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Page daccueil Les Chroniques de Cybérie
Le mardi 14 mai 2002

Salutations à tous les Cybériens et Cybériennes!

Cette Chronique n'est optimisée ni pour Netscape, ni pour Internet Explorer, elle l'est pour ses lecteurs et lectrices.

Cette semaine en Cybérie...

  COPA : la Cour suprême dit oui, mais...
Tout comme son prédécesseur le Communications Decency Act (CDA), le Children Online Protection Act (COPA) ne semble jamais franchir la barre de l'acceptation par le plus haut tribunal des États-Unis.

Hier, 13 mai, huit des neuf juges de la Cour suprême ont décidé (pour des raisons différentes) que le texte de loi serait renvoyé pour examen devant une cour d'appel (texte de la décision en format PDF).  D'après ces magistrats, il n'est pas inconstitutionnel en soi de faire reposer la définition de ce qui peut être nuisible aux enfants sur des «normes de collectivité», tel que l'alléguait l'American Civil Liberties Union.  Par contre, le COPA contient d'autres dispositions qui pourraient l'être, d'où le renvoi devant une cour d'appel.  Résultat direct : la loi adoptée en 1998 ne peut toujours pas être appliquée.

Brève récapitulation de la saga juridique.

Octobre 1998, l'encre a à peine séché sur le document signifiant la sanction présidentielle au Children Online Protection Act (COPA) que déjà une large coalition d'organismes demande une injonction pour faire invalider la loi qu'ils estiment trop semblable au Communications Decency Act, lui-même invalidé par la Cour suprême en juin 1997. 

Janvier 1999, un juge d'une cour de district de Philadelphie accorde une injonction préliminaire bloquant l'entrée en vigueur du COPA.  Le juge Lowell Reed Jr.  déclare : «Bien qu'il relève de l'intérêt public de protéger les personnes d'âge mineur, ce même intérêt public n'est pas servi par l'application d'une loi inconstitutionnelle [...] l'intérêt public est servi par le maintien du statu quo jusqu'à ce que ce tribunal puisse trancher sur le mérite des arguments des requérants».

Juin 2000, la cour d'appel confirme l'injonction contre le COPA et en déboute l'application le jugeant anticonstitutionnel.  La cour d'appel commente : «Ce faisant, nous réitérons toutefois les propos de la cour de district [Ndlr. ayant accordé la première injonction] selon lesquels "nous devons parfois prendre des décisions que nous n'aimons pas.  Nous le faisons parce qu'elles vont dans le sens du droit et de la Constitution qui, d'après nous, les imposent.». 

Mai 2001, l'Attorney General des États-Unis, John Ashcroft, dépose devant la Cour suprême un bref de certiorari lui demandant de se prononcer sur la décision de la cour d'appel.  Dans le bref, le ministère de la Justice déclare que le COPA «rend illégale la communication, à des fins commerciales sur le Web, de contenus accessibles aux enfants et qui peuvent présenter des dangers pour eux, à moins que des efforts de bonne foi ne soient entrepris pour leur en interdire l'accès [...] Le COPA repose sur des normes de collectivité pour déterminer les contenus desquels il faut protéger les enfants [...] La question est de savoir si le tribunal d'appel a eu raison d'interdire l'application de la COPA en invoquant le Premier amendement (Ndlr. de la Constitution, droit de libre expression) car la loi repose sur des normes de la collectivité pour déterminer ce qui peut présenter un danger pour les enfants.»

Dans la décision de la Cour suprême, rédigée par le juge Clarence Thomas, ce dernier dit faire preuve de prudence et estime que dans sa forme actuelle, la loi se prêterait à diverses applications selon les régions du pays, ou encore favoriserait l'application la plus puritaine.

La décision est complexe dans son interprétation.  Trois juges (Clarence Thomas, Antonin Scalia et le juge en chef William H.  Rehnquist) ont exprimé l'opinion retenue par la Cour.  Trois autres juges (Anthony Kennedy, David Souter et Ruth Ginsburg) ont insisté sur un examen plus approfondi de la cause par la cour d'appel.  Deux magistrats (Sandra O'Connor et Stephen G. Breyer) ont fait valoir qu'il importait d'adopter des normes nationales et non de collectivités.  Pour sa part, le juge John Paul Stevens s'est déclaré dissident de l'opinion émise, et aurait confirmé l'invalidation du COPA par la cour d'appel.

Même si cette opinion de la plus haute cour du pays ne donne pas entièrement raison aux opposants du COPA, l'American Civil Liberties Union (ACLU) s'est dit satisfaite.  Pour Ann Beeson, juriste qui a plaidé la cause pour l'ACLU : «Tout comme la Cour a déjà invalidé d'autres lois qui tentaient de réduire la population adulte à ne lire que ce qui serait convenable pour des enfants, nous sommes confiants qu'en bout de ligne, la Cour invalidera cette loi.»

On retiendra deux choses de cette opinion de la Cour suprême.  D'abord, elle renvoie à leurs devoirs le ministère de la Justice, les législateurs et la cour d'appel pour ce qui, en termes communs, serait un texte de loi et une contestation de l'invalidation mal ficelés.  D'autre part, la prochaine étape se déroulera devant la cour d'appel, mais quelle que soit sa prochaine décision, on peut être assuré qu'elle sera de nouveau contestée (par l'un ou l'autre des parties en cause) devant la cour suprême.  À moins d'un processus accéléré (fast tracking), difficile à invoquer car il n'y a pas urgence, on en a encore pour au moins deux ans de procédures.

Soulignons en terminant que ce sont ces mêmes neuf juges qui, en 1997, avaient invalidé le Communications Decency Act (CDA), prédécesseur du COPA.

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  Internet oriente souvent les décisions personnelles
En contexte d'entreprise, on connaît l'arsenal de soutien à la prise de décisions importantes : enquêtes, études, données, analyses.  Par contre, sur le plan personnel, Internet jouerait un rôle identique, «crucial ou important», dans la prise de décisions, selon un sondage du Pew Internet Project mené en janvier dernier auprès de 1 415 utilisateurs d'Internet âgés de 18 ans et plus.  À partir d'une liste de quinze situations de prise de décision importante, 96 % des répondants ont répondu avoir eu à faire face à l'une ou plusieurs d'elles au cours des deux dernières années.

Les chercheurs du Pew ont établi que 36 % des personnes ayant eu à choisir un établissement d'enseignement, pour eux ou pour leurs enfants, ont consulté le Web pour se renseigner, et que l'information glanée sur le Web a joué de manière cruciale ou importante dans leur choix.  Il en est de même pour 33 % des répondants qui souhaitaient s'investir dans un nouveau passe-temps, 29 % qui cherchaient une formation scolaire ou technique complémentaire, 27 % qui ont acheté une voiture neuve, 26 % qui ont aidé un proche à composer avec une pathologie sérieuse (24 % quand ils étaient eux-même aux prises avec une maladie), 25 % qui ont changé d'emploi.

Les investissements importants se documentent aussi sur le Web (22 % des répondants), tout comme le choix d'un nouveau lieu de résidence (22 %), l'implication dans une poursuite ou des démêlés juridiques (13 %) ou encore la nomination à un nouveau poste (10 %).

Sur le plan des relations intimes, les proportions sont relativement faibles : 15 % des répondants ont signalé l'importance que le Web avait eu au début de la relation, une proportion égale à la fin d'une relation (dans ces deux cas, prédominance statistique dans le créneau des 18/29 ans), et 14 % lors d'un mariage.  Lorsqu'un divorce est survenu, aucun répondant (0 %) n'a consulté le Web pour se renseigner ou se conforter de sa décision.

Dans l'ensemble, 45 millions d'Étasuniens auraient consulté le Web depuis deux ans lorsque confrontés à des décisions importantes.  Les chercheurs constatent que si les moins de 30 ans sont plus susceptibles d'avoir connu au cours des deux dernières années des changements importants dans leur vie ou d'avoir eu à prendre des décisions entraînant des conséquences importantes, le recours à Internet ne serait pas conditionné par l'âge des répondants.

Toute fois, comme c'est le cas pour d'autres utilisations d'Internet (commerce électronique, services en ligne, courriel, etc.), l'expérience du réseau serait déterminante du degré de confiance dans le réseau pour trouver un soutien décisionnel.  Les chercheurs ont constaté que ceux et celles qui utilisent le réseau depuis plus de trois ans étaient sensiblement plus susceptibles de déclarer que l'information trouvée sur le Web avait joué un rôle crucial ou important dans leur prise de décision.

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  Plafonnement des échanges sur Sympatico : en termes réels
La nouvelle que nous vous rapportions la semaine dernière, concernant la limite de 5 Go au volume de données échangées en téléchargement en amont et en aval imposée aux abonnés du service haute vitesse Sympatico, semble déranger de nombreux abonnés à ce service.  Pour chaque bloc de 100 Mo supplémentaire au forfait de 5 Go, les abonnés devront verser 0,79 $; on estime que cette mesure épargnerait 90 % des abonnés dont le volume mensuel de transfert est inférieur au plafond imposé.

Du courrier, d'abord.  J'écrivais : «Soit, c'est quand même environ 160 Mo par jour de transfert, ce qui est bien suffisant pour la moyenne des utilisateurs.» On me souligne gentiment que ma perspective de célibataire habitant seul sans chien ni chat ne tient pas compte des co'locs qui partagent un accès à trois ou à quatre, des familles qui se trouvent en même situation, et pour qui une limite de 5 Go devient un peu serrée.  Message reçu.

Une pétition en ligne, aussi (en anglais), pour protester auprès de Bell (propriétaire de Sympatico) contre le plafonnement du volume des téléchargements en amont et en aval.

Bob Carrick de CarrickSolutions, l'auteur de cette pétition en ligne, a d'ailleurs publié sous forme de tableau ce que signifie concrètement cette limite de 5 Go par mois.  Pour ce qui est de l'utilisation générale d'une connexion (consultation du Web, courriel, forums de discussion), il faudrait que cette connexion soit utilisée activement 17,2 heures par jour chaque jour pour atteindre la limite mensuelle de 5 Go. 

En revanche, pour ce qui est de certains services spécialisés en défilement multimédia, les choses se corsent.  En moyenne, les bandes annonces de films chez Apple permettraient une utilisation moyenne de 0,45 heure par jour, une connexion de qualité 44 kHz stéréo chez Shoutcast.Com 1,19 heure par jour, les chaînes de télévision WindowsMedia 1,38 heure par jour, le jeu en ligne QuakeWorld 5,61 heures par jour.

Dès lors, on peut se permettre aussi de faire des projections sur certaines applications utilisées concurremment, par exemple le travail général en ligne (recherche, lecture sur Web, courriel, échange de fichiers) avec défilement en arrière-plan des actualités en direct de Radio France Internationale, de la chaîne Blues de 1000 % Musique, ou d'une des quatre chaînes de radio Web récemment lancées sur Radioactif.Com.

Si, dans l'état actuel des choses, un plafonnement du volume de téléchargement peut avoir une incidence sur l'utilisation, qu'en est-il à terme des contenus «enrichis» qui nous seront proposés dans un proche avenir?

Le 1er mai dernier, j'étais invité à participer à la Journée NumériQC organisée par l'Alliance NumériQC, le réseau de l'industrie numérique du Québec.  L'atelier auquel j'ai participé à titre de panéliste portait sur le thème «Qui doit payer pour les contenus numériques interactifs?».  On distinguait de nombreuses catégories de contenus et de modes de livraison, tout en s'accordant pour dire qu'Internet deviendrait un véhicule privilégié de diffusion pour le multimédia.

Or, si l'industrie perçoit des difficultés sur le plan de la production et de la diffusion de contenus, l'imposition de frais supplémentaires à la consommation de contenus multimédias ne ferait-elle qu'aggraver le problème?

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  Les .pro arrivent
Après que l'Internet Assigned Numbers Authority (IANA) ait donné le feu vert pour l'établissement des noms de domaines .PRO à l'Internet Corporation for Assigned Names and Numbers (ICANN), cette dernière n'a pas tardé à désigner la société RegistryPro comme gestionnaire de l'attribution de ces nouveaux noms de domaines.  Le ministère du Commerce des États-Unis devra entériner la décision, ce qui devrait se faire très prochainement.  La décision de l'ICANN d'aller de l'avant avec le .pro marque la fin de la première ronde d'extension des noms de domaines courants qui s'est soldée par l'adoption des .biz, .info, .name, .museum, .coop, et .aero.

Le .PRO sera réservé aux professionnels (avocats, médecins, comptables, etc.) et disponible directement de RegistryPro ou d'intermédiaires agréés d'ici la fin de l'année.  On estime à 35 millions le nombre de personnes que ces noms de domaines pourraient intéresser dans les États qui connaissent une forte pénétration d'Internet.  Il sera décliné en sous-domaines selon les spécialités : .law.pro pour les avocats, .med.pro pour les médecins, .cpa.pro pour les comptables; d'autres sous-domaines seront offerts sous peu.  L'attribution se fera selon la règle du premier arrivé, premier servi, et RegistryPro ne prévoit pas de période de pré-enregistrement sauf pour les détenteurs de marques de commerce. 

Les professionnels qui souhaitent avoir leur nom de domaine en .pro devront toutefois payer beaucoup plus cher, soit environ 250 à 300 dollars US (environ 275/330 euros, 390/470 $ CAN).  En revanche, un processus de vérification sera mis en place pour s'assurer que seuls les professionnels agréés pourront réserver un nom de domaine .pro.  De plus, les détenteurs jouiront d'un courriel encrypté, de certificats d'authentification d'identité, et d'une inscription dans une base de données par spécialités et recoupements régionaux, sans frais supplémentaire.

Médecine, droit et comptabilité.  L'univers «professionnel» se limiterait-il à ces trois secteurs d'activité.  Et quelles seront les prochaines professions à pouvoir se joindre au club sélect des .pro?

Samedi dernier, le Washington Post rapportait un certain mécontentement de la part d'autres professionnels qui n'ont pas droit à un nom de domaine .pro.  Par exemple, sont présentement exclus les athlètes, musiciens, photographes, infographistes, journalistes, programmeurs, plombiers, électriciens, bref, tout ce qui n'est pas médecin, avocat ou comptable.  Le Post cite une massothérapeute qui trouve «élitiste et condescendante» à l'égard des autres professions la décision de limiter l'attribution de noms de domaines à trois secteurs d'activité.  Même son de cloche d'une responsable d'un syndicat de plombiers : «C'est une question de classe.  Ils sont sur cette liste car ce sont des cols blancs, et nous n'y sommes pas car nous sommes des cols bleus.»

Sloan Gaon, premier dirigeant de RegistryPro, réfute ces arguments et estime qu'en ouvrant le domaine .pro à des professionnels plus difficiles à certifier, le nom de domaine perdrait de sa crédibilité.  Selon Gaon, un domaine .pro est l'équivalent d'un diplôme en ligne.  Il précise que les vérifications diligentes seront menées et que, par exemple, un avocat qui serait radié du barreau perdrait automatiquement son nom de domaine.

Peu convaincant pour certains observateurs qui constatent l'érection de chasses gardées dans un médium qui se voulait ouvert à tous.

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  Techno politique : le gouverneur de la Californie dans l'eau chaude
Il y a quelques semaines à peine, tout semblait tourner rond pour le gouverneur démocrate de la Californie, Gray Davis, qui sollicitera de l'électorat un second mandat le 5 novembre prochain.  Un sondage lui conférait une avance de 14 points sur son concurrent républicain Bill Simon.  Mais voilà qu'un scandale d'envergure ébranle la Silicon Valley et risque de nuire sérieusement aux chances du gouverneur sortant de se faire réélire.

C'est un reportage d'enquête du San Jose Mercury News qui a, fin avril, attaché le grelot et incité la vérificatrice générale de l'État, Madame Elaine M. Howle, à ouvrir une enquête officielle.

Les faits : Sans aller en appel d'offres, l'État a conclu le 31 mai 2001 un marché de 95 millions de dollars avec la société Oracle pour des logiciels de base de données, un contrat qui porte sur 270 000 licences d'exploitation.  Premier problème : l'État n'emploie que 188 000 employés dont un bon nombre n'ont ni accès à un ordinateur, ni besoin d'y avoir accès dans le cadre de leur travail.

Le service de la Technologie de l'information, qui a signé ce contrat, avait consulté 127 ministères et organismes publics pour s'enquérir de leurs besoins pour les systèmes proposés par Oracle : seulement cinq avaient manifesté un intérêt.  Le service n'a jamais communiqué ces résultats aux décideurs politiques.

L'État avait retenu les services de la société Logicon à titre de conseillère pour le projet d'acquisition.  Logicon a dressé des tableaux de données, évalué les économies éventuelles et présenté un rapport favorable à la transaction.  Or, il ressort que Logicon, en plus de ses honoraires, devait toucher une commission secrète de 28 millions de dollars d'Oracle.

La proposition de contrat a été acceptée par le bureau du gouverneur Davis, mais sans que les services du contentieux n'aient eu le temps de l'examiner à fond.  Oracle insistait qu'il fallait signer le contrat «maintenant ou jamais» car elle avait besoin d'une telle nouvelle pour rassurer ses actionnaires et les analystes de Wall Street, et que tout délai invaliderait la soi-disant aubaine.

Il y a dix jours, les policiers de l'État ont investi les bureaux du service de la Technologie de l'information (dont le directeur a démissionné) pour éviter la destruction de documents qui seront essentiels à l'enquête.  Je vous fais grâce des détails de la réaction de la classe politique, des médias et de l'industrie qui réclament maintenant des explications.

Puis, les caisses électorales.  Toujours selon le Mercury News, l'Attorney General de l'État, Bill Lockyer, a reçu de la société Oracle une contribution de 50 000 $ à sa caisse électorale (Ndlr. aux paliers d'État, l'Attorney General est élu), mais il entend la retourner.  Pour ce qui est de Gray Davis, Oracle a versé 25 000 $ à sa caisse électorale, et il entend lui aussi rembourser cette contribution (détails sur Findlaw, document PDF).  Soulignons que Davis n'a pas jugé bon de rembourser une contribution à sa caisse de 120 000 $ venant de la société Enron.

Dans un article publié il y a une semaine, le journaliste du Mercury News, Noam Levey, rappelle qu'au cours des dernières années, c'est le sixième fiasco technologique d'envergure pour la Californie, l'État qui a quand même vu naître la Silicon Valley et qui devrait, du moins estime-t-il, savoir éviter ces écueils.  La situation serait davantage attribuable, selon lui, au manque d'encadrement du processus d'impartition et à l'action de lobbyistes dont les services sont retenus pour «vendre» le contrat aux élus.

Puis, ce matin, 14 mai, Levey rapporte dans un autre article qu'un des législateurs menant une enquête sur la transaction exigera d'avoir accès aux échanges relatifs au contrat d'Oracle (courriels, transcriptions de conversations téléphoniques) entre le gouverneur Davis et ses conseillers.  Cette demande intervient alors que Davis a exigé que toute divulgation d'information sur l'affaire soit autorisée par son bureau.

Entre temps, Oracle et Logicon ont manifesté leur intention de dégager l'État de Californie de toute obligation contractuelle, probablement parce que les autorités fédérales ont signifié leur intention de mener une enquête.

Une autre affaire dont on n'est pas près de voir la fin.

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  Suivis : retour des archives de Cyberpresse; liens en profondeur; Voltaire dégooglisé
Nous vous parlions la semaine dernière de la nouvelle mouture du site de Cyberpresse et du virage au modèle payant pour les archives jusqu'alors accessibles gratuitement.  On proposait la recherche dans les archives du site, mais pour obtenir un article au complet, il fallait débourser 3,95 $ CAN, et pour la reproduction d'un article sur un site Web, 207 $ CAN pour un an.  Si les droits de reproduction intégrale d'un article, «pour l'Internet, les Intranets ou pour toutes autres formes de reproduction traditionnelle», demeurent, on a éliminé les frais de 3,95 $ pour la consultation des articles en archives.  Si elle s'inscrit dans une révision de la politique des archives payantes, on ne peut que saluer cette décision.  D'abord, parce qu'un modèle payant pénalise tous les utilisateurs particuliers (non professionnels), étudiants, chercheurs indépendants.  Puis, des archives payantes peuvent en fait faire baisser la fréquentation d'un site.  Si des sites Web d'information importants (USAToday, CNN, News.Com, Mercury News, etc.) ont conservé des archives «ouvertes», c'est que des études ont prouvé qu'elles pouvaient représenter jusqu'à 10 % de l'achalandage d'un site, soit par l'utilisation du service interne d'archives, soit par les références de contenus indexées dans le moteurs de recherche. 

Dans le dossier des liens en profondeur, dont le groupe de presse Belo conteste l'utilisation par le site Web d'information communautaire BarkingDogs.Org, ce dernier vient de recevoir l'appui de l'organisme Public Citizen fondé il y a trente ans par le militant Ralph Nader.  Belo exige que BarkingDogs utilise des liens hypertextes pointant sur des pages spécifiques de ses sites et veut que toute référence à leur contenu soit dirigée vers leur page principale.  BarkingDogs soutient qu'il s'agit là d'une pratique courante avalisée par la jurisprudence.  Une menace de poursuite pèse sur BarkingDogs s'il maintient ses liens en profondeur après le 15 mai et, le cas échéant, Public Citizen a décidé de couvrir les frais de défense.  Carl Sullivan du netmag Editor & Publisher souligne, à juste titre, une contradiction du groupe Belo : le blogue de l'un de ses journaux, Netrunner du Providence Journal (Rhode Island), utilise des liens en profondeur.  Belo se trouve donc devant la contradiction d'interdire aux autres ce qu'il se permet. 

Pas content, le Réseau Voltaire crie à la censure.  Malgré une présence Web longue de plusieurs années, les moteurs de recherche AltaVista et Google ne référencent plus son site Web.  On sait que son directeur, Thierry Meyssan, est l'auteur du livre «L'Effroyable imposture» dans lequel il soutient qu'aucun avion ne s'est écrasé sur le Pentagone le 11 septembre dernier.  L'ouvrage qui s'est déjà vendu à plus de 200 000 exemplaires en France est désormais disponible en espagnol et est en cours de traduction en une dizaine de langues.  Selon le communiqué reçu hier, le Réseau Voltaire a été obligé d'acheter un espace publicitaire pour que son site apparaisse dans les résultats du moteur Google.  En revanche, une recherche dans Google avec les mots clés «effroyable imposture» pointe directement sur le site d'accompagnement du livre.

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  Lance (un site Web) et compte!
Hans Petter Johnsen, Norvégien de 26 ans habitant à Drobak, s'intéressait dans le cadre de ses études aux nations autochtones de l'Amérique du Nord.  Aussi amateur de hockey, il découvrit qu'un des joueurs de l'équipe Les Canadiens de Montréal, Gino Odjick, appartenait à la nation algonquine, était né sur la réserve de Maniwaki et habitait maintenant celle de Kanhawake.  La personnalité et le style de jeu de Odjick ont beaucoup plu au jeune Norvégien qui suivait à distance sa carrière, sur Web et aussi avec des périodiques imprimés.  Le 30 juillet 1999, Johnsen mettait en ligne un site non-officiel sur son idole : Gino Odjick's World.  On y trouve de tout sur Odjick : biographie, statistiques, photos, revue de presse, FAQ, liens.  Johnsen écrit également sur son site : «J'aimerais vraiment traverser l'océan et rencontrer Gino en personne.  Comme je suis un “fan”, ça représenterait énormément pour moi de lui dire en personne que je l'admire.»

Mais les mises à jour sur le site de Johnsen s'arrêtent au 4 mai dernier.  Et pour cause, je jeune Norvégien est présentement en séjour au Québec à l'invitation de Gino Odjick.

Mathias Brunet, dans Cyberpresse, raconte que le 3 avril dernier Johnsen reçut un coup de fil de la part d'un proche de Odjick.  Ce dernier souhaitait rectifier certaines des informations diffusées sur le site Web, mais aussi l'inviter au Québec, aux frais du hockeyeur.  Et d'écrire Brunet : «Comme Odjick est un homme de tribu, de clan, pas question qu'il ait laissé son invité à l'hôtel.  Johnsen passe la semaine avec son idole dans la maison où Odjick vit pendant la saison de hockey, sur la réserve à Kanhawake.  Un fan comblé...»

Comblé davantage que les autres qui ont vu le tricolore s'incliner par le compte de 8 à 2, lundi soir, devant les Hurricanes de la Caroline, mais enfin.

Et voilà où un site Web peut mener.  Et merci à Réjean Tremblay de nous avoir mis sur la piste.

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  Daniel Pearl : suivi
Peu à rapporter, cette semaine, sur la poursuite de l'audition de la cause des quatre co-accusés pour l'enlèvement et le meurtre du journaliste Daniel Pearl.  Rappelons que les audiences se tiennent à huis clos devant le troisième juge à hériter de la cause.

Peu importent les arguments, les témoignages, les vices de procédures, le sort en est jeté pour les co-accusés.  C'est ce qu'on retient d'un article du New York Times repris par le International Herald Tribune samedi dernier.

D'une part, les États-Unis ne demandent plus l'extradition du principal accusé, Ahmed Omar Sheikh, tellement l'administration Bush est persuadée qu'il sera reconnu coupable et exécuté au Pakistan.  Un «diplomate en poste» à Karachi a déclaré que les États-Unis avaient raison de ne pas exiger l'extradition de Omar Sheikh car la «justice» pakistanaise est plus expéditive que celle rendue sous la bannière étoilée.

À Islamabad, de hauts responsables ont déclaré que le président pakistanais, le général Pervez Musharraf, avait donné ses assurances personnelles à Washington que Omar Sheikh serait reconnu coupable et exécuté.  On se demande alors à quoi peut servir la tenue d'un procès.

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  Beau détour
Il y a parfois des photographes dont on envie la chance de s'être trouvé là où il fallait, quand il fallait, pour saisir des tranches de vie.  Presque par hasard, on arrive sur le site Visages de l'écriture du photographe Ludovic Fremaux que Jean Fugère, en préface du livre tiré de ces photographies, écrit qu'il est un «traqueur d'atmosphères».  Et comme le hasard fait bien les choses...

Fugère commente : «La photographie sied bien aux auteurs.  La noir et blanc, particulièrement, subtil écho de leur lutte répétée avec la page blanche.  Et puis, entre les phrases de l'auteur et les clichés du photographe, il y a ce lien intime, comme une évidence : les deux ne prennent tout leur sens et ne se développent que dans le silence.  Loin du populeux et du tonitruant.» Un site à voir.

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Et sur ce, nous vous souhaitons à tous et à toutes une excellente semaine.

Site personnel de Jean-Pierre Cloutier

Collaboration à la recherche : Mychelle Tremblay

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