9.4.04

Nuages à l’horizon pour les diffuseurs publics

Après avoir amputé le budget de Télé-Québec de quelques millions, le ministre québécois des Finances Yves Séguin s’interroge publiquement à savoir s’il est du rôle de l’État d’exploiter une chaîne de télévision. Sa collègue du Conseil du trésor, Monique Jérôme-Forget, lance l’idée de transformer Télé-Québec en portail pour les services de l’État. La ministre de la Culture et des Communications, Line Beauchamp, tente d’atténuer ces propos mais parle de la nécessité de réforme à Télé-Québec. Jean Charest, pour sa part, a signalé que le fonctionnement de la télévision publique, dont la mission est dit-il «importante», serait revu comme celui des autres sociétés d'État. Rien de quoi rassurer le public qui entend signifier son appui au télédiffuseur public.

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Par ailleurs, Radio-Canada rompt les discussions avec son syndicat des communications. «Le porte-parole patronal à la table de négociation, M. Christian Bougie, a informé le syndicat et les conciliateurs du ministère fédéral du Travail, MM. Réjean Bercier et Jacques Lessard, que la Société n’entendait plus négocier et qu’elle déposera plutôt une offre finale et globale le jeudi 15 avril à 8h. Cette annonce surprise survient à cinq jours de la fin de la conciliation et après plus de deux mois de négociation entre les deux parties. Le SCRC est sans contrat de travail depuis le 28 mars. Le SCRC dénonce vigoureusement la décision de Radio-Canada, qui tente une fois de plus de court-circuiter le processus normal de négociation. Visiblement, l'administration du pdg Robert Rabinovitch ne semble avoir tiré aucune leçon du lock-out de neuf semaines qui a secoué l’entreprise il y a deux ans.»

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À quel fil tient la diffusion publique?

«Comme si les événements de septembre 2001 n'avaient pas suffisamment poussé les médias vers l'hystérie sécuritaire et le conformisme, des offensives se préparent un peu partout pour ébranler ce qui reste de radiotélédiffusion publique. L'exemple le plus spectaculaire est assurément celui de la BBC dont le scalp est ardemment recherché par le premier ministre Tony Blair. Les propos faussement candides des ministres québécois Yves Séguin et Monique Jérôme-Forget au sujet de Télé-Québec constituent quand même, à leur échelle, une autre volet de la même propension. Quant à Radio-Canada, elle a à peine besoin de menaces pour s'autocensurer et verser dans un populisme aberrant. L'analyse ne serait pourtant pas complète si l'on oubliait que les artisans de la radiotélédiffusion publique cèdent eux-mêmes plus souvent que nécessaire aux mirages de la cote d'écoute. D'un côté, des gouvernants qui ne croient pas aux vertus de la radiotélédiffusion publique; de l'autre, des gestionnaires et même des professionnels de la diffusion qui ne savent où puiser leurs modèles de radio et de télévision.»

Dixit Laurent Laplante
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