7.1.05

Cher oncle Bill

Creative ComradesBill Gates, fondateur et p.d.-g. de Microsoft, a accordé une rare entrevue à News.Com à l’occasion de son passage au Consumer Electronics Show qui se tient ces jours-ci à Las Vegas. Une de ses déclarations sur la propriété intellectuelle fait beaucoup jaser : «Il y a moins de communistes dans le monde qu’il n’y en avait. Il y a certains communistes “modernes” qui veulent en finir avec les diverses mesures incitatives qui profitent aux musiciens, aux cinéastes et aux concepteurs de logiciels. Ils ne croient pas que ces mesures devraient exister.» Cette attaque contre la culture du gratuit en irrite bon nombre, dont Dan Gillmor qui la qualifie de «propagande honteuse», et le blogue BoingBoing qui propose de très jolis graphiques Copyleft (ici, ici et ici).

C’est que sans les nommer, Gates s’en est pris aux concepteurs de logiciels ouverts qui jouissent, on le sait, de la faveur d’un nombre croissant d’utilisateurs. Pour ce qui est du fureteur Firefox, Gates ne semble pas préoccupé et déclare : «Certains utilisateurs vont essayer Firefox, le comparer à Internet Explorer, et utiliser celui qu’ils estiment être le meilleur.» Tout comme 40 % des utilisateurs, sommes-nous tentés d’ajouter.

Sur le phénomène des blogues, Gates affirme que la plate-forme MSN Spaces a attiré un million d’utilisateurs depuis son lancement. Prudence, dit-il, il y a bien des gens qui se lancent dans l’aventure puis abandonnent très rapidement. Mais avec les fils Web (RSS) et des fonctions de recherche «à valeur ajoutée» (concept qui resterait à préciser semble-t-il), la formule blogue arrive à maturité. Il dit s’être prêté à l’exercice d’en créer un, mais ne pas avoir le temps de l’alimenter régulièrement. Selon lui, il faut «tenir» au moins un an pour que ça en vaille la peine. Ceci vient de celui pour qui, s'il voit un billet de mille dollars par terre, il est plus rentable pour lui de vaquer à ses occupations que de le ramasser...

Et aussi :

«Il y a bel et bien des extraits de communisme dans cette économie libertaire que nous vivons avec le Peer-to-Peer et tout ce qui l'entoure. Mais c'est en réalité une nouvelle économie tout entière qui se crée, qui n'a rien d'anti-libérale. Finalement, n'y a-t-il pas chez les industriels un paradoxe à vouloir prêcher d'un côté le libéralisme, c'est-à-dire la libre concurrence entre les entreprises, et vouloir surprotéger de l'autre côté tous les outils juridiques qui permettent de maintenir la concurrence sur le bas côté?»
Guillaume Champeau
Ratiatum


«C’est une chose d’entendre de tels propos de directeurs de studios ou de dirigeants de compagnies de disques... Mais les gens que je connais chez Microsoft sont très loins de ce genre de sottises. Est-ce que Gates ne leur parle pas?
Lawrence Lessig
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