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Page daccueil Les Chroniques de Cybérie
Le mardi 28 mai 2002

Salutations à tous les Cybériens et Cybériennes!

Cette Chronique n'est optimisée ni pour Netscape, ni pour Internet Explorer, elle l'est pour ses lecteurs et lectrices.

Cette semaine en Cybérie...

  Haut débit : progression spectaculaire
Une récente enquête de l'institut de sondages Ipsos-Reid révèle que 48 % des Canadiens et Canadiennes adultes qui ont accès à Internet depuis leur foyer disposent d'une connexion à haut débit.  Cette proportion aurait doublé en deux ans, elle était de 24 % en 2000.  De plus, selon Ipsos-Reid, la part de marché du haut débit au Canada serait de plus du double de celle constatée aux États-Unis (21 %) et près de dix fois supérieure à celle de l'Europe (5 %).  Le haut débit favoriserait une utilisation hebdomadaire plus longue que la connexion commutée : 14,3 heures/semaine comparativement à 8,6 heures/semaine pour les connexions ordinaires.  Globalement, Internet aurait un taux de pénétration de 75 % au Canada, comparativement à 68 % l'an dernier.  Ipsos-Reid classe le Canada bien devant les États-Unis pour ce qui est du taux de pénétration de l'accès au foyer : 63 % au Canada contre 55 % aux États-Unis.

Plusieurs facteurs expliqueraient la situation enviable du Canada : des tarifs d'accès haut débit plus abordables qu'aux États-Unis, une industrie moins fragmentée, un cadre de réglementation favorable et des campagnes agressives de mise en marché de la part des fournisseurs.

Une autre étude, cette fois du NFO CFgroup (format PDF), arrive à un taux de pénétration du haut débit presque identique à celle de Ipsos-Reid, soit 46 %; les abonnés au service commuté ne représenterait plus que 44 % des utilisateurs (54 % en juillet dernier).  Mais cette étude met en lumière la fracture numérique grandissante entre collectivités urbaines et rurales.  Dans les collectivités de moins de 10 000 habitants, deux tiers des abonnés au foyer disposeraient de connexions commutées, tout simplement parce que le service haut débit n'est pas aussi largement accessible en régions.

NFO CFgroup estime que là où le service haut débit est offert, la conversion à partir du service commuté est largement conditionnée par les tarifs : la moitié des abonnés au service commuté passeraient au service haut débit s'il était offert à 20 ou 25 $ CAN (actuellement proposé à environ 40 $ CAN).  En revanche, 18 % des répondants ont dit ne pas être intéressés par le haut débit, la connexion commutée répondant très adéquatement à leurs besoins.

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  Québec au premier rang des fermes «branchées»
Si on a eu à déplorer un certain retard dans le taux de pénétration des technologies de l'information au Québec, c'était oublier le secteur agricole.  Statistique Canada, dans son «Recensement de l'agriculture 2001» estime que les exploitations agricoles utilisant un ordinateur formaient 47,7 % du total au Québec, ce qui représente aussi la plus forte proportion au pays, la moyenne nationale étant de 39,4 %.  Le Québec est suivi par l'Alberta (41 %), la Colombie-Britannique (40 %), l'Ontario (39 %), le Manitoba (36 %), et les provinces de l'Atlantique et la Saskatchewan (35 %).

Question de mettre ces données en perspectives, soulignons qu'en 1986, la moyenne nationale du taux de pénétration de l'informatique dans les exploitations agricoles était de 3 %, et de 2 % pour le Québec.

Deux facteurs expliquent que le Québec se trouve en tête de peloton de l'utilisation de l'informatique.  D'une part, il existe une corrélation directe entre les revenus d'une exploitation agricole et le taux d'utilisation de l'informatique.  Or, comme la taille moyenne des exploitations agricoles québécoises est supérieure à la moyenne nationale, il est normal qu'on y trouve davantage d'ordinateurs.  Le deuxième facteur serait le programme de subventions à l'informatisation des exploitations agricoles lancé par le gouvernement québécois en 1996.

Sur le plan de l'utilisation d'Internet, Statistique Canada constate que 70 % des exploitations agricoles (62 % au Québec) qui disposent d'un ordinateur sont également branchées à Internet, malgré la faiblesse des infrastructures en régions rurales. 

Si, dans bien des cas, les utilisations des nouvelles technologies sont de simples applications qui se réalisaient sur papier et qui se font maintenant électroniquement (tenue de livres, conservation des registres sur le bétail et les cultures), Internet permet des utilisations plus pointues.  Par exemple, les agriculteurs et agricultrices disent utiliser Internet pour trouver des renseignements sur les prix des produits ou les prévisions météorologiques.  On souligne aussi l'utilisation du courrier électronique et les transactions bancaires en ligne.

Rappelons qu'en février dernier, la ministre de la Culture et des Communications, Madame Diane Lemieux, annonçait que le Fonds de l'autoroute de l'information recevrait des demandes d'aide financière pour la réalisation d'études portant sur le développement d'infrastructures de télécommunications à large bande dans les régions du Québec.  Les projets retenus auront droit à une aide financière équivalant à 75 % des dépenses admissibles, jusqu'à concurrence de 25 000 $.  La date limite pour le dépôt des projets est le 16 décembre 2002.

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  Blogue-out : questions et réponses avec l'auteur
Après deux mois, fin du lock-out qui paralysait les activités normales de diffusion, radio et télévision, à la Société Radio-Canada (voir notre chronique du 26 mars 2002).  Dès le décret de lock-out, le journaliste Jean-Hugues Roy de Radio-Canada, cadenassé comme ses collègues, a lancé «Blogue-out, portraits d'un conflit de travail», un blogue dont la mission était d'offrir une perspective de l'intérieur sur le conflit. 

Le Syndicat des Communications de Radio-Canada (SCRC) avait son site officiel, et la direction de Radio-Canada avait aménagé une section de son site pour faire part de son point de vue sur les négociations (site fermé depuis le règlement du conflit).  Plusieurs autres sites Web ont vu le jour, certains lancés par des sections locales du SCRC, certains par des employés cadenassés.  Mais «Blogue-out» tranchait sur les autres par l'assiduité de son auteur à faire des mises à jour quotidiennes, la diversité des opinions recueillies (notamment lors des assemblées générales), le côté presque intimiste de ce qui est souvent bien froid et impersonnel, soit un conflit de travail dans une société publique.

Par dessus tout, ce qui primait, c'était la démarche journalistique entreprise par l'auteur qui, bien que touché au premier degré par les événements, n'en conservait pas moins un sain recul.  Une démarche dans la plus pure tradition du style journalistique «gonzo», de l'observateur participant qui dépasse le degré de proximité habituel du simple rapporteur.

Une première? L'utilisation d'un blogue pour documenter un conflit de travail était inédite, sans précédent ou modèle duquel s'inspirer.  Mais Jean-Hugues Roy aime bien explorer sans cartes les espaces inconnus.  Entre le brouhaha du retour au travail, la poursuite des activités de son blogue et de son action sur le Web pour engager un processus de réflexion collaborative, et tout le reste, il a trouvé quelques minutes pour répondre à nos questions.

«JPC - Parlons technique, un peu.  Tu as utilisé l'outil Blogger, pourquoi?

JHR - C'est simple : parce que c'est le seul que je connaissais.  J'ai voulu essayer les outils de Userland, mais Radio fonctionne mal avec mon environnement logiciel marginal (MacOS 8.6 avec IE comme browser) et Manila avec Frontier, eh bien, il faut cracher 899 $ US.

JPC - As-tu des statistiques de fréquentation pour Blogue-Out?

JHR - J'ai débloqué le site de stats pour toi.  Je ne sais pas si c'est un achalandage honorable.  J'ai mis un compteur à partir du 26 ou 27 mars, je ne me souviens plus, donc ça fait justement près de deux mois.  (Ndlr. en deux mois, 64 000 visiteurs, 94 000 pages vues, 5 % de la fréquentation, près de 5 000 pages consultées, venait du domaine CBC.CA, donc de l'intérieur de Radio-Canada).

JPC - Sur le fond, maintenant.  Blogue-Out présentait les cadenassés, certains bien connus du public, sous une lumière différente.  Crois-tu que ça changera les rapports entre journalistes/animateurs et le public?

JHR - Non, je ne pense pas.  Le blogue a surtout montré que la plupart des 1 400 cadenassés n'étaient pas tous des «gras durs», un préjugé que je pense avoir contribué à dissiper.  La majorité de mes collègues à Radio-Canada voguent d'un contrat à l'autre ou travaillent comme temporaires.  Voilà ceux et celles sur qui je voulais surtout braquer le projecteur.  Dans le cas des quelques personnalités connues dont j'ai parlé, je ne crois pas que ça change les rapports que le public aura avec eux ou elles.  Les deux mois risquent cependant de changer les rapports que les «radiocanadiens», en tous cas, ont avec leur public.

JPC - Le plus beau moment de l'expérience?

JHR - Il y en a plusieurs.  Ils sont venus surtout lorsque des auditeurs et téléspectateurs m'écrivaient.  Chaque fois, je n'en revenais pas que ce conflit réussisse à déborder des strictes limites de Radio-Canada.  Quand des professeurs ou des infirmières me racontaient leur précarité à eux, c'était le signe que le lock-out devenait moins un conflit de travail qu'un conflit de société.  Un des moments forts : lorsque Vitalie Perreault, cette infirmière de l'Institut de cardiologie de Montréal, m'a réécrit.  Elle m'avait déjà écrit une première fois en disant espérer que nous fassions reculer la précarité chez nous pour qu'elle puisse aussi la faire reculer dans son milieu à elle.  Mais son second courriel était pour m'annoncer qu'une des ses collègues s'était suicidée à cause de ses conditions de travail.  Ça m'a réellement bouleversé.  Je suis allé rencontrer les consoeurs de cette infirmière, pris des photos des bouquets de fleurs qu'elles avaient laissés à sa mémoire dans les corridors du 5e étage de l'Institut, et j'ai raconté un peu leur histoire sur Blogue-Out.  Par la suite, des collègues qui hésitaient à s'impliquer dans le conflit m'ont raconté que l'histoire de cette infirmière les avait convaincus qu'il fallait faire quelque chose.

JPC - Le pire moment de l'expérience?

JHR - Quand une collègue militant dans le syndicat m'a demandé de fermer Blogue-Out parce que je court-circuitais les canaux de communication officiels du syndicat.  Déjà, j'avais des pressions venant de l'intérieur comme quoi mon site n'était pas bien vu des patrons et que je risquais de subir des représailles au retour.  Alors ces nouvelles pressions venant de l'autre sens m'ont vraiment fait douter et à ce moment-là, j'ai failli fermer le site.  Mais j'en ai parlé à des collègues et ils m'ont plutôt convaincu de continuer.  Aujourd'hui, première journée de retour au travail, plusieurs cadres m'ont affirmé qu'ils puisaient dans Blogue-Out l'essentiel de leurs informations sur le conflit.  Mais initialement, je n'avais aucune idée de ce qu'ils en penseraient et je prenais le risque qu'ils détestent et que j'en subisse les conséquences.  Ma blonde était contre mon idée de faire ce site: «Tu vas être sur leur liste noire, maudit!» Mais au fond, les pires moments sont peut-être à venir.  Trois collègues (je viens de recevoir un mail me parlant d'un troisième cas de représailles possibles à Québec) perdent leur emploi au jour 1 du retour au travail.  Je pensais qu'on avait fini de se battre.  mais j'ai peur que ça ne fait que commencer...

JPC - Quel bilan en tires-tu?

JHR - Avant le lock-out, j'avais des doutes sur le pouvoir de l'information.  Je faisais des petits topos au quotidien, sans avoir l'impression de changer quoi que ce soit aux situations des gens en cause.  Eh bien à petite échelle, ce site a fait la démonstration que l'information peut être utile, peut influencer certaines décisions, bien qu'elle ne puisse pas changer le monde.  «Changer le monde», ça aurait été réussir à faire cesser le lock-out, ce que je ne suis pas parvenu à faire, même en en montrant les absurdités, même en montrant les souffrances qu'il causait.  J'espère que Blogue-Out donnera le goût à d'autres collègues de participer à un site d'échanges sur l'avenir de Radio-Canada.  J'espère enfin que d'autres sites du même genre nous feront visiter les tripes d'autres conflits de travail, ou d'autres milieux.  Imagine si un ouvrier de la GM [Ndlr. General Motors] se mettait à faire un blogue sur la fermeture de l'usine de Boisbriand, en racontant comment ses collègues vendent leur maison, comment d'autres se cherchent un boulot, en prenant des photos de l'intérieur, etc.  Ne crois-tu pas que ça ferait quelque chose de passionnant?»

Deux mois de conflit de travail chez un radiodiffuseur public; une amorce de réflexion sur la nature de ce service, ses obligations, ses responsabilités et celles de ses dirigeants.  Deux mois de conflit de travail axé sur la précarité des salariés; mise en lumière sur ce statut peu enviable mais qui, reconnaissons-le, ne se limite pas au secteur des communications.  Et une suite envisagée sur Blogue-Out.

À suivre.

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  Après l'arnaque nigériane, la passe afghane
Nous vous parlions en avril de l'arnaque nigériane.  Bonne nouvelle : on apprenait de la filiale britannique du service ZDNet l'arrestation par la police sud-africaine de six personnes impliquées dans cette activité frauduleuse.  Les accusés (quatre Nigérians, un Camerounais et un Sud-Africain) ont également été trouvés en possession d'une importante quantité de drogue, de faux papiers d'identité et de matériel informatique ayant servi à propager par courriel les sollicitations frauduleuses.  Les autorités policières estiment avoir porté un sérieux coup à l'organisation criminelle derrière l'arnaque nigériane, mais elles sont conscients que les individus arrêtés pourraient être rapidement remplacés.

Étrange mutation, voici qu'arrive la passe afghane.  Même scénario que pour l'arnaque nigériane, mais certains détails changent.  Vous recevez un courriel d'une personne qui se dit membre des forces spéciales des États-Unis actuellement en Afghanistan.  L'expéditeur explique que lors d'une opération, lui et quatre de ses compagnons d'armes ont découvert et détruit une installation de traitement d'opium, et ont mis la main sur une somme de 36 millions de dollars en argent comptant. 

L'argent est dans une malle à Kaboul, mais les militaires ne peuvent risquer de la rapporter avec eux à la fin de leur mission.  L'expéditeur explique qu'il a besoin de votre aide, qu'il veut vous expédier la malle et qu'à son retour au pays vous partagerez le butin avec lui et ses collègues.  Il vous enjoint de répondre par courriel, après quoi les détails seront réglés par téléphone.

Évidemment, c'est une arnaque, et toute communication avec l'expéditeur du message ne servira qu'à vous demander de régler d'avance certains détails coûteux. 

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  Quotidiens en ligne : flopée de refontes
Le printemps semble propice aux grands ménages de sites Web.  Revue en bref de trois quotidiens qui ont récemment recentré les priorités de leurs éditions en ligne.

Le Devoir (Montréal) nous arrive avec une version 4.0 de son site Web, interface guère plus conviviale qu'auparavant, où se côtoient (au point de se bousculer) en trois colonnes assorties d'onglets manchettes, intros d'articles, la «une» en PDF, et certains articles réservés (cadenassés) aux abonnés.  On nous dit que Le Devoir «soigne ses internautes» et on mise sur la création d'une «communauté» : «Afin de tirer encore plus d'avantages de la version numérique du Devoir, les lecteurs virtuels sont invités à devenir membres (l'inscription est gratuite), ce qui leur permet notamment de recevoir par courriel la liste des articles du jour selon les critères qu'ils ont déterminés, qu'il s'agisse par exemple d'un thème ou du nom d'un journaliste.  La nouvelle mouture du site ledevoir.com réserve une large place à l'opinion de ses lecteurs, qui sont invités à s'exprimer dans les différents forums de discussion auxquels les abonnés et les membres inscrits peuvent participer.»

Libération (Paris) y allait il y a deux semaines de sa refonte.  Sur trois colonnes aussi, mais davantage centrées dans l'écran, le menu proposé semble plus clair et se prête davantage à une lecture en diagonale, trait caractéristique de l'approche du lecteur à une page d'accueil (selon les nombreuses études de convivialité).  Le regroupement des rubriques, en colonne gauche, permet une orientation rapide vers les grands thèmes de l'actualité.  En plus des contenus du quotidien et des forums de discussion, Libération propose également un retour sur sept jours de l'édition imprimée et un fil de presse des dépêches de l'agence Reuters ventilé en sept catégories.  Mutation réussie pour Libération.

Le Washington Post, pour sa part, a légèrement battu de nouveau les cartes de son jeu Web.  En tête de page sur quatre colonnes, on réduit à deux colonnes en mi-page, celle de droite présentant les principales rubriques.  Même si le changement est subtil, l'effet est plus aéré que dans la version précédente.  Comme dans la plupart des autres médias en ligne aux États-Unis (par exemple CNN), on avait retiré de la page d'accueil la tonitruante section sur la guerre au terrorisme, laissant plus d'espace à un menu d'actualité plus équilibré.  Là aussi, belle transition sans trop de changements pour le Post.

Transposer sur Web une information destinée au papier est un exercice des plus délicat.  Selon Jakob Nielsen, spécialiste de la convivialité, un quotidien imprimé jouit de la fixité d'un cadre bidimensionnel.  Si certains peuvent considérer ce cadre comme une barrière à l'expression du signifiant, il permet néanmoins de savoir à l'avance comment le produit informationnel, dans sa forme, sera perçu par le signifié.  Sur le Web, la situation est toute autre.  Un journal est présenté en format vertical; l'écran propose un cadre horizontal.  Le papier permet d'agencer avec précision les éléments d'une page; la multiplicité des plate-formes logicielles et matérielles réduisent les concepteurs Web à une approximation.

Les trois quotidiens cités plus haut ont-ils réussi leurs paris? Les lecteurs d'un journal imprimé le délaisseront rarement pour cause de refonte de la mise en page.  Par contre, sur le Web, l'«expérience» de lecture est différente et les choix sont multiples.  En bout de ligne, c'est le public qui décidera.

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  Agenda : Francophonie 2002, Québec@Hourtin, et rencontre informelle en recherche de nom
D'abord à Québec, ensuite à Montréal, puis de retour à Québec, c'est du 10 au 14 juin que se tiendra «ISOC Francophonie 2002», première rencontre internationale des associations de l'Internet Society (ISOC) de la Francophonie.  L'événement vise à permettre aux associations ISOC de la Francophonie de participer à un débat qui s'inscrit dans le cadre de la préparation du Sommet mondial sur la société de l'information qui se tiendra à Genève du 10 au 12 décembre 2003.  À signaler, à Montréal le 12 juin, allocution de Jean-Claude Guédon sur le contexte et les enjeux de la participation des pays de la Francophonie aux débats sur la gouvernance du réseau.  Jean-Claude Guédon, est président du comité de programmation de l'événement, présidant sortant de la section ISOC Québec et candidat au conseil de direction de l'Internet Society qui tient aujourd'hui son élection (les résultats officiels seront connus le 31 mai). 

Nous vous avons souvent parlé dans ces pages de l'Université d'Été de la Communication qui se tient annuellement à Hourtin (France), véritable creuset d'échanges et de réflexion sur la communication.  Cette année, pour sa 23e édition, le thème retenu est «Futurs», décliné en cinq sous-thèmes, soit : réseaux numériques, choix gouvernemental français, mondialisation, valeurs, le quotidien de la société de l'information.  La société SYNAP6 et l'Office franco-québécois pour la jeunesse (OFQJ), en collaboration avec le ministère de la Culture et des Communications du Québec (MCCQ), recrutent une délégation de quinze jeunes professionnels et entrepreneurs québécois du multimédia pour participer à la 2e édition des Rencontres franco-québécoises sur les technologies de l'information et des communications, et aussi à l'UEC de Hourtin.  Formulaire de candidature dans le site de SYNAP6, date limite le 7 juin 2002.

«Le Web de 3ème génération, ou l'Internet post-bulle».  Ce n'est pas une question, mais bien le thème d'une rencontre au cadre relativement informel prévue pour le 15 juin prochain dans les locaux de l'Université du Québec à Montréal (UQÀM).  C'est une initiative dite communautaire du technologue et blogueur Sylvain Carle (afroginthevalley.com), et toute contribution est bienvenue.  Au moment d'écrire ces lignes, seul élément certain de cette journée, une plénière animée par Michel Cartier sur les axes/enjeux technologiques, économiques et sociaux.  Cadre informel, pas encore de nom, pas de site Web [Ndlr. Il se nomme maintenant ConstellationW3 et a son site], des ressources «quêtées» ici et là, peu importe.  Souvenons-nous de cet après-midi de 1996.  Qui aurait cru que ça aurait rapidement donné lieu à ceci.

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  Daniel Pearl : suivi
La diffusion par la chaîne CBS d'extraits d'une bande vidéo de propagande islamiste circulant sur Internet avait causé de nombreux remous, certains mettant en doute l'à-propos d'une telle décision (notre chronique précédente). 

Sur cette bande vidéo en version originale d'une durée de 3 minutes 36, on voit Daniel Pearl expliquant qu'il est juif, que sa famille est juive, et qu'il s'est souvent rendu par affaires en Israël.  Il déclare aussi que les États-Unis ne peuvent continuer à appuyer des États totalitaires comme Israël et doivent immédiatement retirer leurs troupes de l'Afghanistan.  Pendant qu'il parle, on voit de nombreuses scènes de violences extraites de reportages télévisés, puis on le voit en train d'être décapité.  La bande se termine par une répétition des demandes initiales formulées par les ravisseurs de Pearl au moment de son enlèvement.

La semaine dernière, le service de nouvelle Wired rapportait que le FBI avait exigé d'un fournisseur de services qu'il supprime une copie de cette bande vidéo qu'un site à sensation proposait en téléchargement.  L'hébergeur a plutôt consulté le propriétaire du site qui, par crainte de poursuites de la police fédérale, a décidé de retirer lui-même la bande vidéo du site.  Si d'autres sites qui proposaient la bande vidéo en téléchargement l'ont également retirée volontairement, sans intervention du FBI, la nature même d'Internet rend impossible la disparition totale de la bande.  On la retrouve en différentes versions sur le Web, ainsi que sur des forums d'échange.

La société Dow Jones, propriétaire du Wall Street Journal (quotidien pour lequel travaillait Daniel Pearl) de même que la famille du journaliste s'efforcent de faire disparaître toutes les copies de la bande vidéo.  Toujours selon Wired, chaque fois qu'une source de la bande vidéo leur est signalée, ils communiquent avec les autorités policières locales pour tenter d'en interdire la diffusion.  Macabre, horrible, la bande ne contient toutefois aucun contenu illégal selon les observateurs.

Puis, complications au procès des quatre co-accusés qui était déjà en cours lorsqu'on a découvert le cadavre de Pearl.  D'une part, pour le même crime, le ministère public se retrouve avec deux groupes de présumés responsables sans pouvoir établir de liens directs entre eux.  D'autre part, parce qu'elle est inscrite comme plaignante dans la cause des quatre premiers co-accusés, Mariane Nehenhoff Pearl est tenue de témoigner.  Elle est cependant à Paris, sur le point d'accoucher, et ses médecins lui interdisent tout déplacement.

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  En bref : un livre sur Mafiaboy; le «mousetrapping»; Comcast poursuivie
Un des épisodes les plus célèbres de vandalisme de sites Web fait partie d'un livre publié le mois dernier chez McGraw-Hill sous le titre «The Hacker Diaries: Confessions of Teenage Hackers».  L'auteur, le journaliste Dan Verton du périodique Computerworld, retrace les péripéties du jeune Montréalais connu sous le nom de Mafiaboy qui a dû faire face à 66 accusations relatives à des cyberattaques perpétrées à partir du 7 avril 2000 (notre chronique du 25 avril 2000).  Le National Post publie de larges sections adaptées du livre de Vernon (Partie 1 et Partie 2) où le journaliste décrit le travail effectué par l'enquêteur Marc Gosselin de la Gendarmerie royale du Canada, lecture éclairante sur les méthodes d'enquête.  Le livre de Verton va cependant plus loin, tentant de déchiffrer les motivations des hackers adolescents, dégageant une hiérarchie de cette sous-culture, démolissant au passage bon nombre de stéréotypes.  On y trouvera un profil de Anna Moore, 15 ans, opérant sous le pseudonyme «Starla Pureheart», première hacker de sexe féminin à remporter le prix de hacking éthique à la conférence annuelle Defcon en 2001.

Moins génial que le hacking à son meilleur, mais relativement rentable, la technique dite de «mousetrapping» (littéralement : piège à souris) qui vous entraîne dans des dédales sans fin de sites pornographiques.  La technique consiste à enregistrer des noms de domaines qui ressemblent à des noms d'entreprises ou de sites connus.  Si, par mégarde, vous saisissez une adresse comportant une légère erreur dans la fenêtre d'interrogation de votre logiciel fureteur, vous risquez de voir s'ouvrir plusieurs fenêtres portant toutes sur des sites pornos.  Ceux qui pratiquent cette technique reçoivent des exploitants de ces sites une commission pour chaque visite (même involontaire).  À la suite d'une plainte de la Federal Trade Commission (FTC), un habitant de la Pennsylvanie a été reconnu coupable de pratique frauduleuse pour avoir pratiqué ce genre de racolage Web.  La FTC a établi que John Zuccarini avait enregistré pas moins de 5 500 noms de domaines pour mener son petit stratagème, et que l'exercice lui aurait rapporté 1,8 million de dollars.  La Commission a aussi obtenu une ordonnance de restitution de ces gains, mais l'Associated Press rapporte que l'accusé ne s'est pas présenté à l'audience et demeure introuvable.

Le fournisseur d'accès à haut débit Comcast est poursuivi devant un tribunal du Michigan pour avoir enfreint les lois fédérales des États-Unis sur les renseignements personnels.  De décembre 2001 à février 2002, Comcast aurait contrôlé les communications de ses abonnés et prétend que cette surveillance était nécessaire pour veiller au bon fonctionnement du réseau.  L'avocat Steven Goren a intenté un recours collectif contre Comcast et l'accuse d'avoir violé la loi de 1984 qui interdit aux sociétés de communication par câble de recueillir des renseignements personnels sur l'utilisation de leurs services par les abonnés.  Goren demande le versement de 1 000 $ ou de 100 $ par jour par abonné pour toute la période au cours de laquelle se serait effectuée cette surveillance.  Comcast compte un million d'abonnés à son service haut débit (voir Computerworld).

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Et sur ce, nous vous souhaitons à tous et à toutes une excellente semaine.

Site personnel de Jean-Pierre Cloutier

Collaboration à la recherche : Mychelle Tremblay

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