24.11.04

De source bien informée...

La majorité des journalistes ont eu à employer des expressions visant à protéger des sources privilégiées d’information comme «de source bien informée», «selon un diplomate en poste dans la capitale», «d’après des proches de...», etc. Depuis le début des allégations de présence d’armes de destruction massive en Irak, les grands quotidiens américains ont tellement dépersonnalisé leurs sources d’information qu’ils ont perdu leur crédibilité et ont été obligés de faire, selon l’exppression de Jack Shafer du netmag Slate, des mini culpa auprès de leurs lecteurs. C’est qu’on ne peut, pendant des mois, faire porter des accusations et attribuer des analyses à des inconnus. À la longue, le lectorat aimerait bien savoir qui a dit quoi et quand.

Ces locutions visant à protéger l’anonymat des sources portent un nom, en anglais, anonymice. Proposons en français, jusqu’à meilleure suggestion, anonymots.

Le 10 novembre dernier, toujours selon Shafer, le rédacteur en chef adjoint du New York Times, Allan M. Siegal faisait parvenir au personnel de la rédaction du quotidien une note de service décrivant certaines mesures prises pour rehausser la crédibilité du quotidien. Dans cette note de service, il écrivait : «Nous aimons croire que nous avons réduit notre dépendance à l’égard de sources anonymes, nous avons certainement commencé à le faire et nous entendons poursuivre.»

On croyait bien en avoir fini avec le recours excessif aux anonymots dans le NYT. Eh non. Shafer rapporte que le 17 novembre, le Times a publié un article sur le remaniement du cabinet présidentiel aux États-Unis (Cabinet Choices Seen as Move for More Harmony and Control) signé par David Sanger et Steven Weisman. Tout bien compté, l’article de 1 400 mots contenait au moins 22 anonymots, soit une citation ou opinion attribuée à une personne anonyme pour chaque 63,6 mots de l’article.

Selon un ex-directeur des communications...
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