Beauchamp, ministre de l'Environnement, a affirmé que dès cet été les laboratoires du ministère vont tripler leur capacité à analyser les échantillons d'eau potentiellement contaminée aux cyanobactéries pour remettre les résultats en 48 heures. C'est bien, mais lorsque l'eau est d'un bleu phosphorescent dans votre lac, avec une analyse ou pas, sachez qu'il est en processus d'eutrophisation ou de dégénérescence.» (Voir Québec se trompe de cible dans sa lutte contre les algues bleues, La Vie rurale, 4 juin 2007.)

Ailleurs, on pointe du doigt les suspects de convenance : «À l'organisme Eau Secours, on estime que ce plan est “nettement insuffisant” et “ne permettra pas de régler le problème” des algues bleues dans les cours d'eau. “C'est un bon début, mais il n'y a rien pour prévenir la santé du lac,” soutient la vice-présidente, Martine Ouellet. “Il n'y a pas de réglementation pour les bandes riveraines ni sur les fosses septiques. Il n'y a pas mention des bateaux à moteur qui font remonter le phosphate en brassant le fond de l'eau. Et c'est le silence total sur l'agriculture, qui rejette beaucoup de phosphate et d'azote”.» (Voir Québec s'attaque aux cyanobactéries, La Presse, 5 juin 2007.)

Le dossier des cyanobactéries m'intéresse depuis quelques années, mais je m'étonne toujours de ce que l'on ne parle jamais dans les médias (ou les corridors ministériels) d'une solution simple, peu coûteuse et écologique au problème.

Les personnes qui ont des étangs ou bassins à plantes ou à poissons dans leur cour arrière connaissent bien le problème des cyanobactéries, et c'est normal, car ces volumes d'eau présentent le milieu idéal pour leur propagation : eau peu profonde, chaude et stagnante.

Certains résolvent le problème en modifiant le pH de l'eau, en y ajoutant des antibiotiques ou, simplement, en procédant à un nettoyage complet. Toutefois, ces solutions peuvent porter atteinte aux animaux et aux plantes qui vivent dans ces plans d'eau, et ne sont donc pas applicables à des lacs.

La solution «écolo» consiste à répandre sur le plan d'eau une certaine quantité de semoule de maïs. Pour les petits bassins ou étangs, on suggère 500 grammes de semoule par 10 mètres carrés de surface d'eau.

Pour les grandes étendues naturelles, on peut compter 75 kilos de semoule par acre (4 000 mètres carrés) de surface. Il faut s'assurer que la semoule ne reste pas en surface, on suggère donc de la mélanger à l'eau (la forme granulée s'y prête bien), ou de la mettre dans des sacs de jute lestés que l'on répartit sur l'ensemble du lac.

La semoule de maïs a pour effet de fixer le phosphore, ce qui prive les cyanobactéries des phosphates essentiels à leur survie. Si elle est bien appliquée, on constatera un éclaircissement de l'eau en quelques jours seulement. Croyez-moi, ça fonctionne, j'en ai été témoin

Comme le prix du maïs-grain est actuellement d'environ 180 $ la tonne (il était d'environ 120 $ avant la «bulle» éthanolienne), même en ajoutant le coût du concassage et du traitement, il s'agit donc d'une solution à la fois écologique et peu coûteuse.

Évidemment, il faut travailler en amont et s'attaquer aux causes des cyanobactéries. En revanche, le problème que certains imputent en partie à l'agriculture pourrait se régler grâce à l'agriculture, un beau retour des choses.

Libellés :

|