9.12.04

Écrire pour le Web : entre fond et forme

Qu’une présence Web prenne la forme d’un blogue, d’un site personnel, de grand média ou d’entreprise, certaines exigences sont incontournables, comme la qualité de l’écriture et son adaptation au médium Internet. Il est également intéressant de noter que ce thème a souvent été abordé, bien avant la déferlante des blogues.

Je me souviens qu’il y a plusieurs années, j’avais été invité à m’adresser à un groupe d’étudiants et d’étudiantes du niveau collégial pour parler de l’écriture sur le Web. Pour l’occasion, j’avais comme d’usage préparé une page référence pour illustrer le propos, page essentiellement constituée d’extraits des Chroniques de 1997 et 1998 dans lesquels j’abordais le sujet.

À ajouter à cette liste, la Chronique du 2 octobre 2001, Écriture Web : faut-il écrire pour les moteurs? Jill Whalen de la société RankWrite disait qu’il importe de glisser dans le texte d'une page Web une phrase ou une expression qui correspond, en langage naturel ou en mots clés, à ce qu'un utilisateur inscrira dans la case d'interrogation d'un moteur de recherche. On établit ainsi un plus haut degré de correspondance entre le contenu d'une page et l'interrogation éventuelle d'utilisateurs, ce qui se traduit par un meilleur positionnement de la page dans les résultats de recherche.

Whalen soutient que les concepteurs de contenus misent trop sur les balises meta (invisibles) des pages Web contenant des mots clés choisis, et pas suffisamment sur le fait que ces mots apparaissent ou non dans le contenu visible des pages.

Mais revenons à la question de savoir s’il faut écrire pour ou en fonction des moteurs de recherche. Amanda Watlington, conseillère en contenu Web auprès d’entreprises, reprend ce thème dans un article du numéro de décembre de e-marketing-news et l’adapte aux blogues. Elle écrit : «Ce que je suggère, c’est de créer intentionnellement sur un blogue du contenu qu’un moteur de recherche puisse facilement indexer, puis afficher en résultat, et ce à partir de mots clés que vous aurez déterminés à l’avance. Les blogueurs peuvent dynamiser leur blogue avant même de les créer en faisant une recherche de mots clés, et en s’inspirant de cette recherche pour rédiger le contenu.»

Watlington va plus loin. «La recherche efficace de mots clés pour un blogue nécessite de déterminer clairement au préalable, avant de produire du contenu, qui est l’auditoire visé par le blogue. Qui lira le blogue? Qu’en retireront ses lecteurs et lectrices? Quels sont leurs mots clés intuitifs?»

Je dois dire que j’ai de la difficulté avec cette approche d’écrire en fonction de mots clés, par et pour mots clés. Si l’idée est bonne pour un site Web d’entreprise qui cherche à rejoindre une «clientèle» intéressée à son «produit», vaut-elle autant pour un blogue? Watlington soutient aussi que puisque les blogues s’inscrivent dans des créneaux de sujets très pointus, leurs auteurs ont recours à un vocabulaire étroitement circonscrit. N’est-ce pas là nier aux blogueurs la possibilité de s’exprimer sur un vaste éventail de sujets, qui est un des avantages inhérents à la formule blogue?

Concernant les balises meta (invisibles) des pages Web contenant des mots clés choisis, disons que les moteurs de recherche (comme Google) se basent de moins en moins sur cet élément pour indexer et afficher des résultats. Et quant aux mots clés dans un texte, tout dépend de l’interrogation que saisira l’utilisateur, et du contexte. Épisode anecdotique sur l’effet Google que j’illustrais en mai dernier.

Heather Lloyd-Martin, aussi de RankWrite, y va d'une suggestion pour le moins intéressante pour évaluer un texte écrit pour le Web : le lire à voix haute. Il faudrait donc, selon elle, interpeller plus directement les lecteurs qui, en retour, sentiront que vous avez confiance en eux et que vous répondez à leurs attentes.

Pour Jean-Marc Hardy de Redaction.be (à mon avis le site le plus complet sur la question), il convient d’adopter un style qui convient à la lecture en ligne, l’autre partie de l’équation écriture/lecture.
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