27.3.04

Photo numérique et courbe d’apprentissage

dscn7551.jpgSelon la marque, les appareils-photo numériques enregistrent les images en ajoutant à un numéro séquentiel un préfixe; DSCN pour Nikon, DSCF pour certains modèle Fuji, IMGP pour la Pentax Optio, DC pour certains modèles Kodak et Minolta, etc. Par exemple, cette photo du chanteur sénégalais Zale Seck, prise au festival Mémoire et Racines le 27 juillet 2003, porte dans mes archives le nom de fichier dscn7551.jpg. Or, il est étonnant de constater que si certaines personnes diffusent des images sur le Web sans renommer leurs fichiers, cette pratique ouvre la porte à une observation intéressante.

Par exemple, ceci vaut pour Nikon (DSCN), une recherche dans Google Images sur l’expression dscn0001.jpg donne un peu plus de 4 000 résultats. À moins que les paramètres de l’appareil n’aient été rétablis à leurs valeurs implicites, il s’agirait là de la première photo prise avec l’appareil. Panorama éclectique de sujets s’il en est un, et on constate que les utilisateurs n’ont pas encore négocié la courbe d’apprentissage de l’appareil.

À la 250e photo (dscn0250.jpg), l’éventail de sujets est toujours aussi vaste, on le comprendra, mais la technique de prise de vue s’améliore un peu. Les premières applications techniques apparaissent. Quand on franchit le cap de la 500e photo (dscn0500.jpg), on note déjà dans bien des cas (un peu plus de 900 résultats au total) une amélioration marquée.

Pour la millième image, un peu plus de 600 résultats, peu de changements, tout comme pour la deux millième (350 résultats).

Bref, sans prétention scientifique, et basée sur ces critères d’appréciation totalement subjectifs, cette petite enquête permet de supposer qu’en général, la maîtrise des appareils photos arrive vers la 500e image, et qu’ensuite la plupart des utilisateurs plafonnent dans leur apprentissage.

Le numéroteur de prises de vues de la Nikon est fixé à 9999, après quoi il se remet à 0. Y a-t-il des utilisateurs qui se rendent au chiffre mythique de 9999? Oui, 69 résultats dans Google Images pour dscn9999.jpg, mais aucun rapport qualité/nombre discernable.
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Moteur de recherche pour blogues, Microsoft devancera Google

Michael Bazeley du Mercury News nous apprend que Microsoft offrira d’ici juin un moteur de recherche qui, contrairement à Google, n’indexera que les blogues.

Le lancement de ce service, provisoirement nommé Blogbot (voir plus pas), se fera simultanément à ceux des services Newsbot qui permettront des recherches sur les sites d’actualité et qui roulent déjà en versions beta française et britannique. Et encore, contrairement à Google News, les Newsbot de Microsoft élimineront les doublons dans les résultats de recherche. Heureuse initiative, car à quoi servent des dizaines de références, identiques en contenu, à une même dépêche.

Bazeley cite Karen Redetzki, gestionnaire de produit chez Microsoft, qui dit que le moteur n’indexera pas tous les blogues, mais bien ceux sélectionnés par Microsoft sur une base de crédibilité et de popularité.

Quant au nom retenu, Microsoft ne fait pas preuve d’originalité : il existe déjà depuis 2001 un projet blogbot de journal de liens puisés sur les canaux IRC et publiés sur le Web, un blogue (inactif) au nom de domaine blogbot.com enregistré en août 2003, et un domaine blogbot.net enregistré par une entreprise britannique en juin 2003. Évidemment, rien d’incontournable pour la société de Redmond.

Reste à voir comment Microsoft se positionnera dans le marché de la recherche dans les blogues où sont déjà présents Daypop, Popdex, Technorati, le module de recherche de Blogdex du MIT, sans compter les nombreux répertoires dont celui de Yahoo! en anglais. Quant à une éventuelle riposte de Google, rien ne filtre de la société qui s’est pourtant portée acquéreure de l’outil Blogger il y a quelques mois.

D’autres questions se posent, notamment sur l’indexation des blogues en français, sur la sélection des blogues que Microsoft choisira d’indexer, et sur ces critères de «crédibilité» et de «popularité» qu’évoque la porte-parole de Microsoft.
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26.3.04

«Le journalisme n’appartient à personne»

C’est sous ce thème que Jay Rosen, professeur de journalisme à l’Université de New York , essayiste et critique médias, place sa prochaine intervention à l’occasion de la conférence BloggerCon qui se tiendra sur le campus de la faculté de droit de l’Université Harvard le 17 avril prochain. La conférence porte sur les blogues en journalisme, éducation, science, politique et affaires.

Plus formellement, son intervention (toujours en cours d’élaboration) porte le titre de «What is Journalism? And What Can Weblogs Do About it?», ou librement traduit, «De l’essence du journalisme et de l’effet possible des blogues». Rosen campe son sujet : il parle de l’exercice de la fonction journalistique, et non de la profession (ou du métier, diraient certains). Il distingue aussi journalisme et médias : on sait à qui appartiennent les médias; le journalisme n’appartient à personne.

Il rejette l’idée que l’avènement des blogues constitue une révolution, estime que l’expression «blogosphère» est inélégante, mais reconnaît que les blogues sont un élément nouveau et important avec lequel le journalisme, et ceux et celles qui le pratiquent, doivent composer.

Vingt questions et un lien... lors de ma plus récente consultation de la page de son «plan de martch» pour la conférence, Rosen exprimait le souhait de dresser une liste de vingt questions à soumettre à la réflexion collective. Importance relative (et relativisée) des blogues par rapport au journalisme traditionnel. Potentiel des blogues pour le journalisme. Nouvelles avenues ouvertes par la puissance et le caractère distinct (interactivité?) de la technologie. Comment interpréter l’indépendance revendiquée par les blogueurs si l’essentiel de l’activité consiste à copier/coller les grands médias et à se citer l’un l’autre? Il n’en avait que dix, et invitait les lecteurs à compléter la liste.

Et le lien? Une lecture suggérée, celle d’un texte de James W. Carey, ex-professeur de journalisme à l’Université Columbia, The Struggle Against Forgetting, ou librement «La lutte contre l’oubli». Carey a livré ce texte, en 1955, lors de la cérémonie d’admission des nouveaux inscrits au programme de journalisme de l’Université Columbia. Il leur rappelait que le roman de John Steinbeck «Les raisins de la colère», qui valut à son auteur le Prix Pulitzer, était né d’une série d’articles qu’il avait écrits pour le magazine Time à l’époque de la grande dépression des années trente. S’inspirant de Kundera qui écrivait dans «Le livre du rire et de l’oubli» que la lutte de l’Homme contre le pouvoir est celle de la mémoire contre l’oubli, Carey disait que «Le journalisme est né en réaction à une autorité illégitime au nom d’un pacte social plus large, de la formation d’un espace de vie publique, et d’une véritable opinion publique.»

Menu costaud, donc, le 17 avril au BloggerCon pour la séance animée par Jay Rosen. Personnellement, je formulerais ma question ainsi : Comment les blogues, qui s’inspirent du journalisme, peuvent-ils contribuer à façonner l’opinion publique, créer un espace d’échange de l’opinion citoyenne et, dans un médium où règne l’éphémère, à lutter contre l’oubli?
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25.3.04

Le blogue de Noam Chomsky attaqué

Noam ChomskyLe blogue du philosophe, penseur et linguiste Noam Chomsky, Turning the Tide, fait l’objet d’attaques virulentes depuis qu’il a été lancé il y a à peine plus de 24 heures. Par exemple, lors de notre plus récent passage sur le blogue, un court billet sur l’inéquité des mesures d’ajustement structurel qu’impose le Fonds monétaire international (FMI) aux économies en développement a attiré plus de 250 commentaires, pour la plupart hargneux. L’un d’eux accuse même Chomsky d’avoir supprimé un certain nombre de commentaires, et ajoute «pas étonnant, la censure est un de tes fétiches». À forte saveur anti-sémite, certains intervenants menacent d’inonder l’espace commentaires du site avec le texte intégral du Coran.

On ne pourrait qualifier Noam Chomsky de blogueur; l’idée du blogue est venue du groupe de publications alternatives ZNet qui lui a proposé de publier certains de ses billets ainsi que des contributions à ses espaces de forum. On peut présumer que c’est l’équipe de ZNet qui a décidé d’élaguer un peu la section commentaire, et non Chomsky lui-même.

Pour sa part, Infoshop News invite ses lecteurs a répliquer aux «casseurs» de droite, et/ou à manifester leur soutien aux éditeurs du blogue, soit ZNet.

Prélude à un affrontement dans la blogoshpère?
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24.3.04

Le blogue comme outil de justice?

Danah BoydUn événement qui, pour certaines raisons personnelles, a retenu mon attention. La semaine dernière, Danah Boyd se fait dérober ses cartes de crédit, ses papiers d’identité et son téléphone cellulaire alors qu’elle était à une soirée entre «amis». Six inconnus se présentent, disent avoir été invités, personne n’en fait grand cas, ils prennent un verre et repartent. Très... Californie. Par contre, Boyd constate qu’on lui a pris des choses dans son sac à main laissé à la salle de bain. Il y a un témoin qui confirme avoir vu, etc.

Elle relate l’incident sur son blogue; ses cartes de crédit ont été utilisées, on s’est servi de son cellulaire pour avoir accès au Web, l’affaire dépasse le délit mineur, on parle de vol d’identité. Puis une des personnes qui étaient présentes à la soirée lui fait parvenir une photo qu’elle a prise d’un des six inconnus. Boyd s’empresse de la diffuser sur son blogue, espérant que quelqu’un reconnaisse le «suspect».

Boyd est étudiante à l’université de Californie à Berkeley, et poursuit un doctorat sur les thèmes de l’articulation des réseaux sociaux, de l’identité numérique, de la négociation des rapports contextuels. Elle relate la démarche de parler de l’incident et de publier la photo, et se pose des questions importantes : «Peut-on avoir recours au réseau/blogosphère pour demander justice à titre personnel? Et si je peux demander justice pour moi, pourrais-je le faire pour d’autres aux prises avec le même problème? Les citoyens peuvent-ils avoir le dessus sur les voleurs? C’est désarmant de se voir voler son identité. C’est déprimant d’attendre de voir si les policiers estimeront important de poursuivre l’affaire. J’ignore si faire connaître ce qui s’est passé résoudra quoi que ce soit, mais j’en tire satisfaction d’essayer. Et je me pose des questions à savoir quel est le pouvoir de l’InterWeb.»

Histoire à suivre, si ce n’est que pour le cheminement de la réflexion.
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22.3.04

Right Politics and the Decay of Canada

VLC Robin Mathews- Right Politics and the Decay of Canada

"Right Politics is happening in Canada, in B.C. Relentless 'disinformation' is undertaken by Right monopoly media saying that neo-liberalism, privatization, and globalization (the same things) are all necessary and correct and the way to assure a happy future. All are lies. (...) The case of Haiti would be comic if it wasn’t so heart-wrenching. The U.S. became dissatisfied with Jean Bertrand Aristide’s progressivism (more schools operating than ever before in Haitian history, etc.). And so the U.S. kidnapped Aristide, took him to Africa where he insisted he was kidnapped. He continues to say that though he is back in the West Indies in 'sanctuary'. Meanwhile France, the U.S., and Canada are shipping troops to Haiti to ‘pacify’ the people. For the most part, the Canadian press and media report the U.S. overthrow of the elected leader of Haiti as a fine “democratic” move. In Haiti, once again, the people, unable to employ democratic means of dissent, are being taught to employ the only instrument of resistance left to them: violence."
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Un militantisme à repenser?

22 mars 2003Samedi dernier, le Collectif échec à la guerre invitait à manifester pour la fin de l’occupation de l’Irak. À Montréal, comme dans la pulpart des villes du monde où des manifestations semblables se tenaient, la participation a été très faible à comparer aux grands rassemblements de l’an dernier. Doit-on y voir un désabusement de la part de ceux et celles qui avaient manifesté en si grand nombre l’an dernier? Y a-t-il perception d’échec? Est-il encore possible de faire sortir la population dans la rue, et si oui pour quelle cause? On ne saurait qualifier trop vite d’échec l’expression de l’opposition à la guerre annoncée de 2003. Certains diront que si l’invasion n’a pas été évitée, l’opposition aura influencé la manière avec laquelle elle s’est déroulée et, pour le Canada, les apparentes distances prises à l’égard de Washington. Insistons ici sur le fait de l’«apparence» de ces distances. Le 25 mars 2003, l’ambassadeur étasunien à Ottawa, Paul Cellucci, disait devant le Economic Club de Toronto que le Canada soutenait davantage, mais indirectement, l’invasion en Irak que la plupart des 46 pays ayant manifesté ouvertement leur appui aux États-Unis. (Voir Canada’s “Secret” Contribution to the War in Iraq de Richard Sanders).

Aux États-Unis, le militantisme anti-guerre aussi se trouve en plein questionnement. La fin de semaine dernière, Mark Engler dans son article The Momentum of the Movement posait les deux questions essentielles : «Qu’avons-nous accompli, et quelle sont les prochaines étapes?» S’il est vrai qu’en février 2003, le New York Times qualifiait l’opinion publique de «deuxième superpuissance mondiale», cette opinion n’aura pas fait le poids devant les va-t-en guerre de la Maison Blanche. Mais, comme le souligne Engler, les manifestations publiques d’opposition auront façonné de manière sensible la perception des enjeux. Distinguons aussi, aux États-Unis, l’opposition à la guerre qui se confond à l’opposition à George W. Bush, même si on se demande si la situation serait bien différente avec John Kerry à la Maison blanche.

Revenons au Québec et reposons la question : Est-il encore possible de faire sortir la population dans la rue, et si oui pour quelle cause? La construction de la centrale du Suroît a mobilisé quelques milliers de personnes, le gouvernement a reculé temporairement, mais y a-t-il cause à effet pour autant? Le renversement de Jean-Bertrand Aristide en Haïti, orchestré par Paris et Washington et avalisé par Ottawa, n’a eu aucune répercussion marquante dans les rues. Certes, il y a bien la quelque dizaines de manifestants pro-Palestine, chaque vendredi, pour une vigile silencieuse devant le consulat israélien, mais c’est peu si on considère l’énormité de la situation.

Je me souviens d’un graffiti vu il y a plusieurs années sur une rue attenante à Saint-Laurent. «If voting could change anything, it would be illegal». Serait-ce l’état d’esprit qui s’est emparé du public à l’égard des manifestations, et qui force les organisations militantes à repenser leur action?
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