3.1.05

Le Pew et les blogues

Le Pew Internet & American Life Project vient de publier quelques données sur la blogoshpère, The state of blogging. Ceux et celles qui sont habitués aux volumineux et très étoffés rapports du Pew resteront sur leur faim; le document signé par Lee Rainie, directeur fondateur du Pew Internet & American Life Project et ancien chef de rédaction du très conservateur U.S. News & World Report, se présente davantage comme une note de service de quatre pages. Les données sont extraites de deux sondages menés par téléphone en novembre 2004 auprès d’un échantillon de 1 861 répondants, et comporte une marge d’erreur de 5 %. Précisons également que ces deux sondages ont été menés aux États-Unis.

Des 120 millions d’utilisateurs d’Internet aux États-Unis, 8 millions (7 %) ont créé un blogue. Côté lecteurs assidus, 27 % des utilisateurs en consultent régulièrement, comparativement à 17 % en février 2004, soit une augmentation de 58 % en neuf mois. L’élection présidentielle a été l’occasion pour 9 % des utilisateurs d’Internet de consulter souvent ou parfois des blogues sur la politique. Les lecteurs de fils Web (RSS, XML) recueillent la faveur de 5 % des utilisateurs; c’est la première fois que le Pew mesure l’incidence de cette technologie, et il qualifie ce résultat d’impressionnant. Aussi, 12 % des utilisateurs ont formulé des commentaires sur des blogues, mais pour l’ensemble, seulement 38 % savent ce qu’est un blogue.

Profil type de blogueur : sexe masculin (57 %), âgé de moins de 30 ans (48 %), dispose d’un accès haut débit à domicile (70 %), utilisateurs d’Internet depuis six ans ou plus (82 %), financièrement à l’aise (42 % vivent dans des ménages à revenu annuel de 50 000 $ ou plus), et scolarisés (39 % détiennent des diplômes de premier ou deuxième cycle).

Le profil des lecteurs ressemble à celui des auteurs, sauf pour les personnes récemment attirées par les blogues, un groupe qui compterait plus de femmes, plus de personnes du créneau 30/49 ans, et plus de ménages connectés par ligne commutée.

En octobre 2003, il y a une éternité direz-vous, la société de recherche Perseus publiait les résultats d’une étude sur L’iceberg des blogues, soit que les blogues les plus connus ne constituaient que la partie visible d’un vaste mouvement et n’étaient pas caractéristiques de l’ensemble (voir les considérations de l’auteur sur les nanoauditoires).

Mais malgré le temps qui relativise les données de l’enquête Perseus, cette dernière comportait des pistes d’analyse que l’on aurait aimé voir suivies par le Pew, ou quelque autre organisme de recherche.


Perseus basait ses résultats sur l’analyse de 3 634 blogues en ligne sur huit services d’édition et d’hébergement. Selon Perseus, ces huit services représentaient 4,12 millions de blogues. Or, de ce nombre, 2,7 millions (66 %) n’avaient pas été mis à jour depuis deux mois ou plus; 1,09 millions ne comportaient que le «billet inaugural» sans autre contribution subséquente. La durée de vie moyenne du reste des blogues abandonnés était de 126 jours, 132 000 blogues avaient «tenu le coup» durant un an ou plus, le doyen des blogues abandonnés l’avait été après 923 jours, et 13 600 blogues avaient repris vie après deux mois ou plus d’abandon.

Les constatations démographiques de Perseus détonnaient par rapport à celles du Pew. Par exemple, 51 % des blogues étaient animés par des 13/19 ans, et 56 % par des personnes de sexe féminin. Retour sur l’abandon des blogues, et sans égard aux créneaux d’âges, les hommes (46,4 %) étaient plus susceptibles de mettre un terme à leur publication que les femmes (40,7 %).

Et contrairement à la croyance qui veut que les blogues ne soient que des collections de liens pointant vers des médias traditionnels, Perseus constatait que ce n’était le cas que pour 9,9 % des billets récents sur les blogues répertoriés.

C’est donc ce genre de données, plus qualificatives que quantitatives, et surtout établies de manière longitudinale, que l’on souhaiterait avoir pour analyser la mouvance blogue.
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