14.12.04

Ma lettre au maire

Dans le dossier Roadsworth, voici le texte de la lettre que j’ai fait parvenir à M. Gérald Trembay, maire de Montréal. (Remerciements à Zeke pour la photo)

M. Gérald Tremblay, maire
Ville de Montréal

Monsieur,

C’est avec un étonnement certain que j’ai appris qu’un artiste de rue, surnommé Roadsworth, faisait face à des accusations de méfait pour avoir enjolivé à sa manière certains espaces publics. À mon avis, loin des notions de méfait et de vandalisme, la contribution au paysage urbain de cet artiste du pochoir relève de la générosité et du partage.

On déplore tous et toutes les gribouillages sauvages qui ruinent certaines surfaces de la ville. Que ce soit pour leur caractère que certains pourraient qualifier d’obscène, d’homophobe ou de raciste, ce sont là des gestes qu’ils faut de toute évidence décourager. Je suis également conscient des coûts qu’entraîne l’effaçage, des coûts qui se répercutent sur l’ensemble de la collectivité montréalaise.

Mais dans le cas qui nous occupe, il s’agissait d’enjolivures discrètes et artistiques de surfaces de béton et de pavé. Lorsque j’ai vu apparaître ces garnitures de macadam, l’idée m’a même effleurée qu’il pouvait s’agir d’une initiative de mon conseil d’arrondissement, tellement elles cadraient avec l’esprit du quartier et relevaient du bon goût.

Aucune des enjolivures mentionnées que j’ai vues ne porte atteinte à la signalisation urbaine, aucune ne peut constituer un danger par méprise de la part des piétons, aucune n’affiche un caractère offensant, aucune ne menace la paix publique.

Je sais qu’un maire doit se garder d’intervenir de trop près dans la gestion quotidienne des affaires policières. En revanche, un maire peut orienter certains axes d’intervention. Dans le cas Roadsworth, j’aimerais vous suggérer de demander au Service de police de revoir la politique qui l’a guidée dans ce dossier, et évidemment de revoir les accusations qui pèsent sur l’artiste.

Le 6 novembre 2005, les Montréalais et Montréalaises iront aux urnes pour élire un maire. Ils chercheront un candidat ou une candidate qui soit à l’écoute de leurs préoccupations, qui soit disposé à accorder une plus grande place à l’expression citoyenne dans la gestion de la cité, bref, qui soit ouvert au dialogue.

Je suis persuadé qu’un règlement à l’amiable de l’affaire Roadsworth illustrerait que vous possédez ces qualités.

Cordialement,

Jean-Pierre Cloutier, citoyen

P.S. Je me permets de faire parvenir copie de la présente lettre à Madame Helen Fotopoulos, mairesse d’arrondissement du Plateau Mont-Royal, puisque bon nombre des contributions de Roadsworth au paysage urbain ont été faites dans ledit arrondissement.
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