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Page daccueil Les Chroniques de Cybérie
Le mardi 18 décembre 2001

Salutations à tous les Cybériens et Cybériennes!

Cette Chronique n'est optimisée ni pour Netscape, ni pour Internet Explorer, elle l'est pour ses lecteurs et lectrices.

Cette semaine... la revue de l'année

Nous ne sommes pas seuls à éprouver un certain essoufflement en cette fin d'année 2001, à sentir que les événements récents nous ont pompé l'air et auront modifié considérablement (certains diraient définitivement) notre environnement, qui que l'on soit, où que l'on soit.

À une semaine de Noël, et déjà depuis quelque temps, on décore, on illumine, on tente de s'extirper de la morosité.  Plateau Mont-Royal, rue Fabre, une voisine est allée à contre-courant.  Loin des traditionnelles décorations guillerettes, un simple symbole illuminé, tiré d'une autre époque, mais qui résume bien ce que l'on vous souhaite à tous et toutes pour l'année qui vient.

Comme c'est le temps de l'année où il convient de revoir l'actualité des douze derniers mois, nous nous sommes plongés dans nos archives et y avons puisé des extraits de chroniques diffusées depuis janvier 2001.  C'est à dessein que nous n'avons pas retenu certains dossiers comme Microsoft, Napster, l'évolution du modèle payant, etc., facilement consultables dans les archives ou par notre moteur de recherche interne.  Voici donc une sélection de certains thèmes abordés en 2001.

  9 janvier : Changement de la garde à Washington...
Le nouveau président élu George «Dubya» Bush a terminé la sélection des membres de son cabinet et, ce faisant, annoncé les couleurs de la prochaine administration américaine.  On décrit Dubya comme un chef d'équipe, un homme qui aime déléguer et laisser l'initiative à ses joueurs.  Chose certaine, c'est une administration bien différente de la précédente qui dirigera les destinées du pays au cours des quatre prochaines années.

Dans certains milieux politiques, on s'inquiète de la «militarisation» du cabinet.  Colin Powell, secrétaire d'État désigné, était le chef de l'état major américain lors de la guerre du Golfe de 1991.  Donald Rumsfeld, secrétaire désigné à la Défense, a derrière lui une longue carrière.  Conseiller économique de Richard Nixon, puis ambassadeur américain auprès de l'OTAN, Rumsfeld était nommé par le président Ford en 1974 au poste de chef de cabinet de la Maison blanche; son adjoint était Richard Cheney, actuel vice-président élu et ancien secrétaire de la Défense sous l'administration de George Bush père.  En 1975, Rumsfeld devenait secrétaire d'État à la Défense.  Dans une situation de délégation de pouvoirs, attention au trio Cheney/Powell/Rumsfeld.

[...]

Et bien sûr, John Ashcroft, l'Attorney General désigné, celui qui aura à traiter, entre autres, de nombreux dossiers relatifs à la technologie et au développement d'Internet.  On a souvent évoqué des scénarios divers pour la suite du procès anti-trust de Microsoft advenant l'élection de George «Dubya» Bush.  On le disait sympathique à Microsoft et capable de laisser tomber la poursuite.  Mais la décision reviendra probablement à John Ashcroft à titre d'Attorney General.

Ashcroft, 58 ans, a été défait en novembre dernier alors qu'il tentait de se faire réélire au poste de sénateur pour le Missouri.  D'allégeance conservatrice, certains observateurs comme Bruce Shapiro de l'hebdomadaire The Nation, estiment que Ashcroft est le cadeau de George Bush à la droite américaine.  Il défend les politiques pro vie (contre l'avortement) mais soutient le maintien de la peine capitale.  Il est contre la contraception, la déségrégation raciale des écoles, la protection des homosexuels, la discrimination en milieu de travail, l'énergie solaire, l'aide gouvernementale aux entrepreneurs féminins et issus de minorités visibles, les normes d'efficacité énergétique pour les véhicules, la réforme du financement des partis politiques.  Il s'oppose également au contrôle des armes à feu ainsi qu'aux subventions gouvernementales à la culture, mais est en faveur de la prière obligatoire dans les écoles.

[...] Concernant l'affaire Microsoft, Ashcroft s'est déjà prononcé.  Il était membre du comité sénatorial sur les affaires judiciaires qui, en 1998, examinait les pratiques de l'industrie du logiciel.  En réponse à une demande de clarification d'un consultant en informatique sur l'affaire Microsoft, Ashcroft écrivait : «quelle que soit l'issue de cette poursuite, toute tentative du Congrès de s'immiscer dans la gestion de ce secteur dynamique de l'industrie aurait des conséquences néfastes [...] notre principe de base, dans l'examen de cette industrie, est que rien -- ni la réglementation gouvernementale, ni l'établissement de monopoles illégaux -- ne doit venir nuire à la concurrence, la croissance et l'innovation qui caractérisent les industries de haute technologie de ce pays.»

[...]

C'est donc au fil des mois et des causes que l'on prendra la mesure du nouvel Attorney General et de l'effet de ses politiques sur le secteur technologique.

Chronique du 9 janvier 2001

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  20 février : Autour de la presse en ligne
Pendant qu'au Québec on «met en ondes» des sites Web d'information, aux États-Unis on semble parler des vraies choses.

La Online News Association (ONA), association de journalistes qui produisent des contenus pour les médias en ligne, a retenu les services de deux consultants pour mener une étude sur la crédibilité et les valeurs des sites Web d'information.  L'étude visera à élaborer et promouvoir des principes et lignes directrices pour le journalisme en ligne et se penchera sur des thèmes comme : les rapports entre le contenu éditorial, la publicité et le commerce électronique; l'élaboration de principes de déontologie et les manières d'éviter les conflits d'intérêt; l'utilisation appropriée des hyperliens dans un contexte journalistique.  Pour mener cette étude, l'ONA recevra une aide financière de 225 000 $ de la Knight Foundation.

Par ailleurs, l'ONA s'oppose à la certification des sites Web d'information telle que proposée par certains groupes américains.  C'est à l'occasion d'un forum organisé par l'ONA de concert avec le First Amendment Center sous le thème «Certification des nouvelles et de l'actualité : devrait-il exister des sites “officiels” de nouvelles?» que Rich Jaroslovsky, président de l'ONA, a rejeté l'idée.  «La crédibilité n'est pas quelque chose qu'on étampe sur un site Web, ni un journal ou un magazine» a-t-il déclaré.

Jaroslovsky, qui est également rédacteur en chef de l'édition en ligne du Wall Street Journal, s'oppose aussi à l'attribution de nom de domaine .NEWS pour désigner des sites d'information «officiels».  Le .NEWS faisait partie des nouveaux noms de domaines de premier niveau proposés à l'ICANN l'automne dernier, mais le .NEWS n'a pas été retenu par l'organisme de gestion des noms de domaines. 

«On pourrait dire que, bon, d'accord, CNN, le New York Times, le Wall Street Journal et MSNBC et tous leurs sites Web sont des entreprises de presse et mériteraient d'être ainsi désignées» a déclaré Jaroslovsky lors des débats du forum.  Cependant, il prévient que ce serait s'aventurer sur une glace assez mince sur le plan du contrôle de l'information.  Selon lui, c'est que quelqu'un, quelque part, doit prendre cette décision d'attribuer ou non le suffixe .NEWS.  «Du moment où vous créez un organisme qui a le pouvoir de dire que le Wall Street Journal a droit de se désigner comme une entité de presse, mais que Matt Drudge n'a pas ce droit, c'est avancer sur un terrain glissant» de dire Jaroslovsky. 

Matt Drudge, dont le site accueille 1,5 million de visiteurs par jour, est le journaliste en ligne américain qui fut le premier à révéler l'affaire Clinton/Lewinsky alors que la grande presse américaine détenait les détails de l'affaire sans toutefois les publier. 

La journaliste et entrepreneure Esther Dyson, qui a dirigé les destinées de l'ICANN durant deux ans, s'est dite en phase avec les propos de Jaroslovsky.  «Je crois qu'il y a un tas de trucs sur Internet qui ne devraient pas y être.  Il y a des mensonges, des libelles, de la désinformation, des recettes pour fabriquer des bombes, des secrets commerciaux.» Que faire? «La solution est souvent de poursuivre si on subit un tort, et c'est ça la liberté de presse, l'absence de contrainte préalable.»

Chronique du 20 février 2001

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  14 mars : Bourses : lundi noir, série noire
Ce 12 mars, lundi noir pour les bourses américaines.  L'indice Dow Jones a chuté de 436 points, une baisse de 4,1 % pour la journée.  La bourse des titres technologiques Nasdaq a perdu 129 points (son plus bas niveau en plus de deux ans, une perte de 6,3 % pour la journée, une baisse de plus de 60 % depuis un an), et l'indice diversifié Standard & Poor a chuté de 53 points, une baisse de 4,3 % pour la journée.  À Tokyo, le Nikkei a atteint son plus bas niveau en 16 ans.  L'indice Pssst des sociétés technologiques québécoises, lancé à 1000 en juin 2000, atteignait lundi 614.

Mais c'est en fait une série noire qui s'est amorcée la semaine dernière, et qui elle-même avait été précédée par des baisses ponctuelles et des périodes de haute volatilité.  Il y a quelques jours, des titres baromètres comme Yahoo (voir plus bas), Intel et Cisco ont tous été forcés de réviser leurs revenus à la baisse. 

La situation est à suivre.

Chronique du 14 mars 2001

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  26 avril : Le Sommet des politiques : Bilan
C'est Paul Valéry qui écrivait que «la politique est l'art d'empêcher les gens de se mêler de ce qui les regarde» (Tel Quel, Paris, 1943).  Et à cet égard, le Sommet des Amériques qui se tenait à Québec en fin de semaine dernière était éminemment politique.

[...]

Un peu plus directe, la déclaration sur la connectivité laisse entrevoir un avenir prometteur pour les grandes entreprises avec le «Programme de connectivité pour les Amériques», un vaste plan visant à bonifier les infrastructures technologiques de l'Amérique centrale et du Sud et à favoriser le commerce électronique.  On est cependant en droit de se demander à qui profitera cette initiative car, en clair, le Nord endettera le Sud pour ce qui est du branchement.  Et encore, le branchement de qui, au profit de qui? On est loin du moment où le paysan vérifiera les cours du café ou du cacao sur les grands marchés pour pouvoir négocier un prix «équitable».  Le problème, comme le souligne à juste titre notre collègue Francis Pisani dans ses délicieux e-phorismes, est que «Internet permet aux pauvres d'avoir accès à des informations traditionnellement réservées aux riches.  Mais l'accès à Internet est encore réservé aux riches.» Cherchez l'erreur, avec 33 ordinateurs par millier d'habitants en Amérique latine et dans les Caraïbes, comme le soulignait Chantal Blouin, chercheure en commerce et développement à l'Institut Nord-Sud, dans une analyse publiée dans Le Devoir.

Chronique du 26 avril 2001

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  8 mai : Bienvenue au Web sémantique
Concernant le Web sémantique, le mensuel Scientific American publie ce mois-ci (mai) un article de Berners-Lee, James Hendler (recherche sur l'informatique axée agent à la Defense Advanced Research Projects Agency - DARPA) et Ora Lassila (chercheur chez Nokia et membre du conseil de direction du Consortium W3).  De l'article, citons le passage suivant : «Le Web sémantique n'est pas un Web distinct mais bien un prolongement du Web que l'on connaît et dans lequel on attribue à l'information une signification clairement définie, ce qui permet aux ordinateurs et aux humains de travailler en plus étroite collaboration.  Les premières étapes de la mise en place du Web sémantique sont déjà franchies.  Très bientôt, ces développements permettront une nouvelle fonctionnalité car les ordinateurs seront davantage en mesure de traiter et de “comprendre” les données que, pour l'instant, ils ne font qu'afficher.»

L'idée du Web sémantique n'est pas tout à fait nouvelle.  Berners-Lee en traçait les grandes lignes en 1998 dans un document intitulé «Semantic Web Road Map», et dans plusieurs documents publiés depuis.  Il traitait aussi de la question dans son livre «Weaving the Web» (écrit en collaboration avec Mark Fischetti) dont nous vous parlions en octobre 1999, puis aussi en octobre 2000 dans une entrevue accordée au Guardian de Londres que nous vous relations.  Le créateur du Web est donc en train d'assurer son prolongement, ce qui n'est pas peu dire.  Dans l'entrevue au Guardian, Berners-Lee répondait à une question sur l'avenir du Web.  «Un Web sémantique...  un nouveau réseau plus puissant, plus interactif qui permettra vraiment au commerce électronique et aux autres activités en ligne de décoller.  Mais je ne veux pas en dire plus, sinon tout le monde va venir sauter dedans à pieds joints et tout gâcher...».

En fait, si on perçoit déjà les avantages d'un Web sémantique, reste à voir comment s'articulera sa mise en place qui nécessitera, une fois pour toutes, l'adoption de normes universelles.

Chronique du 8 mai 2001

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  19 juin : Des médias encore trop «alternatifs»?
Le réseau des Independent Media Center a vu le jour en novembre 1999 à Seattle, à l'occasion de la désormais célèbre réunion de l'Organisation mondiale du commerce.  L'IMC de Seattle s'inspirait d'une expérience de couverture alternative menée le 18 juin 1999, lors de la réunion des pays du G-8 à Londres.  Avec environ 100 000 $ en argent et matériel offerts gracieusement, un groupe d'acteurs des médias alternatifs avait décidé de faire contrepoids à ce qu'ils appellent les «médias corporatifs» qui ne rapportent toujours qu'un seul côté d'un événement, celui des gouvernements et des entreprises.  Rapidement, le modèle s'est imposé et on a vu naître, au fil de la tenue de grands événements de concertation mondiale, près d'une quarantaine d'IMC locaux à travers le monde. 

La formule est simple et varie en ampleur selon les moyens : on installe un centre de coordination, point de rassemblement des journalistes dits «alternatifs», et on met à leur disposition du matériel et des installations techniques.  Les journalistes peuvent diffuser sur Internet, depuis l'IMC local, textes, enregistrements sonores, photos et bandes vidéo.  À l'intention de qui? D'abord les millions d'utilisateurs du réseau qui adoptent graduellement les médias alternatifs.  Puis les entreprises de médias communautaires (radios, télévision, imprimés) pour qui le travail de l'IMC offre une source de contenus.  Souvent ponctuels, certains IMC poursuivent leurs activités après l'événement qui a suscité leur création et se transforment en agence de presse.  Lors du Sommet de Québec en avril, le Centre des médias alternatifs du Québec (CMAQ 2001) a servi, malgré les assauts policiers, de point de rassemblement à 520 journalistes alternatifs. 

Fin mai, l'heure était au bilan pour tout le monde, y compris pour la section locale de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) qui tenait une assemblée publique portant sur la couverture réalisée par les médias lors du Sommet.  Véronica Rioux du CMAQ y était et nous propose un texte fort intéressant, «Des médias encore trop “alternatifs”?», dans lequel elle parle d'un «sentiment plus ou moins important d'inconfort par rapport à une catégorie pourtant non négligeable du milieu journalistique, qui était évidemment aussi interpellée par l'assemblée [...] les médias alternatifs.»

Selon Madame Rioux, le CMAQ faisait partie du «maigre» 2 % de médias à qui on a refusé une accréditation, et ce d'après les statistiques du Bureau du Sommet.  Mais la méfiance envers les médias alternatifs ne s'arrête pas là selon elle : «l'inquiétude ou à tout le moins une forme d'inconfort par rapport aux médias alternatifs n'était pas seulement palpable chez le représentant officiel du Sommet.  Du côté des journalistes de grands médias aussi, on ne semble pas savoir tout à fait comment prendre ces “autres joueurs” de l'arène médiatique, qui n'ont pas encore acquis toutes leurs lettres de noblesse.»

De conclure la journaliste, «les questions persisteront, à moins que les représentants de toutes les formes de média parviennent à vider le débat sur ce qui doit constituer une information de qualité, rigoureuse, accessible, diversifiée [...] Tant le discours officiel qui cultive la suspicion la plus grande envers les médias alternatifs, que l'attitude de journalistes qui préfèrent ne pas savoir ce qui les touche, comme s'il s'agissait de tout sauf de confrères et consoeurs du métier, contribuent au contraire à donner l'impression que nous sommes encore loin de la maturité nécessaire à un tel dialogue.» Matière à réflexion.

Chronique du 19 juin 2001

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  24 juillet : Lecture Web, écriture Web
Nous vous avons déjà parlé des «Entretiens» de Marie Lebert avec des dizaines d'acteurs d'Internet, chercheurs, écrivains, éditeurs, gestionnaires, journalistes, qui livrent leur vision de l'état d'Internet, de son avenir, des enjeux, des technologies périphériques. 

[...]

Marie Lebert nous offre maintenant «Le livre 010101», recueil de témoignages sur le livre en ligne, numérique, électronique et tous ses acteurs (auteurs, concepteurs, éditeurs, libraires, bibliothécaires, documentalistes, journalistes, professeurs, linguistes, chercheurs).  Citons de l'introduction : «Ce livre se base principalement sur des entretiens conduits par courrier électronique auprès de nombreux professionnels ayant des profils très variés.  Les participants (au nombre de 76) n'ont en aucune façon été choisis en fonction de leur notoriété.  Ils ont été choisis en fonction de leur expérience du numérique et de l'intérêt de celle-ci.  Si certains ont de gros moyens financiers et bénéficient de l'appui des médias, d'autres se débrouillent avec conviction et sans moyens dans un anonymat relatif ou total, et il est grand temps de leur donner aussi la parole.  Ce livre s'y emploie.»

[...] Et pour l'écriture.  Écrit-on vraiment différemment lorsqu'on est publié sur le Web? La question est souvent posée aux journalistes et chroniqueurs pur Web; on nous demande parfois de présenter nos points de vue devant des étudiants en journalisme ou en littérature.

Mais la question s'adresse-t-elle seulement aux personnes évoluant dans les médias? Certes non.  Elle s'adresse également aux scientifiques et chercheurs qui, de plus en plus souvent, utilisent le Web pour diffuser les résultats de leurs travaux ou décrire ceux qui sont en cours.  Elle s'adresse à tout organisme ou entreprise qui a un site Web et qui doit maîtriser ces nouveaux codes d'écriture.  Elle s'adresse aux administrations publiques avec acuité à l'aube de l'État réseau, tout autant qu'aux élus appelés à tisser de nouveaux rapports avec leurs commettants.  Par extension, la question revêt une importance certaine pour quiconque communique par courrier électronique. 

Jusqu'à présent, peu de documents ont été écrits sur le sujet (notamment en français), et les diverses théories ou pratiques étaient dispersées aux quatre coins du Web.  La société belge Quentès, qui se spécialise dans l'information en ligne, vient de mettre en ligne un site exceptionnel consacré à l'écriture Web, Rédaction.Be.  Le site, très riche en contenu, vise à étudier, le plus objectivement possible, les spécificités du Web en matière d'écriture.

Chronique du 24 juillet 2001

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  21 août : Hackers sans frontières?
La semaine dernière, sur le campus de l'Université Twente à Enschede (Pays-Bas), se déroulait la conférence annuelle internationale des hackers «Hackers At Large» (HAL2001).  Des débats animés portant entre autres sur de récents exploits, l'éthique et la politique du hack, le développement de nouveaux outils, la cryptographie.  Bref, jeunes et moins jeunes, aspirants et vieux routiers de l'underground du réseau, badauds curieux, recruteurs de grandes entreprises de sécurité informatique et policiers et agents de renseignement mal déguisés se sont amicalement toisés. 

[...]

Comme pour toute bonne conférence, les organisateurs avaient invité une brochette de conférenciers.  Selon les comptes rendus, celui qui a marqué le plus l'auditoire est Dave Del Torto, fondateur de la CryptoRights Foundation, qui a ni plus ni moins invité les hackers à en remettre dans la tirelire, à se rendre utiles et à militer, à leur manière, sur le plan social. 

L'essentiel du message de Del Torto, tel que rapporté par le service de nouvelles Wired, est que de nombreux groupes voués à la défense des droits de la personne ont besoin d'aide et de formation en matière de cryptographie, de chiffrement de messages, et d'utilisation des ordinateurs et des réseaux.  À titre d'exemple, il a cité le cas du Guatemala où les personnes responsables de documenter les assassinats de paysans en régions rurales sont très vulnérables sans une protection adéquate de leurs données, et s'exposent à des représailles de la part des forces dites de «sécurité» et des escadrons de la mort. 

[...]

Del Torto agit à titre de consultant en cryptographie auprès du Tribunal Pénal International de La Haye, et la Cryptorights Foundation mène divers projets de cryptographie dans des points chauds du globe.  En outre, elle travaille à l'organisation d'une première conférence internationale sur la cryptographie et les droits de la personne.  La conférence s'adressera aux organismes de défense des droits intéressés aux questions de sécurité informatique, et aux cryptologues qui souhaitent travailler à la cause des droits.

Chronique du 21 août 2001

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  14 septembre : Le réseau écope mais tient le coup
Vu du Net, les événements ont évidemment perturbé le fonctionnement du réseau.  Dans la confusion qui a suivi les attentats, les services de surveillance et de protection des infrastructures ont eu tôt fait de confirmer que le réseau n'était pas compromis et ne subissait aucune attaque.  Mais selon l'indice KB40 de la société Keynote Systems qui mesure la performance de 40 sites clés d'entreprises et de médias aux États-Unis, le temps de réponse des sites Web composant l'indice est passé de 5 à 12,9 secondes immédiatement après les attaques.  On le comprendra, ce sont les sites de médias qui ont été les plus touchés par cette pointe d'achalandage : CNN.Com, NYTimes.Com et ABCNEW.Com ont été inatteignables de 9h à 10h en raison de la trop forte demande d'accès.  Chez CNN, on a supprimé tous les graphiques pour alléger la page d'accueil qui, du coup, est passée de 255 ko à 20 ko.  Chez MSNBC.Com, le site média le plus fréquenté, on ne pouvait répondre qu'à 22 % des requêtes d'accès et là aussi on a retiré l'affichage graphique durant quelques heures.  En après-midi, la situation se rétablissait, mais Keynote établissait que le pic d'achalandage avait été sans précédent. 

Les moteurs de recherche ont naturellement enregistré une activité importante.  Témoins des questions et des inquiétudes du public, sur les divers outils permettant d'épier les mots clés utilisés sur certains moteurs, on notait une forte récurrence des mots et expressions World Trade Center, cnnnews, oklahoma bombing history, live news broadcast, federal sky marshal, twintowers, aviation statistics, Boeing, bin laden, New York Map, nostradamus, Psalm 23.

Chronique du 14 septembre 2001

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  30 octobre :  «USA PATRIOT ACT» : un lourd tribut
Jeudi dernier, le Sénat des États-Unis adoptait par un vote de 98 contre un le projet de loi de lutte antiterroriste nommé «Uniting and Strengthening America by Providing Appropriate Tools Required to Intercept and Obstruct Terrorism Act of 2001» (USA PATRIOT Act) qui avait, plus tôt en semaine, reçu l'aval de la Chambre des représentants.  Vendredi matin, au cours d'une cérémonie officielle, le président George Dubya Bush entérinait le USA Act qui entrait en vigueur immédiatement, conformément à la promesse faite la veille par l'Attorney General John Ashcroft à l'occasion d'une allocution prononcée devant la conférence des maires des États-Unis.

[...]

Rappelons certaines des nouvelles dispositions de la loi antiterroriste.  Sur simple demande d'un procureur du ministère public fédéral ou d'un État, la police fédérale pourra déployer son système de surveillance Carnivore et surveiller le courriel et les consultations Web de suspects.  Tout fournisseur d'accès Internet ou toute compagnie de téléphone sera tenu de fournir au FBI, sans besoin d'une ordonnance d'un magistrat, toutes les données sur un client.  Ces entreprises se verront interdites de dévoiler au client toute information sur l'enquête.

[...]

Ce qui inquiète dans ces nouveaux pouvoirs de surveillance, et n'oublions pas les dispositions relatives à la détention de suspects et à la divulgation des motifs d'arrestation et des preuves afférentes, et celles relatives à la portée rétroactive de la loi, c'est que depuis le milieu des années quatre-vingt-dix, le droit des communications s'était construit à coups de jurisprudence, de cas d'espèce ardemment débattus, de petite victoire en petite victoire.  Mais le USA PATRIOT Act vient de remettre tous les compteurs à zéro, sans possibilité de réexamen de ses dispositions lorsque les esprits se seront calmés.

Chronique du 30 octobre 2001

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  27 novembre : Crise : bombe atomique ou pétard mouillé?
Le 15 novembre dernier, le journaliste Anthony Loyd du Times de Londres publiait un article choc.  À Kaboul, dans un des refuges présumément occupé par des membres du réseau al-Qaeda qui avaient dû fuir à la hâte, Loyd disait avoir trouvé des documents compromettants.  Parmi des formulaires de demande de passeports canadiens, des cahiers de guérilla et des dépliants de propagande, le journaliste avait trouvé, à demi brûlés, des documents sur la fabrication d'engins nucléaires.  Dans un second article, le même jour, cette fois Loyd va plus loin en titrant «Découverte des secrets nucléaires de ben Laden».

[...]

Or, il s'avert que ces documents circulaient bel et bien sur Internet depuis longtemps, également en imprimé depuis 1979, et que la source n'était pas un quelconque savant aux desseins diaboliques, mais plutôt l'auteur d'un périodique humoristique, le «Journal of Irreproducible Results» (journal des résultats impossibles à reproduire).  On trouve mot pour mot dans les images des documents diffusées par la BBC des passages de l'article humoristique en question. 

[...]

On y lit que le projet de construction d'un engin nucléaire coûtera entre 5 000 et 30 000 $, selon le souci de finition que l'on voudra accorder au produit final.  Pas très fort en conversion métrique, l'auteur suggère de commencer avec 50 livres de plutonium ou 110 kilos! Par contre, l'hygiène est de mise : il faut se laver les mains au savon et à l'eau chaude après avoir manipulé le plutonium, et éviter que les enfants ou les animaux domestiques jouent avec la dite substance.  Une fois l'engin confectionné (le tout semble tenir avec de la colle à séchage rapide et de la plasticine), on prendra soin de ne pas l'entreposer dans une remise extérieure pour éviter les variations trop grandes de température; on suggère une armoire à l'intérieur.

Chronique du 27 novembre 2001

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  4 décembre : La «lanterne magique» du FBI
Le 20 novembre, citant des sources confidentielles, le journaliste Bob Sullivan de la chaîne MSNBC révèle que le FBI dispose d'un virus/ver agissant comme espion de clavier.  Nom de code : «Magic Lantern», la lanterne magique.  On sait que depuis le 11 septembre, l'utilisation du système de surveillance de courrier électronique Carnivore a été facilitée par l'adoption des lois anti-terroristes.  Mais Carnivore a ses limites.  À quoi sert l'interception d'un fichier si celui-ci est crypté et que les enquêteurs ne possèdent pas la clé de chiffrement.  Il suffit alors de planter le virus/ver espion, ce qui peut être fait par courriel, et de récupérer la clé de cryptage.  Sullivan, dans son article, dit s'être heurté à un mur de silence lorsqu'il a adressé des demandes de précisions au FBI. 

Le 22 novembre, c'est au tour de Ted Bridis de l'Associated Press d'évoquer «Magic Lantern».  Mais Bridis va plus loin : il affirme que le fabricant de logiciels antivirus Network Associates/McAfee a entrepris une démarche que l'on pourrait qualifier de proactive, et communiqué avec le FBI afin de s'assurer que ses logiciels n'interceptent pas «Magic Lantern» et mettent ainsi la puce à l'oreille de la cible de la surveillance.  En fait, comme il s'agit d'un virus/ver, le code espion du FBI pourrait bien s'empêtrer dans la résille des logiciels destinés à protéger nos systèmes. 

[...]

Graham Cluley, conseiller principal chez un autre fabricant d'antivirus, Sophos, s'objecte à l'ouverture volontaire de portes d'accès à des virus/vers de surveillance, alléguant que les utilisateurs du réseau hors du territoire des États-Unis seraient en droit de s'attendre à être protégés contre des outils de surveillance comme «Magic Lantern».  De soumettre Cluley : «Qu'arrivera-t-il si les services de renseignement français ou grecs créent un tel outil de surveillance? Devra-t-on aussi les ignorer?»

Chronique du 4 décembre 2001

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  Et ailleurs...

Et voilà pour l'année écoulée.  Nous vous invitons à consulter également la revue de l'année 2001 d'Emily Turrettini sur Netsurf, classement par thèmes des hauts et des bas d'une année hors du commun, statistiques et touches d'humour en caricatures.

Toujours sur Netsurf, à surveiller bientôt, nous nous joindrons comme d'habitude à d'autres chroniqueurs, commentateurs et observateurs pour formuler des prévisions pour l'année qui vient.  Tiens, à bien voir, on ne s'était pas trop trompé l'an dernier...

Nous travaillons aussi à un autre projet qui devrait voir le jour sous peu et qui sera annoncé sur le site Web des Chroniques de Cybérie et par voie de courriel à nos abonnés.

Les Chroniques de Cybérie feront relâche les 25 décembre et le 1er janvier, et seront de retour le 8 janvier.  D'ici là, nous vous souhaitons à tous et toutes une heureuse période des Fêtes et un excellent début d'année 2002.

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Site personnel de Jean-Pierre Cloutier

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