2.8.06

Israël/Liban : Hezbollah et devoir de mémoire

Anders Strindberg du Christian Science Monitor explique que les attaques du Hezbollah sont en réaction aux incursions répétées (quotidiennes selon les observateurs de l’ONU) des forces armées israéliennes en territoire libanais, véritable situation de conflit larvé qui persiste depuis son «retrait» du Sud-Liban en 2000.  «La capture par le Hezbollah des militaires israéliens est survenue dans ce contexte d’affrontement continu, lui-même exacerbé par les événements en territoire palestiniens.  Ce qui contrarie Israël et ses alliés c’est que le Hezbollah, le mouvement politique le plus populaire au Proche-Orient, accorde un soutien indéfectible aux Palestiniens.» Strindberg rappelle que depuis le 25 juin, date à laquelle des combattants palestiniens ont capturé un militaire israélien, les actions de Tsahal en Cisjordanie et dans la bande de Gaza ont fait 140 morts du côté palestinien.

De poursuivre Strindberg, «Lorsque les Arabes ont contesté le droit de l’ONU de donner des territoires qui étaient leurs, et de payer le prix des pogroms européens et de l’Holocauste, la création d’Israël en 1948 n’a pu se faire que par nettoyage ethnique et par annexion.  C’est un fait historique documenté et reconnu par des historiens israéliens tels Benny Morris. 

«Pourtant, Israël continue d’affirmer qu’il n’a rien à voir avec l’exode des réfugiés palestiniens, et donc aucun devoir moral d’offrir réparation.  Depuis six décennies, on a dénié aux Palestiniens le droit à rentrer chez-eux car ils ne sont pas de la bonne race.  “Israël doit demeurer un État juif” est presque une mantra sacrée chez les politiciens occidentaux.  En pratique, cela signifie qu’on accorde le droit à Israël d’être une ethnocracie aux dépens des réfugiés palestiniens et de leurs descendants dont le nombre approche cinq millions.»

Pour Strindberg, le problème est que nous tentons de cerner le problème isaélo-arabe en fonction de ce qui est bien ou mal, plutôt que de tenter de voir ce qui serait réaliste et pratique.  Selon lui, Israël est un État profondément raciste soutenu par une succession sans fin de mesures punitives, d’assassinats et de campagnes militaires contre ses victimes et leurs alliés. 

Une compréhension réaliste du conflit exigerait de reconnaître que son origine n’est pas lié à tel ou tel incident, mais bien au refus obstiné d’Israël de reconnaître les droits humains de ses victimes palestiniennes.  «Contrairement à ce que l’on entend souvent, ni le Hezbollah ni le Hamas ne sont motivés par un désir “d’éliminer les Juifs”, il le sont fondamentalement par le sentiment d’une injustice profonde qu’il ne permettront pas de sombrer dans l’oubli» conclut-il.
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