12.1.05

L’info-minute

Paul Cauchon du Devoir (Après la malbouffe, la «mal info»?) revient sur un thème lancé par l'Observatoire du débat public (France), soit la consommation de l’info-minute. Voir aussi Le Monde et Libération.

Il rappelle l’origine de l’expression : «L'Observatoire du débat public a intitulé son étude “la mal info” parce que, pour décrire leur comportement, les Français utilisaient souvent des métaphores alimentaires : ils parlaient de l'information comme d'un besoin fondamental, aussi important que de se nourrir, se loger ou se vêtir et ils disaient qu'ils avaient “faim”, qu'ils “picoraient”, qu'ils “digéraient”, qu'ils étaient “gavés” de nouvelles.»

Le risque de l’info-minute, comme l’explique Cauchon, est que «lorsqu'on interroge les gens sur les événements de la journée [...] ils ont de la difficulté à se souvenir du contexte et du déroulement exact des événements. Il ne reste souvent que “le sentiment superficiel de savoir.”» Autrement dit, la consommation de l’info-minute laisserait la fausse impression d’être rassasié, et aussi d’avoir «le sentiment d'obtenir trop d'informations superficielles et de ne pas assez comprendre ce qui soutient ces mêmes informations.» Et de conclure Cauchon, «Mais on pourrait toujours ajouter que dépasser la mal info relève de la responsabilité individuelle. C'est aussi à chacun d'aller au-delà de la nouvelle brute et de savoir s'interroger et réfléchir sur ce qui agite le monde.»

J’aurais deux observations sur cette notion de mal info ou d’info-minute. D’une part, les MT (médias traditionnels) ne seraient-ils pas en partie responsable de ce menu d’info-minute qu’ils proposent au public? C’est bien de responsabiliser l’individu, et de faire référence au «devoir de connaissance» du citoyen, mais lui en donne-t-on les moyens?

D’autre part, examinons ce qui se passe sur le Web qui, on le sait, est en train d’éroder sérieusement l’auditoire des MT. Gerry McGovern qui publie le bulletin New Thinking sur les contenus Web nous fait part cette semaine des perspectives pour 2005. Il écrit «Le coefficient d’attention raccourcit, et le contenu raccourcira. Il sera de plus en plus difficile de faire lire à quelqu’un plus de 500 mots.»

Le jugement est peut-être un peu lapidaire, mais ne lance-t-il pas un beau défi à tous les médias, tant anciens que nouveaux?

P.S. Le présent billet compte 399 mots.
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