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Culs-de-sac et 404
JEAN-PIERRE CLOUTIER
Le 30 avril 1997
Non, je n'accompagnerai pas les chefs dans leurs
déplacements. Non, je n'assisterai pas à
une multitude de ralliements, rencontres,
conférences de presse et autres étapes
inévitables du long parcours de la campagne.
Non merci, j'ai déjà donné au
chapitre de la couverture quotidienne d'une
élection, et j'ai eu ma juste part des repas pris
à la sauvette entre deux avions et trois
autobus. Des scènes de poignées de mains
et de bébés embrassés dans les
centres commerciaux. Des visites d'usines et de PME
sous le regard amusé de ceux et celles qui y
passent leur vie. Des discours si souvent
répétés en copie conforme que le
gag entre journalistes est de réciter, avant le
candidat, la prochaine phrase qu'il prononcera. Et de
tant d'autres à-côtés qui meublent
le quotidien d'une campagne électorale. Mais cette élection est la première où les partis et leurs candidats se retrouvent devant une masse critique d'électeurs ayant accès aux inforoutes. En outre, parmi ces utilisateurs et utilisatrices des réseaux se trouvent à peu près tout ce qui bouge comme chefs d'entreprises, décideurs, analystes, leaders d'opinion, journalistes, analystes. Il est donc normal que toutes les principales formations politiques aient pris le chemin des inforoutes pour véhiculer leur message et exposer leurs programmes, et c'est là, sur les inforoutes, que j'entends les accompagner et observer le déroulement de la campagne. Une autre perspective de cette campagne qu'il sera intéressant de documenter est le rôle, toujours dans le cyberespace, des médias, et surtout la manière dont ils couvrent cette campagne. Et, tant qu'à faire, commençons là. Combien de fois avez-vous inscrit dans vos signets un article de journal ou de périodique car, faute de temps, vous ne pouviez le lire sur le champ? À la première occasion, vous souhaitez y retourner. De deux choses l'une : «Erreur 404 - contenu introuvable» ou bien le contenu qui se trouve à cette adresse ne correspond pas à l'article souhaité. Participant à la section «Actualités» de ce site, et effectuant un survol quotidien des articles, commentaires, analyses et éditoriaux portant sur la campagne et diffusés sur le Web, je me vois constamment confronté à ce problème de taille, celui de la validité des adresses électroniques des documents cités. Un grand nombre de médias traditionnels présents sur le Web diffusent des textes qui ne sont en ligne que pour 24 heures, tout au plus. On semble croire sur ces sites que le médium électronique est tellement semblable à celui du papier que le texte publié une journée doit évidemment prendre le chemin du bac de recyclage des électrons le lendemain. C'est manquer totalement de vision dans une perspective tant informationnelle que commerciale. On comprendrait que, si le maintien d'archives électroniques représentait des dépenses importantes, les entreprises de presse pourraient se faire avares de leurs contenus archivés. Au prix actuel des supports d'archivage (disques durs), l'argument ne tient pas. La technique adoptée par plusieurs médias d'«écraser» à chaque jour le contenu rédactionnel de la veille et de ne conserver que ce qu'ils jugent important, mais à une nouvelle adresse, complique la tâche des recherchistes et de ceux et celles qui aimeraient retrouver ces contenus. Sur le plan informationnel, cette méthode de travail équivaut au suicide pour ces médias. Sur le plan commercial, ce qui semble leur échapper, et toutes les études sur ce sujet le confirment, c'est que le maintien des archives est rentable sur le plan commercial. En effet, un journal ou un périodique qui diffuse une version Web de son contenu attirera une fréquentation équivalente, sinon supérieure, sur son site avec ses archives qu'avec ses éditions du jour ou de la semaine. On comprend mal la vision limitée de la logique des contenus éditoriaux évanescents. Cette logique de transposition d'adresses et de rétention sélective des contenus force le client à se promener sur un site à la recherche d'un texte. En revanche, il incite peu le lecteur à y revenir. Augmentation de pages lues sur le site; perte de temps pour le client. Il s'ensuit à terme un désaffection pour le produit. Les quotidiens et hebdomadaires qui ne maîtrisent pas les règles de l'art de l'édition électronique, et les principes inhérents à une société de l'information, à défaut de bien se documenter sur les nouvelles techniques de diffusion sur le Web et, surtout, de bien comprendre l'interface diffuseur/client, devraient retourner à leurs rotatives. Moi, je vote pour les archives. |
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Courrier Mise en ligne : Le 30 avril 1997. |
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