23.11.04

À la défense de Kevin Sites

Le journaliste/cameraman Kevin Sites a, comme on le sait, essuyé une volée de bois vert parce qu’il est l’auteur de la bande vidéo montrant un U.S. Marine exécutant un insurgé irakien. La droite étasunienne, sur des blogues, forums et lignes ouvertes radiophoniques, est même allée jusqu’à l’accuser de trahison. Mais voici que Paul Mulshine du Star Ledger vient à la défense de Sites.

D’une part, Sites est un journaliste «intégré» (embedded) et travaillait avec l’approbation complète du commandement des forces armées. Mais surtout, Sites était un journaliste «pool». Expliquons un peu le principe. En couverture journalistique, il est souvent impossible d’accommoder l’ensemble de la meute qui suit un événement. Par exemple, un chef d’État monte dans un hélico pour survoler une zone dévastée. Il est impossible de le faire suivre par vingt équipes de tournage. Les journalistes désignent alors une équipe de tournage pour accompagner le chef d’État, à condition que celle-ci partage à son retour les images avec les autres chaînes. La formule «pool» peut prendre bien des formes, mais c’est le principe de base. Donc, pour l’offensive sur Fallujah, Kevin Sites était un «pool».

Or, comme l’écrit Mulshine, pour avoir le privilège de se trouver à un certain endroit, le reporter «pool» est tenu de relayer l’information qu’il obtient à tous les autres journalistes. Il ne peut, même s’il le souhaite, garder cette information pour lui. Sites n’avait donc pas le choix que de partager avec les autres reporters sa bande vidéo.

On peut douter que cette explication calmera l’autre meute, celle de Washington, qui n’a pas apprécié cette version Fallujah de la mort en direct. Mais elle apporte au débat un élément intéressant.
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